Le livre de Néhémie (suite)

F.B. Hole

Chapitre 3

Le chapitre 3 est consacré à des détails concernant la construction de la muraille. Plusieurs d'entre eux sont pleins d'intérêt pour nous aujourd'hui. Dieu a jugé bon de consacrer tout un chapitre à mentionner les noms des chefs de familles ou de districts qui se sont employés à ce travail. On pourrait s'étonner de ce que tant d'espace soit rempli de noms d'hommes qui autrement seraient aujourd'hui oubliés. Cela nous montre cependant que Dieu enregistre le plus humble service accompli pour lui. Et ce service a d'autant plus de valeur s'il est accompli devant des moqueurs ou des opposants.

Tout le chapitre nous apparaît comme une préfiguration du tribunal de Christ. Les Thekohites étaient très diligents: «Ils réparèrent une seconde portion» en plus de la première; et pourtant il est dit que «les principaux d'entre eux ne plièrent pas leur cou au service de leur Seigneur» (versets 5 et 27). Bien souvent, l'élévation dans ce monde s'avère être une entrave, lorsqu'il s'agit de l'œuvre du Seigneur. Ces «principaux d'entre eux» aimaient sans doute parler et diriger, mais n'étaient pas disposés à se salir les mains et à se baisser pour faire le travail!

D'un autre côté, nous voyons Shallum, «chef de la moitié du district de Jérusalem», mettre la main au travail avec ses filles (verset 12). C'était quelque chose de vraiment remarquable, car le travail en bâtiment n'est pas du domaine habituel de la femme. Ces filles étaient pourtant assez zélées pour y participer, comme des aides efficaces au travail de leur père. Elles nous rappellent les deux femmes qui avaient combattu avec Paul dans l'évangile (Philippiens 4:2, 3). Ce qui compte, pour Dieu, ce n'est pas l'importance apparente de notre travail, mais la piété et le zèle qui nous conduisent à le faire. C'est pourquoi le travail des filles de Shallum, quel qu'il ait été, est mentionné dans ce récit. Une piété et un travail semblables, au service des intérêts du Seigneur aujourd'hui, auront leur place et leur récompense devant le tribunal de Christ.

Cette pensée est confirmée par le cas de Baruc, fils de Zabbaï, dont il est écrit qu'il «répara avec zèle une autre portion» (verset 20). Il était évidemment caractérisé par un zèle peu ordinaire, qui est mentionné et consigné dans l'Écriture. Il est aussi parlé de certains ouvriers — et même d'entre les sacrificateurs — qui réparèrent «chacun vis-à-vis de sa maison» (verset 23). Ils se souciaient avant tout de la partie qui présentait le plus d'intérêt et d'utilité pour eux. Agir ainsi n'était peut-être pas aussi louable que de travailler à un endroit sans intérêt particulier pour celui qui réparait, ou même à un endroit repoussant comme, par exemple, la «porte du fumier» dont la réparation fut entreprise par un homme qui était «chef du district de Beth-Hakkérem» (verset 14).

La lecture de ce chapitre doit donc nous rappeler que nous sommes aujourd'hui invités à servir les intérêts du Seigneur, soit en bâtissant, soit en entretenant le mur de séparation qui entoure la «maison» actuelle de Dieu — l'Église de Dieu — en la protégeant des souillures de ce «présent siècle mauvais». Cette lecture doit aussi nous rappeler la vérité énoncée par Anne, pieuse femme dont la prière nous a été conservée en 1 Samuel 2: «L'Éternel est un Dieu de connaissance, et par lui les actions sont pesées» (verset 3). Quand nos actions, par lesquelles nous cherchons à servir le Seigneur, seront pesées, de quel poids seront-elles trouvées?

Chapitre 4

Lorsque le travail de construction commença effectivement, l'opposition des adversaires s'accrut grandement, comme le relate le chapitre 4. Elle s'exprima d'une triple manière. Il y eut d'abord de la moquerie. Les Juifs, en vérité, étaient faibles, et «faire revivre les pierres des monceaux de poussière» avait vraiment l'air d'une folle entreprise. Les adversaires ne manquèrent pas de la tourner en ridicule. En outre, nous voyons ces derniers commettre une erreur d'interprétation quant aux buts poursuivis par les Juifs dans leur travail (cf. 2:19). Finalement les opposants passent à l'action: ils se préparent à intervenir par la force et à faire la guerre aux bâtisseurs.

