Le livre du prophète Zacharie (fin)

F.B. Hole

Chapitre 13

Lorsqu'une profonde repentance se produit ainsi, «une source» est «ouverte… pour le péché et pour l'impureté». Cette expression ne désigne pas le sang de Christ, versé il y a longtemps déjà, et qui purifie judiciairement du péché — c'est-à-dire devant le trône de Dieu en jugement. La source dont il est parlé ici est en relation avec les «eaux pures» que Dieu «répandra» sur eux, selon la prophétie d'Ezéchiel 36: 25. C'est à ce verset, croyons-nous, que notre Seigneur fait allusion, lorsqu'il parle à Nicodème de la nouvelle naissance, indispensable à quiconque veut entrer dans le royaume de Dieu. Cette vérité échappait aux Juifs, d'où l'étonnement de Nicodème à l'ouïe de ces paroles du Seigneur. En tant que docteur d'Israël, il aurait dû le savoir (Jean 3: 10), car l'eau aussi bien que l'Esprit dont l'homme doit être «né» sont mentionnés en Ezéchiel 36.

A la fin, il y aura un Israël «né de nouveau». Ils posséderont une nouvelle nature; l'esprit impur s'en sera allé; les idoles et les autres mauvaises choses au piège desquelles ils s'étaient autrefois laissé prendre seront ôtées. Il ne se lèvera plus de faux prophètes pour les tromper. Et si certains tentent de le faire, leurs propres parents les condamneront à mort. Leurs mensonges seront parfaitement manifestés (verset 4).

Nous lisons au verset 5: «Et il dira…». Qui est ce «il»? Les versets 5 et 6 présentent une difficulté. Certains pensent qu'ils s'appliquent à l'un des faux prophètes auxquels il vient d'être fait allusion; d'autres, que l'on revient au vrai Berger dont il est question au chapitre précédent et très clairement un peu plus loin, au verset 7. C'est ce sens-là que nous croyons devoir retenir. Le vrai Berger a pris la place du «serviteur hébreu» d'Exode 21, et il a été percé parmi ceux vers lesquels il venait en ami. Il a pris une place d'humilité et de souffrance parmi les hommes. Mais une souffrance beaucoup plus grande encore était devant lui.

C'est ce qu'annonce le verset 7. Les fils d'Israël, en tant que nation, étaient le troupeau de Dieu. Leurs péchés et leur apostasie ont eu un double effet. Ils ont attiré sur eux le châtiment gouvernemental de Dieu dans ce monde — et le prophète a beaucoup à dire à ce sujet. Mais ils ont aussi soulevé la question beaucoup plus grave du jugement éternel de Dieu dans l'au-delà. Le vrai Berger devait le rencontrer de telle façon que l'épée de l'Éternel se réveillerait contre lui. L'épée qui avait été réveillée par les péchés incessants des brebis infidèles devait frapper, non pas les brebis, mais le Berger!

«L'homme qui est mon compagnon» — ces paroles ont pu paraître énigmatiques au prophète qui les écrivait. Souvent, d'ailleurs, les prophètes de l'Ancien Testament se sont rendu compte que leurs paroles ne pourraient être vraiment comprises que dans un temps à venir — ce temps privilégié dans lequel nous vivons (1 Pierre 1: 10, 11). Mais ces paroles n'ont rien d'énigmatique pour nous. En effet, nous le savons, celui qui est «la semence de David, selon la chair» n'est autre que le Fils de Dieu (Romains 1: 3). Lorsqu'il est devenu homme, en sainteté et en perfection, il y a véritablement eu un homme digne d'être appelé le compagnon de l'Éternel. Il a pu prendre la place des hommes pécheurs, et permettre à l'épée du jugement de se réveiller contre lui.

Le Berger allait être frappé. Les conséquences immédiates en seraient d'une part la dispersion du troupeau, et d'autre part le fait que Dieu tournerait sa main sur les petits. Précédemment déjà, les fils d'Israël avaient été dispersés parce qu'ils n'avaient «pas de berger» (Ezéchiel 34: 5), mais depuis que le vrai Berger a été frappé, une dispersion beaucoup plus grave et beaucoup plus longue a eu lieu. Toutefois, les «petits» n'ont pas été oubliés; Dieu s'est souvenu d'eux en bénédiction.

