Salut, pleine délivrance et vie en Jésus Christ (suite)

Romains 7 & 8

5. Jésus Christ notre Seigneur, notre grand Libérateur (Romains 7)

«Justifiés» par Jésus Christ… «identifiés avec lui» (chapitres 5 et 6), n'avons-nous pas tout ce qu'il faut pour vivre «en nouveauté de vie»? Le chapitre 7 décrit la perplexité du croyant qui découvre qu'il est encore enclin à pécher. Il se conclut par une question et sa réponse: «Qui me délivrera de ce corps de mort? Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur» (versets 24, 25).

Le croyant libéré de l'obligation de la loi: versets 1-6

Pour faire comprendre de quelle manière le croyant est libéré de l'obligation d'accomplir la loi de Moïse, l'apôtre se sert de la comparaison avec le lien du mariage, appelé ici «la loi du mari». Ce lien subsiste pour la femme tant que son mari est en vie. Quand il meurt, elle en est alors déliée et devient libre de se remarier.

En appliquant cela aux croyants, la première conséquence, c'est que, étant morts avec Christ, nous sommes libérés de l'obligation de la loi.

La seconde conséquence, c'est que nous sommes libérés «pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d'entre les morts». Notre nouvelle condition, c'est d'être unis à Christ ressuscité, «afin que nous portions du fruit pour Dieu». Le Seigneur l'avait enseigné (Jean 15:5).

Les motifs pour servir Dieu sont complètement changés. Sous la loi, nous étions tenus d'obéir aux commandements. Mais nous étions dans la chair, et au lieu de nous préserver du mal, les commandements ne faisaient qu'exciter «les passions des péchés». Maintenant que nous sommes déliés de cette obligation légale, est-ce pour ne plus servir, pour agir à notre guise, sans frein? Pas du tout, c'est pour servir Dieu (6:22; 1 Thessaloniciens 1:9; Colossiens 3:24), mais «en nouveauté d'esprit», dans un esprit de franche volonté qui trouve son plaisir à faire ce qui plaît à Dieu.

La loi et le péché: versets 7-13

La loi n'est pas la source ou la cause du péché. Bien loin de là; ce serait offenser Dieu qui l'a donnée que de le penser. Mais la loi met à nu ce qu'il y a dans le cœur humain. Un criminel n'est pas condamné à cause de la loi, mais à cause de son crime que la loi défend.

En disant «Tu ne convoiteras point», la loi souligne la profondeur du mal. Bien des gens n'ont ni tué, ni volé, mais qui pourrait dire qu'il n'a pas convoité?

Sans la loi, le péché est comme mort, il ne s'agite pas dans l'activité d'une volonté qui ne veut pas se soumettre. Mais lorsque le commandement qui interdit le mal vient, il sert d'occasion au péché pour produire la convoitise et y pousser l'homme, en même temps qu'il prononce la sentence de mort. Nous savons bien par expérience que rien n'attise autant le désir de faire quelque chose que la défense de le faire.

Comment donc est-il possible que l'homme placé sous «ce qui est bon», sous la loi, se trouve inexorablement condamné à mort? C'est à cause du péché qui entraîne dans la mort en se servant de ce qui est bon. Loin de pouvoir être refréné et corrigé par le bon commandement, le péché, principe de mal inhérent au cœur naturel de l'homme depuis la chute, montre sa malignité en se servant du commandement pour pousser au mal.

L'apôtre ne s'occupe pas ici des mauvaises actions, des péchés commis, mais du péché, principe de mal, que tous les hommes ont reçu par naissance. C'est douloureux de découvrir que mon cœur est si mauvais. Ce serait impossible d'accepter un tel constat si l'on n'avait affaire au Dieu de toute grâce. Après nous avoir fait connaître son grand salut, il veut nous montrer de quoi il a dû nous délivrer et nous amener à saisir effectivement cette délivrance.

Le péché et moi: versets 14-17

En disant «je», dans tout ce chapitre, Paul ne décrit pas son état personnel, ni l'état normal du chrétien. Il s'exprime ainsi parce que cela traduit bien les expériences pratiques d'un croyant tout occupé de lui-même. Après avoir cru, ce croyant veut faire ce qui plaît à Dieu et réalise qu'il est pétri de contradictions. Il doit dire: ce que je fais n'est pas ce que je veux; je ne puis le reconnaître comme conforme à ma volonté. D'un côté, je pratique le mal que je hais; de l'autre, je ne fais pas le bien que je veux. Je reconnais que la loi prescrit ce qui est bon, je suis d'accord avec la pensée de Dieu, en cela «j'approuve la loi», pourtant je ne l'accomplis pas.

