Salut, pleine délivrance et vie en Jésus Christ (suite)

Romains 5 à 8

6. L'Esprit de Christ en nous (Romains 8:1-17)

Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus: verset 1

Quel contraste avec le cri de détresse du chapitre précédent! (verset 24). J'avais déjà l'assurance de la paix avec Dieu parce que mes péchés ont été ôtés (5:1). J'ai maintenant appris que je suis sorti de mon ancienne condition, parce que je suis mort avec Christ pour être «vivant à Dieu dans le Christ Jésus», uni à lui qui est ressuscité d'entre les morts. Comment pourrais-je être encore condamné? Impossible! Christ lui-même est le fondement de mon assurance. Deux faits qui me lient fortement à Christ démontrent cette certitude:

  • la puissance de l'Esprit m'a affranchi1, libéré;
  • le péché dans la chair a été définitivement condamné à la croix.

1 C'est cette libération qui appelée aussi affranchissement. Ce mot, peu usité dans ce sens, correspond à la libération d'un esclave, soit par rachat, soit par décision de son maître.

Dans le chapitre 7, du verset 7 à la fin, environ quarante fois nous lisons je ou moi. Le chapitre 8 ne donne plus la parole au moi, mais il est rempli de Christ, de l'Esprit de Christ et de son action.

La loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus m'a affranchi de la loi du péché et de la mort: versets 2-4

J'étais autrefois assujetti à la loi (c'est-à-dire: à la puissance) du péché et de la mort. Maintenant la puissance de l'Esprit de Dieu me place dans une nouvelle condition en me communiquant une vie nouvelle. Le péché en moi n'a pas été ôté, mais la mort a coupé le lien qui m'y tenait attaché et par l'Esprit je vis maintenant d'une vie nouvelle en Christ. Je ne suis plus obligé de pécher.

Le péché est toujours en moi, mais sa présence n'est pas un motif de condamnation, car la condamnation du péché a déjà été subie par Christ à ma place.

La loi exprimait les justes exigences de Dieu mais elle ne pouvait pas nous donner la force pour y satisfaire. Elle était sans force à cause de notre chair assujettie au péché. Maintenant, par la puissance de l'Esprit, la vie divine en nous accomplit les actes justes que la loi prescrivait. Tous les actes du croyant ne sont pas «selon l'Esprit», mais le vrai caractère de sa marche dans ce monde, c'est de montrer la vie de Christ en lui, par l'Esprit. Tout ce qui était «selon la chair» a été jugé et doit être tenu dans la mort.

La chair et l'Esprit: versets 5-8

Dans ces trois versets, l'apôtre expose avec beaucoup de force et d'insistance la différence fondamentale qui existe entre ces deux principes opposés: la chair et l'Esprit. En s'adressant à Nicodème, Jésus lui a dit: «Ce qui est né de la chair est chair; et ce qui est né de l'Esprit est esprit» (Jean 3:6). Chacune des deux natures a sa façon de penser, son but. Ce qui vient de la chair, ennemie de Dieu, incapable de lui obéir, ce sont les convoitises, les péchés, la mort; et ce qui vient de l'Esprit, c'est ce qui est vrai, juste, pur: l'amour, la joie, la paix… (Galates 5:22) — en résumé: vie et paix.

Il y a une différence entre les deux expressions: «selon la chair» et «dans la chair». La première exprime une manière de penser et de vivre, la seconde exprime la condition de l'homme naturel devant Dieu. Celui qui n'a pas cru en Jésus, qui n'est pas «né de nouveau», est encore «dans la chair» et il ne peut se comporter que «selon la chair»: ses pensées, ses actes et leurs conséquences portent ce caractère.

Le croyant a changé de condition. Il n'est plus «dans la chair», mais «dans l'Esprit». Sa conduite doit être normalement «selon l'Esprit», avec les pensées, les actes et les conséquences qui s'y rattachent. Mais la chair est toujours en lui, et il peut lui arriver de se laisser aller à agir «selon la chair», qui est toujours la même en lui.

L'apôtre insiste sur l'incapacité totale de la chair — même dans le croyant — à se soumettre à Dieu. Cela le conduit à réaffirmer, d'une part que ceux qui sont «dans la chair» — les incrédules — ne peuvent plaire à Dieu, et d'autre part que les croyants — auxquels Paul s'adresse — ne sont pas «dans la chair», mais «dans l'Esprit».

