Le livre de Néhémie (suite)

F.B. Hole

Chapitre 5

Nous avons relevé quelques beaux traits de caractère chez le peuple, dans le chapitre 4. Mais dès le début du chapitre 5, nous découvrons que, derrière la surface, le mal avait fait son œuvre. Sous la direction de Néhémie, une attitude courageuse avait été adoptée face à l'opposition du dehors. Mais en même temps, une oppression égoïste avait sévi au-dedans. Les Juifs les plus riches avaient tiré profit de la misère dans laquelle beaucoup des plus pauvres étaient tombés. Ceux-ci, manquant du strict nécessaire, avaient emprunté de l'argent ou hypothéqué leurs biens, afin de se procurer de quoi manger pour eux-mêmes et pour leurs familles. En résumé, le peuple montrait extérieurement un zèle louable en étant occupé au service de Dieu, mais intérieurement, ils étaient coupables de beaucoup d'égoïsme et de corruption.

L'apôtre Paul rappelle à Timothée que «les saintes lettres» qu'il avait connues «dès l'enfance» (l'Ancien Testament, donc) pouvaient le rendre «sage à salut» (2 Timothée 3:15). Le salut, ce n'est pas seulement être sauvé du jugement à venir, c'est aussi être délivré des dangers qui guettent le croyant à chaque pas. Nous avons ici un exemple bien clair de cette Parole écrite qui peut nous rendre sage à salut. À toutes les époques, des réveils, fruits de l'œuvre de Dieu au milieu de ses saints, ont été gâtés de cette manière. Tandis qu'extérieurement le travail pour Dieu s'est poursuivi diligemment et avec succès, même lorsqu'il s'est agi de construire — spirituellement parlant — un mur de séparation d'avec le monde, un esprit d'égoïsme s'est développé à l'intérieur. Il en est résulté dommages et pertes pour beaucoup des croyants de plus humble condition. N'est-ce pas la raison pour laquelle tant de réveils, produits par la grâce divine au cours des derniers siècles, ont perdu leur puissance et se sont éteints petit à petit?

C'est pourquoi, à la lumière de ce qui nous est rapporté ici, recevons tous cet avertissement, et examinons nos voies devant notre Seigneur. Dans le cas qui est placé devant nous, l'énergie et la fidélité de Néhémie ont permis de rétablir la situation pendant un certain temps. Nous le voyons «très irrité», mais d'une irritation bien à sa place, comme l'indique Éphésiens 4:25 et 26; puis il leur enjoint d'agir dans la crainte de Dieu. Devant ces paroles solennelles de Néhémie, ils ne trouvent rien à dire. Ils se courbent sous l'accusation, et jurent de restituer ce qu'ils avaient pris — ce qu'ils font effectivement (verset 13).

Ce qui donnait beaucoup de poids à la remontrance indignée de Néhémie, c'est que lui-même avait été un exemple en cette matière, comme nous le voyons dans les versets suivants. Avant lui, des gouverneurs avaient exigé du peuple nourriture et aide matérielle. Lui, au contraire, n'avait rien pris d'eux, mais il avait entretenu cent cinquante Juifs et chefs, outre certains visiteurs à l'occasion. Comment il s'y était pris exactement, cela ne nous est pas dit. Sans doute recevait-il du roi de Perse ce qui lui était nécessaire. Lorsqu'un reproche doit être fait, il porte d'autant plus que celui qui le prononce est exempt de la faute qu'il a à reprocher. D'où l'exhortation de Galates 6: «Frères, quand même un homme s'est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté» (verset 1). C'est un appel pressant à prendre garde à nous-mêmes et à nos propres voies, lorsque nous nous occupons des autres. L'intégrité de Néhémie lui donnait aussi confiance pour demander à Dieu de se souvenir de lui en bien, comme le montre le dernier verset du chapitre.

