Le cantique de dédicace de la maison (Psaume 30)

O. Demaurex

L’anticipation de la gloire

Ce beau psaume de David est un cantique de louange qui anticipe l’inauguration du temple de Salomon. David, en effet, n’était plus en vie lorsque son fils, après sept ans de travail, la onzième année de son règne, acheva «tout l’ouvrage» de la maison de l’Éternel. Et la douzième année (donc douze ans après la mort de son père), Salomon assembla à Jérusalem tout Israël pour faire monter l’arche de l’alliance dans le temple (2 Chroniques 5:2).

Le septième mois était en Israël un mois particulier où trois grandes fêtes se succédaient (Lévitique 23:23-36). Au premier jour du mois se célébrait la fête des trompettes, qui illustre bien la venue du Seigneur entrant dans son règne millénaire. Cet événement glorieux est typifié aussi par l’entrée de l’arche dans le temple de Salomon. La gloire de l’Éternel remplit alors la maison (2 Chroniques 5:4-14). Le dixième jour du septième mois avait lieu le grand jour des expiations. Nous trouvons une allusion cachée à la signification de cette fête solennelle en 2 Chroniques 7:1-3, lorsque, après la prière de Salomon, le feu descend du ciel et consume l’holocauste et les sacrifices. La gloire de l’Éternel remplit à nouveau la maison. Tous les fils d’Israël s’inclinent alors et se prosternent jusqu’en terre.

Le quinzième jour du septième mois commence la fête des tabernacles, qui dure une semaine. Mais, à l’occasion de l’inauguration du temple, Salomon célèbre, dès le huitième jour du mois, une fête solennelle pour «la dédicace de l’autel», et cela pendant sept jours. La fête se poursuit, sans transition, avec celle des tabernacles pendant une nouvelle semaine jusqu’au vingt-troisième jour, dans une grande joie (2 Chroniques 7:8-10).

Si David n’a pas pu vivre ces beaux moments, il les a certainement anticipés dans son cœur. N’avait-il pas reçu par l’Esprit le modèle du projet? «Tout cela, dit David, toute l’œuvre du modèle, il m’en a, par écrit, donné l’intelligence, par la main de l’Éternel sur moi» (1 Chroniques 28:19). Dans la droiture de son cœur, et dans sa grande affection pour son Dieu, il avait offert volontairement une abondance de matériaux et de biens précieux pour la construction de la maison. Cependant il en attribue toute la gloire à Dieu: «Car tout vient de toi; et ce qui vient de ta main, nous te le donnons… Toute cette abondance… est de ta main, et tout est à toi» (1 Chroniques 29:10-19).

La même louange monte de nos cœurs vers Dieu. N’avons-nous pas reçu du Seigneur «grâce sur grâce» et vu «sa gloire, une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père»? Nous la contemplons aujourd’hui par la foi. Bientôt nous la verrons remplissant la maison du Père.

Le psaume commence par les mots: «Éternel! je t’exalterai» et se termine sur la mention d’une louange éternelle: «Éternel, mon Dieu! je te célébrerai à toujours». Entre ces deux versets, David relève ses sujets de reconnaissance, ses expériences individuelles et collectives, source de louange et d’adoration. Une vie de piété a nécessairement ce but: «Que mon âme te loue par des cantiques et ne se taise point!» (verset 12).

Une vie dans Sa faveur

Le psaume 30 comporte 12 versets et résume l’histoire de David, toute une vie d’expériences avec Dieu. L’Éternel est à l’origine de chacune de ses victoires. Pour les croyants d’aujourd’hui, il ne pourrait en être autrement. David déborde de reconnaissance. En sept versets, il s’adresse à Dieu huit fois par de ferventes exclamations. (Six fois: Éternel! Et deux fois: Éternel, mon Dieu!) La louange jaillit du tréfonds de son être.

