Salut, pleine délivrance et vie en Jésus Christ (suite)

Romains 5 à 8

4. La vie nouvelle en pratique (Romains 6:12-23)

Dieu nous a identifiés avec Christ dans sa mort et dans sa résurrection. Ensuite il en tire les conséquences pratiques pour nous. À l'exhortation: «Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus», d'autres vont s'ajouter. Nous avons été «sanctifiés (mis à part) pour l'obéissance… de Jésus Christ» (1 Pierre 1:2); participer à la vie de Christ, c'est obéir comme lui a obéi, et c'est ainsi que nous pouvons connaître la vraie libération.

La fin du règne du péché: versets 12, 14

Le péché a perdu tout droit de dominer sur nous, mais il n'est pas détruit. Je ne suis plus comme autrefois incapable de lui résister, mais il ne faut pas le laisser prendre sur moi une autorité usurpée. «Que le péché donc ne règne point dans votre corps mortel!» Il n'en a pas le droit, mais cherchera toujours à le faire.

Mes sentiments, mes pensées, mes facultés, ma volonté étaient auparavant gouvernés par les convoitises. Il fallait donc les soustraire à l'autorité du péché, pour les mettre au service de leur nouveau maître. C'est ce que Dieu a fait en m'identifiant à Christ dans sa mort.

Cela ne me donne pas de puissance pour faire le bien; il faut pour cela l'action du Saint Esprit, comme le montre le chapitre 8. Mais le joug du péché est brisé. Ses droits sur moi sont annulés.

D'entre les morts étant faits vivants: verset 13

Le croyant, vivant sur la terre, a un corps physique assujetti aux conséquences du péché; c'est le corps mortel. Il possède aussi une nouvelle nature qui ne peut pas pécher (1 Jean 3:9). Il est «vivant à Dieu», en relation avec Dieu, et il peut «livrer ses membres à Dieu comme instruments de justice». Les «membres» ne sont pas seulement les bras, les jambes,… mais aussi les sens, les facultés du corps, de l'âme et de l'esprit. Ils peuvent servir soit pour le bien, soit pour le mal. Libéré du péché, le croyant laissera-t-il maintenant ses facultés au service du mal? Bien sûr que non.

Le chemin de la vraie liberté est ainsi tracé: «Livrez-vous vous-mêmes à Dieu». Il faut que la nouvelle relation avec Dieu soit pleinement reconnue. Cet homme libre va donc désormais employer ses membres, toutes les facultés que Dieu lui a données, pour obéir (versets 16, 17), pour la justice (verset 18) et pour la sainteté (verset 19).

Sous la grâce: verset 14

L'ancien maître, le péché, ne domine plus sur ceux qui vivent maintenant d'une vie nouvelle, après que la sentence de mort a passé sur eux. Dans cette nouvelle vie, ils ne sont plus sous la loi, mais sous la grâce. La loi ne pouvait que défendre les péchés et condamner toute désobéissance. La grâce introduit et maintient une relation vivante avec Christ. Lui est l'objet des affections et la source de toute force pour obéir.

Christ était sur la terre l'homme parfaitement libre et parfaitement obéissant. La grâce libère et donne aussi cette franche volonté pour faire de cœur ce qui plaît à Dieu. Quelle merveille que «la vraie grâce de Dieu» (1 Pierre 5:12)!

Libre ou esclave? versets 15, 16

Déjà au début du chapitre, Paul s'était opposé avec vigueur à la pensée qu'on puisse pécher sous le prétexte de la grâce. À nouveau il formule la question: «Pécherions-nous, parce que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce?»

Cette nouvelle interrogation nous fait bien comprendre combien le cœur humain est rusé et prompt à tirer occasion de la grâce de Dieu pour s'abandonner à ses convoitises. Il est bon que nous ayons toujours présent à l'esprit ce jugement que Dieu a prononcé depuis longtemps: «Le cœur est trompeur par-dessus tout et incurable; qui le connaît? Moi, l'Éternel, je sonde le cœur» (Jérémie 17:9, 10).

