Jésus, qui était de Nazareth

J.P  Fuzier

Nous savons que Nazareth était une bourgade de Galilée, que les Juifs méprisaient. Ils estimaient que rien de bon ne pouvait en venir (Jean 1:47). Le nom de ce village signifierait «verdoyant, ou rejeton». S'il convient d'être prudent quant à la signification de certains noms bibliques, le sens indiqué ici s'accorde remarquablement avec la prophétie d'Ésaïe au sujet du Seigneur Jésus. N'est-il pas, en effet, la «racine sortant d'une terre aride», le rejeton suscité par Dieu, et qui est alors «une branche qui porte du fruit près d'une fontaine; ses rameaux poussent par-dessus la muraille» (Genèse 49:22)?

Il sera appelé Nazaréen (Matthieu 2:23)

Selon le décret divin, ce n'est pas de Nazareth, mais de Bethléhem, Ephrata, «petite entre les milliers de Juda», que devait sortir pour Dieu, «celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été d'ancienneté, dès les jours d'éternité» (Michée 5:2).

Mais, selon l'Écriture, Christ devait être appelé «Nazaréen». Ainsi, le Fils de Dieu fut emmené en Égypte par Joseph, afin que puisse s'accomplir ensuite cette parole: «J'ai appelé mon fils hors d'Égypte» (Matthieu 2:15). A son retour dans la terre d'Israël, Joseph se retira à Nazareth, par crainte d'Archélaüs: «en sorte que fût accompli ce qui avait été dit par les prophètes: Il sera appelé Nazaréen» (2:23).

Le mot «Nazaréen» est à rapprocher du mot hébreu «netser», qui signifie «branche», et qu'on trouve en Ésaïe 11:1: «Et il sortira un rejeton du tronc d'Isaï, et une branche de ses racines fructifiera». Ce passage ouvre devant les yeux de la foi quelques-unes des gloires de Christ, sur qui reposait l'Esprit de l'Éternel. En effet, sept caractères de l'Esprit y sont mentionnés. Cet aspect de la gloire de Christ est symbolisé dans le chandelier à sept lampes décrit en Exode 25:31-37. Le mot «Nazaréen» nous reporte aussi à Nombres 6:où nous est donnée l'institution du nazaréat. Dans ce chapitre, nous voyons en type ce qui a caractérisé la marche et le service de notre Seigneur, sa parfaite consécration en se séparant, afin d'être à l'Éternel.

Celui duquel Moïse a écrit dans la loi (Jean 1:46)

Jésus vient de trouver Philippe et lui a dit: «Suis-moi» (verset 44). Philippe rencontre alors Nathanaël et lui dit: «Nous avons trouvé celui duquel Moïse a écrit dans la loi et duquel les prophètes ont écrit, Jésus, le fils de Joseph, qui est de Nazareth» (verset 46). C'est le témoignage des Écritures — ce que Jésus lui-même présenta aux deux disciples en chemin vers Emmaüs.

Selon ce «vrai Israélite» qu'était Nathanaël, il était improbable que quelque chose de bon vienne de Nazareth. Nous devons apprendre avec lui que «Dieu a choisi les choses viles du monde, et celles qui sont méprisées, et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont» (1 Corinthiens 1:28). Au témoignage de Moïse et des prophètes, Philippe ajoute simplement l'invitation à venir et à voir. N'est-ce pas là l'évangile: l'invitation à venir et à voir le Fils de Dieu? Peu de temps auparavant, Jean le baptiseur, regardant Jésus qui marchait, avait dit: «Voilà l'agneau de Dieu!» (verset 36). L'évangile selon Jean nous encourage à voir Jésus: «Nous vîmes sa gloire, une gloire comme d'un fils unique de la part du Père» (verset 14 — cf. versets 29, 32, 33, 34, 40).

