Le croyant et le monde

J.-A. Monard

Le monde

Dans la parole de Dieu, le terme monde a manifestement plusieurs sens:

  • Il y a d'abord la création, la terre: «Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui» (Jean 1:10).
  • Il y a ensuite l'humanité, tous les hommes: «Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique…» (Jean 3:16). «Le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde» (1 Jean 4:14).
  • Il y a enfin le système constitué par l'humanité sous la domination de Satan, le «chef de ce monde». C'est de ce monde-là qu'il est dit, par exemple: «N'aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde» (1 Jean 2:15). Ce système, structuré et organisé comme nous pouvons le voir autour de nous, a sa propre «sagesse», son «esprit», ses «éléments», ses «principes» (1 Corinthiens 1:20; 2:12; Colossiens 2:8; 1 Jean 4:5). Satan lui imprime son caractère. «Le monde entier gît dans le méchant» (1 Jean 5:19). Il y a ainsi le plus grand contraste entre ce qui est «du Père» et ce qui est «du monde» (1 Jean 2:16).

Les caractères fondamentaux du monde sont, au fond, ceux de l'homme naturel lui-même — modelés et accentués par l'effet de masse. Ainsi, «tout ce qui est dans le monde» se résume dans ces trois traits de l'homme naturel: «la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie» (1 Jean 2:16).

Le jugement de ce monde et de son chef

Le Fils de Dieu est venu dans ce monde comme l'envoyé de son Père. Il a fait briller la lumière divine dans les ténèbres morales du monde, et a révélé l'amour de Dieu pour les hommes. Il n'était pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver (Jean 3:17; 12:47). De façon générale, «le monde ne l'a pas connu» (1:10). «Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom» (1:12).

Le jugement de Dieu — la perdition éternelle — est la part que tous les hommes ont devant eux en raison de leur culpabilité. Ceux qui croient en Jésus échappent à ce jugement; ils reçoivent la vie éternelle et sont amenés dans la faveur de Dieu. «Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24). Quant aux autres: «celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu» (Jean 3:18). «Il est déjà jugé» — son jugement est prononcé. Sa condamnation est fondée sur le fait qu'il a rejeté la grâce de Dieu offerte en Jésus Christ. Cependant, aussi longtemps que dure le jour de la grâce et que lui-même est en vie, il peut encore se repentir, accepter le Sauveur, et échapper ainsi au jugement.

Très près de la fin de sa vie sur la terre, le Seigneur dit: «Maintenant est le jugement de ce monde; maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors. Et moi, si je suis élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi-même. Or il disait cela pour indiquer de quelle mort il allait mourir» (Jean 12:31-33). Il parle donc de la croix sur laquelle il va être «élevé»1. Dans cette position, rejeté de la terre, il va attirer tous les hommes à lui-même. Ceux qui croient en lui sont détachés de la terre et attirés vers lui, vers le ciel où il sera dorénavant. Ainsi, le rejet ou l'acceptation de Jésus partage l'humanité en deux classes absolument distinctes: ceux qui sont «du monde» et ceux qui n'en sont plus.

1 L'évangile de Jean rapporte encore deux autres occasions ou le Seigneur Jésus emploie le mot «élevé» pour désigner sa crucifixion. «Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi il faut que le Fils de l'homme soit élevé…» (3:14). Et: «Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme…» (8:28).

Remarquons les deux «maintenant» de ce passage:

•  «Maintenant est le jugement de ce monde.» C'est à la croix que le monde a été jugé. Le monde continue son existence, hostile à Christ et aux chrétiens — comme l'Écriture nous le montre et comme nous le voyons de nos yeux. Mais son jugement est prononcé, un jugement sans appel. S'il y a de l'espoir pour les individus, il n'y en a plus aucun pour le monde comme système. Par la crucifixion de Jésus, il a montré son véritable caractère. Il a fourni à Dieu la preuve évidente de sa méchanceté et de son assujettissement à Satan. Pour Dieu, il est déjà jugé. L'exécution de ce jugement est réservée pour un jour futur, et elle s'accomplira de la manière décrite dans les livres prophétiques, l'Apocalypse en particulier. Voir également 2 Pierre 3.