Sa prière d’actions de grâce énumère les différentes étapes de sa vie:

  • «Tu m’as délivré»
  • «Tu n’as pas réjoui mes ennemis à mon sujet» (verset 1).
  • «Tu m’as guéri» (verset 2).
  • «Tu as fait remonter mon âme du shéol; tu m’as rendu la vie» (verset 3).
  • «Par ta faveur, tu as donné la stabilité et la force à ma montagne» (verset 7).
  • «Tu as changé mon deuil en allégresse, tu as détaché mon sac, et tu m’as ceint de joie» (verset 11).

Ces grands thèmes marquent aussi bien l’histoire d’Israël que la nôtre sur le plan spirituel. La délivrancele salut de l’âme, voilà notre premier motif de louange. En éprouvons-nous chaque jour la réalité? Faisons davantage confiance au Dieu des délivrances. Il nous a délivrés, il nous délivre chaque jour et il nous délivrera jusqu’à ce que le but soit atteint! (2 Corinthiens 1:10).

Lorsqu’il est question de «nos ennemis» dans le livre des psaumes, il faut nous souvenir de ce que nous enseigne l’apôtre Paul. Nos ennemis ne sont pas des hommes, mais «une puissance spirituelle de méchanceté» qui nous harcèle (Éphésiens 6:12). Elle cherche à nous conduire au doute, au découragement, au désœuvrement, à la paresse, ou même à la révolte. Quel sujet de reconnaissance pour le croyant qui est gardé par la puissance de Dieu et, comme David, vainqueur de tous ses ennemis! «Tu n’as pas réjoui mes ennemis à mon sujet» (c’est-à-dire: Tu n’as pas permis qu’ils triomphent…) Le Psaume 18 aussi commence par la mention que l’Éternel délivra David de tous ses ennemis.

«Tu m’as guéri Tu m’as rendu la vie.» Nous étions morts dans nos fautes et nos péchés, mais Dieu, dans sa miséricorde, «nous a vivifiés ensemble avec le Christ… nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Éphésiens 2:4-6). «Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez», nous dit le Seigneur (Jean 14:19). Et Marthe reçoit cette merveilleuse révélation: «Moi, je suis la résurrection et la vie: celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra; et quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais» (Jean 11:25, 26). Pour le croyant, la mort a perdu tout pouvoir; elle n’est plus qu’un passage qui le mène à ce qui est «de beaucoup meilleur»: être avec Christ. Quels sujets d’éternelle reconnaissance et d’adoration!

Les ressources de la grâce divine apportent à l’existence stabilité et force; elles transforment le deuil en allégresse, et l’épreuve en sujet de joie (verset 11). Que le Seigneur nous accorde d’en faire l’expérience quotidienne et de le louer sans cesse pour la multitude de ses bontés! Il veut nous fortifier et nous bénir, non seulement dans les moments privilégiés où nous lui rendons culte, mais aussi dans toutes nos circonstances, quand nous réalisons que toutes choses travaillent pour le bien de ceux qui l’aiment.

Ce court verset devrait rester gravé dans notre mémoire: «Éternel, mon Dieu! j’ai crié à toi, et tu m’as guéri» (verset 2). Le livre des psaumes est rempli des réponses de Dieu aux prières instantes, aux cris du cœur qui montent vers lui. «J’ai cherché l’Éternel; et il m’a répondu, et m’a délivré de toutes mes frayeurs. Ils ont regardé vers lui, et ils ont été illuminés… Cet affligé a crié; et l’Éternel l’a entendu, et l’a sauvé de toutes ses détresses… Les justes crient, et l’Éternel entend, et il les délivre de toutes leurs détresses… Les maux du juste sont en grand nombre, mais l’Éternel le délivre de tous» (Psaumes 34:4-6, 17, 19). Quelle que soit l’épreuve que nous traversons, dans notre santé, dans notre famille, dans notre profession, ou dans l’assemblée, Dieu entend nos prières, nos cris, nos soupirs même, et nous délivre de nos frayeurs et de nos détresses.

Une louange collective

Encouragé par ses expériences, le psalmiste exhorte ses compagnons: «Chantez à l’Éternel, vous, ses saints (ses hommes pieux), et célébrez la mémoire de sa sainteté» (verset 4). Une vie de piété et de foi produit la louange, conduit à l’adoration, et nous prépare pour l’heure du culte collectif.

