Isaac, type de Christ

E. Argaud

Les chapitres 21 à 24 du livre de la Genèse nous relatent une partie de la vie d'Isaac, environ 40 ans, depuis sa naissance jusqu'à son union avec Rebecca. Prophétiquement, on peut y voir l'histoire de Christ et de l'Église, depuis la venue du Seigneur ici-bas jusqu'à son retour pour chercher son Épouse.

Au chapitre 21, l'Éternel, «au temps fixé», donne un fils à Sara, l'épouse d'Abraham. C'est le fils de la promesse, le fils unique et bien-aimé, Isaac (Genèse 22:2). De même, «quand l'accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son fils» (Galates 4:4). Messie promis, Fils unique et bien-aimé, il «entre dans le monde» (Hébreux 10:5).

Au chapitre 22, Isaac monte à Morija, un sommet sur lequel sera bâti plus tard le temple de Jérusalem. Là, il doit être offert en holocauste à l'Éternel. Dans une pleine communion avec Abraham son père, il gravit les pentes de la colline — «ils allaient les deux ensemble» (versets 6, 8). Isaac porte le bois de l'holocauste, figurant ainsi Celui qui «sortit portant sa croix, et s'en alla à Golgotha», le «lieu du crâne», situé hors des murs de la ville sainte (Jean 19:17). Toutefois, tout en étant obéissant et soumis à la volonté de son père, Isaac ignorait qu'il était la victime qui devait être offerte. Aussi interroge-t-il son père: «Voici le feu et le bois; mais où est l'agneau pour l'holocauste?» (Genèse 22:7). Assuré que Dieu lui rendrait son fils même s'il devait l'offrir en sacrifice, Abraham avait dit aux jeunes hommes qui l'accompagnaient: «Restez ici… et nous reviendrons vers vous» (verset 5). Avec la même assurance de foi, le patriarche dit à son fils: «Mon fils, Dieu se pourvoira de l'agneau pour l'holocauste» (verset 8). Jésus, lui, savait. En entrant dans le monde, il avait dit: «Voici, je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté» (Hébreux 10:5-7). Il savait que cette volonté exigeait son sacrifice; et au moment voulu de Dieu, «il dressa sa face résolument pour aller à Jérusalem» (Luc 9:51). «J'ai dressé ma face comme un caillou», avait écrit le prophète (Ésaïe 50:7). Aussi, quand des hommes sont venus pour le prendre, n'a-t-il opposé aucune résistance; il s'est livré lui-même (Jean 18:1-11). Isaac sera épargné, il ne sera pas sacrifié car Dieu a en vue un meilleur sacrifice. Mais le Dieu qui a épargné Isaac «n'a pas épargné son propre Fils» (Romains 8:32). Christ a goûté la mort dans toute son amertume, et l'amertume de la mort fut l'abandon de son Dieu pendant les trois heures de l'expiation. Sa souffrance s'exprime dans ce cri: «Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné?» (Matthieu 27:46). Isaac n'a pas connu cela. Mais, en figure, l'œuvre exigée par Dieu a été accomplie. Dieu est satisfait et Abraham reçoit son fils comme s'il avait été mort et ressuscité (Hébreux 11:19).

Au chapitre 23, Sara, l'épouse d'Abraham, meurt. C'est une figure d'Israël qui est mis de côté. Nous sommes, figurativement, au-delà de la croix.

Alors au chapitre 24, Abraham veut donner une épouse à son fils, et il envoie son serviteur à la recherche de cette épouse. Éliézer est une belle figure du Saint Esprit qui cherche et qui rassemble tous les croyants depuis la Pentecôte pour en faire l'Épouse de Christ. Le serviteur s'en va dans un pays éloigné; la terre est si loin du ciel! Dieu lui-même préparera le cœur de celle qui dira sans hésiter: «J'irai» (verset 58). Et, tout au long du voyage, le serviteur lui parle de son futur Époux, de ses richesses et de sa gloire. Au sujet du Saint Esprit qui descendrait sur la terre le jour de la Pentecôte, Jésus disait à ses disciples: «Il vous conduira dans toute la vérité… il dira tout ce qu'il aura entendu… il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera» (Jean 16:13, 14).