•  «Maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors.» A la croix, Satan, le chef de ce monde, a subi une défaite complète. Selon la prophétie la plus ancienne de l'Écriture, c'est à la croix que «le serpent» devait avoir la tête «brisée» par Christ, «la semence de la femme» (Genèse 3:15). Dans l'épître aux Hébreux, nous voyons que Jésus est devenu homme «afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable» (Hébreux 2:14). En apparence, la croix était la victoire de Satan sur Christ; en réalité, elle est la victoire de Christ sur Satan.

Malgré cela, Satan continue à séduire les hommes et à exercer tant qu'il peut son activité malfaisante. Son jugement effectif et complet aura lieu plus tard, en plusieurs étapes: il sera chassé du ciel (Apocalypse 12:7-12), puis lié durant le Millénium (20:1-3) et finalement jeté dans l'étang de feu (20:10). Mais la foi peut véritablement le considérer comme un ennemi vaincu.

La victoire de Christ sur Satan est le fondement sur lequel nous nous tenons pour être nous-mêmes des vainqueurs. «Résistez au diable, et il s'enfuira de vous» (Jacques 4:7). «Résistez-lui, étant fermes dans la foi» (1 Pierre 5:9). Il en est de même quant à ce monde: «C'est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi» (1 Jean 5:4).

Bien souvent, dans les Écritures, Dieu nous présente les choses telles qu'elles seront dans leur état final, lorsqu'elles auront trouvé leur juste place selon ses décrets éternels, et selon les pleins résultats de l'œuvre de Christ. Que Dieu nous accorde d'élever davantage les regards de notre foi, pour voir les choses dans cette perspective, et pour actualiser ce qu'il va bientôt réaliser!

Le monde m'est crucifié, et moi au monde

«Qu'il ne m'arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde» (Galates 6:14). Ici, l'apôtre Paul prend acte de ce qui s'est passé à la croix de Christ. Il en voit le vrai caractère, et en tire les conséquences.

Ce qu'il dit est vrai en principe pour tous les chrétiens. Mais cette façon personnelle de s'exprimer nous montre comment sa foi s'appropriait la vérité, et lui en faisait réaliser la puissance. La croix de Christ constituait une barrière absolue entre lui et le monde.

Tout d'abord, dit-il, «le monde m'est crucifié». Les pensées de Paul sont à l'unisson du jugement que Dieu a prononcé. C'est à la croix que le monde a été jugé, que sa condamnation définitive et sans appel a été prononcée par Dieu. Le monde, pour lui, est donc «crucifié».

Il ajoute: «et moi au monde»: c'est-à-dire: pour le monde, je suis un crucifié. Ce monde a rejeté et crucifié Christ, voilà aussi ma place!

C'est de cette manière que l'apôtre réalisait ce que signifie porter sa croix et suivre Jésus. La croix mettait une distance morale infinie entre lui et le monde.

Dans le monde, mais pas du monde

Dans sa prière du chapitre 17 de l'évangile de Jean, le Seigneur dit à deux reprises, en parlant des siens: «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde» (versets 14 et 16).

Au cours de ses derniers entretiens avec ses disciples, dans les chapitres précédents, le Seigneur leur montre que leur position par rapport au monde découle de sa position à lui. «Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien; mais parce que vous n'êtes pas du monde, mais que moi je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait» (15:18, 19). À la suite de leur Maître, les disciples de Jésus vont être comme des corps étrangers dans ce monde, et ils auront à y souffrir. Mais le Seigneur les encourage en leur disant: «Vous avez de la tribulation dans le monde; mais ayez bon courage, moi j'ai vaincu le monde» (16:33).

