Les voies de Dieu

J.A. Monard

La voie, le chemin, le sentier

Ces mots sont fréquemment utilisés dans le langage biblique pour exprimer la manière d'agir, le comportement habituel. Nos actions sont ponctuelles. Mais ce qui caractérise de façon générale nos actions, notre ligne de conduite: constitue notre voie, notre chemin, notre sentier. C'est une image du même ordre que nous employons quand nous parlons de notre marche.

Pour parler de ce qui le concerne, Dieu utilise un langage adapté à la compréhension humaine. C'est ainsi qu'il nous parle de ses yeux, de ses oreilles, de sa bouche, de sa main, de son cœur…, comme aussi de ses voies, de son chemin, de son sentier et de sa marche1. C'est un langage figuré, qui nous est bien accessible, mais il ne nous faut pas oublier que «Dieu est esprit» (Jean 4:24). Nous n'avons pas à donner un sens matériel à ces mots. Israël n'avait vu «aucune forme» lorsque Dieu s'était révélé à lui, et le peuple est solennellement mis en garde contre toute représentation concrète de l'Éternel, toute «image taillée» (Deutéronome 4:12-16).

1 Voie (au pluriel) est le mot le plus fréquemment utilisé, soit dans la Bible soit dans le langage chrétien, mais les autres mots se rencontrent aussi: chemin: Job 36:23; Nahum 1:3 — sentier: Psaumes 25:10; 65:11; 77:19 — marche (ou marcher): Psaumes 68:7, 24; Exode 33:16; 34:9.

Les voies de Dieu occupent une place très importante dans la Parole. L'expression s'y trouve avec deux sens distincts:

  • les voies dans lesquelles Dieu lui-même marche, c'est-à-dire sa manière d'agir,
  • et les voies de caractère divin dans lesquelles il appelle les siens à marcher.

1. Les voies de Dieu lui-même

Comment Dieu agit

«Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l'Éternel: car comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées» (Ésaïe 55:8, 9).

Ce passage d'Ésaïe nous met à notre place devant Dieu. Ses pensées et ses voies sont infiniment au-dessus des nôtres. Gardons nos esprits de juger Dieu d'après nos normes humaines, faibles et limitées. Nous ne voyons jamais qu'un petit bout des choses, alors que Lui les voit dans leur ensemble. Et observons, pour notre encouragement, que ces versets sont encadrés par la déclaration de la grâce de Dieu: «il pardonne abondamment» et «vous sortirez avec joie».

Néanmoins, même si elles nous dépassent de beaucoup, nous sommes profondément intéressés aux voies de Dieu, en particulier à ses voies envers l'homme et envers la terre. Elles nous concernent directement ou indirectement, et elles ont un rapport très étroit avec la gloire de Christ, à qui notre vie est liée.

L'Ancien Testament, soit dans sa partie historique soit dans sa partie prophétique, nous fait connaître les voies de Dieu envers Israël. Ces voies sont remarquablement résumées par ce verset du psaume 99:«Éternel, notre Dieu! tu leur as répondu, tu as été pour eux un Dieu qui pardonnait, et prenait vengeance de leurs actes» (verset 8). Quel contraste: pardon, jugement! Dieu agit toujours en accord avec sa propre nature, qui est «amour» et qui est «lumière». Dans sa miséricorde, il a toujours répondu à la foi des siens et a été prompt à leur pardonner. Mais sa sainteté s'est aussi toujours manifestée dans le jugement du mal.

«Le secret de l'Éternel est pour ceux qui le craignent» (Psaumes 25:14). C'est seulement dans la communion avec Dieu et dans la crainte qui lui est due que l'on peut recevoir de lui quelque connaissance de ses voies. Moïse, le conducteur d'Israël au travers du désert, avait saisi davantage que le peuple la portée et la raison des œuvres de l'Éternel. «Il a fait connaître ses voies à Moïse, ses actes aux fils d'Israël» (Psaumes 103:7).

Caractères des voies de Dieu

À la fin du voyage à travers le désert, Moïse rend ce témoignage: «Il est le Rocher, son œuvre est parfaite; car toutes ses voies sont justice» (Deutéronome 32:4).

Dans le cantique qu'il adresse à l'Éternel «le jour où l'Éternel l'eut délivré de la main de tous ses ennemis» (2 Samuel 22:1), David jette un regard en arrière et dit: «Quant à Dieu, sa voie est parfaite; … il est un bouclier à tous ceux qui se confient en lui» (verset 31). Et il confirme au psaume 145: «L'Éternel est juste dans toutes ses voies: et bon dans toutes ses œuvres» (verset 17).

Après avoir développé les voies de Dieu, passées et futures, envers son peuple Israël, le prophète Osée conclut: «Qui est sage? il comprendra ces choses; et intelligent? il les connaîtra; car les voies de l'Éternel sont droites» (14:9).

