Le Seigneur est réellement ressuscité (suite)

Fritz von Kietzell

Chapitre 9 - À la mer de Tibérias (Jean 21:1-14)

«Après ces choses, Jésus se manifesta encore aux disciples près de la mer de Tibérias» (verset 1). Le verset 14 nous dit que «ce fut là la troisième fois déjà que Jésus fut manifesté aux disciples, après qu'il fut ressuscité d'entre les morts». Non seulement cela clarifie pour nous la chronologie de ces événements (d'ailleurs relativement peu importante), mais cela donne un caractère particulier à la scène que nous allons considérer maintenant. Si la première de ces trois apparitions évoque la famille de Dieu du temps présent (20:19), la seconde le résidu d'Israël d'un temps à venir (20:24), cette troisième apparition va nous montrer le résultat de l'acceptation du Seigneur par Israël, autrement dit l'œuvre de Christ pendant le Millenium.

Il apparaît ici à sept de ses disciples, après qu'ils furent partis pour la Galilée, selon ses instructions (cf. Matthieu 28:7, 10). «Il se manifesta ainsi: Simon Pierre, et Thomas, appelé Didyme, et Nathanaël de Cana de Galilée, et les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples étaient ensemble» (verset 2). Le fait que Thomas et Nathanaël soient mentionnés — chacun d'eux en particulier étant une figure du futur résidu d'Israël (Thomas en Jean 20, et Nathanaël en Jean 1) — est certainement significatif et indique sur quel terrain nous nous trouvons, prophétiquement parlant.

«Simon Pierre leur dit: Je m'en vais pêcher. Ils lui disent: Nous allons aussi avec toi» (verset 3). Pierre était-il las d'attendre, ou se faisait-il du souci à propos de ce qu'ils allaient manger? Quelles que soient les raisons qui le poussaient à reprendre son ancienne activité, le chemin sur lequel il s'engageait et entraînait à sa suite les autres disciples n'avait pas l'approbation du Seigneur. Ne les avait-il pas appelés à devenir pêcheurs d'hommes? À ce moment-là, «aussitôt, ayant quitté leurs filets», ils l'avaient suivi (Marc 1:18). N'étaient-ils pas en train de quitter ce chemin béni de la confiance et de la dépendance du Seigneur, d'autant plus que celui-ci leur avait expressément donné rendez-vous en Galilée? (cf. Matthieu 28:10).

«Ils sortirent, et montèrent dans la nacelle: et cette nuit-là ils ne prirent rien» (verset 3). À première vue, les circonstances leur étaient favorables: ils étaient des pêcheurs expérimentés, sur un lac connu aujourd'hui encore pour sa richesse en poisson, et se trouvaient au bon endroit au moment opportun. Mais la bénédiction du Seigneur, dont tout dépend aujourd'hui comme jadis — faisait défaut. «Cette nuit-là, ils ne prirent rien»: tel sera toujours le résultat lorsque nous renions notre position de dépendance du Seigneur. «Lui demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même» (2 Timothée 2:13). Et il en fut ainsi toute la nuit, jusqu'à l'aube.

«Et le matin venant déjà, Jésus se tint sur le rivage; les disciples toutefois ne savaient pas que ce fût Jésus» (verset 4). Il n'est pas dit que Jésus arriva à ce moment, mais qu'il était là. Bien que, par amour pour eux, il n'ait pu leur accorder le succès de leur entreprise, toutefois il avait été là, présent quoiqu'invisible, sympathisant avec eux dans leurs vains efforts. Son amour et sa grâce vont de pair avec sa fidélité. Nous en avons la preuve dans la manière dont il s'adresse maintenant à ses disciples fatigués et déçus:

«Jésus donc leur dit: Enfants, avez-vous quelque chose à manger?» (verset 5). «Enfants»! Quelle tendresse dans cette expression! Et combien ce mot est juste et bien approprié ici, étant donné la grande faiblesse dont venaient de faire preuve ceux à qui le Seigneur s'adressait! Pouvait-il y avoir quelque chose de plus propre à faire ressortir cette faiblesse que cette brève demande du Seigneur? Là, sur le rivage, se tenait un étranger qui leur demandait quelque chose à manger. Malgré leurs efforts de toute une nuit, ils n'avaient absolument rien à lui donner. Leurs filets, leurs bateaux, leurs mains étaient vides, et ils ne pouvaient pas même assouvir leur propre faim!

