Le livre de Néhémie (suite)

F.B. Hole

Chapitre 8

Alors, comme l'annonce le dernier verset du chapitre précédent, arrive le septième mois. Nous voyons le peuple rassemblé «sur la place qui est devant la porte des eaux». On demande à Esdras, le sacrificateur, qui était à Jérusalem depuis un certain nombre d'années, d'apporter le livre de la loi de l'Éternel et de le lire publiquement devant les hommes et les femmes, et même devant tous les enfants qui étaient capables de le comprendre. La Parole de Dieu s'adresse à tous ceux qui ont «de l'intelligence pour entendre».

Cette lecture publique est très remarquable, pleine d'enseignements précieux pour nous, tout spécialement pour ceux qui ont la charge du ministère de la Parole en public. Esdras était debout sur une estrade, de sorte que lui-même ainsi que le livre dans lequel il lisait étaient bien visibles pour tout le peuple. Quelques hommes l'aidaient à expliquer clairement à tous les auditeurs le sens de ce qui était lu. Que tous ceux qui contribuent à la prédication de l'évangile en public, ou au ministère de la Parole pour les croyants, lisent soigneusement le verset 8, en faisant particulièrement attention à trois choses:

1° «Ils lisaient distinctement.» Ce qui était écrit dans le livre de Dieu devait être clairement entendu par le peuple. D'ailleurs, les auditeurs n'avaient pas de copies en main qui leur auraient permis de vérifier des mots indistinctement prononcés. 2° «Ils en donnaient le sens.» En mille ans, la langue pouvait avoir quelque peu changé; de plus, beaucoup parlaient probablement l'araméen et ne connaissaient pas l'hébreu ancien. 3° «Ils… le faisaient comprendre lorsqu'on lisait.» Ils s'assuraient que les auditeurs comprenaient vraiment ce qui était lu. De quelle manière admirable ce verset anticipe les enseignements donnés en 1 Corinthiens 14: à propos de ce qui est exprimé dans l'assemblée chrétienne! Celui qui rend grâces, prie ou présente la Parole, doit s'assurer que non seulement lui-même sait vraiment ce qu'il dit, mais qu'il le dit de manière que cela soit compris, puisse être assimilé et, s'il s'agit d'une prière, puisse être approuvé par l'«amen» final de tous ceux qui l'entendent. Il ne suffit pas que celui qui parle ait lui-même bien compris ce qu'il a voulu dire. Il faut qu'il s'exprime avec assez de clarté et de simplicité pour que ses auditeurs comprennent le sens de son message, et le saisissent correctement. En 1 Corinthiens 14:9-20, l'apôtre Paul insiste de nombreuses fois sur la nécessité d'être bien compris.

Le premier effet produit sur le peuple par cette lecture est indiqué au verset 9: «Tout le peuple pleurait». Ils avaient bien de quoi pleurer, car nul ne peut être mis en face des exigences de la sainte loi de Dieu sans éprouver dans sa conscience un sentiment de condamnation. Cependant, Néhémie et Esdras apaisent le peuple et les invitent à se réjouir. Dans le livre de la loi se trouvaient aussi les promesses de Dieu révélant sa miséricorde et annonçant le Messie. En outre, la fête des tabernacles était proche, et celle-ci devait se célébrer dans la joie. Ils avaient naturellement des raisons de se réjouir de tout ce que Dieu avait fait pour eux en dépit de tous les efforts de leurs adversaires. Mais on peut se demander si, chez le peuple, ce brusque passage des pleurs à la joie était tout à fait à sa place. On les voit en effet réaliser la conviction de péché et l'affliction, puis s'en aller «pour manger et pour boire,… et pour faire de grandes réjouissances, car ils avaient compris les paroles qu'on leur avait fait connaître» (verset 12). Une profonde conviction de péché ne s'acquiert pas aisément, et c'est pourquoi la repentance n'est que trop souvent superficielle, bien qu'il soit vrai que «la joie de l'Éternel» est une source de force. Il y a néanmoins une grande différence entre cette joie-là et celle que procurent le manger et le boire.

Il y avait, chez les chefs du peuple, un réel désir d'apprendre à connaître la loi de Dieu (verset 13). Le second jour, par le moyen d'une lecture de la loi, les ordonnances relatives à la fête des tabernacles sont placées clairement devant eux. Immédiatement, ils se mettent à l'œuvre pour célébrer cette fête selon les Écritures. Le verset 17, qui déclare qu'ils «n'avaient pas fait cela depuis les jours de Josué», nous étonnerait si nous ne savions pas avec quelle facilité et quelle rapidité nous pouvons nous éloigner des enseignements de la parole de Dieu! Lorsque, en son temps, le roi Josias avait incliné le cœur du peuple à célébrer la Pâque, il est dit qu'«on n'avait point célébré en Israël de Pâque semblable depuis les jours de Samuel, le prophète» (2 Chroniques 35:18). En ce qui concerne la Pâque aussi, les directives divines avaient été longtemps oubliées.1

1 Voir aussi 2 Chroniques 30:26. L'Esprit de Dieu relie la célébration des fêtes, lors des réveils qui eurent lieu sous Ézéchias, Josias et Néhémie, au jours glorieux de Salomon, Samuel et Josué respectivement. Ce rapprochement constitue un grand encouragement à revenir de tout cœur à la mise en pratique de la parole de Dieu dans un temps de ruine. Plus son oubli a été grand, plus sa lumière retrouvée produit d'heureux effets. (Réd.)

Et que s'est-il passé dans la triste histoire de l'Église professante? Nous ne pouvons certes pas jeter la pierre aux fils d'Israël. En 1 Corinthiens 12 à 14 nous sont révélés les grands principes qui régissent la vie et les activités de l'Église en tant que corps de Christ. Nous y trouvons les commandements du Seigneur concernant l'exercice des dons spirituels, afin que tous reçoivent nourriture et édification. Pendant combien de temps ces commandements ont-ils été retenus et mis en pratique? Pas bien longtemps! On n'a pas tardé à faire d'autres arrangements qui, en quelques siècles, ont abouti aux terribles maux de la papauté et à ce qu'on peut appeler l'ère des ténèbres. Sans doute subsistait quelque souvenir de la parole de Dieu parmi d'humbles croyants, inconnus et parfois persécutés, qu'on appelait hérétiques. Mais rien de plus, et cela pendant bien des siècles. Ainsi, ce qui est rapporté au verset 17 n'a rien de surprenant.

Au dernier verset de ce même chapitre, et au verset 3 du chapitre 9, nous voyons que cette lecture du livre de la loi, qui avait commencé lorsque Esdras était monté sur l'estrade, ne s'est pas arrêtée là. Elle s'est poursuivie pendant les sept jours de la fête et même au-delà. Elle a été à l'origine du réveil qui s'est produit alors, et c'est ainsi, croyons-nous, qu'il en a toujours été. Le réveil de la Réformation a pu se développer, sous la puissante main de Dieu, grâce au fait qu'on a commencé à traduire les Écritures en langues vivantes, et que l'invention de l'imprimerie a permis à d'innombrables personnes de les lire. Et depuis lors, un authentique réveil a toujours été marqué par un retour à la parole de Dieu.

À suivre