Les voies de l'homme

J.A. Monard

Rappelons que, dans le langage biblique, le mot voie désigne la manière de se conduire, ce qui caractérise de façon générale la marche. Dieu nous met en garde contre les mauvaises voies: celle du méchant, du pervers, de l'homme violent ou du paresseux; Dieu hait les voies doubles, tortueuses, détournées. D'un autre côté, il nous encourage dans la bonne voie, celle de la justice, de la fidélité, de la sagesse, de l'intelligence, de la paix. Cette voie droite et pure dans laquelle il désire voir les siens est souvent appelée «la voie de Dieu»: c'est celle dans laquelle Dieu lui-même marche — suprême exemple

Des voies bien réglées

Le livre des Proverbes nous exhorte: «Que tes yeux regardent droit en avant… Pèse le chemin de tes pieds, et que toutes tes voies soient bien réglées. N'incline ni à gauche ni à droite» (4:25-27). Nous n'avons pas à marcher de façon désordonnée, au gré des circonstances et des influences, mais dans un chemin droit et «pesé». Le même livre nous dit: «L'homme intelligent règle ses pas» (15:21) et «Celui qui est droit règle sa voie» (21:29). Souvenons-nous que c'est notre être intérieur qui gouverne tout notre comportement extérieur. C'est du cœur que sont «les issues de la vie», son aboutissement. Des «affections déréglées» (Colossiens 3:5) nous conduiront dans un chemin déréglé. Un cœur entièrement pour le Seigneur nous maintiendra dans un bon chemin.

D'une part, nous avons à «peser le chemin de nos pieds» (4:26), et d'autre part «les voies de l'homme sont devant les yeux de l'Éternel et il pèse tous ses chemins» (Proverbes 5:20). Apprenons à utiliser la même balance que Dieu!

«Jotham devint fort, car il régla ses voies devant l'Éternel, son Dieu» (2 Chroniques 27:6).

Influences mutuelles

Les hommes qui sont autour de nous ont leurs voies. Les unes sont à imiter, les autres à fuir. Or nous sommes naturellement enclins à conformer nos voies à celles des personnes que nous fréquentons, ou qui ont marché devant nous — ce qui peut être pour nous soit une aide soit un piège. Les «voies de David» ont été en bénédiction à ceux de ses descendants qui ont su y marcher, tels Josaphat, Ézéchias et Josias (2 Chroniques 17:3; 29:2; 34:2). Dieu se plaît à souligner leur fidélité. En revanche, Joram, le fils du premier de ces rois, «marcha dans la voie des rois d'Israël, selon ce que faisait la maison d'Achab, car il avait pour femme une fille d'Achab; et il fit ce qui est mauvais aux yeux de l'Éternel» (2 Chroniques 21:6). Ce triste exemple, comme une solennelle mise en garde, nous rappelle l'importance d'un mariage «dans le Seigneur». La Parole souligne encore les conséquences du mauvais mariage de Joram au niveau de son fils Achazia: «Lui aussi marcha dans les voies de la maison d'Achab; car sa mère était sa conseillère à mal faire» (22:3).

Se diriger et être dirigé

Jérémie fait la touchante confession: «Je sais, Éternel, que la voie de l'homme n'est pas à lui, qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme qui marche de diriger ses pas» (10:23). Cette déclaration n'affaiblit en rien l'exhortation de Proverbes 4: de peser notre chemin et de régler nos voies. Si l'un de ces passages concerne notre responsabilité, l'autre nous enseigne notre fragilité et l'urgent besoin que nous avons de tout le secours du Seigneur pour être conduits et gardés dans une voie qui lui plaise. «Confie-toi de tout ton cœur à l'Éternel, et ne t'appuie pas sur ton intelligence; dans toutes tes voies, connais-le, et il dirigera tes sentiers» (Proverbes 3 6).

À celui qui le craint, Dieu promet une sûre direction: «Qui est l'homme qui craint l'Éternel? Il lui enseignera le chemin qu'il doit choisir» (Psaumes 25:12). Voir aussi Psaume 32:8; Ésaïe 30:21; 48:17.

On peut être frappé par ces belles paroles, adressées au prophète Jérémie: «Que l'Éternel, ton Dieu, nous montre le chemin par lequel nous devons marcher, et ce que nous devons faire!» (Jérémie 42:3). Cependant, si l'on poursuit la lecture de ce chapitre 42, on est encore plus frappé! Ces paroles ne correspondaient pas à un désir du cœur de ceux qui les prononçaient. On avait déjà décidé son propre chemin. Et quand la direction de Dieu vient, on s'y oppose.

