Le livre du prophète Aggée

F.B Hole

Introduction

En considérant les chapitres 4 et 5 du livre d'Esdras1, nous avons vu comment les adversaires de Dieu et du résidu qui était revenu à Jérusalem sous la conduite de Zorobabel et de Jéshua, et qui avait commencé à reconstruire le temple, ont réussi à interrompre le travail. Nous avons vu aussi comment Dieu a suscité deux prophètes, Aggée et Zacharie, grâce au ministère desquels le travail a recommencé.

1 Voir Messager évangélique 2001, pages 48 et 88.

La prophétie d'Aggée est soigneusement datée. Elle se divise en quatre parties, toutes prononcées la seconde année de Darius. La première l'a été le premier jour du sixième mois (1:1), la deuxième le vingt et unième jour du septième mois (2:1), la troisième le vingt-quatrième jour du neuvième mois (2:10), et la quatrième — bien que distincte de la précédente — le même jour (2:20). Remarquons tout d'abord que Dieu reconnaît toujours la validité de ses propres actions en gouvernement. Il avait mis Israël de côté et le temps des nations avait commencé; en accord avec ce fait, les dates sont données en rapport avec la nation qui était alors au pouvoir, et non avec le peuple juif.

Ceci doit nous parler. Nous vivons aux derniers temps de la triste histoire de l'Église en tant que corps professant sur la terre, soumis au saint gouvernement de Dieu. Nous pouvons nous faire une idée de ce gouvernement en considérant les chapitres 2 et 3 de l'Apocalypse, où le Seigneur, en tant que Juge, examine successivement les sept assemblées. Là, il parle d'ôter la lampe du témoignage, ou de combattre contre les méchants. Et même lorsqu'il exprime une approbation, c'est en parlant de «peu de force».

Nous ferons bien de nous souvenir de cela, dans une grande humilité d'esprit. Les vainqueurs, dans les sept Églises, ne sont pas exemptés des résultats douloureux du gouvernement de Dieu; il leur faut vaincre dans les circonstances du moment. L'apôtre Pierre écrit: «Le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu» (1 Pierre 4:17). Pas loin de vingt siècles se sont écoulés depuis lors. C'est là un fait qui n'est pas sans rapport avec notre faiblesse douloureuse d'aujourd'hui.

Le prophète Aggée a été suscité en raison de la grande faiblesse qui caractérisait le résidu de retour à Jérusalem. Un nouveau roi de Perse, Artaxerxès, avait signé un édit contraire à celui de Cyrus, et ils avaient cessé de travailler à la maison de Dieu. Manifestement sans trop de regret, ils s'étaient mis à se construire de belles maisons confortables! Cela étant, le prophète commence par leur adresser une parole de reproche.

Chapitre 1er

Le peuple avait adopté une attitude fataliste, disant: «Le temps n'est pas venu, le temps de la maison de l'Éternel, pour la bâtir»; et ils s'étaient mis à construire pour eux-mêmes. Il y a quelques dizaines d'années, nous avons entendu des chrétiens dire, en dépit des paroles du Seigneur (Actes des Apôtres 1:8), que le temps d'évangéliser «jusqu'au bout de la terre» n'était pas venu, et ils se sont mis à développer ce qu'ils considéraient comme leurs propres progrès spirituels. Il n'y avait aucun mal à ce que ces Juifs se bâtissent des maisons, mais ce qui était mal, c'était de s'y consacrer tout en laissant la maison de Dieu dévastée. C'est pourquoi Dieu avait envoyé la sécheresse et appauvri leurs récoltes.

Il n'y a rien de mal à ce que nous-mêmes, aujourd'hui, nous soyons préoccupés de notre propre état spirituel. Au contraire, nous sommes exhortés à nous édifier nous-mêmes sur notre très sainte foi (Jude 20), mais, comme le montrent les versets suivants, cela doit être le fruit de l'amour pour Dieu, qui s'exprime en soins dévoués envers «les uns» et «les autres», en fonction de leurs besoins particuliers. Ne nous concentrons pas sur nous-mêmes, en négligeant l'œuvre et les intérêts de Dieu aujourd'hui. Cette parole de notre Seigneur est toujours valable: «Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus» (Matthieu 6:33).

