Les premiers jours du christianisme (Actes des Apôtres 1:1-14)

Olivier Demaurex 

Le livre des Actes des Apôtres nous fait revenir aux sources, aux événements primordiaux évoqués dans les dernières scènes des Évangiles: la présence de Jésus ressuscité au milieu de ses disciples, la promesse du baptême de l'Esprit Saint, l'élévation du Fils de l'homme dans la gloire et l'annonce de son prochain retour. Il fait suite à l'évangile selon Luc et le mentionne expressément au premier verset. Un sujet particulier caractérise ces deux livres: l'action du Saint Esprit. D'abord mise en évidence dans toute la vie du Seigneur Jésus sur la terre, elle caractérise ensuite toute l'activité des apôtres et le développement du christianisme. Comme Jésus avait marché et enseigné «dans la puissance de l'Esprit» (Luc 4:1, 14, 18), ainsi les apôtres — et avec eux les premiers chrétiens — vont être conduits, par l'opération puissante de l'Esprit de Dieu, dans la prédication de la bonne nouvelle jusqu'au bout de la terre.

Un Homme dans le ciel

Les premiers versets du livre des Actes se réfèrent aux faits fondamentaux qui sont à l'origine du christianisme, «aux choses que Jésus commença de faire et d'enseigner» (verset 1). L'Esprit parle à nos cœurs et nous rappelle que c'est Jésus seul qui a commencé par faire, agir, et démontrer dans sa vie les réalités divines. Le christianisme ne saurait revendiquer une autre origine que celle-là. La foi chrétienne plonge ses racines dans les actes et les paroles de Jésus. Le christianisme tout entier y est contenu. Jésus Christ est non seulement le Sauveur, mais aussi le modèle et le maître du chrétien. C'est Lui seul qui l'enseigne par son exemple et par ses paroles. Il est le seul médiateur entre Dieu et les hommes.

«Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché…» (1 Jean 1:1). Rien ne définit mieux ce qu'est le christianisme; il est Christ lui-même, sa vie tout entière, chacun de ses actes, son enseignement, chacune de ses paroles.

Les événements qui sont à la base de la croissance de l'Église sont tous contenus dans ces premiers versets du livre des Actes. Après la mention du ministère de Jésus, en actes et en paroles, son départ est évoqué. Quel événement pourrait être plus important — à l'égal de la mort de Jésus — que son élévation dans le ciel? Sa présence comme homme glorifié à la droite de la Majesté est de tout temps la ressource suprême de l'Assemblée. Homme dans la gloire, «notre avocat auprès du Père», il est aussi notre «grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu» (1 Timothée 2:5; 1 Jean 2:1; Hébreux 4:14). Ce grand fait représente pour les siens une plénitude de ressources en toutes circonstances, et une motivation toujours renouvelée de persévérer et d'espérer.

La suite du verset 2 nous rappelle que Jésus, avant de les quitter a «donné, par l'Esprit Saint, des ordres aux apôtres qu'il avait choisis». Quelle sauvegarde et quelle sécurité pour eux de posséder ainsi des instructions, des ordres clairs, de leur divin Maître! Si l'Église s'était maintenue fidèlement sur ce terrain sûr et avait exécuté les ordres de Celui qui pouvait témoigner: «toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre» (Matthieu 28:18), combien de controverses et de difficultés auraient pu être évitées! Si les chrétiens avaient observé scrupuleusement ce précieux programme, sans rien y ajouter ni rien en retrancher, quelle bénédiction en serait résultée tout au long de l'histoire du christianisme! Ces ordres du Seigneur ne sont pas comme ceux de la loi; ce sont des paroles vivantes et puissantes qui transforment celui qui les reçoit. Les apôtres, choisis par le Maître, étaient ainsi assurés de son approbation et de son appui constant pour développer et appliquer son enseignement. C'est ce qu'ils firent dans leurs épîtres et c'est à ces choses du commencement qu'il nous faut revenir sans cesse.

