Le livre du prophète Zacharie (suite)

F.B. Hole

Chapitre 11

La vision d'avenir s'interrompt et, au chapitre 11, nous revenons au véritable état de ceux auxquels Zacharie s'adressait. Les paroles solennelles prononcées ici, qui annoncent des jugements gouvernementaux, pourraient nous surprendre si nous n'avions pas les livres d'Esdras et de Néhémie pour nous montrer comment la masse du peuple s'était malheureusement égarée. Elle était tombée dans une désobéissance flagrante à la loi, alors qu'extérieurement les choses paraissaient en ordre, le temple et la ville étant reconstruits. Le prophète annonce les temps troublés que vivrait le peuple tandis qu'il serait encore sous la botte de diverses puissances d'entre les nations; c'est pourquoi ceux qui sont vraiment pieux sont appelés «le troupeau de la tuerie,… les pauvres du troupeau» (verset 7).

A partir du verset 7, nous voyons le prophète commencer à agir d'une manière symbolique tout en annonçant le message de Dieu. Il prend deux bâtons, qu'il appelle respectivement «Beauté» et «Liens». Les pauvres du troupeau doivent être nourris, mais les autres doivent être abandonnés à leur sort. Quant aux bergers qui auraient pu les paître, ils sont détruits. Même si nous ne pouvons pas dire précisément ce que représentent les «trois bergers», le sens général de ce jugement est clair. Tandis que les pauvres du troupeau doivent être nourris, la majorité incrédule perd les conducteurs impies qui auraient pu les paître.

Il semble que dans cet épisode remarquable des deux bâtons, le prophète soit amené à personnifier le Messie lui-même. Son premier geste est de briser le bâton appelé «Beauté», pour signifier que l'alliance de Dieu avec son peuple était rompue. Le mot «peuples» est ici au pluriel, et nous pouvons nous reporter à Genèse 49: 10 où le mot était déjà employé ainsi: «Jusqu'à ce que Shilo vienne; et à lui sera l'obéissance des peuples». Le bâton «Beauté» était brisé pour signifier qu'il n'y aurait aucun accomplissement des promesses pour la génération incrédule; car lorsque le Messie viendrait en humilité, et non pas en magnificence extérieure, ils ne verraient «point d'apparence en lui» pour le leur faire désirer (Ésaïe 53: 2).

Viennent ensuite les actions significatives rapportées aux versets 12 et 13, qui annoncent prophétiquement les terribles méfaits de Judas Iscariote. Matthieu 27: 3-8 montre avec quelle précision cette prédiction s'est réalisée. Le Messie, qui incarnait la beauté même, a été estimé à trente pièces d'argent. Judas, ayant reçu l'argent, l'a jeté dans le temple avant de se suicider, pris de remords; il a ainsi accompli les mots du prophète: «dans la maison de l'Éternel» (verset 13). Quant aux principaux sacrificateurs, ils ont pris l'argent, avec lequel ils ont acheté le champ du potier, réalisant ainsi les mots: «Je les jetai au potier».

Le second bâton est brisé ensuite (verset 14). Si la beauté a été brisée par le rejet du Messie, les liens qui unissaient ensemble Juda et Israël sont nécessairement brisés. Christ est le centre de l'unité pour le peuple terrestre de Dieu, tout comme il l'est pour l'Église aujourd'hui. Nous pouvons donc trouver un avertissement et un enseignement pour nous-mêmes dans ce qui est placé devant nous ici. La chrétienté fait de grands efforts aujourd'hui pour parvenir à l'unité, réalisant de quel grand pouvoir disposerait une Église unifiée. Mais les chrétiens reconnaissent-ils que Christ, dans sa beauté, doit être le centre de toutes leurs pensées et de tous leurs efforts? Si sa beauté est brisée dans leurs pensées et dans leurs efforts, tout ce qui les unit sera également brisé.

