Un temps de parler et un temps de se taire

U. Furrer

Il a été opprimé et affligé, et il n'a pas ouvert sa bouche. Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent; et il n'a pas ouvert sa bouche (Ésaïe 53:7).

Ces paroles d'Ésaïe nous sont bien connues. Le prophète inspiré par le Saint Esprit parle par avance du Seigneur Jésus.

Nous sommes toujours impressionnés quand nous considérons la grandeur morale de notre Seigneur en face de la «contradiction des pécheurs contre lui-même». Il pouvait se taire. Ce n'est pas qu'il ait été insensible à cette contradiction — bien au contraire! Il l'a ressentie au plus profond de son âme. Mais quand il était accusé à tort, il ne revendiquait rien; «quand il souffrait, [il] ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement» (1 Pierre 2:23).

Devant Ponce Pilate, «le témoin fidèle et véritable» a rendu témoignage à la vérité, faisant «la belle confession» dont l'apôtre Paul parle à Timothée (1 Timothée 6:13). Mais lorsqu'il a été accusé devant ce juge inique, il n'a pas répondu un seul mot, «en sorte que le gouverneur s'en étonnait fort» (Matthieu 27:14). Aux yeux des hommes, quand un accusé se tait au lieu de se défendre, c'est l'attitude la plus misérable. Mais les hommes ne font pas intervenir Dieu. Or c'est à lui que le Seigneur avait remis sa cause en toute confiance. Il avait pris Dieu pour son avocat. Il pouvait dès lors se taire devant les hommes.

Au cours de sa marche sur la terre, le Seigneur défend expressément à ceux qu'il a guéris de rendre son nom public. Il accomplit ainsi ce qui a été dit par Ésaïe le prophète: «Voici mon serviteur que j'ai élu, mon bien-aimé, en qui mon âme a trouvé son plaisir; je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera le jugement aux nations. Il ne contestera pas, et ne criera pas, et personne n'entendra sa voix dans les rues» (Matthieu 12:18, 19).

Notre Seigneur a fidèlement accompli la mission que Dieu lui avait confiée, sans chercher la publicité. Et il ne s'est jamais laissé entraîner dans des discussions avec ses contradicteurs. Par deux fois, nous le voyons simplement s'en aller: — lorsque les pharisiens et les sadducéens lui demandent un signe du ciel, «les laissant, il s'en alla» — et quand ils s'indignent de ce que des enfants crient dans le temple: «Hosanna au fils de David!», «les ayant laissés, il sortit de la ville» (Matthieu 16:4; 21:17). Il s'est aussi toujours abstenu de commenter de quelque manière l'actualité du jour. Qui pourtant était mieux à même que lui de juger de ce qui était juste ou injuste en Israël?

Quel contraste entre les paroles du Seigneur et les nôtres!

Sur la montagne de la transfiguration, Pierre parlait «ne sachant ce qu'il disait». Le Seigneur Jésus n'a jamais dit que ce qu'il avait entendu auprès de son Père et il l'exprimait de la manière que le Père lui indiquait: «Le Père qui m'a envoyé, lui-même m'a commandé ce que je devais dire et comment j'avais à parler» (Jean 12:49).

Et quand il se taisait, c'était dans le même esprit de dépendance. C'était dans l'humilité, sans amertume aucune — tout à l'opposé des pharisiens, qui se taisaient dans leur haine et dans l'endurcissement de leur cœur, pour ne pas avoir à répondre à ses questions qui les embarrassaient (cf. Marc 3:4).

Jamais non plus notre Seigneur n'a eu à retirer un mot déplacé, comme a dû le faire Paul, par exemple, lorsque devant le sanhédrin il avait qualifié le souverain sacrificateur de «paroi blanchie». Bien au contraire, le Seigneur pouvait avertir ses contradicteurs: «Et je vous dis que, de toute parole oiseuse (c'est-à-dire vaine, stérile) qu'ils auront dite, les hommes rendront compte au jour de jugement; car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné» (Matthieu 12:36, 37).

Salomon a écrit: «Une parole dite en son temps, combien elle est bonne!» et «Des pommes d'or incrustées d'argent, c'est la parole dite à propos» (Proverbes 15:23; 25:11). La vie du Seigneur Jésus tout entière en a été une parfaite illustration. Il savait discerner le temps de parler et celui de se taire (Ecclésiaste 3:7).