Au verset 3, le fondement unique de l'Église est mis en évidence: «Après avoir souffert, il se présenta lui-même vivant, avec plusieurs preuves assurées». C'est sur ce Roc, «le Christ, le Fils du Dieu vivant», que Jésus lui-même bâtit son assemblée. Les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle (Matthieu 16:16-18). Dès lors, «personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ» (1 Corinthiens 3:11). Il a souffert, il a été mort et il est vivant. C'est ainsi qu'il se présente à Jean dans sa première vision au début de l'Apocalypse, avant de lui communiquer les sept lettres aux sept assemblées. La foi des chrétiens n'a pas d'autre objet et leur salut éternel résulte de cette œuvre accomplie une fois pour toutes.

Puis il nous est dit que Jésus ressuscité a été vu par les disciples pendant quarante jours, et qu'il leur a parlé des choses qui regardent le royaume de Dieu (verset 3). Les apôtres, et tous les premiers croyants, devinrent les témoins oculaires de sa résurrection et les dépositaires de son enseignement des choses célestes. Les chapitres suivants du livre des Actes soulignent l'authenticité de ce témoignage direct: «Ce Jésus, dit Pierre, Dieu l'a ressuscité, ce dont nous, nous sommes tous témoins» (Actes des Apôtres 2:32; 3:15). La résurrection de Christ est la base de notre justification et le thème principal du témoignage chrétien sur la terre. Toute force, toute vie, et toute espérance en découlent. Sans la réalité de la résurrection, «votre foi est vaine!» s'écrie l'apôtre Paul (1 Corinthiens 15:17).

«Les choses qui regardent le royaume de Dieu» ne devraient-elles pas occuper nos cœurs, en toute priorité, comme Jésus l'a enseigné: «Là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur» (Luc 12:34)? L'apôtre Paul développe cette même pensée: «Cherchez les choses qui sont en haut». C'est là que votre vie «est cachée avec le Christ en Dieu» (Colossiens 3:1-4)

La promesse du Père

«Étant assemblé avec eux, il leur commanda de ne pas partir de Jérusalem, mais d'attendre la promesse du Père…» (verset 4). Le premier rassemblement des chrétiens bénéficie de la présence personnelle de Jésus ressuscité, qui leur confirme la promesse du Père: «Vous serez baptisés de l'Esprit Saint, dans peu de jours». Nous savons qu'ils agirent selon son commandement et que tout arriva comme il l'avait promis. Ne trouvons-nous pas dans cette présence, aujourd'hui encore, la source de toute force, sécurité et espérance? Jésus ne répond-il pas toujours à nos besoins, n'accomplit-il pas toujours ses promesses? Nous pouvons compter sans cesse sur son intervention auprès du Père, sur sa sollicitude divine, lorsque nous obéissons à ses commandements. La présence du Seigneur, toujours fidèle, demeure le sûr garant de toutes les bénédictions et de l'accomplissement de toutes les promesses.

Depuis le jour de la Pentecôte, la promesse du Père est accomplie. Le Saint Esprit est présent dans le croyant et au sein de l'Assemblée, maison de Dieu, corps de Christ. Il en découle une bénédiction infinie, malgré tout le déclin des derniers siècles, pour chaque âme qui reste à son écoute et obéit au Seigneur. Et maintenant, ne pouvons-nous pas, dans le même esprit d'obéissance et de prière que les disciples demeurant à Jérusalem, attendre avec assurance l'accomplissement d'une autre promesse qui se réalisera dans «peu de jours»? Le retour de Jésus Christ est proche. Il a dit: «Je viens bientôt».

