Le livre de Néhémie (suite)

F.B. Hole

Chapitres 9 et 10

Aux versets 2 et 3 du chapitre 9, nous voyons l'effet produit par la lecture de la loi sur les auditeurs. Tout d'abord, ils mirent un terme à toutes les liaisons avec les étrangers qu'ils avaient tolérées jusque-là. Ils confessèrent ensuite leurs propres péchés, et les iniquités dans lesquelles leurs pères avaient été impliqués. Enfin, ils se prosternèrent devant leur Dieu pour lui rendre hommage, et ils reconnurent que la parole de l'Éternel qu'ils lisaient exigeait d'eux l'obéissance.

Et c'est bien là ce qu'il faut reconnaître. Il est bien remarquable que l'épître aux Romains commence et s'achève sur la note de «l'obéissance de la foi». Dans les premiers versets, il s'agit de l'obéissance à l'Évangile lorsqu'il est annoncé, et dans les derniers, nous apprenons que le «mystère» concernant Christ et l'Église exige également cette obéissance (cf. 1:5; 16:26). Toute la vérité de Dieu est révélée, non pas pour nous fournir des idées philosophiques propres à distraire notre esprit, mais pour pénétrer dans notre esprit et notre conscience, et nous conduire dans un chemin d'heureuse soumission à la volonté de Dieu. Cela implique certainement la séparation de tout compromis et de toute souillure, ainsi que la confession de nos défaillances et de nos péchés.

Ces deux choses doivent marcher de pair. Dieu ne peut accepter la séparation sans la confession, ni la confession sans la séparation. Quand les deux choses sont réalisées ensemble, nous sommes tenus dans l'humilité devant Dieu, et amenés à cet état d'âme et d'esprit qui convient pour prendre notre heureuse place d'adorateurs dans la présence de Dieu.

Les versets 4 à 6 nous rapportent la louange adressée à Dieu par des Lévites. Ils confessent l'Éternel comme leur Dieu, et reconnaissent qu'il est le grand Créateur des cieux et de la terre, exalté au-dessus de toute louange terrestre et céleste. C'était en accord avec la révélation de Dieu à la lumière de laquelle ils vivaient alors. Si nous lisons Éphésiens 1:3-7, nous voyons l'apôtre exprimer son adoration à la lumière de la révélation qui nous a été faite en Christ. Et si nous lisons Romains 11:36, nous trouvons le même apôtre transporté d'adoration en contemplant le but auquel les voies de Dieu envers Israël conduiront ce peuple, ainsi que les croyants d'entre les nations. Évidemment, les Lévites du temps de Néhémie ne pouvaient anticiper les choses qui nous ont été révélées, à «nous que les fins des siècles ont atteints» (1 Corinthiens 10:11).

Ayant rendu hommage à l'Éternel tel qu'ils le connaissaient alors, ils rappellent ensuite devant lui ses voies merveilleuses envers leur peuple, au cours des siècles, en commençant par Abram. Si nous lisons attentivement ce long chapitre, nous voyons l'histoire mouvementée d'Israël se dérouler devant nous, et nous ne pouvons manquer d'être frappés par trois choses:

  • La première, c'est qu'ils justifient Dieu dans toutes ses voies disciplinaires à leur égard, aussi bien qu'ils reconnaissent sa puissance merveilleuse déployée en leur faveur lorsqu'ils avaient été délivrés d'Égypte, puis soutenus dans le désert et dans leur conquête de la terre promise. Dans toutes ses voies, Dieu avait agi envers eux aussi bien en miséricorde qu'en justice.
  • La seconde, c'est que, reconnaissant que la loi, avec ses «ordonnances droites» et ses «bons statuts», est parfaite à sa place, ils n'essaient nullement de justifier ni leurs pères ni eux-mêmes, dans leurs péchés et leurs manquements répétés. Ils se condamnent pour leur désobéissance, qui les avait conduits même à tuer les prophètes par lesquels Dieu avait témoigné contre eux et leur avait rappelé sa vérité. Ils reconnaissent le bien-fondé de tout ce qui leur est arrivé, de telle sorte que, bien qu'ils soient de retour dans le pays, ils demeurent dans une position de servitude envers les rois qui sont établis sur eux. Cette humble confession de péché était incontestablement bien à sa place, et il était bon de reconnaître la justesse de toutes les voies de Dieu à leur égard.
  • La troisième chose apparaît dans le dernier verset du chapitre. Reconnaissant la «grande détresse» qui était toujours leur part — et même à cause d'elle — ils se proposent de renouveler l'alliance de la loi, établie à l'origine avec leurs ancêtres, en faisant ce qu'ils appellent «une ferme alliance», qu'ils écrivent et à laquelle ils apposent leur sceau.

