Joseph

J. Muller

La plus grande partie du livre de la Genèse (chapitres 12 à 50) raconte l’histoire des quatre patriarches: Abraham, Isaac, Jacob et Joseph.

Abraham présente l’élection selon les desseins de Dieu, l’appel et le don des promesses divines inconditionnelles, d’ordre céleste ou terrestre.

En Isaacimage de Christ ressuscité, s’accomplissent toutes ces promesses.

Souche du peuple terrestre, Jacob est aussi l’objet de la discipline d’un Dieu fidèle, une discipline qui produit des fruits.

Joseph est un beau type de Christ, l’héritier en qui toutes choses seront réunies (Éphésiens 1:10). Par ses dures épreuves suivies de son élévation sur le trône, Joseph rend vivant le témoignage de l’Esprit de Christ aux «souffrances qui devaient être la part de Christ» et aux «gloires qui suivraient» (1 Pierre 1:11).

Abraham, Isaac et Jacob, étrangers dans ce monde, avaient une tente et un autel. Joseph, lui, a connu la citerne et la prison, puis le trône.

La vie de Joseph est remplie d’instructions morales pour nous. Et du point de vue prophétique, elle offre un tableau complet des desseins et des voies de Dieu envers Christenvers Israël (son peuple terrestre), et envers l’Église (son peuple céleste). Joseph et Benjamin, fils de Rachel, sont tous deux des types de Christ. Les dix autres fils de Jacob sont l’image d’Israël, tandis qu’Asnath est celle de l’Assemblée.

Joseph a vécu 110 ans (Genèse 50:22). Sa vie se divise en quatre parties:

  1. dans la maison de son père,
  2. comme homme mis à part en Égypte,
  3. ensuite, reconnu par ses frères comme le sauveur de leur vie,
  4. enfin, en Égypte jusqu’à sa mort.

1. Joseph dans la maison de son père

Joseph est né à Charan, lorsque son père était encore en exil en Mésopotamie. Onzième fils de Jacob, il est l’aîné de Rachel, la bien-aimée de son mari (Genèse 30:22-24). Sa venue dans la famille du patriarche a été reconnue comme un don de Dieu (Son nom signifie: Qu’il ajoute!). Né en dehors du pays de la promesse, Joseph est un type de Christ qui entre dans le monde «quand l’accomplissement du temps est venu» (Galates 4:4), alors qu’Israël était privé de son héritage. En contraste avec Joseph, Benjamin, second fils de Rachel et dernier fils de Jacob, est né dans le pays de Canaan, à Bethléhem. Comme tel, il parle de Christ qui possède tous les droits au royaume et les fera valoir par les jugements futurs.

Cité le premier dans «les générations de Jacob» (Genèse 37:2), Joseph se place dans la lignée des hommes de foi de Hébreux 11, à la suite de ses pères (verset 17, 20, 21, 22). Encore jeune garçon (il est âgé de 17 ans), Joseph est un berger qui prend soin des troupeaux de son père, en compagnie de quatre de ses frères, les fils des servantes de Jacob (Dan, Nephtali, Gad et Aser). Connus pour leur mauvaise renommée et leurs mauvais propos, ceux-ci sont déjà l’image prophétique du peuple d’Israël infidèle.

Joseph était le fils de la vieillesse de Jacob (Genèse 37:3), aimé de lui plus que tous ses frères. Il était «beau de taille et beau de visage» (39:6), comme le seront plus tard Moïse et David. De toute l’Écriture, Joseph est le type le plus remarquable et le plus complet de Christ, le Bien-aimé du Père, objet de son amour éternel, celui qui est «plus beau que les fils des hommes» (Psaumes 45:2; Jean 3:35; 2 Jean 3). La «tunique bigarrée» que Jacob fait à son fils Joseph préfigure la tunique que portera le Fils de Dieu pendant les jours de sa chair (Jean 19:23, 24), avant qu’il ne soit revêtu, comme Souverain Sacrificateur, de ses vêtements de gloire et de beauté (Exode 28:2, 5, 6). La tunique sans couture de Christ exprimait les perfections morales de sa personne sur la terre, lui en qui habite toute la plénitude de la déité (Colossiens 1:19; 2:9). Homme approuvé de Dieu, il allait de lieu en lieu, faisant du bien (Actes des Apôtres 2:22; 10:38).

Les qualités de Joseph suscitent contre lui la haine de ses frères (Genèse 37:4). Ceux-ci le rejettent dans sa personne. Christ a dû dire à la fin de sa vie: «Mais maintenant ils ont, et vu, et haï et moi et mon père» (Jean 15:24). Plus tard, Moïse sera rejeté par le peuple qui refusera sa mission.