Chapitre 6

Le chapitre 6 nous apprend que, la construction de la muraille étant presque achevée, l'opposition du dehors s'intensifia et prit des formes plus subtiles. Nous y voyons une invitation au compromis, avec le désir de faire du mal — un mal qui, ici, visait Néhémie personnellement. La demande d'une rencontre dans quelque village de la vallée d'Ono paraissait assez raisonnable. À travers le monde entier, nations et tribus se querellent constamment, et on ne cesse d'organiser des conférences afin que, grâce à quelques compromis de part et d'autre, des conflits déclarés puissent être évités. Les hommes d'état d'aujourd'hui approuveraient tout à fait la suggestion de Sanballat et de ses alliés.

Mais quand il s'agit de la vérité de Dieu, ou de l'œuvre de Dieu, le compromis ne peut être admis. De nos jours, le serviteur de Dieu n'a peut-être pas à craindre la violence physique, mais il sait que ce qui est de Dieu ne peut être l'objet d'arrangements humains, aussi raisonnables que les compromis puissent paraître.

Avec Néhémie, les adversaires ont fait preuve de persévérance. Ils ont envoyé leurs messagers à quatre reprises; et même une cinquième fois, changeant de tactique, ils ont eu recours au mensonge. Ils ont accusé Néhémie de vouloir secouer le joug du roi de Perse et se faire roi lui-même. Des méthodes semblables ont été utilisées par l'ennemi aux premiers jours de l'évangile. Paul, par exemple, a été accusé d'exciter des séditions «parmi tous les Juifs dans toute la terre habitée» (Actes des Apôtres 24:5). Ces accusations mensongères contre Néhémie avaient pour but d'effrayer le peuple, bien qu'on sache qu'elles étaient fausses. Au verset 9, nous voyons qu'elles n'ont fait que rejeter Néhémie de nouveau sur Dieu. Si l'opposition nous rejette sur Dieu, nous y gagnons en fin de compte.

Les versets 10 à 13 nous montrent comment les adversaires ont essayé un troisième stratagème, peut-être plus rusé et plus subtil que les précédents. Ils ont soudoyé un Juif, un homme du peuple même de Néhémie, pour l'avertir qu'il courait le danger d'être assassiné. Cet homme le pressait fortement de se mettre à l'abri en faisant quelque chose de contraire à la loi. Du fait qu'il n'était pas sacrificateur, il lui était interdit d'entrer dans le temple pour s'y cacher. Les propositions de compromis et les fausses accusations n'ayant pas réussi à l'ébranler, les adversaires espéraient y parvenir en le faisant tomber dans le piège d'un péché contre la loi de son Dieu. Mais Néhémie s'est vite aperçu de leur méchanceté, et, invoquant une nouvelle fois son Dieu, il a évité ce piège aussi.

Lorsque nous sommes engagés dans le combat pour le Seigneur, Satan place aussi devant nous des pièges particuliers. Pour en être gardés, demeurons en contact avec le Seigneur, suivant l'exemple de Néhémie.

Le verset 14 rapporte un fait bien affligeant: certains d'entre le peuple qui étaient prophètes — parmi lesquels se trouvait même une prophétesse — s'étaient ligués avec les adversaires et agissaient de concert avec eux. Ceux qui sont ennemis de l'œuvre de Dieu d'une manière plus secrète — et il s'en trouve même parmi ceux qui professent appartenir au peuple de Dieu — sont bien plus dangereux pour cette œuvre que des ennemis déclarés. Dieu, cependant, soutenait ceux qui travaillaient à la muraille, et celle-ci put être achevée (versets 15, 16), malgré toute l'hostilité et la ruse déployées pour faire échouer le travail. Les ennemis furent très humiliés en voyant que Dieu y avait mis sa main.

Les derniers versets du chapitre mettent de nouveau l'accent sur ce qui semble avoir été la principale difficulté: la trahison des chefs, au-dedans — ce qui était pire que l'opposition du dehors. Et qu'est-ce qui avait conduit à cette situation? Des alliances par mariage avaient été conclues avec l'ennemi par quelques-uns. Le désir d'aplanir les difficultés était très naturel de la part de ceux qui s'étaient laissé entraîner à ce péché. Depuis le jour où Dieu avait appelé Abraham à sortir de son pays et de sa parenté (Genèse 12:1), ces mariages interdits avaient été de grands pièges, et nous devons malheureusement confesser qu'il n'en a pas été autrement dans l'histoire de l'Église.

