Le livre du prophète Zacharie

F.B. Hole

Chapitre 1er

En commençant notre lecture du livre de Zacharie, nous remarquons que, comme pour celui d'Aggée, des dates précises sont indiquées quant aux messages que Dieu a donnés par la bouche du prophète. Le verset 1 nous apprend que le premier message de Zacharie (versets 2-6) a été prononcé entre la parole d'encouragement et la parole d'avertissement d'Aggée, rapportées au chapitre 2 de son livre. Le premier message de Zacharie a le caractère d'une parole d'exhortation1.

1 Rappelons que la prophétie d'Aggée comporte successivement:

•  une parole de reproche (chapitre 1er),

•  une parole d'encouragement (2:1-9),

•  une parole d'avertissement (2:10-19),

•  une parole d'exaltation (2:20-23).

On peut se demander pourquoi une telle parole, à ce moment précis, était nécessaire. Le peuple n'avait-il pas écouté la parole de reproche, et repris diligemment le travail de la maison de Dieu? Ainsi, l'encouragement avait pu leur être donné de contempler prophétiquement sa gloire future. Et pourtant, avant l'avertissement prononcé par Aggée au neuvième mois, le prophète Zacharie leur adresse cet appel à se souvenir du caractère immédiat et certain des voies gouvernementales de Dieu envers leurs pères, et de voies semblables tout aussi certaines envers eux-mêmes, si, comme leurs pères, ils se détournaient de lui. L'exhortation est donc: «Revenez à moi, dit l'Éternel des armées». Mais n'est-ce pas ce qu'ils avaient fait? Assurément — tout au moins quant à ce qui était visible. Mais qu'en était-il de ce retour intime et vital du cœur qui seul compte aux yeux de Dieu? Leur histoire ultérieure, telle que la révèle le prophète Malachie, montre combien peu ils avaient connu ce véritable retour de cœur vers Dieu.

C'est pourquoi, en abordant cette nouvelle prophétie, nous trouvons quelque chose de propre à nous rendre «sages à salut», et à nous garder aujourd'hui d'un danger semblable. Il est facile de se contenter d'une conduite apparemment correcte, sans qu'il y ait ce profond changement du cœur qui est d'un grand prix aux yeux de Dieu. Il est fort possible que «l'impureté» dont Aggée, dans son troisième message, faisait remarquer qu'elle gâchait l'œuvre de leurs mains, ait été en relation avec ce qui nous est dit ici (cf. Aggée 2:14).

Au verset 7, nous arrivons au onzième mois de la seconde année de Darius — cette année si importante dans l'histoire des Juifs. C'est le début de toute une série de visions accordées au prophète — visions qui avaient trait à leur situation du moment, mais qui étaient aussi porteuses d'allusions à un lointain avenir et à la délivrance finale qui sera opérée par Christ.

Avant d'aborder ces visions, arrêtons-nous et remarquons la grande différence de style entre les deux prophètes. De tous les petits prophètes, aucun n'est plus simple et direct, plus exempt de langage figuré et de visions qu'Aggée. Au contraire, aucun n'est plus riche en langage figuré et en récits de visions que Zacharie. Et pourtant, Dieu les utilise tous deux également, et au même moment. Nous voyons ici préfiguré ce qui est pleinement réalisé dans les dispositions de Dieu envers l'Église, en 1 Corinthiens 12 à 14. Ce que Dieu établit est caractérisé par la diversité dans l'unité. Tous les serviteurs de Dieu sont différents les uns des autres dans le détail — comme le sont entre eux les divers membres du corps humain — mais tous sont liés ensemble dans une unité créée par Dieu. N'oublions jamais cela dans nos rapports avec les divers serviteurs de Dieu aujourd'hui, ou dans nos appréciations à leur égard.

Du verset 7 du premier chapitre jusqu'à la fin du chapitre 6, le prophète rapporte une série de visions qui lui ont été accordées. L'expression «je levai mes yeux, et je regardai» est répétée plusieurs fois, lorsqu'il décrit ce qu'il a vu. En méditant sur ces visions, nous discernons entre elles une certaine suite.