Puis nous lisons: «Eux donc, étant assemblés, l'interrogèrent…» (verset 6). Voilà l'attitude qui convient à tous les croyants qui connaissent et apprécient le privilège du rassemblement dans la présence de leur Maître, de celui qui enseigne. Sa parole répond à nos interrogations. Elle nous instruit, nous exhorte, avec douceur et sagesse. En ce qui concerne les temps et les saisons, le Seigneur nous enseigne que le Père les a réservés à sa propre autorité (verset 7). Mais il nous apprend quelle est la véritable source de puissance d'en haut: «le Saint Esprit venant sur vous», et quel est le sens de notre mission: «vous serez mes témoins… jusqu'au bout de la terre» (verset 8).

Telle est la sûre réponse du Seigneur à l'interrogation du cœur de ses disciples. Et elle demeure aujourd'hui l'Esprit Saint nous est donné «pour nous conduire dans toute la vérité» (Jean 16:13). Il nous communique les choses qui le concernent, il nous rappelle son enseignement, — nourriture essentielle pour l'âme du croyant, suffisante et adaptée aux besoins de l'Église qu'il prépare pour le jour éternel. Ce n'est donc ni de connaissances intellectuelles ni de signes extérieurs que les croyants ont le plus besoin, mais de cette force intérieure, de l'action de l'Esprit de puissance, d'amour et de conseil, qui est en eux.

Tournés vers le Saint Lieu

«Et ayant dit ces choses, il fut élevé de la terre, comme ils regardaient, et une nuée le reçut et l'emporta de devant leurs yeux» (verset 9). Privés de la présence physique de leur Maître, les disciples regardent fixement vers le ciel, et reçoivent, par l'intervention de deux anges, la certitude que Jésus reviendra de la même manière qu'ils l'ont vu s'en allant au ciel.

Là, sur le mont des Oliviers, près de Béthanie, ils préfigurent le futur résidu fidèle du peuple d'Israël, qui, à la fin des jours, accueillera en ce même lieu leur Messie glorifié et triomphant. Les premiers croyants, tous Juifs, attendaient l'accomplissement terrestre des promesses des prophètes, le rétablissement du royaume pour Israël, la délivrance annoncée pour le règne millénaire. Ils apprendront après la Pentecôte, par les persécutions et le martyre d'Etienne, que leur espérance est maintenant celle d'un peuple céleste, dont les yeux restent fixés sur le ciel.

L'Église a reçu cet appel, et plus que jamais, lève son regard vers sa patrie. «L'Esprit et l'épouse disent: Viens. Et que celui qui entend dise: Viens… — Oui, je viens bientôt. — Amen; viens, Seigneur Jésus» (Apocalypse 22:17-20).

Seigneur Jésus, dont l'amour est extrême,

Toi, la splendeur de la gloire de Dieu,

Viens! viens! parais dans ta beauté suprême!

Nous t'attendons, tournés vers le saint lieu.

Dans la chambre haute

Les disciples du Seigneur, forts de ces certitudes, s'en retournent à Jérusalem et se rassemblent aussitôt dans la chambre haute, lieu secret de la communion, demeure des onze apôtres (versets 12, 13). C'est là que Jésus ressuscité était entré, les portes étant fermées, pour être au milieu d'eux, pour réjouir leur cœur et leur donner la paix, leur montrant ses mains et son côté. Attachés à leurs habitudes juives, les disciples se rendent encore souvent au temple, mais l'Esprit de Dieu souligne ici leur prompt discernement de ce lieu sans nom et sans attrait pour l'homme, à l'écart de tout système, hors du monde, dans l'intimité spirituelle la plus étroite avec leur Seigneur et Maître. C'est là qu'en son absence, ils prient et persévèrent dans la prière, frères et sœurs réunis (verset 14).

N'est-ce pas notre privilège particulier de connaître cette chambre haute, à l'abri de toute tradition humaine et de toute distraction? Elle peut être située dans la maison d'un frère ou d'une sœur, ou dans un lieu anonyme, mais elle est en fait une sphère spirituelle consacrée à la communion intime avec le Seigneur, là où rien ne peut prendre sa place, ni remplacer la réalité de sa présence, ni gêner l'action de son Esprit, ni amoindrir l'autorité de sa Parole. Notre plus grande sollicitude devrait être vouée sans cesse à conserver ce trésor. C'est le lieu du mémorial, de la prière et du culte par l'Esprit, pour ceux qui craignent son nom. C'est là qu'Il a «commandé la bénédiction» (Psaumes 133).