Qui peut dire qu'une telle expérience ne le concerne pas? N'avons-nous pas essayé en vain de prendre de bonnes résolutions pour nous débarrasser de telle ou telle habitude que la Parole nous fait juger mauvaise? La conclusion se résume à ceci: «je suis vendu au péché». Est-ce possible, alors que tout ce que Dieu a fait a pour but de m'en libérer? Si telle est notre expérience passée, si nous l'avons traversée, repassons avec sérieux les expressions pénétrantes de l'apôtre. Si c'est notre état présent, laissons-nous conduire par lui jusqu'à la délivrance. Ce serait une grande perte de prendre son parti d'en rester là. Bien des serviteurs que Dieu a utilement employés par la suite ont été profondément labourés par ce travail de cœur. Plus le labour est profond, plus il y aura de vigueur et de sérieux dans la vie chrétienne.

Celui qui parle dans ce chapitre dit constamment je ou moi, tout en constatant l'opposition entre ce que je veux et ce que je fais. Cette personne, moi, peut parler dans deux conditions distinctes, mais elle s'identifie clairement avec l'une — je veux, je hais, j'approuve. Et elle ne reconnaît pas ce qu'elle fait dans l'autre — ce n'est pas ce que je veux, que je fais. Elle est parfaitement consciente de sa nouvelle identité: c'est le nouvel homme. Le vieil homme n'est plus moi; il a été crucifié avec Christ (Romains 6:6; Éphésiens 4:22-24; Colossiens 3:9, 10).

Seulement il y a en moi une source de mal, distincte de moi le nouvel homme, qui produit ces mauvaises actions: «c'est le péché qui habite en moi». Deux fois cette constatation est établie (versets 17 et 20). Je ne suis pas seulement soumis à des tentations extérieures produites par l'environnement ou par des suggestions de Satan1. Le péché est en moi, source du mal. Découvrir que «ce n'est plus moi qui fais cela, mais c'est le péché qui habite en moi», ne conduit donc pas à éluder ma responsabilité, bien au contraire.

1 On a remarqué que l'épître aux Romains ne fait pas mention de Satan dans tous ces chapitres qui traitent des péchés et du péché, notamment en 5:12, à l'occasion de l'entrée du péché dans le monde. Dans toute cette épître, l'accent est mis sur la responsabilité de l'homme, dont il ne peut nullement se dégager en la rejetant sur Satan.

La seule mention de Satan dans l'épître se trouve à la fin: «Le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds» (16, 20).

En ma chair, il n'habite point de bien: versets 18-23

Déjà au verset 5, nous avons trouvé ce mot: la chair (quand nous étions dans la chair). Au verset 14: «je suis charnel». Ici (verset 18), «je sais qu'en moi, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite point de bien». Nous avons déjà vu que celui qui parle s'identifie clairement avec le nouvel homme qui veut faire le bien, mais il doit reconnaître qu'il y a encore en lui la chair: et dans la chair, le péché. Je ne suis plus dans la chair, elle n'est plus ma vie comme autrefois, mais la chair est encore en moi.

La Parole ne nous donne pas de définition de la chair, mais de nombreux passages nous éclairent sur ce qu'elle est. «Ce qui est né de la chair est chair» (Jean 3:6): C'est la nature humaine que nous avons reçue par la naissance naturelle, en contraste avec celle que nous avons reçue par la nouvelle naissance: «ce qui est né de l'Esprit est esprit». Le Seigneur dit encore: «C'est l'Esprit qui vivifie, la chair ne profite de rien» (Jean 6:63). Elle a une volonté, des convoitises et des passions (Éphésiens 2:3; Galates 5:17; 2 Pierre 2:10, 18; 1 Jean 2:16), bien qu'il soit dit d'elle: «Ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises». J'accepte de reconnaître sans trop protester qu'en moi le mal se trouve, mais qu'il n'y ait point de bien, c'est plus difficile. Pourtant l'apôtre insiste. Quels que soient mes efforts et mes bonnes résolutions pour accomplir le bien que je veux, je n'y arrive pas; et le mal que je ne veux pas, je le fais. J'ai beau tourner et retourner la difficulté dans tous les sens, je ne peux sortir de cette situation inextricable.

C'est pénible, mais important, d'apprendre qu'en moi, il n'habite point de bien. Quand j'ai entendu que «notre vieil homme a été crucifié avec Christ» (6:6), je n'ai sûrement pas réalisé que c'était nécessaire parce qu'il était impossible pour Dieu de l'améliorer, d'en faire quelque chose de bon. Il faut que je prenne conscience de son caractère incurable pour accepter la nécessité de le tenir dans la mort où Dieu l'a placé.

Le vieil homme correspond à tout ce que j'étais autrefois, «dans la chair». Dieu l'a condamné à la croix quand il a «condamné le péché dans la chair» (8:3).

Depuis bien longtemps, Dieu a rendu son verdict: «Le cœur de l'homme est trompeur par-dessus tout et incurable; qui le connaît? Moi l'Éternel, je sonde le cœur, j'éprouve les reins» (Jérémie 17:9, 10). Peut-être ai-je pensé que cette appréciation était trop sévère? J'ai besoin de la recevoir comme vraie, avec une pleine conviction. Il est possible de l'apprendre par la parole de Dieu seule, mais le plus souvent, pour nous en convaincre, il nous faut en faire l'amère expérience.

