Recherche et limites de la communion pratique

R.K. Campbell

Que faut-il penser de ce qu'on appelle parfois un cercle de communion? Cette expression n'a-t-elle pas une connotation sectaire? Une réponse à cette question nous est donnée par R.K. Campbell dans son livre: L'Église, pages 261 à 263, texte que nous reproduisons.

On désigne parfois par «cercle de communion» l'ensemble des assemblées qui se reconnaissent attachées aux vérités de la Parole, maintiennent des responsabilités collectives, et marchent ensemble dans la communion pratique et l'unité l'une envers l'autre en s'efforçant de suivre ces principes divins.

Alors qu'au commencement ce cercle embrasse tous les saints qui ne sont pas exclus par la discipline scripturaire, dans l'état actuel de ruine et de confusion où se trouve la chrétienté, le cercle de la communion pratique des assemblées se limite à celles qui se soumettent à la vérité de Dieu concernant son Assemblée. Si l'Écriture prescrit aux saints individuellement le chemin indiqué ci-dessus, cela entraîne localement un cercle de communion qui s'étend aussi à tous ceux qui, en d'autres localités, poursuivent le même chemin.

Nécessité de l'ordre et de la discipline

Rechercher avec soin ces limites de la communion pratique est une nécessité (et nous devons les respecter, avec la discipline qui s'y rattache, si nous ne voulons pas être coupables d'indépendance). Comment sans cela l'ordre et la discipline tels qu'ils ont été établis par le moyen de l'apôtre Paul pour la maison de Dieu, l'Assemblée, pourraient-ils être maintenus? Le même principe qui nous fait reconnaître un ensemble local de croyants réunis dans la séparation du mal, doit nous faire reconnaître un ensemble plus grand de croyants réunis sur les mêmes bases en d'autres lieux — un cercle de rassemblements.

Le danger serait de former une confédération avec son administration centrale. D'autre part les rassemblements, en se reconnaissant entre eux, ne doivent pas le faire sur la base d'une entente autour d'une doctrine particulière ou d'une confession de foi. Ils cherchent simplement à marcher ensemble dans l'obéissance à la parole de Dieu. Cette unité de communion dans la pratique, que l'Esprit de Dieu produit par l'obéissance à l'Écriture, et par grâce, est le seul chemin qui puisse amener ces rassemblements à une représentation pratique du corps de Christ au milieu de la ruine. Ou on agit ainsi, ou on reconnaît des assemblées indépendantes, ce qui reviendrait à nier la vérité du seul corps formé par tous les croyants. Au sujet de l'indépendance, quelqu'un a dit très justement: «Le principe de l'indépendance des assemblées conduit au laxisme, qui autorise chacun à faire sa volonté et n'éprouve la conscience de personne».

Une communion sans sectarisme

De nombreuses personnes s'élèvent vigoureusement contre cette idée d'un cercle de communion, en disant que c'est un enseignement sectaire, qui ne vient pas de Dieu. Mais si les chrétiens sont partout reconnus comme membres du corps de Christ, et reçus en communion toutes les fois qu'il n'y a pas d'obstacle scripturaire pour qu'ils le soient, si on ne prend aucun nom sectaire ni ne suit aucun enseignement particulier comme signe distinctif, mais que l'on se réunit simplement au nom de Christ seul, une telle assemblée de croyants n'est pas un parti ni une secte, bien qu'ils refusent toute indépendance et reconnaissent un cercle d'assemblées avec lesquelles ils sont en communion.

F.W. Grant a écrit à ce sujet: «Plus nous nous lamentons et refusons le sectarisme existant, plus nous sommes contraints, et nous nous en réjouissons, de reconnaître le corps de Christ partout où cela est possible. Et ce cercle de communion, bien qu'il ne soit pas le corps, nous permet de reconnaître son unité dans la vérité et la sainteté, dans la mesure où cela peut se faire dans l'état de ruine où se trouve l'Église. Si on aime tous ceux qui appartiennent à Christ — si la porte est ouverte pour les recevoir en maintenant la vérité et la sainteté — un tel cercle n'est pas sectaire, c'est plutôt une protestation contre le sectarisme, tandis que l'assemblée qui refuse d'y être associée est réellement sectaire».

Nous avons à reconnaître le corps de Christ tout entier, mais non les associations de croyants non conformes à l'Écriture. Dans l'intérêt du corps de Christ, nous refusons les dénominations, car elles ne sont pas selon Dieu; mais, au nom du même intérêt, nous devons accepter un cercle de communion dépourvu de sectarisme. D'une certaine façon, chaque croyant a sa place à la table du Seigneur, mais ce n'est pas dans tous les cas qu'il pourra l'occuper: il se peut que sa conduite, ses associations ou son état d'âme l'en empêchent, car c'est la table du Saint et du Véritable.

Rompre le pain à la table du Seigneur ensemble est l'expression la plus complète de la communion, et communion signifie communauté d'intérêts et de jugement. Lorsque ces éléments n'existent pas, la véritable communion est impossible. Nous ne pouvons pas être en communion avec ceux qui s'opposent et font la guerre aux principes que Dieu nous a donnés pour nous diriger. Une assemblée dans une localité ne peut étendre la communion qu'à des assemblées dans d'autres localités qui tiennent compte de leurs privilèges et agissent selon leurs responsabilités d'après la parole de Dieu, tout en marchant dans la sainteté, la vérité et l'unité.

Nous avons parlé de cette vérité du cercle de communion et nous l'avons défendue comme étant un principe scripturaire. Nous admettons avec tristesse que ceux qui ont cherché à maintenir ce principe et à le mettre en pratique ont gravement failli et se sont morcelés en différents cercles; cela est une cause d'humiliation et de confession devant Dieu. Mais cela ne prouve pas que le principe d'un cercle de communion soit faux. Le fait que l'homme n'ait pas réussi à maintenir la vérité de Dieu ne change pas les principes divins et ne nous donne aucune excuse pour ne pas les soutenir ou les mettre en pratique. C'est plutôt une raison pour nous humilier devant Dieu en nous identifiant avec toute la ruine et l'échec de nos pères et de nous-mêmes; cela devrait nous pousser à rechercher sa face pour avoir la grâce et la force de garder sa Parole et de marcher dans la droiture.

Ceux qui prônent l'indépendance et qui estiment que le fait d'enseigner l'unité des assemblées est ce qui cause des divisions, n'ont pas mieux réussi, et ont fait peut-être pire. Les résultats pernicieux de l'indépendance sont clairement visibles.