Un chrétien exemplaire (Philippiens 3)

Wm Gilmore

Il vaut la peine de considérer de près la vie de Paul, telle qu'elle est décrite dans ce chapitre. Il y retrace sa propre expérience, pour nous servir d'exemple.

1. Le renoncement de Paul

«Les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées, à cause de Christ, comme une perte» (verset 7).

Paul décrit l'un après l'autre ses différents avantages naturels. Si quelque autre avait des raisons de se confier en la chair — lui en avait encore plus:

  • Il avait été «circoncis le huitième jour» — ce qui lui donnait accès à l'alliance de Dieu avec Abraham. Il avait reçu ce droit au moment prescrit par la loi, et non pas plus tard dans sa vie comme les prosélytes.
  • Il était «de la race d'Israël» — il descendait en droite ligne de cet homme du nom d'Israël qui avait été un prince de Dieu.
  • Il était aussi «de la tribu de Benjamin» — de la tribu de celui que Moïse appelait «le bien-aimé de l'Éternel»; c'était la tribu de laquelle avait été choisi le premier roi d'Israël.
  • Il était «Hébreu des Hébreux», c'est-à-dire qu'il était de descendance israélite par ses deux parents.
  • «Quant à la loi» il était «pharisien». Il appartenait à cette secte qui attachait de la valeur aux plus petits détails de la loi.
  • «Quant au zèle», il s'était distingué en «persécutant l'Assemblée». Et cela, il l'avait fait — en conséquence de sa propre justice — en toute sincérité de cœur.
  • Enfin, «quant à la justice qui est par la loi», il était «sans reproche».

Toutes ces raisons d'autosatisfaction étaient comme une armure qui entourait le cœur du jeune pharisien. Mais soudain, cette armure avait été transpercée, son cœur orgueilleux avait été touché et vaincu.

Qu'est-ce qui avait pu produire un changement si subit et si profond dans cet homme? C'est la vision céleste vue sur le chemin de Damas — la révélation de Christ dans la gloire. A la lumière de cette merveilleuse révélation, il méprise dès lors tous ses avantages naturels et religieux. Au lieu de s'en glorifier, il les regarde comme des ordures, comme quelque chose dont il faut se débarrasser. Pour «gagner» Christ, il renonce à tout ce dont il s'était glorifié auparavant.

Premièrement, il reconnaît Christ comme celui qui mérite toute sa confiance; et il en résulte immédiatement qu'il renonce à toutes choses. Il en a définitivement fini avec sa propre justice qui était de la loi — il a trouvé quelque chose de meilleur.

2. Le gain de Paul

«…et que je sois trouvé en lui» (verset 9)

Paul n'a jamais regretté son choix. Après bien des années de vie chrétienne, il a toujours la même estimation que lors de sa conversion: «Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte, à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j'ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ» (verset 8). Il avait éprouvé la perte de toutes choses à plus d'un titre. Il n'avait pas de possession terrestre; il n'avait pris aucune précaution pour ses besoins futurs, mais il avait Christ — et pour lui, Christ était tout.

Il parle de Lui en disant «mon Seigneur». Quelle belle expression! Lorsque Christ prend la première place dans le cœur du croyant, le fait de tout perdre pour lui n'est pas un problème. Christ devient aussitôt l'objet de notre amour, la source de notre bonheur, le thème de notre louange, notre unique trésor.

Quel effet stimulant pour nous de voir ce chrétien se tenir, après bien des années, là où il était au début de sa course chrétienne! Il était pleinement satisfait «d'être trouvé en lui», heureux d'avoir en lui sécurité et protection comme un fugitif trouve refuge dans une forte tour.

Cependant, l'expression «être trouvé en lui» dépasse les limites du temps présent. Elle contient une allusion évidente au jour à venir. Nous pensons à d'autres passages où l'expression «être trouvé» se réfère à ce jour-là, par exemple: «Si toutefois, même en étant vêtus, nous ne sommes pas trouvés nus» (2 Corinthiens 5: 3), ou: «Etudiez-vous à être trouvés sans tache et irréprochables devant lui, en paix» (2 Pierre 3: 14). Nous avons en Christ une justice qui est pleinement suffisante pour le temps présent comme pour l'éternité.

3. Ce que Paul cherche à connaître

«…pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort, si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d'entre les morts» (versets 10, 11).

C'était là le but de l'apôtre Paul, le but de sa vie, qu'il poursuivait avec dévouement. Il savait déjà beaucoup de choses relativement à Christ, et pourtant il désirait en connaître davantage.

