L'amour de Jésus envers les siens

W. Kleine

Lorsque le Seigneur Jésus était sur la terre, ses disciples étaient les objets tout particuliers de son amour. Même si, bien souvent, ils n'éprouvaient l'amour de leur Maître et n'en jouissaient que dans une faible mesure, pourtant cet amour pour eux était sans défaillance: «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin» (Jean 13:1).

Il en est de même pour nous aujourd'hui; cette déclaration de l'évangile nous concerne aussi. Même si notre Seigneur ne vit plus sur la terre et si nous ne pouvons le voir de nos yeux, son amour n'en est pas moins réel; il a la même profondeur que celui dont les disciples étaient les objets.

Quelle grâce immense que nous soyons liés, par Jésus Christ, à un Dieu qui est «amour»! Le comprendre et en jouir — dans la mesure où cela est possible à des créatures —, voilà notre grand privilège, depuis que le Seigneur Jésus nous a révélé Dieu. Personne sur la terre ne saurait quoi que ce soit du véritable amour, si notre Seigneur n'avait pas pleinement révélé ce caractère de Dieu. Lui seul a pu le faire, parce qu'il est le «Fils de son amour», «le resplendissement de sa gloire et l'empreinte de sa substance» (Hébreux 1:3). Jamais, avant l'humanité de Jésus, ce caractère de Dieu n'a pu être vu dans sa forme parfaite et pure, ni être ressenti par les hommes.

Et maintenant, cette vertu, la plus élevée de toutes les vertus chrétiennes, doit être reflétée par ceux que le Seigneur nomme «les siens», tandis qu'ils vivent encore sur la terre. Comme tout ce qui appartient au christianisme, elle a eu son commencement avec lui et c'est à nous, maintenant, qu'il incombe de la manifester dans le monde. Selon les paroles mêmes du Seigneur, elle est le signe distinctif de ses disciples: «Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l'un l'autre… À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour entre vous» (Jean 13:34, 35).

Combien puissant serait le témoignage des chrétiens dans le monde, si seulement ils mettaient ce «commandement nouveau» davantage en pratique! Et aussi quelle riche bénédiction se manifesterait parmi les croyants dans leur vie d'assemblée et dans leurs relations mutuelles!

Le Seigneur ne nous donne certes aucun «commandement» irréalisable. En recevant la vie éternelle, dont il est lui-même la substance, nous avons aussi reçu la capacité de mettre en pratique cet amour entre nous. Puisque nous avons dans notre Seigneur le parfait modèle et que nous avons à manifester «l'amour dont il nous a aimés», il est bon de garder devant les yeux quelques traits de cet amour de Jésus:

L'amour de Jésus est inconditionnel

Nous trouvons ce trait dans le verset déjà mentionné: «Or, avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin» (Jean 13:1).

Les siens qui étaient «dans le monde» étaient les disciples tels qu'ils vivaient sur cette terre. C'étaient des êtres humains avec tous leurs manquements et leurs faiblesses, avec leur mauvais et leur bon caractère, avec leur plus ou moins grande foi et leur fidélité relative dans leur marche à la suite de Jésus. A maintes occasions, ils ont manifesté de l'incrédulité — comme aussi, bien souvent, une grande incompréhension de la manière d'agir de Jésus; et à la fin de sa course, «tous les disciples le laissèrent et s'enfuirent». Et pourtant, ils ont été aimés — tels qu'ils étaient — de leur Seigneur. Aucun d'eux n'avait à s'efforcer de s'améliorer pour devenir plus digne d'être aimé. Aucun n'avait à mériter l'amour de Jésus. Non, Jésus aimait chacun d'eux tel qu'il était dans le monde, sans aucune condition.

L'amour de Jésus est illimité

C'est là aussi un trait de l'amour de Jésus envers les siens. «Personne n'a un plus grand amour que celui-ci, qu'il laisse sa vie pour ses amis» (Jean 15:13). Absolument rien ne limitait cet amour, même pas la mort. Bien plus, Jésus mettait sa vie pour les siens. Pour ceux qu'il appelle ses «amis», il donne la preuve la plus éclatante du véritable amour: le don de sa propre vie pour d'autres. On ne peut aller plus loin. Nous trouvons la même pensée dans l'expression: Jésus «les aima jusqu'à la fin».

L'amour de Jésus est selon «la vérité»

Cet amour inconditionnel et illimité de Jésus est toujours en harmonie avec la vérité. Il ne peut jamais se manifester aux dépens de la justice. L'amour «ne se réjouit pas de l'injustice, mais se réjouit avec la vérité» (1 Corinthiens 13:6). Personne n'a jamais manifesté pleinement ce caractère du véritable amour comme l'a fait notre Seigneur. Jamais Jésus n'a ignoré ou minimisé le mal chez les siens. Bien au contraire, il en était profondément attristé. Sans cesser pour autant, son amour se manifestait alors sous une autre forme. Il lui faisait trouver des voies particulières pour atteindre le cœur d'un disciple tombé et pour le restaurer. Nous le voyons dans l'exemple de Pierre (Luc 22:31, 32). Car jamais le Seigneur ne peut accepter sans autre le fait que les siens pèchent. Et cela parce qu'il les aime trop. Il sait combien ils sont malheureux et où leur chemin les conduirait sans son intervention. L'amour divin se montre alors dans le support et ne se repose pas avant que l'œuvre de la restauration soit pleinement accomplie.

Le même amour que celui dont le Père aime le Fils

Nous lisons en Jean 15:9: «Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés». Merveilleuse parole de Jésus! Son amour pour les siens est le même que l'amour de Dieu le Père pour lui, son Fils bien-aimé, devenu homme sur la terre. Nous saisissons quelque chose de la grandeur de cette parole de Jésus en considérant les passages des évangiles qui nous parlent de l'amour du Père pour son Fils (par ex. Jean 5:20; 17:24;…).

Le «commandement» de Jésus aux siens

En Jean 15 (verset 12), le Seigneur confirme à ses disciples le commandement qu'il leur a donné à la fin du chapitre 13 (verset 34): «C'est ici mon commandement: Que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés». Le Seigneur a donné ce commandement peu avant sa mort sur la croix, peu avant de «passer de ce monde au Père». Quelques heures plus tard, il sera trahi par l'un des siens et livré aux nations par son peuple. Quelle portée ont ses paroles, prononcées à un tel moment! Quel poids devrait avoir ce «commandement» pour chacun de ses disciples — quel devoir! Il nous l'a laissé tel un testament; il l'a donné à ceux qu'il a aimés «jusqu'à la fin».