Ayant d'abord agi comme représentant le vrai Berger d'Israël, le prophète reçoit maintenant l'ordre de personnifier le faux berger, dont la venue doit être la conséquence directe du gouvernement de Dieu en châtiment sur le peuple (verset 15). Ce qu'étaient les «instruments d'un berger insensé» ne nous est pas dit, mais les caractères de ce faux berger nous sont clairement décrits au verset 16. Tout d'abord, il y a quatre choses qu'il ne fera pas: «C'est un berger qui ne visitera pas ce qui va périr, qui ne cherchera pas ce qui est dispersé, qui ne pansera pas ce qui est blessé, et ne nourrira pas ce qui est en bon état».

Nous ne pouvons lire ces lignes sans nous écrier aussitôt: Mais ces quatre choses que le faux berger ne fait pas sont exactement celles que le véritable berger fait — et qu'il fait dans une mesure pleine et parfaite! Des faux bergers, il y en a eu avant la venue du véritable, comme lui-même l'a indiqué en Jean 10: 10-12. Mais ce que Zacharie prédit ici, c'est la venue de l'Antichrist, dont parle le Seigneur lorsqu'il dit: «Si un autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez» (Jean 5: 43). Ce «pasteur de néant» — ou «idolâtre» (cf. note) — sera suscité par Dieu en jugement sur le peuple, «dans le pays», comme le dit le verset 16; c'est-à-dire qu'il ne sera pas quelque roi du monde, issu des nations, mais le faux messie d'Israël, dans sa terre même. C'est la seconde «bête» d'Apocalypse 13, non la première.

Nous avons ici un exemple frappant des voies gouvernementales de Dieu. Les Juifs incrédules n'ont pas voulu du vrai Berger lorsqu'il est venu en grâce; ils auront donc le faux berger, qui se nourrira de leur chair et les déchirera sans merci. Finalement, celui-ci sera détruit; le verset 17 indique son jugement. Pour les hommes impies d'Israël, l'avènement final du «pasteur de néant» marquera le début des terreurs de la grande tribulation.

Chapitre 12

Zacharie a prédit le rejet de celui qui est le vrai Messie et le vrai Berger, et, ce qui en est la conséquence sous la colère gouvernementale de Dieu, la venue de l'Antichrist — le «pasteur de néant». La manière dont l'Éternel se présente dans le premier verset du chapitre 12, au début de cette nouvelle série de prophéties concernant les Juifs et Jérusalem, est tout à fait remarquable. Les cieux, la terre et l'homme lui-même, tout a été formé par lui, et en particulier «l'esprit de l'homme» — la partie la plus élevée de son être complexe, mais aussi celle où sa coupable tendance à la rébellion contre Dieu est le plus tristement manifestée. A la fin de la prophétie, nous trouverons l'esprit de l'homme soumis et restauré.

Toutefois, c'est de Juda et de Jérusalem qu'il est ici question. Nous apprenons comment ils occuperont une place de premier plan, et comment «tous les peuples», «toutes les nations de la terre» seront impliqués dans le conflit (versets 2, 3). Au moment où nous écrivons ces lignes, le monde est plein de disputes, mais il n'y a aucun sujet de contestation plus âpre que le petit pays d'Israël. Beaucoup d'observateurs du monde craignent qu'il ne devienne le champ de batailles des nations. Qu'il le devienne, c'est précisément ce que ces deux versets déclarent sans ambiguïté.

Lorsque cette heure arrivera, les voies gouvernementales de Dieu envers Jérusalem atteindront leur apogée, comme le déclare le début du chapitre 14; mais ce qui est mis en évidence ici, c'est que les nations tomberont sous le jugement. Lorsqu'elles assiégeront Jérusalem, elle leur sera «une coupe d'étourdissement», car rien ne se passera comme elles l'ont vainement imaginé. Jérusalem sera aussi pour elles «une pierre pesante», qu'elles seront bien incapables de soulever ou de transporter. A la fin, Dieu agira pour son peuple et avec lui, et ainsi tout sera transformé. Il est dit au verset 3: «Et il arrivera, en ce jour-là…» Un autre «jour» va se lever. Les mots, «en ce jour-là», se retrouvent encore aux versets 4, 6, 8, 9 et 11. C'est le «jour du Seigneur», dont d'autres prophètes ont parlé.

