De l'intérieur vers l'extérieur

F. Ulrich

Remarques à propos de l'épître aux Philippiens

La vie de la foi se développe depuis l'intérieur. C'est de l'état intérieur du croyant que provient tout son comportement extérieur. C'est là une des leçons essentielles de l'épître aux Philippiens, mais le même principe se retrouve dans toute la Parole. On lit dans les Proverbes, par exemple: «Garde ton cœur plus que tout ce que l'on garde, car de lui sont les issues de la vie» (4:23). L'épître aux Philippiens, qui est une sorte de manuel de l'expérience chrétienne, souligne de façon particulière cette corrélation entre le dedans et le dehors. On y trouve plusieurs mentions significatives des pensées (2:2, 5; 3:19; 4:2, 7, 8, 10), de l'esprit (1:15, 17, 27; 2:3; 4:23), des sentiments (2:2, 20; 3:15).

Alors, quelle est notre pensée, quel est notre sentiment, de quel esprit sommes-nous animés? Quelle est notre manière fondamentale de penser? Nous ne parlons pas des pensées générales qui nous viennent parfois à l'esprit, ni des différents sujets qui nous occupent inévitablement au cours de la journée, par exemple en raison de notre travail, ni des impressions agréables ou désagréables que les circonstances du moment nous font éprouver. Mais quelle est l'orientation de base de nos pensées?

L'orientation de nos pensées ne change pas du jour au lendemain; c'est quelque chose qui se cultive à long terme; c'est une affaire de croissance. Elle ne dépend pas beaucoup des circonstances. En revanche, elle dépend du sérieux avec lequel nous vivons notre christianisme. Et comme notre état intérieur est aussi bien «le volant» que «le moteur» de notre comportement journalier, nous devrions y apporter tout notre soin.

Il est vrai que, dès notre conversion, Dieu lui-même a commencé en nous une bonne œuvre, et qu'il l'achèvera (1:6). C'est son côté. Mais il y a aussi notre côté, ne l'oublions pas. Contre les pensées occasionnelles de toute nature qui traversent notre esprit, nous ne pouvons nous défendre qu'à grand-peine; en revanche, nous pouvons occuper nos pensées par de bonnes choses pour empêcher les mauvaises d'exercer leur influence nocive sur notre homme intérieur. L'illustration est bien connue: nous ne pouvons pas empêcher les oiseaux de voler au-dessus de nos têtes; mais nous pouvons bien les empêcher de construire leur nid sur elles. Nous pouvons occuper nos esprits, et les nourrir de ce qui est bon! «Au reste, frères, toutes les choses qui sont vraies, toutes les choses qui sont vénérables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne renommée, — s'il y a quelque vertu et quelque louange, — que ces choses occupent vos pensées: ce que vous avez et appris, et reçu, et entendu, et vu en moi, — faites ces choses, et le Dieu de paix sera avec vous» (Philippiens 4:8). Cela formera nos pensées de la bonne manière. Ne sous-estimons pas la force du bien!

Cela, bien sûr, nécessite de l'application. Lorsqu'il priait pour les Philippiens, l'apôtre demandait que leur amour «abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence», afin qu'ils discernent «les choses excellentes» (1:10). Vu de l'extérieur, le bien est souvent moins coloré, moins spectaculaire, que le mal. C'est d'ailleurs pour cela que c'est ce dernier qui fait vivre les journaux. Le bien doit être cherché avec soin, il ne vient pas à nous de lui-même, nos pensées doivent s'appliquer à s'en occuper.

Mais il en vaut bien la peine! Si nous voulons croître spirituellement, ce que nous pouvons faire de mieux est d'occuper nos pensées de Christ, le suprême modèle, et de nourrir nos âmes de lui. Il nous est aussi grandement profitable de considérer l'exemple que nous ont laissé des hommes fidèles tels Paul — ou même Timothée et Épaphrodite, dont l'apôtre parle en détail au chapitre 2 (versets 19-30). Chacun de ces serviteurs reproduisait quelques traits du Seigneur Jésus. Paul ajoute plus loin: «Soyez tous ensemble mes imitateurs, frères, et portez vos regards sur ceux qui marchent ainsi suivant le modèle que vous avez en nous» (3:17).

Alors, le verset bien connu: «Qu'il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus» (2:5) ne restera pas un idéal inaccessible — quand bien même, au niveau de la réalisation pratique, la distance entre lui et nous sera toujours infinie.

C'est à cause de «cette pensée» que Dieu lui a donné la place d'honneur suprême à sa droite. Et, toute proportion gardée, il en sera aussi de même pour les chrétiens: la vraie piété, celle qui se développe au-dedans avant de se manifester au-dehors, trouvera l'entière approbation de Dieu, et aura sa récompense.