Une voie qui semble droite

La parole de Dieu met à nu une fâcheuse tendance de nos cœurs — qui ne fait d'ailleurs que trahir leur orgueil indéracinable —, celle de penser que nous avons raison. Le livre des Proverbes nous dit: «Toute voie de l'homme est droite à ses yeux; mais l'Éternel pèse les cœurs» (21:2; cf. 16:2). Et même: «La voie du fou est droite à ses yeux» (12:15). Combien de fois nous sommes-nous fourvoyés, tout en pensant être dans le bon chemin! Ce livre des Proverbes nous avertit: «Il y a telle voie qui semble droite à un homme, et des voies de mort en sont la fin» (14:12; 16:25). Mais, «celui qui écoute le conseil est sage» (12:15) — le conseil de Dieu lui-même, ou le conseil de ceux que Dieu emploie pour nous le donner (cf. 4:11).

Des voies dans la lumière de Dieu

Nous avons rappelé plus haut que «les voies de l'homme sont devant les yeux de l'Éternel» (Proverbes 5:20). Dans la même ligne de pensée, Jérémie nous dit que les yeux de l'Éternel «sont ouverts sur toutes les voies des fils des hommes, pour rendre à chacun selon ses voies et selon le fruit de ses actions» (Jérémie 32:19). Dieu prend connaissance de tout; et il rétribue, selon son juste gouvernement. En disant cela, nous n'oublions pas que les voies de Dieu ont des aspects divers, et que sa grâce se mêle à son gouvernement d'une manière qui nous dépasse infiniment.

Ces pensées solennelles pourraient conduire l'homme à désirer échapper au regard de Dieu, ce qui est évidemment impossible. David rappelle son expérience à ce sujet (ou une expérience supposée) dans le psaume 139 (voir versets 7-12). Mais combien est remarquable sa conclusion! On la trouve tout à la fois dans les premiers et dans les derniers versets du psaume! David accepte avec sérénité, et même il désire, le regard de Dieu sur lui et sur ses voies. «Éternel! tu m'as sondé, et tu m'as connu. Tu connais quand je m'assieds et quand je me lève, tu discernes de loin ma pensée. Tu connais mon sentier et mon coucher, et tu es au fait de toutes mes voies» (versets 1-3). «Sonde-moi, ô Dieu! et connais mon cœur; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle» — c'est-à-dire: dans ton chemin (versets 23, 24).

Il connaît la voie que je suis… Mon pied s'attache à ses pas (Job 23:1-14)

Il y a bien des revirements dans les paroles de Job, alors qu'à son dépouillement et à sa maladie s'ajoutent les propos irréfléchis de ses amis. Dans ce chapitre 23, où il répond aux accusations injustes d'Éliphaz, il exprime le désir de trouver Dieu, afin d'exposer «sa juste cause» devant lui (verset 4); mais il ne l'aperçoit ni «en avant», ni «en arrière», ni «à gauche», ni «à droite» (versets 8, 9). Cependant, si lui ne voit pas Dieu, il a la certitude que Dieu a une parfaite connaissance de tout ce qui le concerne: «Il connaît la voie que je suis; il m'éprouve, je sortirai comme de l'or» (verset 10). Il y a sans doute, hélas! une pensée de propre justice dans ces paroles, mais quelle grande vérité Job exprime ici, sans peut-être en réaliser toute la portée! Du creuset d'une épreuve extraordinaire, il allait effectivement sortir purifié comme de l'or, et être amené à porter sur lui-même un jugement qui nous est en exemple. Alors, sa propre justice fera place à l'horreur de lui-même! (Cf. 42:6).

En attendant, et quoi qu'il en soit, il veut persévérer dans un chemin de fidélité à Dieu. «Mon pied s'attache à ses pas; j'ai gardé sa voie, je n'en ai point dévié» (verset 11). Combien tout ceci est remarquable! Job a devant lui «les pas» de Dieu, «la voie» dans laquelle Dieu marche. C'est son modèle. Ses pieds veulent suivre ce chemin-là.

Et Job, manifestant déjà quelque résultat du travail que Dieu opère en lui, prend la place de soumission et de confiance qui convient à l'homme devant le Tout-Puissant: «Mais lui, il a une pensée, et qui l'en fera revenir? Ce que son âme désire, il le fait. Car il achèvera ce qui est déterminé pour moi» (versets 13, 14). Il en est ainsi pour nous aussi. Dieu agit envers nous selon ses plans de grâce et de sagesse — que peut-être nous ne comprenons pas —, et il mènera tout à bonne fin pour nous.