Le Saint Esprit habite en vous: verset 9

«Être dans l'Esprit» est la conséquence de l'habitation du Saint Esprit dans le croyant. Cette présence de l'Esprit accompagne le salut par la foi, la nouvelle naissance, mais c'est une bénédiction distincte. Nous lisons en Éphésiens 1:13: «Ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse». Actes 19 nous montre qu'il était possible que des hommes aient cru sans avoir encore reçu le Saint Esprit, mais c'était là une condition anormale qui résultait d'un évangile incomplet et il y a vite été remédié. Avant d'avoir reçu le Saint Esprit, ils n'étaient pas encore dans la vraie position chrétienne, ils n'étaient pas «de Christ».

Le travail que Dieu opère pour tirer une âme des ténèbres et l'amener à lui dans la pleine jouissance de sa grâce peut avoir une certaine durée. Mais «celui qui a commencé en vous une bonne œuvre l'achèvera jusqu'au jour de Jésus Christ» (Philippiens 1:6). «Qui croit au Fils a la vie éternelle» (Jean 3:36) et Dieu l'amènera au but dans la plénitude de la relation d'enfant. Il s'occupe du croyant avec la même sollicitude avant que le Saint Esprit ait fait son habitation en lui et après.

L'Esprit est vie: verset 10

Paul dit: «Si Christ est en vous». C'est bien l'Esprit qui habite en moi, mais c'est l'Esprit de Christ, de celui qui, homme sur la terre, a marché dans la puissance de l'Esprit Saint, faisant toujours ce qui plaît à Dieu. Ainsi Christ est en moi par l'Esprit, et me forme pratiquement à sa ressemblance.

«Si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché». Cette présence nous fait saisir la réalité de notre identification avec Christ dans sa mort. Sa puissance nous en fait saisir l'efficacité, pour la vie et pour la mort. «L'Esprit est vie à cause de la justice», il produit pratiquement ce qui est juste dans ma vie.

Dieu nous présente ici la mort d'abord, et la vie ensuite2, dès maintenant sur la terre. C'est tout l'opposé de la pensée et de l'expérience des hommes. L'Esprit de Christ en moi est la puissance de cette vie qui ne peut plus être touchée par la mort, même si mon corps doit être — provisoirement — atteint par elle.

2 Plusieurs passages de l'Ancien Testament mettent en évidence la puissance de Dieu qui fait mourir et vivre:

«Moi, je tue et moi, je fais vivre» (Deutéronome 32:39).

«L'Éternel fait mourir et fait vivre» (1 Samuel 2:6).

«Suis-je Dieu, pour faire mourir et pour faire vivre?» (2 Rois 5:7).

L'Esprit et la résurrection: verset 11

Le croyant a déjà reçu le salut de l'âme (1 Pierre 1:9); il doit recevoir aussi la délivrance de son corps qui est le temple du Saint Esprit (1 Corinthiens 6:19). Les croyants de l'Ancien Testament auront aussi part à cette résurrection, bien que l'Esprit Saint n'ait pas habité en eux; mais l'habitation de l'Esprit dans les croyants depuis la Pentecôte est le sceau que Dieu met sur eux, et démontre à l'évidence que leurs corps doivent ressusciter (ou être changés) à la venue de Christ (1 Corinthiens 15:51).

Agir par l'Esprit: versets 12, 13

Ayant en nous l'Esprit de Dieu, nous avons à ne plus servir la chair et ses convoitises, à ne pas prendre soin d'elle (Romains 13:14). Nous ne sommes plus «dans la chair» et nous ne lui devons rien, bien qu'elle cherche à revendiquer des droits qu'elle n'a plus. Par l'Esprit, nous pouvons «faire mourir les actions du corps», non pas faire mourir «la chair», mais ses actions, c'est-à-dire la tenir dans l'inaction, ne cédant pas à sa volonté. «Si vous vivez selon la chair, vous mourrez», dit l'apôtre; tout ce que nous pouvons faire de cette manière conduit à la mort et y trouve sa fin. «Mais si par l'Esprit, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez». C'est là saisir ce qui est vraiment la vie (1 Timothée 6:19).