Le premier rassemblement des croyants de Jérusalem fut entièrement consacré à la prière «d'un commun accord». Si l'Église, à toutes les époques, avait su demeurer dans cette occupation bénie, dans l'attente de la réalisation des promesses, avec ce même esprit de veille et de prière, combien son histoire aurait été différente! Elle n'aurait jamais abandonné son premier amour. Elle serait restée fidèlement attachée à son seul Chef, dans la simplicité, dans l'humilité, dans la dépendance absolue. Elle aurait gardé «l'unité de l'Esprit par le lien de la paix».

Dans les chapitres suivants, nous retrouverons les chrétiens, bien unis, «tous ensemble en un même lieu» (2:1) et «ayant toutes choses en commun» (2:44), étant «un cœur et une âme» (4:32).

La réponse à leur prière est venue d'en haut. L'Esprit Saint est descendu sur eux, accompagné d'un vent impétueux qui a rempli toute la maison, et comme des langues de feu, de ce feu qui ne consume pas mais vivifie. Il en est résulté un témoignage visible à tous, pour la bénédiction d'Israël et des nations. Le message a été communiqué à chaque auditeur dans sa propre langue. Les barrières des divisions humaines, datant de la tour de Babel, résultant de l'orgueil de l'homme éloigné de Dieu, sont franchies et comme effacées, pour que les vrais croyants puissent trouver le terrain de l'unité en Christ ressuscité. La mission de l'Église sur la terre est dès lors de proclamer sa vocation céleste, son union avec son Chef glorifié dans le ciel. Le triomphe de Jésus de Nazareth, du serviteur humble et débonnaire, rejeté par les hommes et crucifié sur le mont Calvaire, est annoncé à tous: l'amour de Dieu, fort comme la mort, a remporté une victoire éternelle. Son Bien-Aimé n'a pas connu la corruption. Il est ressuscité, il est monté au ciel, il est à la droite de la Majesté, sûr garant de la vie éternelle pour tous ceux qui croient.

Que le Seigneur nous accorde de rechercher ces valeurs immuables qui nous sont communiquées d'en haut, ces fondements du témoignage, inébranlables malgré la défaillance des hommes! Les ressources de la grâce divine n'ont pas changé; et chaque assemblée, dans sa plus faible expression locale, peut en disposer avec confiance, dans la dépendance du Chef de l'Église.

L'attitude qui a caractérisé les premiers frères et sœurs est remarquable: elle est composée à la fois de communion (commun accord), de persévérance et de crainte. Ces mêmes caractères ne seront-ils pas, jusqu'à la fin, la sauvegarde du témoignage? Dieu veuille nous aider à en faire à nouveau l'expérience!

Après la première brèche du début du chapitre 5, nous voyons qu'une grande crainte s'empare de toute l'assemblée, et qu'il en résulte un grand bien. Dieu agit par le moyen des apôtres, par «beaucoup de miracles et de prodiges». «Des croyants d'autant plus nombreux se joignent au Seigneur, une multitude tant d'hommes que de femmes», puis les infirmes et les malades sont amenés aux disciples, «et ils furent tous guéris» (5:11-16). La puissance de Dieu est à l'œuvre, son bras n'est pas trop court pour délivrer et rassembler son peuple.

Cette crainte salutaire ne devrait-elle pas habiter en nous aujourd'hui, pour nous rapprocher du Seigneur et les uns des autres, et pour nous conduire à réaliser un commun accord dans la prière?

Tu nous conduis sur tes traces

Vers la céleste maison.

Tu veux de notre faiblesse,

De tous nos maux t'enquérir;

Quel amour! Tu veux sans cesse

Nous pardonner, nous guérir.