Deuxième épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Chapitre 3 (suite)

Verset 6

«Mais nous vous enjoignons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, de vous retirer de tout frère qui marche dans le désordre, et non pas selon l'enseignement qu'il a reçu de nous.»

À la fin de sa lettre, Paul s'arrête assez longuement sur un dérèglement de la conduite de quelques frères à Thessalonique. Il n'y avait pas seulement des dangers venant de dehors sous forme de fausse doctrine, il y avait aussi des dangers intérieurs, sur le plan pratique. Et il paraît probable qu'il y ait un lien entre les deux, car un enseignement falsifié entraîne très souvent des conséquences fâcheuses quant à la conduite. Les deux épîtres aux Thessaloniciens mettent clairement en évidence la relation qui existe entre la doctrine concernant la venue du Seigneur et notre marche pratique. C'est pourquoi il est important pour nous de bien comprendre cet enseignement. Le soin avec lequel Paul traite ce problème montre quelle importance il attachait à la marche des croyants.

Paul s'adresse ici à ses «frères» de la façon la plus solennelle, et il se réfère à l'enseignement qu'il leur avait déjà donné. En effet, dans la première épître, il les avait exhortés à avertir les «déréglés» (5:14). Ici, il invoque la plus haute autorité possible, celle du Seigneur, en utilisant l'expression la plus complète de son nom: «notre Seigneur Jésus Christ». Cette mention laisse entendre que ce désordre chez quelques-uns n'était pas seulement la conséquence d'une sorte d'euphorie liée à la pensée de la venue du Seigneur, mais un comportement erroné engendré par la fausse doctrine. Quoi qu'il en soit, Paul doit maintenant enseigner les autres à leur égard.

Mais de quel genre de «désordre» s'agissait-il? Et que signifie «se retirer»?

Remarquons d'abord que l'apôtre Paul ne parle pas ici, contrairement à 1 Corinthiens 5, 13, d'un «méchant». Cette distinction est nécessaire. Il n'est pas question ici d'une exclusion de la communion à la table du Seigneur. Le mot grec pour «dans le désordre», qui d'ailleurs ne se trouve que dans les deux épîtres aux Thessaloniciens, s'appliquait à l'origine à un soldat qui ne garde pas son rang ou son poste de combat, plus tard à toute personne indisciplinée. Il s'agit donc d'un comportement qui n'est pas conforme à ce que la parole de Dieu nous enseigne. Car elle seule fournit les normes pour notre marche.

Certes les croyants sont très différents les uns des autres, et cela peut se voir; mais nous vivons tous suivant les mêmes principes chrétiens, et cela doit se voir. Certains détails de notre marche chrétienne peuvent être marqués par nos habitudes et par notre environnement culturel. Ceci n'est pas obligatoirement faux, mais ce qui est déterminant, c'est notre respect de l'ordre divin. «Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix» (1 Corinthiens 14:33). En définitive, c'est une question d'obéissance à sa Parole.

Une marche dans le désordre peut prendre des aspects très divers. Celle qui sévissait parmi les Thessaloniciens pouvait être connue au dehors, susciter du scandale devant le monde et nuire au témoignage. Plusieurs parmi eux ne voulaient plus travailler et vivaient à la charge des autres.

L'apôtre enjoint aux autres frères de se retirer de ceux qui se comportaient ainsi. Il fallait prendre clairement ses distances et n'avoir rien en commun avec eux. En Romains 16:17, nous sommes exhortés à nous éloigner de ceux qui causent des divisions. L'expression «se retirer» semble être moins sévère que «s'éloigner», bien qu'ayant le même sens général, et aller moins loin aussi que celle du verset 14, «ne pas avoir de commerce», qui décrit une étape ultérieure dans la discipline.

Ici, il ne s'agissait pas d'exclure quelqu'un de la communion avec les privilèges des saints, ni, comme en 2 Jean 10, de refuser de le recevoir dans sa maison ou de le saluer. Il s'agissait de croyants, appelés expressément «frères», et de marche désordonnée, non de fausse doctrine, comme dans la deuxième épître de Jean. Il peut devenir nécessaire de se distancer du comportement erroné d'un frère, de lui montrer clairement qu'on le désapprouve et qu'on ne veut pas s'associer à sa mauvaise voie.