Si nous nous reportons à Ésaïe 1: 25, nous trouvons la même expression: «Je tournerai ma main», et là, le contexte indique qu'il s'agit aussi de bénédiction, alors que les adversaires de l'Éternel sont l'objet du jugement. Dans les derniers chapitres des Évangiles et les premiers du livre des Actes, nous voyons Dieu tourner sa main en bénédiction sur les «petits», alors que les grands parmi les Juifs poursuivaient aveuglément leur chemin jusqu'à l'heure de leur dispersion complète. Le verset solennel que nous venons de considérer s'est accompli de façon vraiment merveilleuse.

Et les deux versets qui terminent ce chapitre s'accompliront tout aussi exactement, en leur temps. Ils ont trait, croyons-nous, aux événements dont Dieu amènera la réalisation à la fin de la présente dispensation, dans ses voies envers son peuple rentré alors dans le pays. En Ezéchiel 20: 34-38, nous apprenons comment Dieu agira envers le peuple dispersé parmi toutes les nations, le purifiant avant de l'introduire dans le pays pour la bénédiction. Ici, nous apprenons ce qu'il fera à ceux qui pourraient être de reste «dans le pays» aux derniers jours. Le jugement tombera sur deux tiers d'entre eux, et un tiers seulement survivra pour entrer dans la bénédiction. Et ces derniers devront traverser le feu de la tribulation qui les affinera, spirituellement parlant, et les introduira finalement dans une relation vitale avec Dieu. Ils l'invoqueront en vérité, et lui les reconnaîtra comme siens en les bénissant.

Chapitre 14

Lorsque le jour du Seigneur arrivera, alors sonnera l'heure de l'épreuve suprême pour Jérusalem. Dieu permettra à ses ennemis les plus acharnés d'agir à leur guise, pendant un temps limité. Il en a toujours été ainsi. Lorsque Dieu commence un travail, cela incite l'adversaire à déployer toutes ses forces; mais ses efforts sont déjoués et Dieu amène finalement le bien qu'il s'était proposé. C'est ce qui est arrivé lors de l'événement le plus important de toute l'histoire, ainsi que le rapporte Actes 4: 26-28. Les manœuvres de l'adversaire ne servent qu'à accomplir ce que Dieu avait déterminé depuis le début. Combien c'est réconfortant pour nous aujourd'hui!

Nous croyons que le siège final de Jérusalem dont parle le verset 2 est celui qui est prédit dans la dernière partie de Daniel 11, et attribué au «roi du nord». Dans ce chapitre, dans les versets 36 à 39, nous voyons, au temps de la fin, le roi qui «agira selon son bon plaisir», s'exaltant lui-même et s'élevant au-dessus de tout dieu, sans avoir «égard au Dieu de ses pères». Nous pensons pouvoir identifier ce roi avec le «pasteur de néant» de Zacharie 11 et avec la seconde bête d'Apocalypse 13. Contre ce roi, comme le révèle Daniel, se lèveront le «roi du midi» ainsi que le «roi du nord». C'est ce dernier qui «sortira en grande fureur pour exterminer et détruire entièrement beaucoup de gens» (Daniel 11: 44), et qui, finalement, «plantera les tentes de son palais entre la mer et la montagne de sainte beauté» (verset 45). Daniel résume en quelques mots le résultat de tout ceci: «et il viendra à sa fin, et il n'y aura personne pour le secourir».

Les deux bêtes d'Apocalypse 13 ne sont pas antagonistes, mais agissent de concert. L'attaque de Gog, du pays de Magog, prédite en Ezéchiel 38 et 39, est dirigée contre la terre d'Israël en général — pas spécialement contre Jérusalem — lorsque le pays aura été délivré de l'épée; aussi ces acteurs majeurs des derniers jours ne peuvent-ils guère être identifiés avec ce qui est placé ici devant nous. Il paraît donc que c'est le roi du nord, appelé l'Assyrien dans la prophétie d'Ésaïe, qui est celui dont l'offensive accomplira le verset 2 de notre chapitre, bien que toutes les nations soient impliquées dans les terribles événements de ces jours-là. Jérusalem sera, comme nous l'avons vu, «une pierre pesante pour tous les peuples» (12: 3).