Qu'en est-il de nous aujourd'hui? Méritons-nous le reproche de négliger les intérêts de Dieu en faveur des nôtres? Nous craignons qu'il n'en soit que trop souvent ainsi! Acceptons donc ce reproche, dans l'humilité d'esprit qui convient.

C'est ce qu'ont fait Zorobabel, Joshua et le peuple, avant de se mettre au travail en obéissance à la parole de Dieu. Aggée était pour eux l'envoyé de l'Éternel, qui leur apportait le message de l'Éternel et leur donnait l'assurance que Dieu lui-même était avec eux dans la poursuite de leur travail. La chose était si agréable à Dieu que le jour même où ils se sont remis au travail est enregistré dans le dernier verset du chapitre: exactement vingt-trois jours après que le reproche leur ait été adressé!

L'apôtre écrit: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» (Romains 8, 31), et ceci, bien qu'énoncé aux jours du Nouveau Testament, était tout aussi vrai à une époque antérieure. Le peuple ne tarda pas à découvrir que les difficultés disparaissaient lorsque Dieu était avec eux, comme nous le montre le livre d'Esdras. Leurs adversaires réagirent vivement dès la reprise du travail, et rapportèrent le fait au roi. Mais sur le trône de Perse se trouvait alors un autre roi, qui abrogea le décret d'Artaxerxès et remit en vigueur le décret original de Cyrus, par l'ordre duquel le résidu était revenu à Jérusalem. C'est ainsi qu'une fois de plus, l'obéissance à la voix de l'Éternel conduit à la bénédiction.

Chapitre 2

Versets 1-9

Environ quatre semaines plus tard vint un autre message de l'Éternel, par la bouche du prophète Aggée. Cette fois-ci, c'était une parole d'encouragement. Elle s'adressait tout spécialement aux personnes très âgées qui pouvaient se souvenir de la splendeur du temple de Salomon, et réaliser combien lui serait inférieur n'importe quel autre temple qu'ils pouvaient espérer bâtir. L'encouragement qui leur était adressé avait une double portée: l'une pour le temps présent, et l'autre pour l'avenir.

Mais remarquons d'abord en quoi ce récit nous concerne nous-mêmes aujourd'hui. Il y a eu, dans l'histoire de l'Église professante, une certaine redécouverte de la vérité, et un certain retour à la simplicité des choses, telles que Dieu les avait initialement ordonnées par son Esprit. Ce retour n'est pas sans analogie avec celui du résidu d'Israël au lieu où Dieu avait mis son Nom, et où il avait eu sa maison longtemps auparavant. Les chrétiens pieux qui ont participé à ce rétablissement ont sûrement réalisé que tout cela était bien inférieur en gloire à ce qui avait été vu au jour de la Pentecôte, où trois mille âmes avaient été converties et «persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières» (Actes des Apôtres 2:42). Combien il serait souhaitable que nous ayons pleinement conscience aujourd'hui de la petitesse et de la faiblesse de tout ce qui est entre nos mains, en comparaison avec la grandeur de ce qui a été institué par Dieu à l'origine!

Et si ce fait nous impressionne et nous amène à être un peu découragés par ce contraste, nous pouvons être réconfortés en découvrant combien la parole prononcée alors par Aggée s'applique admirablement à notre état.

L'encouragement pour le temps présent se trouve aux versets 4 et 5. Non seulement Dieu promettait sa présence — «Je suis avec vous» —, mais il ajoutait: «La parole selon laquelle j'ai fait alliance avec vous, lorsque vous sortîtes d'Égypte, et mon Esprit, demeurent au milieu de vous; ne craignez pas». Il les renvoyait à sa promesse immuable de les diriger dans leur chemin. Il avait donné cette promesse au commencement de ses relations avec eux, et le secours et la puissance de son Esprit étaient toujours au milieu d'eux. Si l'on nous demande quelles sont les ressources qui sont encore à la disposition des saints aujourd'hui, nous pouvons répondre que nous avons toujours l'authentique parole de Dieu, datant du «commencement», comme l'apôtre Jean nous le rappelle si souvent dans ses épîtres. Nous avons en outre le Saint Esprit, qui a été envoyé le jour de la Pentecôte, et qui demeure toujours dans les saints. S'il n'est pas attristé, sa puissance est toujours à notre disposition. Ainsi, nous non plus nous n'avons pas à craindre, bien que nos ennemis soient nombreux et que les difficultés soient toujours présentes.