Verset 7

«Car vous savez vous-mêmes comment il faut que vous nous imitiez; car nous n'avons pas marché dans le désordre au milieu de vous»

Les Thessaloniciens avaient eu l'occasion d'observer Paul et ses compagnons. Ces missionnaires n'avaient pas vécu dans le désordre; bien au contraire, ils avaient été des modèles que les croyants pouvaient imiter.

Dans un autre contexte, dans la première épître, il leur avait dit: «vous êtes devenus nos imitateurs et ceux du Seigneur» (1:6). Il avait placé devant eux un enseignement pratique visible. Qui imitait Paul suivait les traces de Christ. C'est ainsi qu'il pouvait écrire aux Corinthiens: «Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ» (1 Corinthiens 11:1). Dans sa première épître, l'apôtre avait rappelé aux Thessaloniciens comment il s'était conduit au milieu d'eux et comment son comportement pouvait leur servir d'exemple (cf. particulièrement le chapitre 2). Sa marche avait été en harmonie avec son enseignement.

Verset 8

«… ni n'avons mangé du pain chez personne gratuitement, mais dans la peine et le labeur, travaillant nuit et jour pour n'être à charge à aucun de vous»

Paul et ses compagnons ne voulaient pas tirer bénéfice de l'évangile qu'ils annonçaient (2 Corinthiens 11:7). L'apôtre cherchait à gagner lui-même ce qui était nécessaire à son entretien. Son métier était de faire des tentes (Actes des Apôtres 18:3). Ce travail entraînait pour lui «peine» et «labeur», car son activité principale était l'œuvre du Seigneur. Il travaillait ainsi «nuit et jour» — comme il le dit déjà dans la première épître (2:9) — la nuit pour gagner sa vie et le jour pour annoncer l'évangile et se consacrer au service des saints.

Ce n'était pas seulement avec les Thessaloniciens que Paul avait agi de cette manière. Lorsqu'il prend congé des anciens d'Éphèse, il dit: «Je n'ai convoité ni l'argent, ni l'or, ni la robe de personne. Vous savez vous-mêmes que ces mains ont été employées pour mes besoins et pour les personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré en toutes choses, qu'en travaillant ainsi il nous faut secourir les faibles, et nous souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui lui-même a dit: Il est plus heureux de donner que de recevoir» (Actes des Apôtres 20:33-35).

Verset 9

«non que nous n'en ayons pas le droit, mais afin de nous donner nous-mêmes à vous pour modèle, pour que vous nous imitiez.»

Paul aurait eu le droit de compter sur ses frères et sœurs pour ce qui concernait son entretien. Le Seigneur lui-même avait dit qu'un ouvrier est digne de son salaire (Matthieu 10:10; Luc 10:7; cf. 1 Timothée 5:17, 18). En 1 Corinthiens 9:4, l'apôtre pose la question: «N'avons-nous pas le droit de manger et de boire?» et il dit plus loin dans le même chapitre: «De même aussi, le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l'évangile, de vivre de l'évangile». Et il ajoute aussitôt: «Mais moi je n'ai usé d'aucune de ces choses» (versets. 14, 15). Il avait agi ainsi à cause de l'attitude de plusieurs à Corinthe (cf. 2 Corinthiens 11:9-12). Un tel comportement le mettait à l'abri de tout reproche. En même temps — et ce motif était prioritaire ici — il désirait être un modèle pour d'autres. Il avait discerné ce danger particulier à Thessalonique, que plusieurs ne voulaient plus travailler, et il voulait leur montrer l'exemple. En revanche, l'apôtre avait accepté avec reconnaissance le soutien financier des Philippiens (cf. Philippiens 4:15, 16).

Aujourd'hui aussi, il est pleinement en accord avec la parole de Dieu que des frères qui consacrent leur temps à l'œuvre du Seigneur soient soutenus financièrement par les frères parmi lesquels ils travaillent.

Nous sommes tous exhortés à «abonder dans l'œuvre du Seigneur» (1 Corinthiens 15:58). Il y a beaucoup de frères qui consacrent une grande partie de leur temps au Seigneur, et qui cependant pourvoient eux-mêmes à leur entretien.

Verset 10

«Car aussi quand nous étions auprès de vous, nous vous avons enjoint ceci, que si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus.»