Mais nous remarquons que le regard de Jésus devance le nôtre; ainsi, se retournant, Jésus avait vu André et son compagnon qui le suivaient. Ici, il voit Nathanaël venir vers lui; il lit jusqu'au fond du cœur de cet Israélite sans fraude, qu'il avait vu sous le figuier avant que Philippe ne l'ait appelé. Le cœur de Nathanaël est touché. Pour lui désormais, le Nazaréen n'est plus le méprisé, celui de qui on cache sa face et pour qui on n'a aucune estime (Ésaïe 53:3); il est «le Fils de Dieu». Nathanaël voit dans le Nazaréen «celui qui a été mis à part de ses frères», celui sur qui sont placées les bénédictions de son Père, surpassant les bénédictions de ses ancêtres, «jusqu'au bout des collines éternelles» (Genèse 49:26). Et après l'avoir reconnu comme «Fils de Dieu», Nathanaël le salue aussi comme «le roi d'Israël», car ce titre ne vient qu'en second lieu (Jean 1:50).

Nathanaël répond, en anticipation, à la grande question que le Fils de l'homme pose à tous: «Qui disent les hommes que je suis?» De notre réponse dépend notre avenir éternel.

Dans la synagogue de Nazareth (Luc 4:16)

L'évangéliste Luc a écrit «par ordre» toutes les choses dont nous avons été instruits; nous savons qu'il a écrit selon l'ordre moral que lui a dicté l'Esprit de vérité. C'est pourquoi son récit du ministère du Fils de l'homme commence par la prédication du Seigneur dans la synagogue de Nazareth, «où il avait été élevé». Il souligne ainsi la grâce de notre Seigneur Jésus Christ.

Dans le passage du livre d'Ésaïe qu'il choisit, le Seigneur ne lit que les promesses de bénédiction qui s'attachent à son service ici-bas. Il s'assied ensuite, marquant ainsi l'intervalle de temps qui doit s'écouler entre cette partie de la prophétie et ce qui suit immédiatement. Les habitants de Nazareth entendent premièrement «les paroles de grâce qui sortaient de sa bouche». Qui, de nos jours, pourrait faire entendre de telles paroles? Qui ne souhaiterait les délivrances dont le Seigneur dit: «Aujourd'hui cette écriture est accomplie, vous l'entendant»? L'évangile selon Luc est, d'une manière frappante, celui du jour de la grâce, un «aujourd'hui» inauguré à la naissance du Seigneur, à Bethléhem (2:11). Le message de grâce annoncé dans la synagogue de Nazareth est encore présenté à tous les hommes. Mais il doit être reçu avec foi par ceux qui l'entendent, car seul le regard de la foi fait reconnaître en celui qui parle, «le Fils de Dieu» (Jean 1:50). L'œil de l'homme naturel ne voit que «le fils de Joseph», le charpentier. La parole de Jésus n'est pour lui que celle d'un homme dont il pense connaître l'origine, et dont l'enseignement peut être soumis à l'analyse et aux raisonnements de l'esprit humain. Car en vérité, «qui des hommes connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui? Ainsi personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n'est l'Esprit de Dieu» (1 Corinthiens 2:11).

Les paroles du Seigneur ont été rejetées par les habitants de Nazareth, qui auraient même voulu le précipiter du bord de leur montagne.

Jésus, le prophète, qui est de Nazareth (Matthieu 21:11)

Nous arrivons maintenant à la fin du séjour du Seigneur sur la terre. Il avait pris à part sur le chemin ses douze disciples, en leur disant: «Voici, nous montons à Jérusalem, et le fils de l'homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes, et ils le condamneront à mort (versets 17-19). Pourtant, une parole de l'Écriture devait d'abord s'accomplir à son égard: «Voici, ton roi vient à toi, débonnaire et monté sur une ânesse et sur un ânon, le petit d'une ânesse» (verset 5; cf. Zacharie 9:9). Le Seigneur entre ainsi à Jérusalem, acclamé par les foules qui crient: «Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna dans les lieux très-hauts!» (verset 9). Mais, comme dans la synagogue de Nazareth, la question s'élève: «Qui est celui-ci?». Ceux qui l'ont reconnu peuvent répondre: «Celui-ci est Jésus, le prophète, qui est de Nazareth de Galilée» (versets 10, 11).