J'ai donc appris deux choses importantes, c'est que, d'une part, le péché habite en moi, et d'autre part qu'en moi, en ma chair il n'habite point de bien. Une troisième s'y ajoute maintenant: bien que je sois conscient de cette situation, il n'y a aucune force en moi pour résister au péché. «Le mal que je ne veux pas, je le fais». Avez-vous été amené à le constater ou faites-vous encore des efforts et des résolutions pour essayer de prouver que vous êtes capable de faire le bien? On peut chercher à le faire par obéissance à des règles, ou même en se dévouant pour servir ou de toute autre manière qui plaît à l'homme naturel.

Ce qui manque, ce n'est pas le désir ni la volonté de faire ce qui plaît à Dieu, mais la force de l'accomplir. La loi n'en donne aucune.

Après m'être débattu en vain dans le dilemme décrit dans les versets 15 à 20, je dois arriver à cette constatation qu'il y a en moi une volonté de mal: «Je trouve cette loi… que le mal est avec moi».

Deux lois, deux principes opposés se trouvent en moi. D'un côté, le nouvel homme, appelé ici l'homme intérieur, prend plaisir à «la loi de Dieu». Telle est la disposition constante de mon entendement, de mon intelligence renouvelée. De l'autre, «la loi du péché» est toujours en moi, dans mes membres, dans ma chair. Elle y est de naissance, et aussi longtemps que je vis sur la terre, «ma chair», qui est capable de vouloir et d'agir si je la laisse faire, lui reste soumise (fin du verset 25).

Christ, mon grand libérateur: versets 24, 25

Jusqu'ici tout s'est passé dans un débat intérieur: je fais, je veux, je hais, je pratique, j'accomplis, etc. Impossible d'en sortir. Cette détresse me pousse à m'écrier «Misérable (ou malheureux) homme que je suis». Ce n'est pas une expression de mépris, mais de souffrance: je reconnais mon incapacité totale. Qu'ai-je donc gagné? — J'ai pris conscience de l'impuissance de mes efforts et cela me pousse à crier au secours: «qui me délivrera de ce corps de mort?» J'ai besoin d'un libérateur.

J'étais jusque-là comme un naufragé qui s'épuise en vains efforts alors que son sauveteur attend qu'il cesse de se débattre pour le saisir et l'amener sur la terre ferme. Mon sauveteur, c'est Christ. Sa grâce travaille en moi avec patience et ouvre mes yeux pour le reconnaître. Détournant enfin les regards de moi-même pour regarder vers Christ, je pousse alors ce cri de reconnaissance: «Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur». Celui qui est mort pour moi et a ôté mes péchés est aussi celui qui me délivre de la puissance du péché.

Nous avons besoin d'apprendre et de retenir que tout ce qui nous est donné par Dieu et que nous recevons par la foi, nous l'avons en Christ. Nous ne pouvons pas en jouir séparément de lui. La vie éternelle est «dans le Christ Jésus, notre Seigneur» (6:23).

Pourrions-nous saisir le pardon de Dieu et la vie éternelle comme un cadeau qu'on emporte avec soi pour s'en servir pour soi-même? Dieu ne nous donne pas ainsi. La vie qu'il nous donne ne peut être séparée de Christ; c'est la vie même de Christ à qui nous sommes désormais liés de façon indissoluble. C'est ce qui fait notre sécurité et notre heureuse dépendance.

Il est bon que j'apprenne cette dépendance en réalisant que je n'ai en moi-même aucune force pour «vivre la vie de Christ». Jésus a dit à ses disciples: «Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire» (Jean 15:5).

Et ensuite… verset 25

«Ainsi donc… de l'entendement, je sers la loi de Dieu, mais de la chair, la loi du péché». Cette dernière phrase du chapitre a embarrassé bien des chrétiens en pensant qu'après la joie de la délivrance, on ne devrait plus parler de servir la loi du péché. Or c'est précisément dans cette conclusion finale, paisiblement énoncée après avoir connu la délivrance, que se trouve le résumé de l'expérience acquise dans ce chapitre. Je ne dois pas me faire d'illusions, comme si j'étais devenu meilleur ou capable de le devenir par l'expérience. Il y a en moi deux natures dont le caractère est clairement rappelé: La nouvelle, l'entendement, l'intelligence renouvelée, sert la loi de Dieu: elle a la volonté de faire ce qui Lui est agréable. L'ancienne, la chair, sert la loi du péché et ne peut faire autrement. Maintenant que je le sais, j'en tiens compte. Je n'ai pas confiance en la chair (Philippiens 3:3) et je ne lui dois rien (Romains 8:12; 13:14). Christ est mon libérateur, ma vie, mon gain.

À suivre