Si par exemple je hais mon frère, débitant de méchantes paroles contre lui, les conséquences sur la terre tendent vers la mort. «Quiconque hait son frère est un meurtrier» (1 Jean 3:15) et, d'une telle action, rien ne restera après la mort sinon une perte (1 Corinthiens 3:15). Si au contraire j'agis dans la vérité et dans l'amour, même un acte oublié sera rappelé en mémoire au jour des récompenses (Matthieu 10:42; 2 Corinthiens 5:10).

Fils et enfants de Dieu: versets 14-16

Marcher par l'Esprit de Dieu imprime sur le croyant le caractère moral de fils qui correspond à celui du Père. Cela démontre la relation. L'apôtre parle aussi de la relation d'enfant (versets 15-17), marquée par l'intimité et les affections. Au verset 14, c'est plutôt le privilège de fils qui connaissent la pensée de leur Père et se conduisent en conséquence, employant leur liberté pour lui plaire.

Le croyant est un enfant de Dieu. Il est né de Dieu (Jean 1:12, 13). C'est une relation actuelle (1 Jean 3:2), qui ne peut pas être vécue comme une servitude, une obligation de se soumettre dans la crainte à une autorité imposée. De quelle manière Dieu peut-il amener à cette liberté des êtres qui étaient auparavant esclaves? Nous trouvons la réponse en Galates 4: «Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l'Esprit de son fils dans nos cœurs, criant: Abba, Père: de sorte que tu n'es plus esclave3, mais fils» (versets 6, 7). C'est l'Esprit d'adoption qui fait entrer consciemment dans la relation d'enfant, dans l'heureuse liberté d'un fils devant son Père. Un fils qui désire faire la volonté du Père partage ses pensées.

3 Au chapitre 6, verset 18, nous sommes «asservis à la justice». Il n'y a pas de contradiction avec ce qui est dit ici. Les pensées de Dieu communiquées par sa Parole sont pour moi l'expression de la justice (ce qui est juste) à laquelle je désire obéir entièrement. C'est en ce sens que je suis «asservi à la justice», mais s'il s'agit des relations entre Dieu et moi, je ne suis pas esclave, mais fils.

L'habitation de l'Esprit dans le croyant conduit à un lien si intime entre l'Esprit de Dieu et l'esprit du croyant qu'il est parfois difficile de faire la distinction entre les deux, dans bien des passages de ce chapitre. Le texte original emploie le même mot. Cette expression: «L'Esprit rend témoignage avec notre esprit» distingue les personnes — l'Esprit et le croyant — et souligne l'intimité du lien.

Laissons-nous pénétrer par la douceur d'une telle présence. Le véritable état chrétien est caractérisé par la jouissance de cette relation: Dieu connu comme Père. Il n'a pas été connu ainsi des croyants de l'Ancien Testament, et ceux de l'époque millénaire ne le connaîtront pas non plus ainsi. Dieu a voulu donner à ces relations une douceur, une intimité particulières dont nous nous privons souvent. Abraham n'avait pas la relation d'enfant et il jouissait d'une grande intimité avec Dieu. Alors que nous qui possédons cette relation, nous attristons facilement l'Esprit de Dieu qui habite en nous. Mais apprenons à parler à Dieu comme à un Père et à recevoir sa Parole comme l'expression de son amour.

Cohéritiers de Christ: verset 17

Tout ce que Dieu fait est complet. Le passage de Galates 4 cité plus haut ajoute: «Tu n'es plus esclave, mais fils; et, si fils, héritier aussi». L'apôtre déclare ici la même chose et précise: «héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ». Christ, le Fils de Dieu est «héritier de toutes choses» (Hébreux 1:2). Il est le premier-né et il veut partager l'héritage avec ceux qu'il n'a pas honte d'appeler frères (Hébreux 2:11). Ainsi associés à lui, nous le sommes aussi bien en suivant les traces qu'il a laissées sur la terre et où nous rencontrons nécessairement la souffrance, que dans la gloire de la possession de l'héritage. La position d'héritier n'est pas mise en cause, mais il y a un lien entre la manière dont nous entrons dans son chemin sur la terre et celle dont nous lui serons associés dans la gloire. Paul dit aussi à Timothée: «Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui» (2 Timothée 2:12).

À suivre