Le Seigneur agit comme roi; il entre dans le temple et le purifie. Mais il exerce aussi sa puissance en grâce, selon le caractère de son entrée dans la ville, en guérissant des aveugles et des boiteux. Nous pouvons voir ici une anticipation de la prophétie de Malachie: «Le Seigneur que vous cherchez viendra soudain à son temple» (3:1). Les enfants proclament encore: «Hosanna au fils de David!» (verset 15), ce qui conduit le Seigneur à contempler déjà le moment où, en vérité, «par la bouche des petits enfants et de ceux qui tètent», Dieu établira sa louange» (verset 16; Psaumes 8:2). Nous avons bien ici «le prophète qui est de Nazareth», débonnaire et humble de cœur. Mais, en face de l'opposition déclarée des chefs religieux, il les laisse, sort de la ville et s'en va à Béthanie pour y passer la nuit. Le moment n'était pas encore venu, pour le roi rejeté, d'établir son royaume en gloire, comme en témoigne d'ailleurs l'histoire du figuier.

Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs (Jean 19:19)

«Les rois de la terre se sont trouvés là, et les chefs se sont réunis ensemble, contre le Seigneur et contre son Christ» (Actes des Apôtres 4:26; Psaumes 2:2). Pilate a préparé, en dérision, un écriteau portant l'accusation du crucifié. Mais encore une fois, Dieu utilise un homme impie pour rendre un témoignage éternel à son Fils bien-aimé.

Premièrement, le nom de «Jésus le Nazaréen», porté sur l'écriteau, parle aux cœurs des rachetés de l'amour inexprimable qui a conduit le Fils de Dieu jusqu'à la mort de la croix. Objet du mépris, des moqueries et de la haine de l'homme, Jésus fait là, par lui-même, la purification des péchés, la réconciliation de toutes choses avec Dieu, faisant la paix par le sang de sa croix (Colossiens 1:20). Il accomplit entièrement l'Écriture, et Dieu est parfaitement glorifié en lui.

Deuxièmement, le titre de la croix, qui selon Pilate était l'accusation écrite du crucifié, est aussi l'accusation écrite portée à l'égard de la nation d'Israël. Quel sujet de lamentations et de deuil, pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, lorsqu'ils regarderont vers lui, celui qu'ils ont percé, et qu'ils se lamenteront sur lui comme on se lamente sur un fils unique! (Zacharie 12:10-14). Mais là encore, nous contemplons avec émerveillement l'activité de la grâce de Dieu, qui, bien loin de retrancher ce peuple, fera entrer ceux qui se repentent dans les bénédictions de la nouvelle alliance, sous le règne de Jésus le Nazaréen!

Les choses touchant Jésus le Nazaréen (Luc 24:19)

Nous voyons ici le Seigneur ressuscité s'approcher de deux d'entre les siens, qui rentraient, découragés, à Emmaüs. Mais leurs cœurs et leurs pensées étaient remplis des choses qui étaient arrivées à Jérusalem, et plus précisément, des choses touchant «Jésus le Nazaréen».

Pour eux il était «un prophète puissant en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple» (verset 19), et cependant les chefs l'avaient crucifié. Mais quelques femmes s'étaient rendues au sépulcre et, n'ayant pas trouvé son corps, leur avaient rapporté le message des anges, disant qu'il était ressuscité!