Il est donc évident qu'ils n'avaient pas encore appris ce que l'apôtre place si énergiquement devant les Galates: «Car tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous malédiction» (Galates 3:10). La période de mise à l'épreuve de l'homme n'était pas encore pleinement écoulée. Israël était la nation que Dieu avait choisie pour que cette mise à l'épreuve soit faite, et celle-ci n'a pris fin que lorsque le peuple eut crucifié son Messie. Aussi ne pouvons-nous pas blâmer ces Israélites pieux d'avoir fait de nouveau une alliance, semblable à la première dans ses grandes lignes, et d'y avoir apposé leur sceau dans l'espoir de réussir à la garder mieux que leurs pères.

Nous ferons bien, toutefois, de remarquer ce qui ressort de leur histoire ultérieure. Avant même la fin de ce livre, nous trouvons de graves manquements. Et si nous passons au livre de Malachie, écrit peut-être un demi-siècle plus tard, nous y découvrons qu'un état absolument déplorable s'était installé parmi leurs enfants et leurs descendants. On y trouvait toujours une certaine apparence de religion, tandis que la loi était transgressée et complètement pervertie dans son esprit. Les Juifs étaient satisfaits d'eux-mêmes et ne supportaient aucun reproche. Ils repoussaient avec indignation les répréhensions que le prophète devait leur adresser de la part de l'Éternel.

Cependant, il est indéniable que, dans ces chapitres 9 et 10 de Néhémie, un esprit de réveil était à l'œuvre parmi le peuple. Et comme leur position devant Dieu était fondée sur la loi de Moïse, cette confirmation de leur désir de la respecter et de l'observer était tout à fait convenable. Dans l'histoire de l'Église, il y a aussi eu des temps de réveil accordés par la grâce de Dieu. Ce qui les a marqués, c'est la redécouverte, non pas de ce que nous devrions faire pour Dieu, mais de ce que lui a fait pour nous. Il y a eu une compréhension renouvelée de la plénitude de la grâce et de la faveur dans lesquelles nous avons été introduits par l'Évangile, comme aussi de la position céleste de l'Église, selon les conseils éternels de Dieu.

Dans cette longue prière de confession, tandis qu'ils passent en revue l'histoire de leur nation, à deux reprises ils reconnaissent une des causes majeures de leur péché: ils avaient «agi avec fierté» (versets 16, 29). De cet esprit d'orgueil, certainement favorisé par leur privilège même et par la faveur dans laquelle ils se trouvaient en tant que nation, étaient nées l'arrogance et la désobéissance qui avaient caractérisé toute leur histoire. Ces caractères s'étaient manifestés dès le début, notamment lorsqu'ils «établirent un chef, pour retourner à leur servitude» (verset 17), et qu'»ils se firent un veau de fonte, et dirent: C'est ici ton Dieu» (verset 18).

Le commentaire inspiré sur tout cela est qu'ils ne purent entrer dans le pays «à cause de l'incrédulité» (Hébreux 3:19). Incrédules, ils ont réclamé un Dieu visible à l'œil naturel, d'où la fabrication du veau. Nullement prêts à affronter un séjour de quarante ans dans un désert sans ressources visibles, ils ont désiré un chef selon leur propre cœur, pour les reconduire dans un pays d'abondance, même s'il devait en même temps être un pays d'esclavage. Il nous est facile de voir leur erreur, mais n'oublions pas que la chair en nous-mêmes a exactement ces mêmes tendances. Elle aspire à quelque chose de visible et à ce qui flatte nos désirs naturels, même si cela doit entraîner un asservissement. Voilà encore un cas où les «saintes lettres» de l'Ancien Testament peuvent nous rendre sages à salut (2 Timothée 3:15).

Nous ne pouvons nous empêcher de penser que de mauvais principes de même nature ont sévi dans les premiers siècles de l'Église professante. Tandis que la foi déclinait, on a réclamé une image visible du Sauveur, puis de la Vierge, sa mère. Les hommes ont aussi réclamé un chef visible, qui leur épargnerait les peines attachées à la vie d'étranger et de pèlerin à laquelle le chrétien est appelé dans ce «présent siècle mauvais».

Ainsi donc, les Juifs du temps de Néhémie ont signé une alliance qui ne faisait que confirmer leur adhésion à l'ancienne, celle qui avait été donnée au Sinaï, et qui était véritablement ferme. Ils ont dit de l'alliance qu'ils écrivaient et signaient qu'elle était ferme, et il en était bien ainsi du côté de Dieu; mais il n'en était pas autant du leur, comme nous l'avons déjà fait remarquer.

Les vingt-sept premiers versets du chapitre 10 énumèrent les noms des chefs qui ont signé l'alliance au nom du peuple. La suite du chapitre nous dit comment le peuple s'est engagé à observer la loi de façon générale, et en particulier les ordonnances relatives au mariage, au service de la maison de l'Éternel, ainsi qu'aux dîmes pour les sacrificateurs et les Lévites. Ils s'étaient séparés pour obéir à la loi, et comme celle-ci le dit, ils se mettaient «sous malédiction». Tous ceux qui se tiennent devant Dieu sur la base de la loi sont sous malédiction. De façon bien significative, l'Ancien Testament se termine sur ce mot de «malédiction».

À suivre