L'épître aux Romains place devant nous les desseins éternels de la grâce de Dieu envers l'homme et les moyens par lesquels il les a réalisés. Et si, quant à la culpabilité, quant au moyen de salut, et quant à la portée du salut, Juifs et nations sont sur un pied d'égalité, à la fin de l'épître, l'apôtre montre comment la place particulière d'Israël sera maintenue et comment les promesses faites aux patriarches trouveront leur accomplissement. Après cet exposé, il s'exclame: «O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables!» (Romains 11:33).

Et le livre de l'Apocalypse, au sein des jugements qui frappent la terre, nous fait entendre cet ultime témoignage: «Justes et véritables sont tes voies, ô Roi des nations!» (15:3).

Fais-moi connaître ton chemin

«Et maintenant, je te prie, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, fais-moi connaître, je te prie, ton chemin1 et je te connaîtrai» (Exode 33:13). C'est une prière de Moïse, juste après l'affaire du veau d'or. Le conducteur ne demande pas ici quel est le chemin dans lequel le peuple doit marcher, mais il désire savoir ce que Dieu fera, quelles vont être ses voies. Acceptera-t-il d'accompagner lui-même son peuple rebelle ou enverra-t-il un ange devant lui? (cf. versets 2, 3, 12-16.) Et Dieu se laisse fléchir par l'intercession de Moïse (verset 17).

1 En note: hébr.: tes voies.

Cette instante prière contient encore un enseignement important pour nous. La connaissance des voies de Dieu conduit à la connaissance de Dieu lui-même: «Fais-moi connaître ton chemin… et je te connaîtrai». Moïse désirait progresser dans cette connaissance.

En effet, dans le même chapitre, nous l'entendons dire à l'Éternel: «Fais-moi voir, je te prie, ta gloire».

Son désir ne pourra pas être entièrement satisfait: «Tu ne peux pas voir ma face», lui répond l'Éternel. Avant la venue de Christ, il était impossible de contempler la plénitude de ce que Dieu est. Cependant Dieu répond à l'attente de Moïse, dans la mesure de ce qui pouvait être connu alors. Il dit: «Je ferai passer toute ma bonté devant ta face». Et il va le cacher dans la fente du rocher, le couvrir de sa main jusqu'à ce qu'il soit passé, puis retirer sa main. Et ainsi Moïse pourra le voir «par derrière» (versets 18-23).

Le voir «par derrière» correspond bien à la demande de Moïse: «Fais-moi connaître ton chemin». Les voies de Dieu demeurent un mystère. Bien souvent, l'homme ne peut savoir à l'avance ce que Dieu va faire. Va-t-il user de grâce et pardonner, ou va-t-il agir en jugement? Mais après qu'il a agi, on peut, en quelque mesure, discerner ses traces, voir comment il a agi. C'est aussi ce qu'exprime Asaph au psaume 77: «Ta voie est dans la mer: et tes sentiers dans les grandes eaux; et tes traces ne sont pas connues» (verset 19). Les voies de Dieu demeurent un mystère.

Ta voie est dans le lieu saint

Dans ce même psaume 77, on voit Asaph dans la détresse. Après s'être tourmenté dans son esprit, après s'être demandé si la bonté de Dieu avait cessé pour toujours, il trouve enfin sa consolation: «O Dieu! ta voie est dans le lieu saint» (verset 13). Les voies de Dieu se déploient sur la terre, là où nous pouvons en discerner quelques traces, mais elles ont leur source dans le lieu saint, dans la demeure éternelle de Dieu. Il agit toujours en parfait accord avec sa nature.

Cette déclaration du psaume 77 est éclairée par l'expérience d'Asaph au psaume 73. En voyant «la prospérité des méchants» alors que lui-même était éprouvé, Asaph était bouleversé dans ses pensées; il ne comprenait pas la manière d'agir de Dieu. Il est allé jusqu'à se demander s'il valait la peine de marcher dans la crainte de Dieu. Puis, à la fin, il est «entré dans les sanctuaires de Dieu», et il a compris quelle était la fin des méchants (verset 17). Alors, il a été amené à juger ses pensées et à confesser sa stupidité (verset 22). C'est là, «dans le lieu saint», pour autant que nous sachions y entrer et nous y tenir, que nous pouvons saisir quelque chose des voies de Dieu, de sa manière d'agir.

2. Les voies de Dieu pour les siens

Marcher dans les voies de Dieu

Nous en arrivons au second sens de l'expression «voie de Dieu», le chemin que Dieu trace devant l'homme pour qu'il y marche.

Abraham, non seulement avait marché lui-même dans un tel chemin, mais allait commander «à ses fils, et à sa maison après lui, de garder la voie de l'Éternel: pour pratiquer ce qui est juste et droit» (Genèse 18:19).