Bien qu'il possède une nouvelle nature, le croyant n'est pas une créature indépendante. Il lui faut un objet pour son cœur, des mobiles, un modèle, un maître qui le dirige. Nous avons maintenant été rendus libres, mais prétendre user de cette liberté pour échapper à toute autorité serait un piège. En suivant ma propre volonté, je retomberais sous le pouvoir du péché. J'étais autrefois esclave du péché pour la mort. Il faut que je me livre maintenant pour être esclave de l'obéissance pour la justice. Le parallèle entre ces deux expressions a de quoi surprendre. Ce qui est mis en opposition avec le péché ici, ce n'est pas la justice (ce qui est juste devant Dieu) mais l'obéissance. C'est ainsi que Christ vécut: il fut non seulement le juste, mais l'homme obéissant. Il vint pour faire la volonté de Dieu: cette volonté était le motif de tout ce qu'il faisait.

Obéir de cœur: verset 17

L'obéissance est de cœur. Elle ne résulte pas d'une contrainte extérieure, elle trouve sa source dans les affections pour Christ. Il est lui-même la substance de la doctrine, de l'enseignement qui nous est communiqué dans «l'évangile de Dieu touchant son Fils» (1:1-3).

Croire, c'est s'attacher à celui «qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi» (Galates 2:20). C'est ensuite apprendre le Christ (Éphésiens 4:20, 21), se laisser enseigner par la grâce de Dieu (Tite 2:12) et se nourrir dans les paroles de la foi et de la bonne doctrine (1 Timothée 4:6).

Plusieurs fois dans cette épître l'apôtre dit aux croyants de Rome: «Ignorez-vous? — Ne savez-vous pas?» comme ici aux versets 3 et 16. Ce n'est pas la connaissance qui peut nous tenir debout. C'est l'attachement du cœur à Christ qui nous gardera de chute. Mais nous avons besoin d'être enseignés par la parole de Dieu et par le Saint Esprit, pour comprendre la volonté du Seigneur et discerner le chemin où nous avons à marcher.

Affranchi pour servir: verset 18

Dans ce monde, on ne conçoit guère d'autorité absolue qui ne soit pas opprimante. «Je parle à la façon des hommes», dit Paul, car notre langage ne sait guère exprimer l'heureuse condition d'être placé sous une autorité absolument bienveillante. Or Paul et les autres apôtres aiment à se dire esclaves de Dieu.

Le Seigneur ne dit pas: vous êtes mes esclaves. Au contraire: «Je ne vous appelle plus esclaves, car l'esclave ne sait pas ce que son maître fait; mais je vous ai appelés amis» (Jean 15:15). Seulement, celui qui sait qu'il a été racheté à grand prix de la main d'un maître cruel, s'attache avec bonheur à son libérateur et estime comme un honneur de le servir comme un esclave.

Pour la sainteté: verset 19

L'asservissement au péché liait tous nos membres, toutes nos facultés, à l'impureté et à l'iniquité pour vivre sans frein. Maintenant nous sommes exhortés à livrer ces mêmes membres devenus libres, pour pratiquer ce qui est juste. Et cela en vue de la sainteté, d'une vraie séparation du mal, une séparation de cœur pour Dieu.

Faut-il s'isoler du monde en espérant ainsi échapper à ses sources de corruption? Faut-il se fixer des règles de conduite? Non! Ce n'est pas ce que l'apôtre propose, bien au contraire. Il présente, dans ce chapitre 6, les secrets de la sainteté et de la consécration; ils reposent sur la grâce. Ils attachent le croyant à Christ par l'appréciation de l'œuvre accomplie à la croix.

Le croyant est ainsi «sous la grâce», au bénéfice de son action et de ses effets. Quel privilège par rapport au Juif qui était «sous la loi»! Nous sommes placés dans «la vraie grâce de Dieu» (1 Pierre 5:12). N'abandonnons jamais cette position bénie pour retourner aux règles et obligations d'une loi.

