Salut, pleine délivrance et vie en Jésus Christ (suite)

Romains 5 – 8

7. L'amour immuable de Dieu, dans le Christ Jésus notre Seigneur (Romains 8:18-39)

Souffrances et espérance: verset 18

Peu de croyants sans doute ont connu autant d'épreuves et de souffrances que Paul1. C'est la perspective de la gloire qui aidait Paul à traverser ces souffrances sans faiblir et le conduisait à se réjouir et même à se glorifier en elles (Romains 5:3, 8-18).

1 Voir comme exemples: 2 Corinthiens 1:3-10; 4:7-18; 6:4-10; 11:23-33.

Ainsi illuminé par la perspective de ce qui ne se voit pas encore (2 Corinthiens 4:17, 18; Éphésiens 1:18), l'apôtre était saisi par le contraste entre notre condition présente et celle qui sera bientôt notre part. Aucune comparaison n'est possible: maintenant les peines, les souffrances — dans un moment la gloire avec le Seigneur. Tous les apôtres étaient occupés de cette pensée (1 Pierre 4:13; 1 Jean 3:2; Jacques 1:12) et nous encouragent à nous en laisser pénétrer.

Il n'y a dans cette attitude aucun stoïcisme qui mépriserait la souffrance et endurcirait le cœur, aucune tendance à exciter la pitié, ni à exalter la souffrance: seulement des yeux ouverts pour considérer les circonstances du temps présent à la lumière de l'éternité. Paul était en même temps très sensible à toute souffrance et capable de la plus profonde sympathie (2 Corinthiens 1:8-10; 2:4; Philippiens 2:26-28…).

La création dans l'attente: versets 19-21

Toute la création attend la délivrance. Elle n'est pas dans l'état où elle avait été formée, mais elle souffre des conséquences du péché. À cause de la désobéissance de l'homme, elle a été soumise «à la vanité», à ce qui ne correspond pas au dessein du Créateur.

La création devra être délivrée du joug de la corruption, mais elle ne peut pas l'être avant que les enfants de Dieu ne soient entrés dans la gloire, dans les pleins résultats de l'œuvre de Christ. Nous jouissons déjà de la liberté de la grâce, mais la création ne peut y avoir part: c'est «un salut d'âmes» (1 Pierre 1:9). Elle entrera dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Plusieurs passages prophétiques nous en présentent le magnifique tableau (Ésaïe 11:6-10; 65:18-25).

La délivrance de nos corps: versets 22-25

Le monde actuel n'est donc pas le domaine que l'on doit s'efforcer de rendre agréable. C'est ce qu'ont cherché Caïn et sa descendance (Genèse 4:20-22), mais «ce n'est pas ici un lieu de repos, à cause de la souillure qui amène la ruine» (Michée 2:10). Toute la création, dont nos corps font partie, soupire, souffre2 et attend la délivrance. Combien plus ceux en qui l'Esprit de Dieu3 habite! Leurs corps souffrent encore sous les conséquences du péché, alors que leurs âmes en ont été délivrées. Ils attendent, en pleine connaissance de cause, la délivrance4 de leur corps, l'héritage, la gloire. Notre condition présente est caractérisée par l'espérance, car nous n'avons pas encore reçu tout ce qui a été promis, mais il n'y a aucune incertitude dans cette attente: nous l'attendons avec patience, «la patience d'espérance de notre Seigneur Jésus Christ» (1Thessaloniciens 1:3).

2 L'expression est en travail évoque les souffrances de l'accouchement.

3 L'expression les prémices de l'Esprit ne signifie pas que nous l'avons reçu seulement en partie, mais que le don de l'Esprit Saint pour habiter dans les croyants est le premier des fruits abondants qui découlent de la glorification de Christ après sa mort et sa résurrection. D'autres conséquences glorieuses suivront, en particulier la résurrection de nos corps, et notre réunion avec Christ en haut pour avoir part avec lui à l'héritage. L'Esprit Saint est aussi appelé: «les arrhes de notre héritage» (Éphésiens 1:14).