Les deux songes de Joseph (versets 7-11) annoncent sa prééminence sur ses frères. Ils ne font qu’augmenter la haine de ceux-ci et suscitent maintenant leur jalousie. Ils ne sont pas prêts à admettre qu’ils doivent, plus tard, se prosterner devant leur frère. La vision des gerbes préfigure la terre, et celle des étoiles parle du ciel, les deux domaines dans lesquels brilleront la gloire et la domination de Christ.

A la demande de son père, Joseph quitte Hébron et les chênes de Mamré, le lieu de séjournement des patriarches (Genèse 13:18; 18:1; 35:27), pour aller retrouver ses frères à Sichem, puis à Dothan (37:12-17). Là, Joseph va être livré entre leurs mains. Ils complotent contre lui pour le faire mourir (verset 18). La parabole du maître de la vigne et des cultivateurs emploie précisément les mêmes termes pour préfigurer la manière dont Christ, «l’unique fils bien-aimé» du Père, sera traité par son peuple (Matthieu 21:38; Marc 12:6). Benjamin, qui n’avait que dix ans environ à ce moment-là, n’a pas participé au complot contre son frère. Caché momentanément auprès de son père à Hébron, il sera manifesté au temps propre pour porter en figure la culpabilité de ses frères (Genèse 44:16). Ceux-ci, les dix, jettent Joseph dans une citerne, s’assoient pour manger le pain, puis le vendent pour vingt pièces d’argent (deux pièces pour chacun, quelle dérision!) à une caravane d’Ismaélites. Ceux-ci l’emmènent en Égypte et le vendent à leur tour à un officier du Pharaon. Les deux noms de Ruben et de Juda apparaissent dans cette triste scène. Ruben voulait délivrer Joseph de la main de ses frères, mais n’a pas pu empêcher leur dessein. Il est l’image des quelques hommes intègres au milieu du peuple Juif qui ne cherchaient pas la mort de Jésus, tel Joseph d’Arimathée qui «ne s’était pas joint à leur conseil et à leur action» (Luc 23:51). Quant à Juda, il prend l’initiative de vendre Joseph aux Madianites. Et au temps de Jésus, c’est Juda (constitué des deux tribus de Juda et de Benjamin), qui assumera la responsabilité de la mort du Messie pour le compte du peuple d’Israël entier.

Dépouillé de sa tunique, comme Christ le sera plus tard de sa robe (Psaumes 22:18), Joseph est jeté dans une citerne vide, dont il sera tiré (versets 23, 24, 28). On peut imaginer «la détresse de son âme», lorsqu’il demande grâce à ses frères qui ferment leurs oreilles (Genèse 42:21). Jérémie connaîtra une épreuve comparable; jeté dans une fosse remplie de boue dans la cour de la prison à Jérusalem, il en a été délivré par les compassions d’un étranger, Ebed-Mélec, l’Ethiopien (Jérémie 38:6, 13). Mais Jésus, lui, a connu les profondeurs insondables de l’abîme et des cataractes du jugement divin (Psaumes 42:7; 69:1, 2). Il n’en a pas été délivré, si ce n’est en résurrection, au-delà de la mort.

La vente de Joseph aux Ismaélites marque la fin de cette première partie de sa vie, et de ses relations avec sa famille, comme s’il avait dû connaître effectivement la mort. De même, la mort de Christ a brisé toutes les relations du Messie avec son peuple terrestre.

Les frères de Joseph complètent leur forfait par une odieuse tromperie vis-à-vis de leur père. Ils conçoivent une mise en scène destinée à faire croire que Joseph a été déchiré par une mauvaise bête. Enfin, hypocritement, ils se lèvent tous, avec leurs sœurs, pour consoler Jacob, qui restera sans nouvelles de son fils bien-aimé pendant 22 ans. Toute cette méchanceté et cette duplicité devront être visitées par le Dieu qui sonde les cœurs. En même temps, le Dieu souverain accomplira ses desseins pour sauver son peuple par celui même qu’il avait rejeté; car, en fait, c’est l’Éternel lui-même qui envoyait Joseph en Égypte devant eux (Genèse 45:5, 7; Psaumes 105:17).

2. Joseph mis à part en Égypte

En Égypte, l’Éternel est avec Joseph, et fait prospérer tout ce qu’il fait (Genèse 39:2, 21, 23; Actes des Apôtres 7:9). De la même manière, Dieu sera avec Josué (Josué 6:27), avec David (2 Samuel 5:10), et plus tard, avec Christ (Actes des Apôtres 10:39). Mais de Christ seul, il peut être dit que «Dieu était en Christ» (2 Corinthiens 5:18). En lui, s’accomplit la parole prophétique: «Le plaisir de l’Éternel prospérera en sa main» (Ésaïe 53:10).