À la fin du chapitre 24, nous avons le récit d'une scène émouvante. C'est le soir — un soir qui évoque la fin du jour de la grâce. Isaac est sorti pour méditer. Il attend le retour de la caravane. Il lève les yeux et regarde: voici des chameaux qui arrivent. Son cœur tressaille. Rebecca lève les yeux et voit Isaac. Leurs regards se croisent dans l'espace. Rebecca interroge le fidèle serviteur: «Qui est cet homme qui marche dans les champs à notre rencontre?» Et le serviteur respectueux répond: «C'est mon seigneur» — c'est-à-dire: c'est celui qui sera ton Époux.

Passons par-dessus les siècles. Le Seigneur vient sur les nuées. Il appelle ses rachetés. Eux seuls entendent sa voix. Alors tous ensemble, ressuscités ou transmués, dans des corps glorifiés, ils partent à sa rencontre en l'air (1Thessaloniciens 4:16, 17). Rebecca «prit son voile et se couvrit». Elle n'était que pour Isaac, toute à lui. C'est ainsi que nous serons pour toujours avec Christ.

Le voyage a été long à travers des contrées arides, pénible sur le dos d'un chameau, mais quelle fin de voyage! Rebecca va se reposer sous la tente, mais elle va trouver plus que le repos. Nous aurons plus qu'une tente, plus que les trésors d'Abraham qui avait tout donné à son fils; nous aurons Jésus.

Oh! quel moment, quand devant Dieu son Père

         Christ nous amènera,

Quand, glorieux, dans son beau sanctuaire

         Il nous introduira!

Descends du ciel, nos âmes te désirent;

         Nous t'aimons, viens à nous!

Depuis longtemps tes rachetés soupirent:

         Viens, adorable Époux!

Isaac avait 40 ans lorsqu'il reçut Rebecca comme épouse (Genèse 25:20). Il mourut à 180 ans (35:28). Cette tranche de vie est marquée par beaucoup de faiblesses et il n'apparaît plus comme type de Christ. Il donna à Ésaü une place qu'il n'aurait pas dû avoir. Dans une circonstance particulière, il nia sa relation avec Rebecca et ne garda pas sa dignité à l'égard des Philistins. Il se laissa aller à sa gourmandise: «Le gibier était sa viande» (25:28); et ainsi, contrairement à la pensée de Dieu, il aima Ésaü, celui qui flattait ses goûts.

Et pourtant, avant d'envoyer Moïse accomplir sa mission libératrice, Dieu se fait connaître à son serviteur, dans la grande vision du buisson ardent qui ne se consume pas, en lui disant: «Je suis… le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob» (Exode 3:6), le Dieu de la foi, le Dieu de la promesse et le Dieu de la grâce.

Bien des siècles plus tard, passant par-dessus les faiblesses de son serviteur, l'Esprit de Dieu nous rappelle que «par la foi, Isaac bénit Jacob et Ésaü à l'égard des choses à venir» (Hébreux 11:20). Le nom d'Isaac figure parmi les héros de la foi.

L'apôtre Pierre dira aux Israélites: «Le Dieu d'Abraham et d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, que vous, vous avez livré, et que vous avez renié devant Pilate, lorsqu'il avait décidé de le relâcher… et vous avez mis à mort le prince de la vie, lequel Dieu a ressuscité d'entre les morts» (Actes des Apôtres 3:13-15).

Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob est aussi notre Dieu; et plus que cela, il est notre Père en Jésus.

«Le Dieu d'ancienneté est ta demeure, et au-dessous de toi sont les bras éternels» (Deutéronome 33:27).