Dans le livre du Deutéronome, Moïse encourage la nouvelle génération en disant: «Et maintenant, Israël! qu'est-ce que l'Éternel, ton Dieu, demande de toi, sinon que tu craignes l'Éternel, ton Dieu, pour marcher dans toutes ses voies: et pour l'aimer…?» (10:12).

Au psaume 25, David demande: «Fais-moi connaître tes voies1, ô Éternel! enseigne-moi tes sentiers. Fais-moi marcher dans ta vérité, et enseigne-moi» (versets 4, 5). Et il ajoute: «L'Éternel est bon et droit; c'est pourquoi il enseignera le chemin aux pécheurs.

1 Il est possible que les deux sens de l'expression soient présents ici.

Il fera marcher dans le droit chemin les débonnaires, et il enseignera sa voie aux débonnaires… Qui est l'homme qui craint l'Éternel? Il lui enseignera le chemin qu'il doit choisir» (versets 8, 9, 12). Et dans le cantique que nous avons déjà cité, il dit, dans l'intégrité de son cœur: «L'Éternel m'a récompensé selon ma justice, il m'a rendu selon la pureté de mes mains; car j'ai gardé les voies de l'Éternel» (2 Samuel 22:21, 22).

De l'un de ses descendants, la Parole rend ce beau témoignage: Josaphat «prit courage dans les voies de l'Éternel» (2 Chroniques 17:6). Ce qui le conduit à des résultats pratiques: il purifie son pays de l'idolâtrie et envoie des Lévites de ville en ville pour y enseigner la loi de l'Éternel.

Dans l'ensemble, hélas! Israël n'a pas marché dans les voies de l'Éternel. Avec quelle tristesse Dieu doit dire: «Mon peuple n'a pas écouté ma voix, et Israël n'a pas voulu de moi… Oh! si mon peuple m'avait écouté! si Israël avait marché dans mes voies!…» (Psaumes 81:11, 13). Cependant les prophètes annoncent la restauration du peuple, dans un jour futur, et le travail profond que Dieu opérera: «Je leur donnerai un seul cœur, et une seule voie: pour me craindre tous les jours, pour leur bien et le bien de leurs fils après eux» (Jérémie 32:39). Et à travers eux, la bénédiction se répandra sur toute la terre; les nations afflueront à Jérusalem et diront: «Venez, et montons à la montagne de l'Éternel, à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies: et nous marcherons dans ses sentiers» (Ésaïe 2:3).

En attendant ce jour glorieux, nous marchons dans un monde dont les voies sont corrompues, et nous avons le plus grand besoin que Dieu nous garde d'être contaminés par elles. Mais nous avons des ressources. «Comment un jeune homme rendra-t-il pure sa voie?

Ce sera en y prenant garde selon ta parole» (Psaumes 119:9). En nous-mêmes, nous n'avons pas de force pour cela, mais si nous comptons sur celle de Dieu, nous pourrons faire cette expérience de David: «Quand tu soutiens mes pas dans tes sentiers, mes pieds ne chancellent point» (Psaumes 17:5). Ce n'est pas dans n'importe quel chemin que nous pouvons compter sur le soutien de Dieu, mais dans ses sentiers.

«Bienheureux quiconque craint l'Éternel, et marche dans ses voies!» (Psaumes 128:1). Car «la voie de l'Éternel est la force pour l'homme intègre» (Proverbes 10:29).

Conclusion

Il est bien remarquable que la même expression «les voies de l'Éternel» désigne, dans le langage de l'Écriture, tantôt la manière d'agir de Dieu lui-même, tantôt celle qu'il attend des siens. Et cela nous amène à nous demander: est-ce tellement différent? Bien sûr, Dieu agit comme le Souverain qui tient tout entre ses mains, qui gouverne et qui rétribue selon sa justice. Cela n'appartient qu'à lui. Mais les traits moraux qui caractérisent les voies de Dieu — qui caractérisent sa manière d'agir — ne sont-ils pas ceux qu'il désire voir reproduits dans la marche des siens? Et ainsi la voie de Dieu devient le modèle de la voie des siens.

Les deux sens de l'expression paraissent superposés dans le dernier verset du prophète Osée. D'après le contexte, ce passage se réfère sans aucun doute aux voies de l'Éternel lui-même, mais il indique en outre que des hommes y marcheront: «Les voies de l'Éternel sont droites: et les justes y marcheront» (Osée 14:9).

Si cela pouvait être vrai pour «les justes» d'autrefois, à combien plus forte raison cela doit-il l'être pour ceux que Dieu reconnaît aujourd'hui comme ses enfants! «Soyez donc imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants» (Éphésiens 5:1). «Marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous» (verset 2). «Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces» (1 Pierre 2:21).