Au début de l'épître aux Galates, l'apôtre Paul parle de «notre Seigneur Jésus Christ, qui s'est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu'il nous retirât du présent siècle mauvais» (1:4). Cela complète l'enseignement du Seigneur résumé par les mots: dans le monde, mais pas du monde. Nous sommes bien «dans le monde» physiquement, quant à nos corps. Mais moralement, nous en avons été «retirés» par l'œuvre de Christ à la croix. Le Seigneur s'est donné lui-même pour cela. Comme croyants, nous appartenons maintenant à une autre sphère. Et pour cette raison, nous sommes des étrangers dans le monde: «Bien-aimés, je vous exhorte, comme forains et étrangers, à vous abstenir des convoitises charnelles, lesquelles font la guerre à l'âme» (1 Pierre 2:11).

En résumé, on peut dire qu'il y a deux raisons fondamentales à la séparation du chrétien d'avec le monde:

  1. Les caractères moraux de ce monde — les convoitises et l'orgueil — sont, dans leur essence même, opposés à Dieu. Ceci était vrai déjà avant la venue de Christ sur la terre, et cette venue l'a mis en évidence.
  2. Le rejet du Fils de Dieu venu en grâce, et sa crucifixion, ont comblé la mesure et ont entraîné définitivement le jugement de ce monde.

Quelques remarques pratiques

Un monde tolérant et séduisant

Dans les temps de persécution qui ont précédé notre époque, les conditions de vie rappelaient sans cesse aux chrétiens qu'ils étaient des «étrangers», des «crucifiés» dans ce monde. «Nous sommes devenus comme les balayures du monde et le rebut de tous», dit l'apôtre Paul (1 Corinthiens 4:13). A l'époque à laquelle nous vivons aujourd'hui, la situation est souvent bien différente. La tolérance est à l'ordre du jour. Au moins dans notre occident libéral, le monde n'est, en général, plus agressif à l'égard des chrétiens. Il est plutôt souriant et aimable. Il séduit par ses attraits.

En fait, c'est une autre forme d'agression! Le monde, avec ses principes et ses convoitises, cherche à s'infiltrer dans nos maisons, dans nos esprits et dans nos cœurs. Les médias, présents presque partout, y contribuent puissamment. En face de ces séductions, nous avons un grand besoin de l'exhortation de Jacques: «Ne savez-vous pas que l'amitié du monde est inimitié contre Dieu? Quiconque donc voudra être ami du monde se constitue ennemi de Dieu» (Jacques 4:4)

Un témoignage mal supporté par le monde

Aujourd'hui, l'hostilité du monde se manifeste plutôt sous forme de mépris et de moquerie, dans la mesure où nous sommes fidèles dans notre témoignage. Celui-ci comporte deux parties d'égale importance: notre conduite et nos paroles. Notre conduite différente de celle des gens du monde les étonne (cf. 1 Pierre 4:4). Nos paroles aussi étonnent facilement. Le chrétien fidèle ne peut pas être tolérant: comme le sont en général les gens du monde, à l'égard de toutes les idées, de toutes les conceptions religieuses et de tous les comportements immoraux que condamne l'Écriture. Celui qui annonce l'évangile, même dans le cadre restreint d'un contact personnel, ne peut pas confondre le bien et le mal, comme le fait le monde. Si on invite des pécheurs à la repentance, on ne peut évidemment pas rayer le mot péché de son vocabulaire. Le croyant, s'il est fidèle, doit donc s'attendre à être considéré comme un intolérant.

Contamination

Notre vie de chrétiens dans ce monde — même si nous en avons été moralement «retirés» — nous expose à un très haut risque de «contamination». Le mot peut paraître fort, mais l'idée qu'il exprime est bien biblique. Le livre des Proverbes nous avertit: «Qui marche avec les sages devient sage, mais le compagnon des sots s'en trouvera mal» (13:20). «Ne sois pas l'ami de l'homme colère, et n'entre pas chez l'homme violent; de peur que tu n'apprennes ses sentiers, et que tu n'emportes un piège dans ton âme» (22:24, 25).2 Et le Nouveau Testament confirme: «Ne soyez pas séduits: les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs» (1 Corinthiens 15:33).