Aucune ville, dit-on, n'a été assiégée autant de fois que Jérusalem; et ici, nous apprenons que ce siège — le dernier de tous — sera jusqu'à un certain point un réel succès. Toutefois, juste avant que tout s'achève, l'assaillant «viendra à sa fin, et il n'y aura personne pour le secourir». La manière dont cela se passera nous est révélée au verset 3. L'Éternel interviendra en puissance d'une manière soudaine et inattendue. Quand il combattit contre l'Égypte, lors de la sortie des Israélites, il précipita toute l'armée égyptienne dans la mort, et «il n'en resta pas même un seul» (Exode 14: 28). Aux jours d'Ézéchias, l'Éternel intervint contre l'Assyrie, et 185000 morts gisaient sur le sol. Ce qu'il a fait jadis, il le fera de nouveau.

Mais les versets 4 et 5 nous fournissent d'autres détails remarquables. Lorsqu'il apparaîtra ainsi, ce sera «sur la montagne des Oliviers», et «tous les saints» seront avec lui. A la lumière du Nouveau Testament, nous reconnaissons avec joie que «l'Éternel», «l'Éternel, mon Dieu» de notre passage, n'est autre que notre bien-aimé Seigneur Jésus Christ. Ses pieds ont quitté la montagne des Oliviers lorsque, rejeté de la terre, il a été élevé dans la gloire du ciel. C'est à cet endroit même que ses pieds se tiendront lorsqu'il reviendra en puissance et en gloire pour juger ses ennemis.

Lors de ce retour, une terrible secousse fendra la surface de la terre. Un tremblement de terre a eu lieu dans cette région aux jours d'Ozias — notre passage y fait allusion — et un autre s'est produit au moment où Jésus est mort, comme le rapporte Matthieu 27: 51. Il y a eu un tremblement de terre lorsque le Seigneur était au comble de l'humiliation, et il y en aura un lorsqu'il reviendra en magnificence et en majesté: quelle convenance merveilleuse dans les voies de notre Dieu!

Il nous semble parfaitement clair que la destruction des deux bêtes d'Apocalypse 13 à Armaguédon est un événement distinct de celui que nous avons devant nous, bien que nous ne connaissions aucun passage de l'Écriture disant clairement lequel de ces deux bouleversements précède l'autre1.

1 Cependant, si «le jour de la bataille» mentionné au verset 3 correspond au combat d'Armaguédon (Apocalypse 16: 16; 19: 19), comme on peut le penser, celui-ci précédera le siège de Jérusalem.

Le résultat de ce tremblement de terre, c'est qu'une voie est ainsi frayée pour la fuite du résidu — le résidu pieux, probablement — à sa dernière extrémité. Les saints seront délivrés sur la terre, tandis que les saints célestes apparaîtront en gloire avec le Christ triomphant. Les versets 6 et 7 sont un peu obscurs, mais ils nous apprennent qu'une nouvelle fois, comme au jour de la crucifixion, il y aura des changements dans l'apparence du ciel, en même temps qu'un séisme à la surface de la terre. Il y aura de la lumière au temps du soir, au moment même où l'on s'attendrait à voir tomber la nuit!

Les versets 8 et 10 montrent encore que le tremblement de terre provoquera d'autres grands changements dans la terre d'Israël, à la fois dans le cours des eaux et dans la formation d'une grande plaine au milieu de laquelle Jérusalem sera élevée. Cela concorde avec les prophéties des derniers chapitres d'Ezéchiel. Tout se préparera pour la Jérusalem et le temple qui doivent s'élever dans leur splendeur millénaire, lorsque «l'Éternel sera roi sur toute la terre» (verset 9). Peut-être y aura-t-il des rois d'un rang inférieur, comme le laisse supposer Ésaïe 52: 15, mais Christ, sans contredit, sera le Roi des rois. Alors, enfin, le grand règne de la paix sera établi.