La première épreuve que rencontre Joseph est celle de la convoitise de la chair (Genèse 39:7-20). Sa résistance victorieuse à la séduction du péché est d’autant plus remarquable qu’il était seul dans un pays étranger et que sa conduite n’était connue de personne. S’appliquant «à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes», comme l’apôtre Paul plus tard (Actes des Apôtres 24:16), Joseph est gardé d’un péché qui serait avant tout contre Dieu (verset 9). Chose triste à remarquer, David ne reconnaîtra cela qu’après sa chute, lorsqu’il dit à Dieu: «Contre toi, contre toi seul, j’ai péché» (Psaumes 51:4). La calomnie vengeresse de la femme de Potiphar le conduit en prison (verset 20). «On lui serra les pieds dans les ceps, son âme entra dans les fers» (Psaumes 105:18). Il connaît ainsi la violence de l’adversaire après avoir résisté à sa séduction.

En prison, Joseph est rejoint par le chef des échansons et le chef des panetiers du Pharaon (Genèse 40). Se confiant en Dieu pour l’interprétation de leurs songes respectifs, Joseph annonce la grâce du roi au premier et la condamnation au second. Après trois jours (une période symbolique), les prédictions de Joseph s’accomplissent à la lettre. Ces deux hommes sont le modèle des deux classes en lesquelles se partage l’humanité, comme le seront plus tard les deux brigands crucifiés de part et d’autre du Seigneur de gloire; l’un est sauvé et l’autre est perdu à jamais. Malgré la requête de Joseph, le chef des échansons l’oublie (verset 23). Le monde ne s’est pas davantage souvenu de «l’homme pauvre et sage qui délivra la ville par sa sagesse» (Ecclésiaste 9:13-15). Mais Christ s’est bien souvenu, et même infiniment au-delà de sa demande, du brigand repentant qui s’est tourné vers lui à la dernière heure de sa vie (Luc 23:42).

Après deux années révolues (Genèse 41:1), le Pharaon songe un double songe: d’une part, sept vaches grasses mangées par sept vaches maigres; d’autre part, sept bons épis dévorés par sept épis pauvres brûlés par le vent. La providence divine veillait, et Joseph est appelé à la cour du roi pour lui interpréter ses songes, ce que personne n’avait été capable de faire (verset 24). Le «jeune hébreu, serviteur» (verset 12) est promptement sorti de la fosse pour être présenté au Pharaon (Psaumes 105:20). La chose était arrêtée de la part de Dieu: sept années d’abondance devaient être suivies de sept années de famine. Quant à la portée du songe, la foi de Joseph en Dieu est aussi entière que celle de Daniel plus tard (Daniel 2:28). Les réponses du Pharaon à Joseph et de Nebucadnetsar à Daniel sont similaires (Genèse 41:39; Daniel 2:47); toute gloire revient à Dieu. En conséquence, Joseph et Daniel sont élevés, l’un et l’autre, à une position de gloire et d’autorité auprès des rois de la terre.

Agé maintenant de 30 ans, Joseph, après treize ans de dures épreuves, est établi sur tout le pays d’Égypte; il est revêtu de vêtements précieux et tous se prosternent devant lui (Genèse 41:42, 43). C’est une belle image de la position que Dieu (représenté ici par le Pharaon) destine à son Fils, Jésus, qu’il a fait Seigneur et Christ (Actes des Apôtres 2:36; Philippiens 2:9-11). Le nom de Joseph devient Tsaphnath-Pahnéakh: révélateur des secrets, sauveur du monde et soutien de la vie (verset 45). Alors le Pharaon donne à Joseph une épouse, Asnath, unie à son mari dans son élévation, comme le sera l’Église dans le monde à venir et dans la gloire. En contraste, l’épouse de Moïse, Séphora, sera unie à lui dans son rejet, comme l’Assemblée sur la terre est aujourd’hui unie à Christ. Que le Seigneur nous donne de comprendre cet ordre moral pour le peuple céleste de Dieu! L’Église est unie maintenant à un Sauveur rejeté, avant de l’être dans l’avenir à un Seigneur glorifié: «Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui» (2 Timothée 2:12). Avant la famine, Asnath donne à Joseph deux enfants: Manassé (oubli), qui lui fait oublier sa peine et la séparation de la maison paternelle, et Ephraïm (double fertilité), un témoignage de la bénédiction divine. Ainsi, prophétiquement, l’Église de Christ est formée sur la terre avant la grande tribulation qui lui sera épargnée (Apocalypse 3:10).

Lorsque les Égyptiens sont envoyés vers lui par le Pharaon (Genèse 41:55), Joseph agit avec sagesse dans l’administration du royaume. Il recueille successivement pour le compte du Pharaon: leur argent (47:14), leur bétail (verset 16), leurs terres (verset 20), et enfin leurs personnes elles-mêmes (verset 23). Pour autant, les Égyptiens lui sont reconnaissants: «Tu nous as conservé la vie» (verset 25). Cette scène préfigure la prospérité d’Israël et des nations durant le règne millénaire de Christ.

À suivre