Le joug mal assorti

De façon générale, le joug évoque le service et l'acceptation d'une contrainte. Or la soumission n'est pas naturelle à l'homme, dont la volonté a de la peine à plier. Le prophète Jérémie devait reprocher à Israël: «Car d'ancienneté tu as rompu ton joug, arraché tes liens, et tu as dit: Je ne servirai pas» (Jérémie 2: 20). Dans les Lamentations, il nous enseigne: «Il est bon à l'homme de porter le joug dans sa jeunesse» (Lamentations de Jérémie 3: 27). La soumission d'un enfant à ses parents le prépare à la soumission au Seigneur.

«Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi», nous dit le Seigneur, «car je suis débonnaire et humble de cœur; et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est aisé et mon fardeau est léger» (Matthieu 11: 29, 30). Qu'il nous soit accordé d'en faire l'expérience!

Nous trouvons le repos quand nous courbons la tête,

O Sauveur adoré, sous ton joug plein d'amour,

Apprenant de toi seul, de ta grâce parfaite,

A porter patients le faix de chaque jour.

Le joug sous lequel on place deux bêtes de somme unit leurs forces. Avec deux bœufs, on peut évidemment faire plus de travail qu'avec un seul, ou même accomplir des tâches qu'un seul animal ne pourrait faire. Mais cette prestation supérieure a son prix. Le joug rend les animaux dépendants l'un de l'autre. S'ils s'accordent mal, s'ils ne sont pas de force ou de taille égales, l'énergie du plus fort porte préjudice au plus faible. Si l'un des animaux est rétif, tout le travail est compromis. Et que dire s'ils se mettent à tirer chacun dans une direction différente?

Selon la loi donnée à Israël, un bœuf et un âne ne devaient pas être attelés ensemble (Deutéronome 22: 10). De cette ordonnance, l'apôtre Paul tire une application spirituelle pour les chrétiens: «Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules» (2 Corinthiens 6: 14). Cela ne signifie évidemment pas que nous ne devions avoir aucun contact avec les incrédules. Dieu ne nous demande pas de sortir du monde (1 Corinthiens 5: 10), mais d'y vivre comme des témoins de Christ (Actes des Apôtres 1: 8). Dans notre vie quotidienne — à l'école, au travail, dans notre voisinage — nous côtoyons des personnes qui rejettent le Seigneur. Ce contact, qui n'amène pas toujours sur nous le mépris ou l'hostilité, comporte un grand danger pour nous. C'est pourquoi, dans sa prière au Père, le Seigneur dit, en parlant des siens: «Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal» (Jean 17: 15).

Si nous sommes conscients du danger auquel nous sommes exposés, nous éviterons soigneusement de nous lier à des incrédules. Le joug mal assorti ne soulève pas la question des contacts extérieurs inévitables, mais du but et des intérêts que l'on partage avec d'autres. On peut penser au mariage, à une association de caractère professionnel,… mais le principe a une portée générale.

Nous devons bien comprendre que, pour tout ce qui est essentiel dans la vie, les croyants et les incrédules ne s'accordent tout simplement pas. Notre but est le ciel. Notre devoir, et notre privilège aussi, est de nous employer ici-bas pour Christ rejeté. On peut bien, pour un temps, vivre en bonne harmonie avec une personne qui n'est pas née de nouveau. Mais cette harmonie est trompeuse. Si nous sommes sous un joug mal assorti, tôt ou tard nous ne serons plus en mesure d'accomplir normalement notre tâche, et nous nous épuiserons totalement. Plus grave encore, nous serons entraînés à marcher dans un chemin où nous déshonorerons le Seigneur. Comme Lot, nous en arriverons à nous tourmenter de jour en jour, étant sans force pour nous tirer de notre situation. Sous un joug mal assorti, c'est le croyant qui a quelque chose à perdre; et c'est lui qui subit les conséquences de cette liaison disparate.