Proximité avec Christ

J.N. Darby

De nos jours les prétentions et la propre volonté de l'homme se manifestent puissamment.

Mais apprendre à demeurer en paix dans un jour de grâce et savoir que Dieu est Dieu, cela est tout à fait impossible à l'homme dans la chair. L'esprit du siècle agit sur beaucoup de chrétiens qui cherchent à restaurer d'anciens errements dans le service de Dieu, au lieu d'être brisés de douleur devant Dieu en sentant qu'ils sont tombés si bas.

Confesser franchement ce que nous sommes en face de ce que Dieu est, tel est toujours le chemin de la paix et de la bénédiction. Alors même que deux ou trois seulement seraient assemblés devant Dieu (si réellement il en est ainsi d'eux), ceux-là n'auraient ni désappointement, ni déception. La parole pour le résidu est: «Sanctifiez le Seigneur le Christ dans vos cœurs (1 Pierre 3:15). Il est le seul centre de rassemblement. L'Esprit Saint ne rassemble pas les enfants de Dieu autour de certaines idées, si vraies soient-elles, ni sur ce qu'est l'Église, ni sur ce qu'elle a été, ni sur ce qu'elle pourra être sur la terre; mais il les rassemble autour de cette personne bénie, qui est la même hier, aujourd'hui et éternellement — car «là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux» (Matthieu 18:20).

Nous avons à prendre garde à ne pas nous vanter, comme beaucoup le font de nos jours, mais nous devons demeurer dans la paix et le calme dans la présence de Dieu. On trouve presque partout beaucoup d'indépendance et de volonté propre. Quiconque parle de séparation du mal sans être lui-même profondément humilié doit prendre garde que son état d'âme ne devienne précisément ce qui a de tout temps formé les sectes et produit des hérésies doctrinales. La proximité avec Christ nous garderait du sectarisme, qui est la mauvaise herbe la plus naturelle au cœur humain. L'esprit sectaire consiste à rechercher la domination sur un petit cercle autour de soi.

En fait je ne connais aucun service religieux qui soit vraiment digne de Christ, si ce service n'est pas fait dans l'humilité. Ce n'est pas le moment pour nous de rechercher une place prépondérante dans l'assemblée. Alors que l'Église de Dieu, qui est si chère à Christ, est déshonorée dans ce monde, dispersée, ignorante, affligée, celui qui a l'Esprit de Christ prendra toujours la dernière place. Le vrai service d'amour cherchera à satisfaire les besoins existants, et à cause de ces besoins, il ne pensera jamais à mépriser les objets de l'amour du Père, en raison même de leur misère spirituelle. Les hommes enseignés de Dieu en vue de son service vont de l'avant après avoir acquis de la force dans la conscience de leur faiblesse et de leur néant; alors ils font l'expérience que Jésus est tout dans la présence de Dieu, et que Jésus est aussi tout pour eux, en toute circonstance et en tout lieu. De tels hommes, sous l'action du Saint Esprit, sont réellement des aides pour les enfants de Dieu, et ils ne luttent pas pour obtenir une place spéciale, ou une autorité parmi le troupeau dispersé. La communion d'un homme avec Dieu au sujet de l'assemblée se manifestera en ce qu'il ne voudra être rien en lui-même; un tel homme sera heureux dans son cœur de se dépenser entièrement pour Celui qui l'a appelé.

Plusieurs ont pensé restaurer l'Église en vue de sa puissance. Il y a beaucoup d'instruction à retirer de la conduite de Zorobabel racontée dans le livre d'Esdras. Héritier de la position de Salomon en des jours de prospérité et de gloire, il ne parle ni de sa naissance ni de ses droits. Néanmoins, il demeure fidèle dans tout le chemin de séparation, de tristesse et de combats par lequel il doit passer.

Si nous parlons de notre témoignage sur la terre, il sera bientôt évident que tout n'est que faiblesse; et, comme la semence perdue le long du chemin, de même notre témoignage se terminera à notre honte. Ni colère, ni prudence, ni orgueil humain ne peuvent rien dans la confusion où se trouve maintenant l'Église. Je peux dire sans hésitation que je n'ai absolument aucun espoir dans la réussite des efforts que font plusieurs pour s'assurer une situation ecclésiastique.

Quand la maison est minée jusqu'à ses fondations par un tremblement de terre, peu importent les efforts que l'on ferait pour en faire une habitation confortable. Nous ferons mieux de rester le front dans la poussière, là même où, dès la découverte de la ruine, nous avons été placés — ruine introduite par l'ingérence de l'homme. Telle est la place qui nous revient, et après tout, c'est la place de la bénédiction.

Un jour où plusieurs étaient assemblés, j'ai su que pendant un long moment, ils ne purent prononcer un seul mot, mais le sol était mouillé de leurs larmes. Si le Seigneur nous accordait de nouveau des réunions semblables, il serait sage pour nous de fréquenter de telles maisons de larmes. «Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chant de joie» (Psaumes 126:5). Ce n'est pas écrit seulement pour le résidu terrestre, c'est aussi vrai pour nous. J'entreprendrais un long voyage pour me trouver avec de tels affligés; mais je ne ferais pas un pas dans le but de recevoir d'hommes pieux la mission de tout démolir aujourd'hui, et de tout reconstruire demain.

Nous avons besoin de veiller sur nous-mêmes, de peur qu'après avoir été préservés de la corruption de ce siècle par les très précieuses vérités qui nous ont été révélées dans notre faiblesse, nous ne soyons pris dans le filet de l'orgueil ou lancés dans la voie de l'indépendance.

Ce sont des choses que Dieu ne pourra jamais reconnaître ou tolérer, puisque nous sommes appelés à garder l'unité de l'Esprit dans le lien de la paix.