David, à cause de son grave péché, a connu la sévère discipline de Dieu. Bien qu’il ait entièrement confessé ses fautes et ait été pleinement restauré, il a dû en récolter les conséquences. Cependant il peut dire ici: «Il y a un moment dans sa colère, il y a une vie dans sa faveur; le soir, les pleurs viennent loger avec nous, et le matin il y a un chant de joie» (verset 5). Le psaume 32, qui relate cette expérience de David, conclut: «Réjouissez-vous en l’Éternel, et égayez-vous, justes! et jetez des cris de joie, vous tous qui êtes droits de cœur». Si nous traversons des temps d’humiliation, des circonstances douloureuses où nous récoltons les fruits de nos défaillances, nous pouvons faire une expérience semblable à celle de David. C’est la part de ceux qui sont droits de cœur. S’approcher «d’un cœur vrai, en pleine assurance de foi», est chaque dimanche un grand sujet de joie, qui ne saurait être entaché ou compromis par nos défaillances.

L’épreuve de la foi

Les versets 6 à 10 témoignent des épreuves de foi que David a traversées, telles qu’il les décrit en détail au psaume suivant. Après des années de prospérité, de stabilité et de force, peuvent venir des moments d’angoisse, de chagrin, de détresse même. Pensons à l’adversité qui s’est abattue sur lui lors de la révolte d’Absalom. Peut-être y fait-il allusion ici et au psaume 31 dans les versets 9 à 13. «La terreur de tous côtés!» (verset 13). «Tu as caché ta face, j’ai été épouvanté» (Psaumes 30:7).

Le croyant le plus avancé, le plus ferme dans la foi, n’est pas à l’abri du découragement. Le doute est le plus terrible ennemi du chrétien. On en trouve des traces dans toute l’Écriture. Jérémie a traversé des moments de grand découragement: «Pourquoi ma douleur est-elle continuelle, et ma plaie incurable? Elle refuse d’être guérie. Me serais-tu bien comme une source qui trompe, comme des eaux qui ne sont pas constantes?» (Jérémie 15:18). Nous pensons aussi à Elie en 1 Rois 19.

Si tout semble s’écrouler autour de nous, si même nous n’avons plus la force de prier ou de rechercher le réconfort dans la parole de Dieu, Lui ne nous abandonne pas. Comme pour Elie et Jérémie, c’est Lui qui vient à nous; il nous parle et renouvelle ses promesses: «Je suis avec toi pour te sauver et pour te délivrer, dit l’Éternel» (Jérémie 15:20).

David, lui, connaît la ressource: «Éternel! j’ai crié à toi, et j’ai supplié le Seigneur… Écoute, ô Éternel! et use de grâce envers moi; Éternel, sois-moi en aide» (versets 8, 10). Ne cherchons pas d’appui ailleurs: «La délivrance qui vient de l’homme est vaine» (Psaumes 60:11). «Si tu peux quelque chose, assiste-nous, étant ému de compassion envers nous», s’écrie un père désespéré; et Jésus lui répond: «Le Si tu peuxc’est: Crois! toutes choses sont possibles à celui qui croit» (Marc 9:22, 23).

Dans les moments de désarroi, où chercher le secours, sinon dans l’aide divine — la grâce qui répond à la foi, la miséricorde qui vient au-devant de notre misère? Le Seigneur nous redonnera une pleine confiance en l’amour de son cœur et en la puissance de son bras. «Tu as changé mon deuil en allégresse… tu m’as ceint de joie» (verset 11).

De telles expériences sont encore aujourd’hui à la portée de la foi. Le résultat en sera toujours un motif de louange: «Afin que mon âme te loue par des cantiques et ne se taise point» (verset 12).

Si David intitule ce psaume: «Cantique de dédicace de la maison», c’est qu’il anticipe, par la foi, la réalité d’un lieu choisi par Dieu, pour qu’en tout temps les siens lui apportent louange et adoration du plus profond de leur cœur.