Il y en avait donc parmi les Thessaloniciens qui ne voulaient pas travailler, quels qu'aient pu être les motifs de ce comportement. Lors de son séjour à Thessalonique, Paul les avait déjà enseignés à ce sujet, en raison, probablement, de premières manifestations de ce désordre.

Cette tendance à ne pas vouloir travailler a ressurgi tout au long de l'histoire de la chrétienté. On a prétendu que de saints hommes n'ont pas à travailler pour leur pain quotidien. Ils auraient d'autres tâches, et devraient laisser les autres travailler pour eux! Un tel comportement ne correspond aucunement à la pensée de Dieu. Et ce n'est pas une chose trop petite pour lui de nous instruire concernant notre travail journalier. Personne n'est trop saint ou trop spirituel pour travailler.

Travaillons avec soin, que ce soit dans notre profession ou dans l'œuvre du Seigneur. Paul écrit aux Colossiens: «Et quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père» (3:17). Nous devons accomplir notre travail comme si nous le faisions pour le Seigneur, comme si c'était lui notre patron. Nous ne nous occupons pas de ces choses matérielles comme si elles étaient le but de notre vie, mais nous devons avoir un sentiment profond de notre responsabilité d'accomplir notre travail pour le Seigneur.

Verset 11

«Car nous apprenons qu'il y en a quelques-uns parmi vous qui marchent dans le désordre, ne travaillant pas du tout, mais se mêlant de tout.»

En grec, «ne pas travailler, mais se mêler de tout» est un jeu de mots difficile à rendre dans une traduction, mais cela revient à peu près à ceci: ces personnes ne montraient aucun zèle pour leurs propres affaires et en déployaient d'autant plus pour celles des autres.

Le danger de se mêler de tout, de s'ingérer dans les affaires des autres, guette en particulier tous ceux qui n'ont pas d'activité ou de tâche régulières. On parle de n'importe quoi, on bavarde au sujet de ses frères et sœurs, et on discute de choses qui ne nous regardent pas. Combien de malheurs sont déjà survenus, parmi les croyants et les assemblées, à cause de ceux qui, par oisiveté, se mêlent des circonstances des autres. La parole de Dieu parle très sévèrement de ce danger; ne le sous-estimons pas.

Verset 12

«Mais nous enjoignons à ceux qui sont tels, et nous les exhortons dans le Seigneur Jésus Christ, de manger leur propre pain en travaillant paisiblement.»

Maintenant Paul s'adresse directement à ceux qui marchaient dans le désordre, et leur donne un ordre précis. Ils devaient pourvoir eux-mêmes à leur entretien, en travaillant paisiblement. L'apôtre leur parle avec autorité, et il joint l'exhortation au commandement qu'il leur donne.

Cette force de persuasion de l'amour peut l'avoir aussi amené — conduit par l'Esprit Saint — à ne pas ajouter à son injonction la formule solennelle du verset 6: «au nom de notre Seigneur Jésus Christ», mais à lier son exhortation à la position des croyants «dans le Seigneur Jésus Christ». Étant donné notre position, nous avons une relation directe avec le Seigneur Jésus et une relation l'un avec l'autre. De cette relation découle une responsabilité, et c'est ce qui est mis en évidence ici. Nous, nous aurions peut-être associé le commandement du verset 12 au «nom de notre Seigneur Jésus Christ». Mais la sagesse d'en haut agit autrement. Elle place le commandement et l'exhortation sur le fondement de notre position commune devant le Seigneur. Nous pouvons en retirer beaucoup d'instruction pour nos relations les uns avec les autres, et particulièrement avec ceux qui, dans leur comportement, s'éloignent des principes de la parole de Dieu.

Le commandement et l'exhortation ont pour objet: «qu'ils mangent leur propre pain en travaillant paisiblement», c'est-à-dire qu'ils travaillent avec régularité, constance et persévérance. Chacun de nous est responsable de la manière dont il utilise son temps. Celui qui n'a pas, ou n'a plus, de tâche précise — pour quelque motif que ce soit (âge, maladie, chômage, etc.) — doit demander à son Seigneur comment son temps libre peut être occupé raisonnablement pour lui. L'oisiveté est toujours un danger.

À suivre