À notre époque, celle de l'évangile, nous pouvons discerner une opposition semblable de la part de Satan, notre grand adversaire. On la voit déjà se manifester dans le service de l'apôtre Paul. Lorsqu'il délivra son message à Athènes, foyer de la culture, on se moqua de lui en le qualifiant de «discoureur» (Actes des Apôtres 17:18). Puis, devant Festus, il fut considéré comme «hors de sens» (Actes des Apôtres 26:24). Voilà pour la moquerie. À Thessalonique, il y eut erreur d'interprétation et déformation de la vérité, car on présentait Paul comme bouleversant la terre habitée et contrevenant aux ordonnances de César (Actes des Apôtres 17:6, 7). Aucune de ces affirmations n'était vraie. L'évangile laisse intact le système de ce monde, mais il appelle des individus hors du monde, en les mettant dans le chemin de Dieu. Alors, pour l'apôtre, se déclara la violente opposition de l'adversaire, dans les souffrances qu'il dut endurer. Il les énumère en 2 Corinthiens 11:24-27. Si nous étions aujourd'hui plus énergiques et plus fidèles dans notre service pour le Seigneur Jésus, nous ferions certainement davantage l'expérience de ces trois choses: la moquerie, le mensonge et la violence.

Dans la seconde partie du chapitre, nous apprenons quelles mesures sont prises en vue de tout cela. Tout d'abord, la prière à Dieu (verset 9). C'était bien à sa place. Néhémie avait commencé par la prière, comme nous l'avons vu dans les chapitres 1 et 2, et c'est dans ce même esprit de prière que le peuple continue maintenant. N'avons-nous pas souvent commis l'erreur, dans des situations critiques, d'adopter une ligne de conduite qui nous paraissait raisonnable et prudente, et de prier après coup, pour demander à Dieu qu'il veuille bien bénir ce que nous avions fait? Dans sa grâce, il se peut qu'il ait béni effectivement; mais quoi qu'il en soit, nous aurions mieux fait de prier d'abord.

Les Juifs affrontent ensuite les difficultés du travail. Il y a beaucoup de décombres pour les gêner et user les forces des ouvriers, tandis que les adversaires se préparent à les attaquer. Nous pouvons faire ici une comparaison. Leur travail consistait à reconstruire la muraille qui séparait le temple de Dieu du monde extérieur. Dans sa grâce, Dieu a permis que divers réveils se produisent dans l'histoire de l'Église, et chaque fois, il y a eu plus ou moins de «décombres» à déblayer. Quelle terrible accumulation de mondanités et d'ordures morales entassées par la Rome des papes, par exemple, durant les mille années et plus qui précédèrent le réveil que nous connaissons sous le nom de Réformation! Et tout est bien loin, en fait, d'avoir été déblayé alors, les forces des ouvriers ayant faibli avant que cette tâche soit accomplie. Nous devons toujours veiller à ce que ne s'accumulent pas de telles choses.

Ayant devant eux une véritable menace de guerre, les Juifs s'arment pour y faire face. Bien sûr, dans ce conflit-là, les armes du monde — lances, épées, etc. — sont portées à la fois par les attaquants et par ceux qui sont attaqués. Aujourd'hui, les attaques les plus dangereuses sont d'ordre spirituel. Des serviteurs de Dieu, même à notre époque, ont été mis à mort; mais, comme on l'a dit, le sang des martyrs a toujours été la semence de l'Église. L'épée dont il faut se servir contre une attaque d'ordre spirituel, c'est «la parole de Dieu», comme le déclare Éphésiens 6:17, qui nous présente ce genre de conflit.

Dans les pays où la liberté religieuse est garantie, on peut facilement oublier que la vie chrétienne est une vie de combat, et entretenir l'idée que notre pèlerinage vers le ciel, où tout sera joie, doit être lui-même heureux et serein. Mais tel n'est pas l'enseignement de l'Écriture. Nous ne sommes pas seulement des pèlerins, mais aussi des disciples, et nous sommes appelés à prendre notre croix en suivant notre Seigneur rejeté. Du fait que nous sommes identifiés avec lui, le conflit est inévitable. Comme de bons soldats de Jésus Christ, nous devons prendre notre part des souffrances (2 Timothée 2:3). Par conséquent, l'armure défensive d'Éphésiens 6 nous est nécessaire, tout comme «l'épée de l'Esprit», pour l'offensive.

