Vivre comme Jésus a vécu (1 Jean 2:3-27)

John Nelson Darby

Il est des âmes pour lesquelles les «si» contenus dans cette épître sont un sujet de doute et d'angoisse. Il vaut donc la peine de montrer que c'est précisément pour dissiper les doutes dans l'esprit de ceux auxquels il écrit, que l'apôtre énumère les preuves de la vie de Dieu dans l'âme. Si nous attristons le Saint Esprit et négligeons l'onction d'en haut par laquelle nous savons toutes choses, il n'est pas étonnant que nous perdions la certitude et la lumière, mais il ne faut pas confondre les âmes qui n'ont jamais eu de certitude avec celles qui l'ont eue et l'ont négligée. Le but de l'apôtre est de fortifier les disciples dans leur assurance. Il dit: «Je vous écris… parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom»; «parce que vous connaissez le Père»; «touchant ceux qui vous égarent», etc. Il veut leur faire comprendre que les faux docteurs qui les séduisaient étaient dans un état qu'on pouvait discerner, et il leur donne dans ce but les deux signes de la vie de Dieu, savoir: garder les commandements de Jésus et aimer les frères. Au verset 6, il nous apprend à discerner ces faux docteurs. Il n'y a point d'autre règle que de vivre comme Christ a vécu. Si quelque chose est contre le principe de la vie de Christ, nous devons le combattre, même en nous.

Le principe du salut, caché au monde, c'est que la vie de Christ nous est communiquée, que Christ demeure en nous. Les chrétiens eux-mêmes ignorent souvent la conséquence de ce principe, c'est que celui qui dit: Je demeure en lui, doit marcher comme lui a marché. Si la grâce de Dieu nous a donné ce privilège, peut-il y avoir une plus grande bénédiction que le droit de vivre sur cette terre comme Jésus y a vécu. Si les chrétiens ne reconnaissent pas cela, je ne sais vraiment pas ce qu'ils reconnaissent, car c'est tout à la fois s'identifier avec les douceurs de la communion de Jésus, et s'identifier avec ses souffrances ici-bas. Demandez-vous, dans les détails de la vie, si vous vivez comme Jésus a vécu; cela tranche bien des choses. Mais cela ne veut pas dire: Je suis ce que Jésus était; nous ne le sommes pas, ni ne le serons jamais. La parole de Dieu ne nous demande pas cela, mais elle nous demande de vivre comme Jésus a vécu; elle ne l'exige pas comme une loi. C'est une chose vraie en lui et en nous. La vie de Jésus nous est communiquée; c'est une chose vraie et Dieu ne demande de vivre comme lui qu'à ceux auxquels il a donné cette vie.

L'expression «enfants» du verset 12 s'applique à tous les chrétiens. Le mot «pères» désigne ceux qui sont mûrs dans le christianisme. Ils sont caractérisés par une connaissance intime du Seigneur, tel qu'il est dès le commencement. Savoir que Jésus nous a sauvés est une chose commune à tous les chrétiens, mais les «pères» sont distingués par une connaissance approfondie du Seigneur. Le connaître peu, c'est être jeune dans la foi.

Les jeunes gens sont caractérisés par le combat avec tout ce que Satan nous présente. Celui qui entre dans le chemin de la foi est d'abord très joyeux, mais il ne peut vivre longtemps de cette joie, parce qu'il trouve en lui des facultés et des goûts auxquels Satan présente des amorces. Les jeunes gens en Christ ont déjà vaincu le Méchant. Satan se cache comme un serpent dans l'herbe, nous présente toute sorte de choses pour nous attirer, ou rugit contre nous. Il nous oppose toute sorte de conséquences de la vie de Christ, pour nous effrayer et nous empêcher ainsi de vivre comme Christ a vécu. Mais il nous faut juger de tout selon la vie de Christ que nous possédons et nous contenter de la part qu'il nous donne. Quand nous marchons par l'Esprit, le Méchant ne nous touche pas. Ce qui manifeste la vigueur de la vie chrétienne, c'est de vaincre Satan, de résister à ce qu'il nous présente. Il nous faut pour cela être occupés du Seigneur; il y a des facultés de l'intelligence, des désirs du cœur, qui réclament quelque chose, et si le nouvel homme ne les emploie pas, Satan et la chair les occuperont.