4 La délivrance, ici, est un mot rendu ailleurs par rédemption. Il implique qu'un prix a été payé. L'adoption, ici au verset 23, correspond à la transformation de nos corps nécessaire à «la révélation des fils de Dieu» (verset 19).

L'intercession de l'Esprit Saint: versets 26, 27

Nous ne savons même pas exposer nos besoins à notre Père. Mais le Saint Esprit habite en nous et il agit. D'un côté, il nous aide, il aide notre esprit à discerner et à exprimer nos besoins, d'un autre il intercède lui-même sans qu'il soit nécessaire que des paroles soient exprimées. Remarquons l'admirable intimité du lien entre l'Esprit de Dieu en nous et notre esprit. Dieu sonde nos cœurs et il n'est pas arrêté par le balbutiement de nos paroles, ni par l'agitation de nos pensées souvent contradictoires, mais il sait quelle est la pensée de l'Esprit. Et les demandes de l'Esprit sont «selon Dieu», telles qu'il peut et veut y répondre.

Le travail de Dieu: verset 28

Si nous ne savons pas demander comme il convient, voici maintenant quelque chose que nous savons: «Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos»5. Toutes choses servent Dieu (Psaumes 119:91) et nous sommes assurés qu'il veut bénir ses enfants. Il prend connaissance de nos besoins avec tant de sollicitude! Ceux pour qui l'Esprit intercède, ce sont des saints, ceux qui sont tels par l'appel de Dieu (1:7); ils sont devenus enfants de Dieu, objets de sa faveur.

5 Ce qu'il s'est proposé, son dessein, son plan.

Il a depuis toujours un dessein à leur égard, il s'est proposé de les bénir et il le fera sûrement (Ésaïe 46:11). Remarquons qu'il n'est pas dit «pour le bien de ceux que Dieu aime», bien que ce soit vrai et que l'efficacité soit dans son amour à lui, mais «de ceux qui aiment Dieu». Ce sont ses enfants6; l'amour de Dieu a été versé dans leurs cœurs par l'Esprit Saint (5:5) et cela les distingue de tous les hommes que Dieu aime et qui sont encore dans leurs péchés (5:8). Non seulement le but de Dieu sera atteint, mais toutes les circonstances présentes opèrent pour amener ce résultat. Alors qu'elles nous paraissent souvent contraires et nous font souffrir, nous apprenons ici qu'elles travaillent ensemble comme un tout harmonieux dirigé par sa main pour produire le bien qu'il s'est proposé.

6 Voir aussi, pour l'expression «ceux qui aiment Dieu», 1 Corinthiens 2:9; Jacques 1:12; 2:5.

On a souvent comparé ce travail divin à une tapisserie d'art sur le métier à tisser. Le visiteur ne peut voir qu'un enchevêtrement de fils de toutes couleurs sans que le dessin se discerne nettement, alors que l'artisan voit dans un miroir le dessin qui se forme de l'autre côté. Mais ce n'est que plus tard, lorsque la tapisserie achevée pourra être exposée aux regards, que sa beauté apparaîtra.

Le dessein de Dieu: versets 29, 30

L'apôtre a évoqué ce que Dieu se propose pour les siens (verset 28). En un raccourci saisissant, il déroule devant nous toute l'étendue de ce dessein d'éternité, dont il entrevoit déjà l'accomplissement dans la gloire. Pour la foi qui s'appuie avec une entière certitude sur l'amour et la puissance de Dieu, il peut être dit «il les a glorifiés» aussi bien que «il les a appelés». Mais considérons de près chacun des maillons de cette merveilleuse chaîne de la grâce toute puissante de Dieu.

«Ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, pour qu'il soit premier-né entre plusieurs frères». L'apôtre ne parle pas ici de la souveraineté de Dieu dans l'élection, comme il le fait en Éphésiens 1:4. Il affirme que Dieu a connu à l'avance tous ceux qui auront part à la grâce, et il veut nous montrer ce que Dieu se proposait pour eux. Dieu avait un but: les rendre conformes à Christ; et c'est ce qui s'accomplira. «Quand il sera manifesté, nous lui serons semblables» (1 Jean 3:2). Mais dès maintenant, Dieu travaille pour produire la ressemblance morale (voir 2 Corinthiens 3:18) de tous ses enfants avec le Premier-né. C'est l'école de la terre, dont le résultat sera vu en gloire et qui fait partie du dessein divin.

Les pensées de Dieu sont élevées au-dessus des nôtres comme les cieux au-dessus de la terre (Ésaïe 55:9). Toute la force de l'amour de Dieu apparaît ici. Il se proposait une telle part pour nous (tous les croyants), alors que nous étions encore pécheurs, dans l'état que les premiers chapitres de cette épître nous décrivent. Le moyen de notre salut, c'est la croix de Christ, mais la croix fait beaucoup plus que cela. Elle glorifie Dieu tellement qu'il donne non seulement la grâce mais aussi la gloire (Psaumes 84:11). En vue de glorifier Christ, la grâce fait de nous ceux qu'il n'a pas honte d'appeler ses frères (Hébreux 2:11) pour être avec lui dans la gloire.

«Ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés.» Dieu est intervenu dans le temps pour appeler, pour faire sortir de leur condition d'éloignement, d'ignorance de Dieu, ceux qu'il destinait à la gloire avec Christ.

«Ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés.» Il fallait que nous soyons rendus parfaitement propres pour la présence de Dieu. On remarque que, dans cette chaîne divine, tout est présenté comme l'œuvre de Dieu pour nous, sans qu'il soit question de notre foi, bien qu'elle soit nécessaire de notre côté. C'est que tout repose sur ce que Dieu a fait.

«Ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés.» L'apôtre peut continuer à s'exprimer au passé, bien que le fait soit encore futur, comme c'est souvent le cas dans le langage prophétique, parce que l'Esprit et l'homme de foi voient la parole divine comme déjà réalisée. De plus, l'œuvre de Christ, fondement de tout, est achevée.

Quelqu'un dira peut-être: voici en effet une merveilleuse chaîne de bénédictions, mais comment puis-je savoir que j'y ai effectivement place? Si vous croyez en Jésus Christ, alors vous avez été justifié (Romains 5:1) et cette place est bien assurée en lui pour le passé, le présent et l'éternité.

Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu

Que dirons-nous donc à ces choses? verset 31

Ainsi mis en présence de ce que Dieu s'est proposé, de ce qu'il a fait pour nous et de ce qu'il accomplira encore sûrement, nous restons sans voix. Il est bon de s'arrêter parfois, comme le serviteur d'Abraham, pour «regarder avec étonnement, sans rien dire» (Genèse 24:21). Le jour viendra où nous serons remplis d'émerveillement en nous écriant: «Qu'est-ce que Dieu a fait?» (Nombres 23:23). Dès maintenant, il nous donne des motifs d'admiration, parfois en présence d'une preuve évidente de la bonté de Dieu dans notre vie, mais surtout devant la grandeur de sa personne.

«Oh! que ta bonté est grande, que tu as mise en réserve pour ceux qui te craignent, et dont tu uses devant les fils des hommes envers ceux qui se confient en toi!» (Psaumes 31:19).

«O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu!… À lui soit la gloire éternellement! Amen» (Romains 11:33, 36).

Ta grâce atteint, ô Seigneur, jusqu'aux cieux;

Ta vérité s'élève jusqu'aux nues;

De ton amour nos âmes confondues

Méditeront tes faits mystérieux.