En lisant la première épître de Paul aux Corinthiens, nous pourrions nous étonner du nombre et de la diversité des désordres qu'il avait à dénoncer et à reprendre dans cette assemblée. Quelle en était la cause profonde? La réponse, croyons-nous, se trouve dans la seconde épître, au chapitre 6, versets 11 à 18. Arrivé à ce point, le cœur de l'apôtre s'était élargi, et sa bouche s'était ouverte pour mettre ouvertement le doigt sur le point faible: les Corinthiens avaient accepté de se mettre «sous un joug mal assorti avec les incrédules». Le croyant, né de Dieu, a une nature que l'incrédule ne possède pas. Mais il a aussi en lui la chair, la vieille nature, que l'incrédule possède. C'est pourquoi, s'il accepte ce «joug mal assorti», il est presque sûr d'être entraîné dans la direction du monde, et d'adopter beaucoup de ses façons de faire. Veillons donc sur nos voies, aujourd'hui, à la lumière de ce passage si clair du Nouveau Testament, de peur d'être trouvés coupables d'un péché semblable à celui qui eut de si fâcheuses conséquences au temps de Néhémie.

Chapitre 7

Nous éprouvons un sentiment de soulagement en commençant la lecture du chapitre 7. Nous y découvrons qu'il y avait des hommes qui, loin de faire obstacle au travail de Dieu à ce moment-là, y contribuaient réellement. La muraille était achevée, en dépit des difficultés; les portes étaient posées et des gardes avaient été désignées afin que ces portes soient ouvertes ou fermées au moment convenable. C'est à ce sujet qu'il est de nouveau question de Hanani, que Néhémie appelle «mon frère». C'était lui qui avait annoncé les premières nouvelles concernant le triste état de la ville et des Juifs, comme nous l'avons vu au début du livre. Il est associé ici à Hanania, un chef de la ville, qui est qualifié d'«homme fidèle» et qui «craignait Dieu plus que beaucoup d'autres». Il est écrit que «la crainte de l'Éternel est le commencement de la connaissance», comme aussi celui «de la sagesse» (Proverbes 1:7; 9:10). Puisque cet homme était plus avancé que beaucoup d'autres dans cette sainte crainte, nous pouvons être sûrs qu'il avait atteint un degré élevé de sagesse et de connaissance. Le fait d'avoir eu de tels hommes pour l'épauler dans son service doit avoir été pour Néhémie un grand encouragement, accordé par Dieu lui-même. Il avait besoin d'un tel encouragement car la ville était grande, le peuple peu nombreux, et bien que la muraille soit achevée, les maisons n'étaient pas encore bâties.

Les fils d'Israël étaient le peuple terrestre de Dieu; par conséquent, leurs généalogies étaient très importantes et devaient être soigneusement conservées. Dieu lui ayant mis cette chose à cœur, Néhémie découvrit qu'un registre avait été établi avec soin, des années auparavant, lors de la première migration, comme cela est rapporté au début du livre d'Esdras. À cause de son importance, cette liste est de nouveau reproduite ici. Les versets 1 à 67 du chapitre 2 d'Esdras sont répétés presque mot pour mot dans les versets 6 à 69 de notre chapitre. Les quatre versets qui terminent ce chapitre 7, et qui mentionnent les dons des chefs des pères et ceux du peuple d'une manière plus générale, diffèrent toutefois des derniers versets d'Esdras 2. Les dons beaucoup plus importants indiqués ici s'expliquent probablement par des dons ultérieurs qui s'étaient accumulés jusqu'aux jours de Néhémie.

Le titre de «Thirshatha», au verset 70, s'applique aussi bien à Néhémie qu'à Zorobabel. C'est le titre du gouverneur, sous les Perses.

Le chapitre se termine en nous disant que les sacrificateurs et le peuple habitaient dans leurs villes.

À suivre