2 Israël, avant son entrée dans le pays promis, était solennellement mis en garde contre le danger d'adopter les principes et les mœurs des peuples du pays de Canaan. Les mariages entre Israélites et Cananéens, en particulier, devaient avoir les conséquences les plus désastreuses (Deutéronome 7:3, 4; Juges 3:5-7).

À cause de notre travail, nous avons des contacts obligés et abondants avec le monde. À l'école déjà, les enfants sont placés dans l'atmosphère du monde et instruits selon ses principes. Ce sont des choses inévitables, mais qui constituent un grand danger pour nous. Le Seigneur le sait, et il peut nous garder, nous et nos enfants, de subir la mauvaise influence du monde. Que la parole de Dieu — lue, méditée, étudiée, gardée soigneusement dans nos cœurs — exerce sur nous son influence préventive et corrective, pour nous préserver d'être contaminés par les manières et les principes de ce monde! Le Seigneur Jésus allait s'asseoir à table avec «des publicains et des pécheurs», mais il y allait comme un «médecin» qui se rend auprès des malades (Matthieu 9:10-13).

L'extérieur et l'intérieur

À quoi servirait-il de nous fixer des règles pour notre comportement extérieur — par exemple une liste de lieux et d'activités à éviter — si les mêmes éléments mondains que nous paraissons fuir sont entretenus dans notre vie privée ou dans le secret de nos cœurs, peut-être sous des formes légèrement différentes? «La convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie» (1 Jean 2:16), «l'amour de l'argent» (1 Timothée 6:9, 10), le désir d'avoir «une belle apparence dans la chair» (Galates 6:12), la tendance à vouloir «être grand» ou à «être le premier» (Matthieu 20:27; 3 Jean 9), la volonté de «dominer» (1 Pierre 5:3) — toutes ces choses caractérisent le cœur de l'homme, et non seulement le monde. Ne les laissons pas prospérer en secret au-dedans de nous, alors que nous donnons l'impression de nous en garder dans notre vie pratique.

Distinctions nécessaires

Il importe de ne pas confondre les choses de la terre avec les choses du monde. S'il est bien vrai que nos sujets de joie les plus réels et les plus profonds sont «dans le Seigneur» (Philippiens 4:4), il est vrai aussi qu'il y a des joies terrestres que le chrétien peut goûter en communion avec Dieu. Par exemple, celle qu'une femme trouve dans son enfant nouveau-né (Jean 16:21). Ou bien «la joie que le fiancé a de sa fiancée»; joie qui est même l'image de celle que l'Éternel trouvera dans son peuple Israël restauré (Ésaïe 62:5).3

3 De même, il convient de ne pas confondre le corps et la chair. Nous devons prendre soin de notre corps et ne pas prendre soin de la chair (Éphésiens 5:28, 29; Romains 13:14).

Une difficulté résulte du fait que dans le langage humain, et même dans le langage biblique, les mots peuvent avoir des sens variables. On peut trouver le mot monde pour désigner la terre, ou inversement. Nous avons besoin de discernement spirituel pour bien voir le caractère moral des choses. Celles qui nous permettent de demeurer en communion avec Dieu, et pour lesquelles nous pouvons lui rendre grâces, sont bonnes. C'est d'elles qu'il est écrit que «Dieu… nous donne toutes choses richement pour en jouir» (1 Timothée 6:17). Reçues avec reconnaissance, de telles choses ne stimulent ni nos convoitises ni notre orgueil. Elles ne nous font pas respirer l'atmosphère du monde.

La frontière

La vraie frontière entre le monde et le chrétien se trace dans le cœur. Nos cœurs sont-ils attachés à Christ ou aux choses du monde? Sommes-nous disposés à porter notre croix et à suivre le Seigneur? Si les paroles de l'apôtre: «le monde m'est crucifié, et moi au monde» — étaient mieux gravées dans nos cœurs, si la croix de Christ était notre motif de gloire, bien des problèmes pratiques seraient d'emblée résolus.

