Le voir, l'écouter et l'adorer

P.Er. Fuzier

«Tu es plus beau que les fils des hommes; la grâce est répandue sur tes lèvres: c'est pourquoi Dieu t'a béni à toujours.»

«Tu as aimé la justice, et tu as haï la méchanceté; c'est pourquoi Dieu, ton Dieu, t'a oint d'une huile de joie au-dessus de tes compagnons.»

«Écoute, fille! et vois, et incline ton oreille; et oublie ton peuple et la maison de ton père; et le roi désirera ta beauté, car il est ton seigneur: adore-le» (Psaumes 45:2, 7, 10, 11).

«Et il y eut une voix venant de la nuée, disant: Celui-ci est mon Fils bien aimé, écoutez-le. Et la voix s'étant fait entendre, Jésus se trouva seul» (Luc 9:35, 36).

«Et aussitôt, ayant regardé de tous côtés, ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul avec eux» (Marc 9:8).

Le psalmiste, instruit par l'Esprit, parle de la gloire de Christ; les disciples, sur la sainte montagne, contemplent un moment cette gloire et entendent le témoignage du Père au sujet de son Fils.

Il est «plus beau que les fils des hommes». Ce que la foi discerne en lui est unique, sa beauté surpasse tout ce qui peut être trouvé dans l'homme, et pourtant c'est dans son humanité qu'il l'a manifestée. Il est entouré de ses «compagnons» — des hommes — mais il est aussi le Dieu dont le trône est pour toujours et à perpétuité.

Sa vie a manifesté le parfait équilibre de ses paroles de grâce et de sa justice sans compromis. Cette grâce, répandue sur ses lèvres, est la source de la vie pour tous ceux qui le reçoivent. Comme l'exprime l'un de ses disciples, il a «les paroles de la vie éternelle» (Jean 6:68). Mais ce que la foi discerne a fait d'abord la joie de Dieu, son Dieu; il l'a béni à toujours et l'a oint d'une huile de joie au-dessus de ses compagnons.

Sur la sainte montagne, quelques-uns des siens voient, pour un moment, le Seigneur apparaissant dans la gloire de son royaume (Matthieu 16:28). Mais alors que le psalmiste était éveillé et dirigé par l'Esprit, eux sont endormis; et lorsqu'ils se réveillent, ils ne saisissent pas la portée de cette scène. Pierre est prompt à reconnaître au Seigneur une place éminente par rapport à Moïse et Elie, mais il voit en lui le premier des trois, non celui qui est incomparablement «au-dessus de ses compagnons». Il ne sait que dire (Marc 9:6), mais le Père rend aussitôt témoignage à la gloire de son Fils, d'une façon plus merveilleuse que ce que pouvaient exprimer les fils de Coré. Oui, il est son «Fils bien aimé». Il est infiniment plus beau que les fils des hommes; sa gloire est d'un autre ordre que celle de Moïse ou Elie. Si grands qu'ils aient été, ils n'étaient que des hommes ayant les mêmes passions que nous (Jacques 5:17), des serviteurs (Hébreux 3:5). Jésus, si humble qu'il ait pu être, est le Fils bien aimé du Père.

Sa mort, qu'il allait accomplir à Jérusalem, était le sujet des entretiens de Moïse et Elie avec lui. Lui-même avait annoncé à ses disciples, peu de temps auparavant, qu'il fallait qu'il «souffre beaucoup, et qu'il soit rejeté… et qu'il soit mis à mort, et qu'il soit ressuscité le troisième jour» (Luc 9:22). Ses vêtements, tels que les décrit le psalmiste, sont myrrhe, aloès et casse. Ils portent le témoignage de ses souffrances, de sa mort et de la beauté de son humanité. Comme nous l'exprimons dans un cantique, «en gloire, il porte encore l'empreinte de tous les maux qu'il endura pour nous» et, avant tout, pour la gloire du Père.

«Écoutez-le», dit le Père aux disciples. «Écoute, fille, et vois…», dit l'Esprit à l'épouse terrestre. L'Église peut bien aussi recevoir pour elle-même ces paroles. Puissions-nous être de ceux qui écoutent. C'est le Père qui nous parle de son Fils; il a trouvé en lui son plaisir, et il nous le déclare. Quel repos cela devrait nous donner! Le Père veut nous ouvrir son cœur au sujet de son Fils; s'il veut ainsi nous faire partager ses pensées, sa joie, et nous introduire dans sa communion, c'est en raison de l'œuvre de Jésus à la croix.

C'est Jésus que nous sommes appelés à écouter. Il nous apporte la grâce, la paix, la révélation de Dieu. Nos propres pensées, l'appréciation que nous pouvons avoir par nous-mêmes de sa gloire, seront toujours insuffisantes; nous aussi nous manquons d'intelligence et, bien souvent, nous ne savons que dire. Combien il est précieux de pouvoir l'écouter lui, au lieu d'être laissés à nous-mêmes!

Nous sommes alors disposés à recevoir le témoignage de l'Esprit; dans toutes les Écritures, il nous parle «des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient» (1 Pierre 1:11).

C'est cette attitude d'écoute et d'oubli de soi qui fait la beauté de l'épouse du psaume 45 et qui attire le cœur du roi. L'épouse peut alors l'adorer.

C'est la même attitude qui amènera notre Seigneur à nous ouvrir son cœur pour nous rendre sensibles aux richesses de sa grâce (Luc 10:38-42).

Nous pourrons alors lui donner la place qui lui revient, ne voir que lui seul — seul avec nous. Il veut être avec nous, au milieu de nous, pour que nous lui rendions l'adoration dont il est digne, à la gloire de Dieu.

Le psaume 45 exprime la louange d'un peuple délivré après avoir connu la détresse (Psaumes 42-44). Après la scène de la transfiguration, les disciples redescendent de la montagne pour trouver, dans la plaine, une scène de peine et de souffrance. Ils éprouvent aussi la faiblesse de leur foi pour faire face à ces besoins. Il en est souvent de même pour nous aujourd'hui: les moments de communion et de louange que le Seigneur nous accorde sont comme une halte au milieu d'un chemin pénible et humiliant. Mais ils sont aussi la plus pure source d'encouragement, de force et de joie, pour nous soutenir dans ce chemin.