Es-tu celui qui vient? (Luc 7:18-23)

J.P. Fuzier

Jean le baptiseur avait été injustement mis en prison par Hérode le tétrarque (Luc 3:19, 20). Son service avait été arrêté, de sorte qu'il s'interrogeait au sujet de celui qu'il avait reconnu et salué comme «l'Agneau de Dieu». Il avait vu l'Esprit descendre sur lui et avait rendu ce témoignage: «Celui-ci est le Fils de Dieu» (Jean 1:34). Mais sans doute, comme les Juifs pieux, avait-il espéré que Jésus serait le libérateur d'Israël et qu'il établirait son royaume en gloire. Pourtant, au lieu d'être délivré, il était en prison.

Jean était dans la perplexité, mais sa foi le conduisait à se tourner vers Jésus et il envoya deux de ses disciples vers lui, avec ce message: «Es-tu celui qui vient, ou devons-nous en attendre un autre?» Jean s'associait aux fidèles d'Israël, à qui il avait annoncé Christ comme le Messie attendu, et exprimait leur désarroi.

Jésus savait que deux disciples de Jean venaient à lui; il avait préparé les événements qu'ils allaient rencontrer; il connaissait à l'avance le message dont ils étaient chargés, de sorte que lorsqu'ils arrivèrent, «en cette heure-là, il guérit plusieurs personnes de maladies et de fléaux et de mauvais esprits, et il donna la vue à plusieurs aveugles». Ces miracles s'ajoutaient à ceux que ses disciples avaient déjà rapportés à Jean.

La réponse que le Seigneur fait communiquer à Jean est un message de grâce et de vérité. Il console son serviteur dans l'épreuve et la souffrance, en lui répondant «de bonnes paroles, des paroles de consolation» (Zacharie 1:13). Il ne lui adresse pas de reproches, mais en lui montrant les œuvres qu'il accomplissait, les miracles que seul le Fils de Dieu pouvait accomplir, le Seigneur détournait Jean de ses propres circonstances et dirigeait vers Lui le regard, les pensées et le cœur de son serviteur.

Jean a pu alors discerner d'une manière nouvelle celui qu'il avait vu au Jourdain et comprendre plus profondément ce que voulait dire la voix qui venait du ciel: «Tu es mon Fils bien-aimé; en toi j'ai trouvé mon plaisir» (Luc 3:22). Seul le Fils de Dieu pouvait être celui qui vient.

Mais, outre les miracles dont ils avaient été les témoins, les envoyés de Jean devaient lui rapporter que l'évangile était annoncé aux pauvres. Jean dans sa prison, n'était-il pas un de ces «pauvres»? Le message qu'il recevait, c'étaient des paroles de grâce qui sortaient de la bouche du Seigneur, quelque chose des «bonnes nouvelles annoncées aux pauvres». Il lui donnait l'assurance que Jésus avait bien été «envoyé pour publier aux captifs la délivrance» (4:18, 19), non pas littéralement sa délivrance de la prison d'Hérode, mais une délivrance morale de bien plus grande portée.

La réponse du Seigneur était de nature à affermir la foi de Jean, à le fortifier dans l'espérance de la délivrance d'Israël. Mais plus encore, il recevait par elle la preuve de l'amour de son Seigneur, avant d'être mis à mort pour satisfaire la haine d'une méchante femme. Et le dernier prophète de la dispensation de la loi put ainsi faire l'expérience que fit plus tard l'apôtre Paul: «Le Seigneur s'est tenu près de moi et m'a fortifié» (2 Timothée 4:17).

Si même l'épreuve nous livre

Ses rudes assauts chaque jour,

Dans nos âmes tu fais revivre

La foi, l'espérance et l'amour.

Aujourd'hui, nous avons «une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts», qui nous encourage et nous stimule à chercher les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu.

«Bienheureux est quiconque n'aura pas été scandalisé en moi», dit le Seigneur à Jean le baptiseur en conclusion de son message. Ces paroles étaient un avertissement plein de grâce adressé à son serviteur et à «quiconque», à chacun de nous. Ainsi donc, bienheureux sont ceux dont la foi en la personne de Christ, en sa puissance et en son amour, n'aura pas été obscurcie par les circonstances éprouvantes du chemin, mais aura tenu ferme sans trébucher.

Tels, par exemple, avaient été Daniel et ses compagnons, exilés et captifs loin de Jérusalem. Les circonstances dans lesquelles ils se trouvaient ne les firent pas trébucher dans le chemin de l'obéissance. En s'attachant au «Dieu des cieux» et à sa parole, ils n'eurent pas peur de Nebucadnetsar ni de ses menaces et triomphèrent.

À l'époque actuelle, laisserions-nous ébranler par les circonstances difficiles une pleine confiance dans la vivante et permanente parole de Dieu? Aujourd'hui comme aux temps apostoliques, «persévérer dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières» (Actes des Apôtres 2:42), ainsi que la consolation du Saint Esprit (9:31), sont les ressources immuables des saints et le secret de la paix dans les assemblées, si du moins nous tenons ferme ce que nous avons reçu.

Jean le baptiseur avait désigné le Seigneur Jésus sous le nom de «Celui qui vient», traduisant ainsi l'espérance de sa foi. Le Saint Esprit emploie ce même titre pour encourager les croyants hébreux à attendre avec patience les choses promises. «Car encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas. Or le juste vivra de foi» (Hébreux 10:36-38).

Nous aussi, qui sommes arrivés à la dernière heure, nous avons besoin d'entendre de tels encouragements: «Le Seigneur ne tarde pas pour ce qui concerne la promesse, comme quelques-uns estiment qu'il y a du retardement» (2 Pierre 3:9).

Le Seigneur lui-même nous dit en terminant le livre de sa révélation: «Oui, je viens bientôt». Quel bonheur de répondre: «Amen; viens, Seigneur Jésus!» et de recevoir cet encouragement: «Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec tous les saints!» (Apocalypse 22:20, 21).