Dieu est pour nous: versets 31-33

Tout ce qui a été exposé par l'apôtre démontre que «Dieu est pour nous». Loin d'être un Dieu vengeur qui exige de sa créature, comme Job a pu le penser un moment (Job 14:16, 17), il a tout préparé à l'avance pour amener des fils à la gloire (Hébreux 2:10). Qui donc pourrait s'opposer à l'accomplissement du plan de Dieu?

Paul vient de nous présenter le dessein de Dieu, sans parler du moyen qu'il s'est donné pour l'accomplir. Un mot seulement le rappelle: il nous a justifiés. Mais à quel prix? Plus encore que la grandeur du dessein de Dieu, c'est l'immensité du don de son Fils qui prouve sa détermination de bénir. Nous lisons en Malachie: «Un homme épargne son fils qui le sert» (Malachie 3:17). Mais Dieu n'a pas épargné son Fils qui l'a si parfaitement servi. Et cela, à cause de nos péchés. Dieu l'a livré aux coups de sa justice. Qui pourrait accuser encore ceux dont les péchés ont été expiés par sa croix? Ce serait dire que la justice de Dieu n'a pas été satisfaite.

Pour ceux que Dieu justifie il n'y a ni condamnation possible, ni personne qui puisse condamner.

Christ intercède pour nous: verset 34

Toute la question de nos péchés et du péché a été définitivement réglée par la mort de Christ, et le sceau en a été donné par sa résurrection et son élévation dans la gloire. Justifiés par son sang, réconciliés avec Dieu par sa mort, nous serons aussi «sauvés par sa vie» (5:9, 10). «Il peut sauver entièrement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux» (Hébreux 7:25).

Quelle efficacité dans ce service divin où toutes les personnes divines sont à l'œuvre! L'Esprit intercède et forme dans nos cœurs l'expression de besoins en accord avec la pensée de Dieu. Christ intercède pour nous à la droite de Dieu, qui lui-même est entièrement pour nous. Qui pourrait nous séparer de l'amour de Christ?

Plus que vainqueurs: versets 35-37

Pourvus d'une telle assurance, nous pouvons penser à ce qui peut nous atteindre pendant notre vie sur la terre. Sept maux sont énumérés. Paul les a tous connus jusqu'à être livré à la mort (voir 2 Corinthiens 1:8-10). Mais ce sont pour lui comme des trophées qu'il mène en triomphe après la victoire. En parlant par expérience, Paul pourrait dire je, comme il le fait parfois. Pourtant il nous associe à lui. Cela ne veut pas dire que nous réalisions comme lui cette marche triomphante à travers les obstacles. Mais il veut nous faire bien saisir que les ressources efficaces pour la réaliser sont à notre disposition. Elles ne se trouvaient pas plus en lui qu'en nous; elles sont en Christ et en son amour dont rien ne peut nous séparer.

L'amour inaltérable de Dieu: versets 38, 39

Y a-t-il, même au-delà de ce que nous pouvons voir, des puissances invisibles qui pourraient encore s'interposer entre Dieu et nous? Ce sont toutes des créatures qui sont assujetties à leur Créateur. Et de plus, l'amour de Dieu a été démontré en son Fils, Jésus Christ, qui sur la terre a triomphé de toutes les puissances ennemies et qui est maintenant élevé dans le ciel. L'apôtre peut dire avec une pleine certitude: «Je suis assuré que ni mort, ni vie,… ni aucune autre créature, ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur». Quelle que soit la difficulté du chemin, l'arrivée au but est pleinement assurée en Christ. La certitude que Paul exprime dépasse son expérience personnelle, si riche qu'elle ait été. Dieu avait révélé son Fils en lui (Galates 1:16) en vue de faire connaître «les richesses insondables du Christ» et «l'amour du Christ qui dépasse toute connaissance» (Éphésiens 3:8-19).

Amour de Dieu, qui peut décrire

Ta plénitude et ta beauté?

Pour te chanter et pour te dire,

Il nous faudra l'éternité.