Des témoins de Christ dans le monde

Nous nous sommes arrêtés surtout sur l'aspect négatif de notre relation avec le monde: la séparation. N'oublions pas qu'il y a un aspect positif.

Dans sa prière au Père, le Seigneur Jésus dit: «Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde» (Jean 17:18). Et il dit à ses disciples réunis le soir même du jour de sa résurrection: «Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie» (Jean 20:21). Pesons ces paroles. Être envoyés par le Seigneur dans le monde comme lui-même y a été envoyé par son Père! Quelle dignité dans cette mission! Le témoignage qu'il a rendu est le modèle de notre témoignage.

«La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ» (Jean 1:17). Nous avons à manifester dans ce monde les caractères de notre Sauveur. Il a été ici-bas la révélation de Dieu: «Celui qui m'a vu a vu le Père», pouvait-il dire (Jean 14:9). Ce monde peut-il discerner en nous quelque chose de Christ? Peut-il nous reconnaître «pour avoir été avec Jésus»? (Actes des Apôtres 4:13). Répandons-nous autour de nous «la bonne odeur de Christ»? (2 Corinthiens 2:15). Bien sûr, il y aura toujours une immense distance entre lui et nous. En lui, tout était parfait, tout était à la mesure divine; alors qu'il y a en nous beaucoup de faiblesse et d'infirmités. Mais malgré cela, cette glorieuse mission nous a été confiée.

S'il n'y a plus aucun espoir pour le monde, il y en a encore un pour les hommes de ce monde. Notre témoignage, s'il est fidèle, peut être utilisé par Dieu pour arracher des âmes à la perdition.

Dans l'accomplissement de notre mission, nous ne devons pas nous attendre à être mieux traités que notre Maître. Ceux qui ont reçu ses paroles ont été en petit nombre, et il n'en sera pas autrement pour ses disciples. Il était «la vraie lumière… celle qui, venant dans le monde, éclaire tout homme» (Jean 1:9). «La lumière est venue dans le monde, et… les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises; car quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises» (Jean 3:19, 20). Le même principe est vrai pour ceux qui sont appelés à être comme de petites lumières dans ce monde. «Faites toutes choses sans murmures et sans raisonnements, afin que vous soyez sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d'une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie» (Philippiens 2:14-16).

L'exemple du Seigneur Jésus, le témoin fidèle

Pour conclure, arrêtons-nous sur l'exemple que nous donne le Seigneur Jésus dans le chapitre 7 de Jean. «La fête des Juifs, celle des tabernacles, était proche» (verset 2). «Ses frères» — quelques-uns de ses proches qui n'avaient pas cru en lui — lui suggèrent de monter à Jérusalem pour y déployer la puissance miraculeuse qu'il avait montrée en Galilée: «Si tu fais ces choses, montre-toi au monde toi-même» (verset 4). Le Seigneur refuse. Il ne cherche pas la gloire et les honneurs de ce monde. «Vous, montez à cette fête; moi, je ne monte pas à cette fête» (verset 8). Et il demeure en Galilée.

«Mais lorsque ses frères furent montés, alors lui aussi monta à la fête, non pas publiquement, mais comme en secret» (verset 10). Il n'avait aucune communion avec cette fête, mais il avait un témoignage à rendre en ce lieu, aux hommes qui s'y trouvaient à ce moment.

«Comme on était déjà au milieu de la fête», Jésus se montre publiquement. Il monte au temple et il y enseigne (verset 14). Et même, «Jésus… criait dans le temple» (verset 28). Mais ses paroles irritent ses adversaires. «Ils cherchaient donc à le prendre; et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n'était pas encore venue» (verset 30).

«Et en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là et cria, disant: Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu'a dit l'Écriture, des fleuves d'eau vive couleront de son ventre» (versets 37, 38).

Si nous sommes de ces bienheureux qui sont venus à lui, qui ont cru en lui et qui ont été désaltérés par l'eau qu'il donne, suivons son exemple dans nos rapports avec le monde. C'est ainsi seulement que des fleuves d'eau vive pourront jaillir vers des âmes assoiffées.