Le Seigneur est réellement ressuscité (suite)

F. von Kietzell

Chapitre 11 - «Toi, suis-moi» (Jean 21:18-23)

L'amour parfait de Jésus a fait tout le nécessaire pour restaurer pleinement le disciple qui était tombé, seul avec lui d'abord et ensuite publiquement devant ses frères. Dans sa grâce, le Seigneur avait veillé à ce que la foi de Simon Pierre ne défaille pas. Que la triple question du Seigneur ait atteint son but, nous en avons la preuve dans la triple mission qui lui a été confiée ensuite. Le disciple du Seigneur était maintenant «revenu» et pourrait «fortifier ses frères» (Luc 22:32). Mais désormais, son chemin serait complètement différent de celui qu'il avait suivi jusque-là. C'est ce que sous-entendent les paroles solennelles mais aussi quelque peu énigmatiques de Jésus à son cher disciple: «En vérité, en vérité, je te dis: Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais; mais quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira où tu ne veux pas. Or il dit cela pour indiquer de quelle mort il glorifierait Dieu» (versets 18, 19). Quelle déclaration! Le passé et l'avenir de ce serviteur de Jésus sont juxtaposés dans un raccourci saisissant, le chemin conduisant de l'un à l'autre, pour ainsi dire, étant celui du brisement de sa propre volonté.

«En vérité, en vérité, je te dis»: c'est la dernière fois que nous entendons le Seigneur employer cette affirmation caractéristique, par laquelle il a si souvent introduit ce qu'il allait dire.1

1 C'est un fait bien connu que ce «en vérité» répété deux fois (à proprement parler «amen») ne se trouve que dans l'évangile de Jean. Le lecteur qui recherchera ces vingt-cinq expressions y trouvera un excellent thème de méditation et de prière.

Déjà une fois auparavant, le Seigneur s'était adressé à Pierre de cette manière, en cette nuit où il avait dû lui annoncer la triste défaillance qu'il allait avoir: «En vérité, en vérité, je te dis: Le coq ne chantera point, que tu ne m'aies renié trois fois» (13:38). Cette défaillance, en fait, allait entraîner le brisement de sa forte volonté, de son indépendance et de sa confiance en lui-même. Elle allait clore définitivement une période pendant laquelle Pierre s'était pour ainsi dire ceint lui-même, c'est-à-dire où il avait été son propre maître (du moins c'est ce qu'il avait cru), où il était allé où il voulait. Or cela ne peut jamais être le chemin d'un disciple de Jésus, d'un serviteur du Seigneur. Christ a été cloué sur la croix pour nous, et celle-ci démontre d'une manière définitive quelle est la place qui convient à notre vieille nature et à notre propre volonté.

Pierre lui-même devait, dans un sens très littéral, terminer sa vie d'une manière qui l'identifierait avec son Seigneur dans sa mort. Il devait être «rendu conforme à sa mort» (Philippiens 3:10). Quel honneur pour lui! Sa déclaration: «Je laisserai ma vie pour toi…» aurait alors sa réalisation, mais cette fois dans un esprit d'entière dépendance. Car pour en arriver là, le chemin devait être le même que pour quiconque veut servir et suivre le Seigneur: c'est celui d'une volonté brisée. «Où tu voulais» était la caractéristique du chemin ancien, «où tu ne veux pas» sera celle du chemin nouveau. Seul celui qui demeure près du Seigneur, d'un cœur ferme, peut suivre un tel chemin.

«Et quand il eut dit cela, il lui dit: Suis-moi» (verset 19). Deux petits mots seulement, mais de quelle importance! Nous les rencontrons souvent dans l'Écriture. Ils décrivent de la façon la plus claire le sentier étroit, mais combien béni, du serviteur. «Si quelqu'un me sert, qu'il me suive; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur: si quelqu'un me sert, le Père l'honorera» (Jean 12:26).

De ce point de vue, le chemin de tout serviteur du Seigneur est le même, quoique les tâches que le Maître assigne à chacun soient différentes. Le «disciple que Jésus aimait» suivait lui aussi le Seigneur. Pierre, qui lui est lié par une grande affection, s'en rend compte et demande: «Seigneur, et celui-ci, — que lui arrivera-t-il?» (verset 21). Mais cette question ne regardait que ce disciple-là et son Seigneur. Chacun n'a à s'occuper que de son propre chemin. «Jésus lui dit: Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe? Toi, suis-moi» (verset 22).

Ces paroles du Seigneur ont conduit quelques-uns à conclure que Jean demeurerait vivant jusqu'à la venue du Seigneur. Le Saint Esprit réfute cette interprétation, d'abord en disant explicitement que ce n'est pas ce que le Seigneur a voulu dire, puis en répétant ses paroles mot pour mot. Mais, s'il ne parle pas ici de son disciple en personne, il semble bien qu'il parle du ministère de celui-ci. Nous pouvons en effet voir dans ce passage une allusion aux services différents de ces deux apôtres. Le ministère de Pierre, l'apôtre de la circoncision (Galates 2:8, 9), a pris fin, en un sens, lorsque le peuple terrestre de Dieu a été dispersé. Tandis que le ministère de Jean, qu'il nous présente la vie éternelle dans le Fils (comme dans son Évangile), ou la vie éternelle en nous (comme dans sa première Épître), est tourné vers le peuple céleste de Dieu. Il ne s'achèvera que lorsque le Seigneur viendra le prendre auprès de lui.

Ainsi les ministères de ces deux disciples devaient-ils être complètement différents l'un de l'autre, dans leur terme comme dans leur portée. Et il en sera de même, répétons-le, pour tout serviteur du Seigneur. Chacun aura d'abord à apprendre à son moment et à sa manière le secret d'une volonté brisée, entièrement soumise à son Seigneur, mais à chacun s'imposera Sa même injonction: «Toi, suis-moi».

À suivre