En ce jour-là, Dieu agira en jugement contre les nations, mais il dit aussi: «J'ouvrirai mes yeux sur la maison de Juda» (verset 4). Cela nous rappelle comment Jésus, s'étant retourné, a regardé Pierre, après son triste reniement — ce qui a été le point de départ du travail de repentance dans le cœur du disciple. Plus loin, dans notre chapitre, nous trouverons un très profond travail de repentance produit en Israël. Mais pour le moment, ce que le prophète place devant nous, c'est le fait qu'en dépit de toute la faiblesse et de l'incrédulité qui avaient caractérisé le peuple, Dieu, en fin de compte, accomplirait sa parole en les délivrant et en les bénissant. Telle est toujours sa manière d'agir, comme nous pouvons le constater avec reconnaissance. Tous les maux qui ont caractérisé l'Église professante, et tous les manquements qui nous ont caractérisés nous-mêmes, ne l'empêcheront pas d'accomplir son dessein.

Les versets 5 à 8 nous révèlent que Dieu opérera un travail remarquable en Juda. Il rendra «les chefs de Juda» «semblables à un foyer de feu» au milieu des nations, et leur donnera la préséance sur les «habitants de Jérusalem». La raison en est peut-être que ces derniers, ayant le temple au milieu d'eux, ont toujours eu tendance à se glorifier de leurs privilèges, comme nous le voyons dans des passages tels que Jérémie 7: 4 et Michée 3: 11. Toute fausse fierté devra être abaissée à cette heure solennelle. Cependant, Dieu les visitera en puissance et en bénédiction (verset 8). En ce jour-là, véritablement, «la maison de David sera comme Dieu», car Celui qui est «de la semence de David» par son incarnation, n'est autre que le Fils de Dieu, comme Romains 1: 3 l'énonce si clairement; et il sera manifesté en gloire.

Il en résultera que les nations qui monteront contre Jérusalem en ce jour-là seront détruites. De plus, la manifestation du Messie en gloire produira le travail de profonde repentance annoncé dans les derniers versets du chapitre. «Ils regarderont vers moi, celui qu'ils auront percé»; leurs yeux seront ouverts pour découvrir qui il est. Cela explique comment se réalisera cette parole du psaume 110: «Ton peuple sera un peuple de franche volonté, au jour de ta puissance» (verset 3). Ils ont été rebelles et ils l'ont rejeté au jour de sa pauvreté, selon les derniers versets du psaume 109. Ils n'ont pas non plus été «de franche volonté» au jour de sa patience, sur lequel s'ouvre le psaume 110. Au jour de sa puissance, ils verront dans la gloire Celui qu'ils ont percé, et cela produira un effet terrible dans leurs consciences et dans leurs cœurs.

La repentance, comme toujours, est quelque chose d'éminemment personnel. Un «esprit de grâce» les animera, et toute pensée de mériter quoi que ce soit, comme sous la loi, sera oubliée. Environ un siècle auparavant, ils avaient mené grand deuil dans la «vallée de Meguiddon» sur la mort prématurée de Josias, mais en ce jour-là le pays tout entier se lamentera, si profondément que chacun pleurera «à part» devant son Dieu. Autrefois, Nathan avait dû venir trouver David pour le convaincre d'un grave péché, en lui disant: «Tu es cet homme», mais maintenant la maison de Nathan, «à part», doit se juger elle-même douloureusement. Chaque famille «à part» devra se courber devant son Dieu dans le jugement de soi-même.

La repentance précède toujours la bénédiction. Il en est aussi ainsi lorsque l'évangile est prêché aujourd'hui. Nous craignons que beaucoup d'entre nous n'aient pas accordé assez d'importance à ce fait. Notre mission est de prêcher «la repentance et la rémission des péchés… en son nom à toutes les nations» (Luc 24: 47). N'avons-nous pas passé trop légèrement sur la «repentance», dans notre désir d'arriver à la «rémission des péchés»? Ne nous lassons pas de répéter: «Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé», mais n'oublions jamais que Paul adressait ce court message à un homme repentant, et non à un pécheur insouciant.

À suivre