Ce qui caractérise les petits enfants, c'est l'Esprit d'adoption, la connaissance du Père. Sans cet Esprit, l'apôtre ne suppose pas qu'on soit chrétien. Il insiste sur ce point rappelant en même temps qu'un chrétien vieilli et expérimenté, un père, connaît Jésus. Cette connaissance est le terme de tout.

Il ajoute, en parlant aux jeunes gens: «La parole de Dieu demeure en vous». C'est là ce qui rend le jeune homme fort; c'est pour lui le moyen d'intelligence et de discernement; c'est aussi le signe de sa force. La Parole est l'épée de l'Esprit. Jésus a vaincu le Méchant en disant: «Il est écrit», et s'en est tenu à cela. Du moment que je me sers de la parole de Dieu, impossible qu'on me réponde. Si l'on veut m'empêcher d'obéir à cette Parole, je puis dire: Cela vient de Satan. Il pourra y avoir lutte, mais la grâce de Christ suffira pour me donner la victoire. Si vous ne lisez pas soigneusement la Parole et que vous vous contentiez de dire: «Je sais que je suis sauvé, cela me suffit», vous serez vaincu. Et cela n'est pas étonnant, puisque, pour combattre, vous n'aurez pas votre épée dans la main.

L'apôtre met ensuite les jeunes gens en garde contre le monde (verset 15). Ce dernier est toujours en contraste avec le Père. Souvent les chrétiens n'admettent pas que l'amitié du monde soit inimitié contre Dieu. La Parole emploie le mot monde comme vous l'employez vous-mêmes. Ce monde a rejeté Christ, et le Père l'a fait héritier du monde à venir. Il faut choisir entre les deux. Vous ne pouvez pas aimer ce monde-ci et le monde à venir, ni vous attacher au monde à venir sans mépriser ce monde-ci. Aimer les choses agréables à vos yeux, aimer à être riches, à garder vos richesses et vos aises, ce n'est pas vivre comme Jésus a vécu, et cela vous empêche de croître et de mûrir en Christ.

Au verset 18, l'apôtre revient aux petits enfants; il leur rappelle qu'ils ont l'onction du Saint. Il les place par-là devant leur responsabilité, en même temps qu'il les encourage. Il leur dit: Vous savez toutes choses. Tout chrétien doit marcher par la foi et il y manque parfois; aussi l'apôtre les exhorte-t-il en les avertissant que c'est la dernière heure. La dernière heure est, dans la Parole, le temps de l'Antichrist et non pas, comme certains docteurs le disent, le temps du Messie.

Si vous êtes de petits enfants en Christ, l'apôtre vous met ici en garde contre les fausses doctrines et vous donne en même temps l'assurance que vous avez l'onction de la part du Saint. Ce n'est pas l'onction du Sage, ou du Dieu tout-puissant, ni même celle du Père, mais l'onction du Saint. Si la sainteté n'est pas au-dedans de nous, nous ne pouvons être gardés, ni comprendre les choses de Dieu, car c'est par cette onction que nous connaissons toutes choses.

Avez-vous le désir de vivre comme Jésus a vécu? Votre cœur s'est-il, sans réserve, donné à lui? Il faut cela pour jouir de la connaissance de celui qui est dès le commencement. Si vous êtes de petits enfants, vous avez l'onction de la part du Saint. Si vous êtes des jeunes gens, gardez-vous de toute séduction du monde; gardez-vous de vous y élever. Soyez prudents et sages. C'est pour vous le moyen de vaincre et d'avancer dans la connaissance de celui qui est dès le commencement.