«Et lui leur dit: O gens sans intelligence et lents de cœur à croire toutes les choses que les prophètes ont dites! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât dans sa gloire?» (versets 25, 26). Il va maintenant leur parler par le chemin, et leur expliquer, dans toutes les Écritures, les choses qui le regardent. Ils avaient certainement entendu lire les livres de Moïse dans les synagogues; cependant ils n'avaient pas compris que le législateur, comme aussi les prophètes, parlaient de lui. En fait, le voile était encore sur leurs cœurs (2 Corinthiens 3:15); et nous pouvons ajouter que le voile est aussi sur les cœurs de ceux qui aujourd'hui, lisent les Écritures sans l'aide du Saint Esprit, avec leur seule intelligence. Jésus ouvre les Écritures devant ces deux disciples, si bien qu'à leur arrivée au village où ils allaient, ils le forcent à entrer chez eux. Combien le Seigneur aime qu'on le contraigne ainsi! Jacob, en son temps, l'avait aussi contraint: «Je ne te laisserai point aller sans que tu m'aies béni» (Genèse 32:26). Moïse aussi avait supplié le Seigneur de marcher au milieu de son peuple, en ajoutant ceci: «car c'est un peuple de cou roide» (Exode 34:9). Seule la connaissance de la grâce de Dieu pouvait lui faire donner une telle raison pour sa présence au milieu d'eux.

Et Jésus entre pour rester avec eux. Nous voyons comment il prend alors la place du chef de la maison: il prend le pain et bénit; il rompt le pain et le leur distribue. Il marque ainsi qu'il peut être en communion avec ceux qui sont ici ses invités. Nous pouvons dire sans doute qu'il dresse devant eux une table, et qu'il a aussi rempli leur coupe (cf. Psaumes 23:5).

«Et leurs yeux furent ouverts, et ils le reconnurent; mais lui devint invisible et disparut de devant eux» (verset 31). Ils ne devaient plus le connaître selon la chair (2 Corinthiens 5:16); mais il était entré pour rester avec eux, si bien que nous avons la certitude qu'il était désormais et pour toujours avec eux, dans leurs cœurs. N'en est-il pas de même pour nous, si nous l'avons vu et entendu par le moyen de «toutes les Écritures»?

Jésus qui était de Nazareth (Actes des Apôtres 10:38)

Pierre a répondu à l'appel de Corneille. Celui-ci a réuni toute sa maison, non pour entendre l'apôtre, mais plus exactement pour entendre tout ce qui lui a été ordonné de Dieu. L'ange avait dit à Corneille: «Envoie à Joppé, et fais venir Simon qui est surnommé Pierre, qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison» (Actes des Apôtres 11:13, 14). Le message de Pierre est remarquable: ce n'est pas un exposé de doctrine; il parle simplement de «Jésus qui était de Nazareth, comment Dieu l'a oint de l'Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance; car Dieu était avec lui… lequel aussi ils ont fait mourir, le pendant au bois; — celui-ci, Dieu l'a ressuscité» (10:38-40). Il ne fait aucun doute que ces paroles étaient reçues sans réserve et avec joie par Corneille et sa maison, et qu'elles l'étaient par la foi. Car «comme Pierre prononçait encore ces mots, l'Esprit Saint tomba sur tous ceux qui entendaient la parole» (10:44).

Il y a ici un grand contraste entre Corneille et sa maison, et les Juifs de la synagogue de Nazareth. Mais, comme le Seigneur l'avait rappelé à ces derniers, s'ils ne voulaient pas croire, d'autres écouteraient (cf. Luc 4:24-27). Ce qui avait eu lieu au temps d'Elie et d'Élisée se répéterait de leurs jours.

Ainsi, selon ce qui lui avait été confié par le Seigneur, Pierre ouvre aux Gentils le royaume des cieux, faisant usage des clefs qu'il lui avait données. Mais qu'est donc la part de ceux qui entrent dans ce royaume, sinon de connaître le Seigneur Jésus, non seulement comme le Roi, mais comme «Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang». À lui soit gloire et honneur aux siècles des siècles! Mais aussi, à lui l'amour et la reconnaissance de nos cœurs rachetés!