Le courage qui caractérise Néhémie, et qu'il insuffle à ses compagnons d'œuvre, est mis en évidence au verset 14. Il est fondé sur l'appel à se souvenir du «Seigneur, qui est grand et terrible», et qui est de leur côté. Ainsi, la construction de la muraille ne cesse pas. Elle est peut-être un peu ralentie, puisqu'il faut se défendre. Les ouvriers, qu'ils soient porteurs de fardeaux ou bâtisseurs, devaient toujours être armés, même si cela les obligeait à travailler d'une main (verset 17).

Il en a été ainsi dans toute l'histoire de l'Église, jusqu'à notre époque. Les vrais serviteurs de Dieu ont toujours dû consacrer une importante partie de leur temps et de leurs forces à défendre la vérité. Dès le début, les apôtres ont dû non seulement évangéliser et enseigner la vérité, mais aussi la défendre contre les attaques de l'adversaire. Les épîtres en témoignent. La vérité vaut la peine que l'on combatte pour elle. Si nous la perdons, nous perdons pratiquement tout. Aussi chacun d'entre nous doit-il veiller, dans un sens spirituel, à avoir une épée dans une main et une truelle dans l'autre, pour accomplir l'œuvre du Seigneur.

À la fin de notre chapitre, nous remarquons encore un autre instrument. Outre l'épée et la truelle, il y avait la trompette dont on devait sonner lorsqu'il était nécessaire de donner l'alarme. Le travail était «grand et étendu» (verset 19), aussi les ouvriers étaient-ils très dispersés; mais ils n'étaient qu'un dans l'œuvre; ils n'étaient pas indépendants les uns des autres. C'est pourquoi ce qui mettait l'un en danger les concernait tous. Leur unité dans l'œuvre devait être préservée. Nous avons ici encore une leçon importante; prêtons-y attention, et mettons-la en pratique.

Cette unité d'action dans le service de Dieu a une importance particulière pour nous. Il nous faut remarquer, tout d'abord, que la parole de Dieu insiste beaucoup plus sur l'unité des saints qui constituent aujourd'hui l'Église de Dieu, que sur l'unité des douze tribus d'Israël. Dans l'épître aux Éphésiens, on trouve quatre fois les mots «un» ou «seul» dans les versets 14 à 18 du chapitre 2, et sept fois dans les versets 3 à 6 du chapitre 4. Aujourd'hui le service de Dieu est extrêmement varié, comme nous le voyons en 1 Corinthiens 12. Il y a une grande diversité dans l'unité de l'Église de Dieu, de sorte que le corps humain sert à illustrer le fonctionnement de cet ensemble. Ainsi, aucun membre ne peut se passer du service d'un autre sans dommage et sans perte. La trompette sur les murs de Jérusalem nous rappelle que si l'ennemi s'attaquait à un seul des petits groupes d'ouvriers, en fait il les attaquait tous.

Dans le dernier verset de notre chapitre, nous entrevoyons quelque chose du zèle et du dévouement remarquables que montraient Néhémie et ses collaborateurs. Chacun d'eux devait demeurer à l'intérieur de Jérusalem, profitant ainsi de la protection que pouvait offrir la muraille partiellement reconstruite. Aucun d'entre eux n'ôtait ses vêtements pour dormir la nuit plus confortablement. Ils étaient donc toujours prêts, soit pour se mettre à l'ouvrage, soit pour affronter l'ennemi. Quel tableau impressionnant!

La vigilance et la pureté sont deux choses qui nous sont très nécessaires. Paul les rappelle instamment à Timothée. Dans la deuxième épître, nous apprenons que Timothée devait être vigilant quant à l'erreur qui portait atteinte à la vérité divine, et s'en purifier (2 Timothée 2:21). Puis, au verset suivant, nous voyons qu'il devait aussi fuir «les convoitises de la jeunesse», afin que sa pureté personnelle soit préservée.

Les instructions données à Timothée au premier siècle sont tout aussi importantes pour nous aujourd'hui.

À suivre