La première est celle de l'homme monté sur un cheval roux, parmi les myrtes, «et, après lui, il y avait des chevaux roux, bais et blancs», représentant «ceux que l'Éternel a envoyés pour se promener par la terre». En tant que symbole, un cheval exprime généralement l'idée de force et de puissance, mais, dans cette première vision, rien n'est dit quant à la forme de cette puissance. Il ne peut s'agir de royaumes terrestres comme la Perse ou la Grèce, puisque les chevaux sont en mission d'inspection çà et là sur la terre. Dans le chapitre 6, il est de nouveau question de chevaux, et ils sont décrits comme étant «les quatre esprits des cieux», c'est-à-dire de nature angélique. C'est bien ce que nous croyons qu'ils sont ici. Ce qu'ils rapportent, c'est que, bien que la cité et le peuple de Dieu soient toujours dans la détresse au terme des soixante-dix ans, les nations, sous l'empire des Perses, jouissaient d'un temps de paix et de repos.

Étant donné ces faits, l'ange charge Zacharie d'un message sans ambiguïté: l'Éternel était fort courroucé contre ces nations apparemment prospères, et il allait revenir à Jérusalem en bénédiction. Mais bien que le soulagement et la bénédiction accordés au peuple pendant les quelques années suivantes soient l'accomplissement partiel de ces paroles, leur accomplissement total n'aura lieu qu'au jour de la glorieuse apparition de l'Éternel prédite au dernier chapitre de Zacharie. C'est ce que le contenu des versets 16 et 17 nous amène à conclure.

Une nouvelle vision s'offre ensuite aux regards du prophète: celle des quatre cornes représentant les quatre puissances terrestres à qui il avait été permis de disperser totalement le peuple et sa ville. Alors lui apparaissent les quatre ouvriers qui viennent comme des envoyés de Dieu pour effrayer et détruire les quatre puissances qui avaient ainsi agi. La prophétie considère tout le sujet globalement, du point de vue de Dieu. Aux jours de Zacharie, la première de ces cornes — l'empire babylonien — avait été «jetée loin» (verset 21), la seconde était au pouvoir, et la troisième et la quatrième étaient encore à venir. Mais Dieu faisait savoir que leur domination n'était que temporaire, et que chacune à son tour serait «jetée loin».

L'identité des quatre cornes ne fait à notre avis aucun doute, bien que nous ne puissions pas identifier de la même manière les quatre ouvriers. Mais, comme précédemment, nous croyons que cette prophétie n'est pas encore entièrement accomplie, car les «cornes» des nations qui déploient leur puissance pour disperser Israël ne sauraient être totalement anéanties tant que dure encore «le temps des nations» (Luc 21:24). Toutefois le résidu remonté à Jérusalem reçoit l'encouragement de savoir que le temps de ses oppresseurs aurait une fin, au moment choisi par Dieu. Pour nous aussi, c'est un encouragement de le savoir.

Chapitre 2

Les adversaires ayant été éliminés, la vision du chapitre 2 nous fait avancer d'un pas dans les prédictions. Le prophète voit un homme tenant dans sa main un cordeau pour mesurer Jérusalem. Cela montrait que la ville était encore l'objet de l'attention et de l'intérêt de Dieu. Les Juifs qui entouraient Zacharie étaient peut-être satisfaits des progrès de leur travail de reconstruction, et enclins à en être fiers; mais ils devaient apprendre que Dieu avait en vue des choses encore beaucoup plus merveilleuses, comme l'ange l'explique ensuite.

Un jour viendrait où Jérusalem n'aurait plus besoin de muraille comme celle que le peuple construirait bientôt, car l'Éternel lui-même lui serait comme «une muraille de feu tout autour», et, chose encore plus merveilleuse, il serait lui-même «sa gloire au milieu d'elle». Des multitudes l'habiteront en ce temps-là, car il y aura un grand exode des Juifs hors des pays de leur dispersion, plus particulièrement hors du «pays du nord», comme le révèlent les versets 6 à 9. Cette migration aura lieu, comme l'indique le verset 8, «après la gloire» qui aura été révélée et établie. Nous devons donc dire, ici encore, que la prophétie va beaucoup plus loin que tout ce qui s'est déjà réalisé, et qu'elle s'applique aux temps de la fin.

Cela apparaît encore plus clairement lorsque nous lisons les quatre derniers versets de ce chapitre. Jamais encore Dieu n'a demeuré dans Sion ni possédé Juda «comme sa part», avec «beaucoup de nations» qui se joignent à l'Éternel. Ce jour est encore à venir. Pour le moment, on ne saurait dire que des nations se joignent à Dieu; ce qui a lieu, c'est que Dieu les visite «pour en tirer un peuple pour son nom» (Actes des Apôtres 15:14).

À suivre