«Maître, nous avons travaillé toute la nuit, et nous n'avons rien pris» (Luc 5:5), avaient dit Simon et les fils de Zébédée, lorsqu'ils avaient fait cette même expérience une première fois. Ils auraient bien pu répéter ici la même chose, mais seul un bref «non» embarrassé réussit à franchir leurs lèvres. Notre réponse devra toujours être «non» lorsqu'on nous demandera si nous avons tiré profit de nos actes de propre volonté.

Ils lui répondirent «non» sans s'être encore rendu compte que celui qui se tenait devant eux était Celui qui leur avait déjà montré qu'il détenait seul toute puissance et toute bénédiction.

«Et il leur dit: Jetez le filet au côté droit de la nacelle, et vous trouverez» (verset 6). C'est ce qu'ils avaient certainement déjà fait maintes fois au cours de la nuit écoulée, mais sans le Seigneur, et ne comptant que sur eux-mêmes. Le Seigneur, une fois déjà, les avait laissés faire une expérience semblable. N'était-ce pas lui aussi qui avait un jour préparé un grand poisson pour Jonas, et une autre fois un petit pour Simon Pierre afin de l'aider à se sortir du mauvais pas dans lequel il s'était mis lui-même? (Jonas 2:1, 10; Matthieu 17:27). «C'est en vain que vous vous levez matin, que vous vous couchez tard, que vous mangez le pain de douleurs. Ainsi, il donne le sommeil à son bien-aimé» (Psaumes 127:2). «La bénédiction de l'Éternel est ce qui enrichit, et il n'y ajoute aucune peine» (Proverbes 10:22). Sans lui, rien; avec lui, tout. Telle est la grande leçon que nous trouvons ici.

Pour apprendre cette leçon, il nous faut d'abord devenir humbles, petits à nos propres yeux. «Ils le jetèrent donc…». Il est remarquable qu'ils aient obéi sans discuter. Eux, des pêcheurs expérimentés, agissent sur les conseils de cet inconnu! Cela montre à quel point ils étaient désemparés, ayant perdu toute confiance en leurs propres capacités. Mais c'est alors, précisément, que le Seigneur est proche, prêt à bénir richement.

«Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient plus le tirer, à cause de la multitude des poissons» (verset 6). Comme dans le récit de Luc 5, «ayant fait cela, ils enfermèrent une grande quantité de poissons». Tel est notre Seigneur. Que ce soit «l'oiseau des cieux» ou «les poissons de la mer, ce qui passe par les sentiers des mers» (Psaumes 8:8), ou «tout animal de la forêt…, les bêtes sur mille montagnes» (Psaumes 50:10), ou encore l'argent et l'or (Aggée 2:8), tout est à lui. Il peut dire: «Le monde est à moi, et tout ce qu'il contient» (Psaumes 50:12). Et de plus, Dieu a maintenant exalté son Fils «au-dessus de tous les cieux» et il «nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (Éphésiens 4:10; 1:3). «Étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis» (2 Corinthiens 8:9).

La bénédiction surprenante qu'ils ramènent dans leur filet pousse l'un d'eux à réfléchir tout à coup. Il se souvient du Seigneur auquel, depuis plusieurs heures, ils n'avaient pas pensé du tout. «Ce disciple donc que Jésus aimait, dit à Pierre: C'est le Seigneur!» (verset 7). Rien alors ne peut retenir Simon Pierre. Avec son impétuosité habituelle, il s'élance et devance tous les autres, mais à son avantage, cette fois. Quel tableau particulièrement touchant nous offre cette scène! Le fait que Jean, en vertu de son intime et constante communion avec le Seigneur, l'ait reconnu le premier, parle certainement à nos cœurs. Mais combien plus encore la conduite de Pierre! «Simon Pierre donc, ayant entendu que c'était le Seigneur, ceignit sa robe de dessus, car il était nu, et se jeta dans la mer. Et les autres disciples vinrent dans la petite nacelle (car ils n'étaient pas loin de terre, mais à environ deux cents coudées), traînant le filet de poissons» (versets 7, 8).