Avant sa conversion, le croyant était incapable de rechercher ce qui était juste devant Dieu et il n'en avait même pas conscience. Maintenant, tout a changé. Dans sa nouvelle vie, il peut et désire faire ce qui est juste. Il ne s'agit pas d'un progrès de sa volonté mais d'une véritable rupture. Alors que l'homme naturel aime le mal, même s'il ne le fait pas toujours, le croyant le déteste et cherche ce qui est juste devant Dieu.

Le fruit et le but de la vie nouvelle: versets 20-22

Les versets 20 et 21 rappellent ce qu'est la condition de l'homme naturel, celle du croyant avant sa conversion. Esclave du péché, il ne pouvait servir un autre maître. En pensant faire sa propre volonté, il était «libre à l'égard de la justice», sans relation avec elle. Mais il a maintenant honte de ce qu'il faisait alors. Il comprend que toute sa conduite le menait à la mort et au jugement.

Autrefois, Dieu exigeait la sainteté de son peuple, Israël (Lévitique 11:45). Il la veut aussi pour le chrétien mis au bénéfice de sa grâce (1Thessaloniciens 4:3). Seulement, il commence par le sanctifier. «C'est par cette volonté (celle de Dieu), que nous avons été sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus Christ, faite une fois pour toutes» (Hébreux 10:10). «Vous avez été sanctifiés» (1 Corinthiens 6:11). Ensuite il lui enjoint de marcher dans la sainteté et il lui donne le moyen d'y revenir lorsqu'il s'est souillé.

La sainteté du croyant inclut la séparation de la souillure, celle qui vient du cœur comme celle qui vient du monde. Mais son mobile, c'est l'attachement à Christ. La contemplation de Christ glorifié produit la sanctification pratique du croyant. Elle le modèle progressivement à l'image de Celui qui occupe son cœur: «Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire» (2 Corinthiens 3:18).

Le but, la vie éternelle: verset 22

Cette vie dans la séparation du mal a un but, une fin, c'est la vie éternelle. Le croyant y entre dès maintenant, mais la pleine réalisation est encore à venir. Alors que dans notre manière de vivre précédente, nous n'avions d'autre perspective que la mort et le jugement, maintenant l'horizon du croyant est entièrement éclairé par l'heureuse perspective de la vie. Même s'il doit passer par la mort du corps, il sait que celui qui croit Dieu «a la vie éternelle et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24).

Le don de grâce de Dieu: verset 23

Dans le verset 23, la grâce de Dieu en Christ brille avec éclat. Ce verset résume l'enseignement de l'apôtre de façon si claire qu'on le cite volontiers pour annoncer le message de l'évangile.

«Les gages (ou le salaire) du péché, c'est la mort»; la sentence prononcée en Eden conserve toute sa force.

«Le don de grâce de Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur»; c'est le message de «l'évangile de Dieu touchant son Fils».

Ces deux affirmations ne sont parallèles qu'en apparence. Dans la première, l'homme est seul: il produit le péché et reçoit la mort. Dans la seconde, Dieu est la source et l'homme reçoit la vie, qui ne peut être séparée de celui qui la donne: la vie éternelle dans le Christ Jésus. De plus, Christ est aussi appelé notre Seigneur: car cette vie se déroule sous son autorité et dans la conscience de sa grandeur.

N'avons-nous pas ici la réponse à tant de questions posées au sujet du péché et de la grâce? Comment la vie divine pourrait-elle se manifester sans être séparée du mal? Ce serait associer le péché à Christ. Au contraire, c'est notre association vivante avec lui qui nous rend capables de vivre dans ce qui est bon. Nous avons en lui la vie, le modèle, le but et notre tout, en attendant qu'à sa venue, nos corps mêmes soient transformés à sa ressemblance.

À suivre