Mais cela n'arrivera pas sans qu'un jugement extrêmement sévère ne tombe sur les nations coupables, comme le montrent les versets 12 à 15. Les terribles effets de ce jugement sur les corps des hommes sont décrits au verset 12, et ils nous font penser à ceux que pourraient produire les armes modernes. Outre cela, il y aura les combats fratricides dont parle le verset 13. Juda participera également à ce conflit, et de grandes richesses seront rassemblées pour le temps à venir. C'est ce qui nous est annoncé par la fin du verset 14.

Rappelons-nous que, bien que le roi du nord soit particulièrement en vue dans cette attaque contre Jérusalem, toutes les nations y seront impliquées (verset 2). Ainsi, ces terribles jugements guerriers seront ressentis dans un très vaste domaine, d'où l'expression du verset 16: «tous ceux qui resteront de toutes les nations». Cela signifie, pensons-nous, qu'il ne restera qu'une très petite proportion de l'humanité. De nos jours, beaucoup de démographes s'inquiètent de la croissance de la population de la terre. Mais la surpopulation qu'ils prévoient ne se vérifiera peut-être jamais, surtout si le jour du Seigneur survient entre temps, car outre le jugement par la guerre dont il est ici question, doit aussi avoir lieu la session du tribunal de Christ (Matthieu 25), où les «chèvres» seront séparées des «brebis» pour être détruites.

Ceux qui resteront monteront d'année en année à Jérusalem pour adorer et pour célébrer la fête des Tabernacles. Lorsque cette fête a été instituée, sous la loi, elle évoquait en type le repos du Millénium — qui aura alors été établi. Elle sera célébrée comme mémorial de l'établissement effectif de ce qui avait été annoncé en type. Ceux qui ne l'observeront pas seront châtiés.

Les deux versets qui terminent cette prophétie insistent sur la sainteté qui sied à toute personne et à toute chose entrant en contact avec Dieu. Ainsi qu'il est écrit: «La sainteté sied à ta maison, ô Éternel! pour de longs jours» (Psaumes 93: 5). Dans le temps à venir, les choses les plus ordinaires et les plus humbles seront marquées du sceau de cette sainteté, comme les clochettes qui tintent au cou des chevaux, et les ustensiles qui ont quelque rôle à jouer dans le service du temple. Il est à remarquer que les chevaux sont mentionnés ici. Nous pourrions nous demander si les inventions extraordinaires de l'homme dans le domaine des transports ne se seront pas encore multipliées et développées en ce temps-là. La réponse est évidemment qu'il n'y a aucune allusion à ces inventions dans l'Écriture — bien au contraire. En ce jour-là, au lieu de personnes sillonnant le ciel et la terre en tous sens dans le but d'assouvir des désirs jamais satisfaits, le tableau qui nous est offert est celui d'hommes contents, assis paisiblement «chacun sous sa vigne et sous son figuier» (Michée 4: 4). La connaissance de Dieu remplira alors la terre, et c'est cela qui satisfait véritablement le cœur. Dieu dans sa sainteté sera là, et par conséquent le Cananéen aura été définitivement chassé de la maison de l'Éternel.

Ces paroles finales de notre prophète pourraient nous paraître plutôt étranges si nous avions oublié que l'un des dangers qui guettait constamment le résidu d'Israël revenu dans sa terre, c'était le mariage avec des femmes cananéennes. A la suite de tels mariages, on avait même donné une place dans le temple reconstruit à certains Cananéens devenus des parents par alliance (cf. Néhémie 13: 7-9). Ce qui leur avait été en si grand piège aurait définitivement disparu.

En terminant nos méditations sur ce prophète, n'oublions pas qu'une tendance semblable s'est toujours trouvée parmi les chrétiens. Qu'y avait-il à la base de tous les désordres qui minaient l'église de Corinthe? Cela ressort clairement de la seconde épître de Paul aux Corinthiens, lorsqu'il ouvre librement sa bouche pour les avertir (2 Corinthiens 6: 11 et suivants).

Il met le doigt sur la plaie: «un joug mal assorti avec les incrédules». A travers toute l'histoire de l'Église, cela a été une des causes principales de la ruine. Il en est de même aujourd'hui, nous devons le confesser avec douleur. Dieu veuille nous accorder la grâce et la force de fuir ce mal!