La rencontre personnelle que Pierre avait eue avec le Seigneur, après sa grave chute, avait produit chez ce disciple un changement immense (Luc 24:34). Sa grâce qui restaure avait banni tout ce qui pouvait le maintenir à distance. Son amour parfait chassait toute crainte. Le cœur de Pierre est rempli du seul désir d'être au plus vite avec son Seigneur. Il en oublie qu'il a encore du travail devant lui, et que les autres lui reprocheront peut-être d'avoir dû retirer le filet sans son aide. Il ne pense pas au fait que sa hâte ne lui profitera guère, étant donné la proximité du rivage. Non, ce n'était pas la réflexion, mais l'amour, qui le poussait à agir ainsi.

Et cet amour s'accompagne d'un grand respect. «Il ceignit sa robe de dessus» — qui pourtant était gênante pour nager. Il ne voulait pas paraître «nu», mais convenablement vêtu, devant le Seigneur. La grâce avait agi dans le cœur de ce disciple qui, récemment, au cours d'une nuit tragique, avait affirmé: «Je ne connais pas cet homme».

Et le Seigneur? Alors que, cette nuit-là, ses ennemis avaient allumé le feu de charbon qui avait été en piège à Simon Pierre (Jean 18:18), ici, le Seigneur a préparé un feu qui attend Pierre et ses compagnons transis de froid, fatigués et affamés, après leur dur labeur. Quel contraste entre cette sombre nuit-là et l'aube qui se levait maintenant! «Quand ils furent donc descendus à terre, ils voient là de la braise, et du poisson mis dessus, et du pain» (verset 9). Du poisson dans leur filet, et encore du poisson et du pain sur le rivage! C'est ainsi que le Seigneur confondit ses disciples qui s'étaient crus capables d'accomplir quelque chose sans lui.

Mais le Seigneur met aussi en valeur le poisson que les disciples avaient pris. «Jésus leur dit: Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre» (verset 10). Alors Pierre apporte de nouveau son aide. Le cœur débordant de joie en présence de son Seigneur, il s'acquitte seul du travail. Involontairement, nous nous souvenons du jour de la Pentecôte: «Simon Pierre monta, et tira le filet à terre, plein de cent cinquante-trois gros poissons; et quoiqu'il y en eût tant, le filet n'avait pas été déchiré» (verset 11).

«Je vous ferai pêcheurs d'hommes» (Matthieu 4:19), avait dit autrefois le Seigneur au petit résidu qui s'était engagé à sa suite. Nous avons ici en type l'accomplissement de cette parole. Le jour de la Pentecôte, «environ trois mille âmes» seront prises au filet jeté par Pierre et ses compagnons — image glorieuse de cette pêche extraordinaire encore à venir, quand le résidu juif futur jettera son filet dans la mer des nations, lors de l'établissement du règne millénaire. De même qu'ici se trouvaient déjà des poissons devant le Seigneur, le produit de cette pêche extraordinaire ne sera pas pour Dieu les premiers fruits d'entre les nations. Les croyants du temps actuel de la grâce ne sont-ils pas «une sorte de prémices de ses créatures» (Jacques 1:18)? Mais quel contraste dans le nombre! Un jour, ce sera cette «grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toute nation et tribus et peuples et langues» (Apocalypse 7:9). Et le filet ne se rompra pas, à la différence de la première pêche: car l'œuvre du Seigneur, alors, ne souffrira aucune perte.

Maintenant, le Seigneur les amène à la table qu'il a dressée. «Jésus leur dit: Venez, dînez» (verset 12). «Venez à l'écart… et reposez-vous un peu» (Marc 6:31). Après le travail vient le repos. Telles sont les voies du Seigneur.

Aucun autre ne peut bénir le labeur autant que lui, mais il n'y a personne non plus d'aussi sensible aux besoins de ses serviteurs. Cette scène tout entière est empreinte d'une sainte paix et d'un saint discernement. «Et aucun des disciples n'osait lui demander: Qui es-tu? sachant que c'était le Seigneur» (verset 12).

Puis, de sa manière habituelle, il distribue ces simples aliments. «Jésus vient et prend le pain, et le leur donne, et de même le poisson» (verset 13). Moment d'intimité et de joie dans sa compagnie, rappel de ceux qu'ils ont connus autrefois avec lui, cette troisième manifestation du Seigneur ressuscité préfigure le temps, bien proche désormais, où «nous serons toujours avec le Seigneur» (1 Thessaloniciens 4:17). Lire aussi Luc 12:37.

À suivre