Ce à quoi il aspirait n'était pas une connaissance simplement intellectuelle, mais bien plutôt une connaissance intime de Christ. Cette sorte de connaissance ne s'acquiert pas à l'école ou par des livres. On peut par de tels moyens apprendre bien des choses à son sujet; mais pour le connaître lui personnellement, nous devons vivre dans sa communion. Approfondir ainsi notre connaissance de Christ — voilà le but à rechercher pour toute notre vie! Il y a une connaissance qui enfle; mais celle-ci nous rend humble.

La plupart des affaires qui nous occupent sur cette terre seront oubliées dans le monde à venir. Mais ce que nous avons connu de Christ nous demeurera pour toujours. Nous en serons occupés dans la gloire éternelle, car Christ lui-même sera pour toujours l'objet de notre contemplation.

Ensuite, l'apôtre voulait connaître la puissance de sa résurrection. Cette expression se réfère à la puissance qui découle de la résurrection de Christ. A cet égard, plusieurs points sont à relever. La résurrection de Christ a une puissance de démonstration en rapport avec la personne et l'œuvre de notre Seigneur: par elle, il a été «déterminé Fils de Dieu, en puissance» (Romains 1: 4). Elle a aussi une puissance justifiante: Notre Seigneur «a été ressuscité pour notre justification» (Romains 4: 25). Et elle a une puissance de consolation, en rapport avec tous les saints endormis. Aussi certainement qu'il est ressuscité, tous les siens ressusciteront. Quand la trompette réveillera ceux qui sont «morts en Christ», les tombeaux devront rendre leurs proies. Le tombeau vide de Jésus en est la garantie. Cependant, sa résurrection a déjà maintenant une puissance vivifiante. Elle nous appelle à chercher «les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu». Nous sommes ressuscités en lui pour marcher en nouveauté de vie. Dans ce sens, nous avons tous besoin, dans notre vie pratique, de connaître davantage la puissance de sa résurrection.

L'expérience de la puissance de sa résurrection est toutefois indissolublement liée avec «la communion de ses souffrances». Nous rencontrons des souffrances parce que nous lui appartenons. Cependant, si nous souffrons pour ou avec Christ, nous trouverons dans sa communion la force pour supporter toutes ces souffrances et la patience pour y persévérer. C'était la sûre espérance de Paul d'avoir part à la première résurrection. Cela l'encourageait à supporter toutes les douleurs qu'il rencontrait sur son chemin.

«…Si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d'entre les morts». La forme de l'expression utilisée ici ne signifie pas que Paul ait eu un doute quant au but qui était devant lui; mais cela montre le sérieux avec lequel il considérait les efforts qu'il avait à fournir dans sa course. Parce que la gloire de la résurrection était devant lui avec une pleine certitude, il ne faisait pas attention aux souffrances qui pouvaient encore l'atteindre jusque-là. C'est dans une joyeuse perspective qu'il attendait le dernier résultat de la puissance de la résurrection de Christ — le changement complet de l'esprit, de l'âme et du corps en une parfaite conformité avec son Seigneur.

4. La course de Paul

«Je cours droit au but pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus» (verset 14).

Paul avait été «saisi par le Christ» — c'est ainsi qu'il décrit ce qui constituait sa vie depuis sa conversion. Christ l'avait saisi et l'avait tiré vers lui avec une intention précise. Dès lors, le but de sa vie était de connaître et d'atteindre tout ce pourquoi Christ l'avait sauvé. Pourtant, il parle ici de quelque chose qu'il n'a pas encore atteint. Il dit: «Non que j'aie déjà reçu le prix ou que je sois déjà parvenu à la perfection; mais je poursuis, cherchant à le saisir, vu aussi que j'ai été saisi par le Christ». C'est là le langage d'un croyant qui surpasse de beaucoup chacun de nous dans la vie et dans l'expérience chrétiennes. Où pourrait-on trouver un homme si pleinement dévoué au Seigneur? Et pourtant il dit: Je ne l'ai pas encore saisi, je ne suis pas parvenu à la perfection (cf. verset 12).

L'épître aux Philippiens a été écrite bien des années après le jour où le Seigneur l'avait appelé sur le chemin de Damas. Pourtant, après toutes ces années d'expérience et de croissance, il dit encore et toujours: «je poursuis, cherchant à le saisir». C'était le trait dominant dans son cœur: poursuivre le grand but de son espérance. Parce que ses yeux étaient dirigés vers ce but, il n'avait pas le temps de regarder en arrière et de regarder les pas qu'il y avait laissés. Il dit: «Oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus» (verset 14).

Remarquons l'expression: «tendant avec effort». Elle évoque l'image d'un coureur qui s'élance de tout son corps et dont la main est déjà prête pour recevoir bientôt le prix décerné au vainqueur. Aucun effort n'est trop grand, chaque nerf est tendu pour remporter le prix.