En ce qui concerne l'avenir, il y avait aussi une parole d'encouragement, bien qu'un temps de jugement soit annoncé. La terre sur laquelle vit l'homme, ainsi que les cieux qui l'enveloppent, doivent être ébranlés, comme aussi les nations qui peuplent la terre. Leur propre instabilité, et celle de tout ce qui les entourait, étaient un sujet de crainte pour les Juifs en ce temps-là. Et cela nous concerne directement car, à la fin du chapitre 12 de l'épître aux Hébreux, ces paroles d'Aggée, «Encore une fois», sont citées comme s'appliquant à la fin des temps et à une destruction définitive de toutes les choses «muables».

Et quand ce grand bouleversement aura lieu, «l'objet du désir de toutes les nations viendra», et la maison de Dieu sera remplie de gloire. On ne peut pas dire que Christ personnellement soit «l'objet du désir de toutes les nations», puisque, lorsqu'il apparaîtra en gloire et que «tout œil le verra,… toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui» (Apocalypse 1:7). Mais il n'empêche que les nations ont toujours soupiré après une paix, une abondance, une prospérité, une tranquillité et une stabilité qui durent, telles que les prédit Ésaïe 32:15-18. Ces choses si désirables ne se réaliseront, pour le bonheur des hommes, que lorsque le Seigneur Jésus reviendra. C'est pourquoi nous pensons que cette parole prophétique s'applique bien à l'apparition de Christ. Quand il viendra, il apportera ces bénédictions aux hommes et la gloire à la maison de Dieu.

On lit au verset 9: «La dernière gloire de cette maison sera plus grande que la première». La maison de Dieu à Jérusalem est considérée comme étant toujours la même, bien qu'elle ait été détruite et reconstruite à plusieurs reprises. Or la gloire de cette maison dans sa dernière forme sera plus éclatante que celle de la maison construite par Salomon, qu'une gloire visible remplissait de telle manière que les sacrificateurs ne pouvaient y entrer. Ézéchiel a contemplé cette gloire finale dans une vision (chapitre 43). Nous pouvons remercier Dieu de ce qu'il en sera de même pour l'Église. Sa fin, lorsqu'elle sera revêtue de la gloire de Christ, surpassera son commencement.

Aggée présente un autre motif d'encouragement: «Dans ce lieu, je donnerai la paix, dit l'Éternel des armées» (verset 9). On peut dire qu'aucune ville n'a eu une histoire plus orageuse et n'a connu plus de sièges que Jérusalem. Aujourd'hui encore, Jérusalem est l'enjeu des affrontements des nations, et c'est bien ce qu'elle doit être dans l'avenir, comme le déclare Zacharie 14:2. Pourtant, c'est en elle, en fin de compte, qu'habitera la paix.

Cependant, remarquons soigneusement que cette bénédiction, cette gloire et cette paix qui doivent suivre le grand bouleversement prédit ici, ne seront pas le résultat d'un effort humain, ni le fruit de la fidélité humaine. Dieu lui-même déclare que ce sera le fruit de sa bonté souveraine. Le résidu de retour à Jérusalem avait été attentif au reproche et à l'exhortation, et s'était tourné dans la bonne direction. Quel plus grand encouragement pouvaient-ils recevoir, pénétrés du sentiment de leur faiblesse, que d'entendre Dieu leur déclarer ce qu'il se proposait de faire à la fin?

Il en est de même pour nous aujourd'hui. Nous sommes dans la faiblesse — et heureux sommes-nous si nous ressentons vraiment celle-ci. Mais, si nos cœurs sont bien disposés, contribuant à l'œuvre de la grâce de Dieu aujourd'hui, nous trouverons beaucoup d'encouragement et de joie en considérant les passages du Nouveau Testament qui nous parlent de la gloire future de l'Église associée avec Christ, selon les conseils souverains de Dieu. Nous attendons, comme nous le dit Jude dans son épître, «la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle» (verset 21). Nous atteindrons la gloire, non pas comme fruit de notre mérite, mais comme celui de sa miséricorde.

À suivre