«Je fais une chose.» — Puissions-nous tous avoir davantage cette ferveur, ce sérieux et cette détermination de cœur, pour vivre d'une manière qui plaise à Dieu! Le désir pressant de l'apôtre était que tous puissent penser et agir selon le même modèle: «Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons ce sentiment» (verset 15). Ces hommes «parfaits» n'étaient pas exempts de manquements. Le même mot est rendu par «hommes faits» en Hébreux 6: 1. Il désigne des adultes en contraste avec de petits enfants, sans exprimer la pensée d'une perfection absolue.

De fait, il existait la possibilité qu'ils aient «un autre sentiment», c'est-à-dire différent de ce qui est décrit dans ce chapitre. Il ne s'agit pas ici de divergences fondamentales, mais simplement de différences de degré. L'apôtre exprime cependant sa confiance que Dieu leur montrerait chaque écart relatif au modèle qui leur était donné, et les mettrait d'accord avec Sa volonté. Lorsque l'orientation de notre vie est bonne, lorsque nous voulons sincèrement faire la volonté de Dieu, il nous instruira quant aux choses qui sont encore à corriger. Par sa Parole et son Esprit, il nous conduira dans les sentiers anciens, sur le bon chemin.

5. Les larmes de Paul

«Je le dis même en pleurant…» (verset 18)

Paul n'inclinait pas vers la sentimentalité; même dans les circonstances affligeantes, il versait rarement des larmes. A-t-il jamais pleuré lorsqu'il était persécuté? Alors qu'il avait été jeté en prison, avec Silas, il chantait des cantiques. Pourquoi donc cet homme courageux pleure-t-il ici?

Il pensait à des hommes qui s'étaient jadis déclarés disciples de Christ et qui avaient complètement dévié.

Il avait souvent mis les Philippiens en garde contre eux. La pensée de leur comportement charnel et de leur terrible destin le faisait pleurer, au milieu même de la joie qui remplissait son cœur.

Quels étaient ces professants indignes, nous ne le savons pas exactement. Ils étaient caractérisés comme étant ennemis de la croix de Christ. Ils ne vivaient que pour la satisfaction de leurs propres désirs. Ils étaient entièrement de ce monde, car ils avaient «leurs pensées aux choses terrestres». Il est bien compréhensible que l'apôtre ait pleuré lorsqu'il pensait à eux. Si nous avions davantage de sa délicate sensibilité, nous pleurerions aussi. Car aujourd'hui encore, il y a beaucoup de personnes qui portent le nom de Christ et qui cependant montrent par leurs voies qu'il n'y a pas un souffle de vie divine en elles.

Alors qu'elles prétendent connaître Dieu, elles le renient dans leurs œuvres. Dans ces derniers jours, la simple profession est facile; il n'y a pas de difficulté à avoir une communion purement formelle avec le peuple de Dieu. Mais ne nous laissons cependant pas tromper! Là où la vie s'aligne sur la mondanité et le péché, il ne peut y avoir qu'une seule issue — la perdition.

6. L'attente de Paul

«… d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur» (verset 20).

De ce sombre tableau, l'apôtre se tourne maintenant vers la lumineuse espérance du véritable chrétien. «Car notre bourgeoisie est dans les cieux, d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l'opération de ce pouvoir qu'il a de s'assujettir même toutes choses». Ces paroles stimulantes dirigent nos pensées et nos affections en avant, vers notre maison et notre espérance célestes. Le ciel est notre patrie parce que s'y trouve Celui que nous attendons.

 Que Dieu nous accorde de réaliser une attente vigilante de notre Sauveur qui vient! Il a promis de venir et il tiendra sa promesse. Il se peut que notre chemin passe encore actuellement par les épreuves et les difficultés; mais Jésus vient pour nous en délivrer. Notre salut sera entièrement accompli lorsqu'il viendra.

Il vient pour ressusciter les saints endormis et pour prendre à lui tous les saints qui seront encore vivants sur la terre à sa venue. C'était là l'espérance de l'apôtre, comme c'est aussi la nôtre. Nos corps actuels — corps de notre abaissement — sont mortels; mais à sa venue, ils seront transformés «en la conformité du corps de sa gloire». Nous ne pouvons expliquer comment ce changement aura lieu. Mais nous savons par quelle puissance il sera accompli: «selon l'opération de ce pouvoir qu'il a de s'assujettir même toutes choses».

C'est en regardant à une telle espérance que Paul exhorte les Philippiens, et nous aussi, à être fermes dans la foi: «Demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, bien-aimés!» C'est là le mot d'ordre pour le peuple de Dieu aujourd'hui. Beaucoup sont entraînés par la marée, et exposés à tous les vents. N'écoutons aucun autre enseignement que celui de la parole de Dieu. Ne nous écartons pas du sentier étroit. Que tout notre désir soit d'être trouvés fidèles au Seigneur, à sa venue! Elle est proche.

«Demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, bien-aimés!»