Deuxième épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Chapitre 3

Verset 1er

«Au reste, frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur coure et qu'elle soit glorifiée, comme elle l'est aussi chez vous».

Maintenant, l'apôtre s'adresse de nouveau aux Thessaloniciens comme à des «frères», en se recommandant, ainsi que ses compagnons, à leurs prières. La grâce unit dans le Seigneur les cœurs des croyants, de sorte que leur amour réciproque s'exprime dans la prière les uns pour les autres.

Paul priait et rendait grâce pour les Thessaloniciens, et eux-mêmes priaient pour lui. Et encore maintenant, chacun de nous a besoin des prières de ses frères et sœurs, que ce soit pour sa marche ou pour le service qu'il a reçu du Seigneur.

Aucun des serviteurs du Seigneur n'est si grand qu'il puisse accomplir son service sans les prières de ses frères et sœurs. Les plus grandes vérités avaient été confiées à Paul, il avait l'intelligence des profonds mystères divins et travaillait avec zèle dans l'œuvre du Seigneur. Il avait reçu son apostolat de Jésus Christ et de Dieu le Père, non de l'homme (Galates 1:1). Il était un vase d'élection choisi par Dieu lui-même pour son témoignage (Actes des Apôtres 9:15), et il avait été approuvé de Dieu pour que l'évangile lui soit confié (1 Thessaloniciens 2:4). Malgré ces privilèges hors du commun, il éprouvait le besoin de demander les prières des saints. Il vivait dans la puissance de Dieu, et en même temps, il ressentait la nécessité d'être porté dans son service par les prières de ses frères et sœurs, quelque faibles qu'ils aient été.

Comme dans d'autres passages (par exemple Romains 15:30-32; Éphésiens 6:19; Colossiens 4:3), Paul ne demande pas seulement les prières des saints, mais il en précise concrètement l'objet. Il place en premier lieu ce qui concerne Dieu. Il désirait que «la parole de Dieu coure et soit glorifiée». Ces mots évoquent l'urgence de la présentation de l'évangile.

Combien il est important de répandre l'évangile, aujourd'hui comme alors! Certes chacun n'a pas le don d'évangéliste, mais nous pouvons tous prendre part à l'évangile (Philippiens 1:5) et combattre par la prière pour ceux qui sont au front et portent la bonne nouvelle. Nous vivons dans les derniers jours. Encourageons-nous donc à prier, individuellement et en assemblée, pour les missionnaires, les évangélistes et tous les frères et sœurs qui ont particulièrement à cœur de répandre la bonne nouvelle. Et cela, pas seulement globalement, mais d'une manière précise et personnelle.

La parole du Seigneur doit «courir» et être glorifiée. Remarquons que Paul ne dit pas ici: la parole de Dieu, mais: la parole du Seigneur. Cette expression, que l'on trouve particulièrement dans le livre des Actes, désigne l'évangile, le message que le Seigneur faisait répandre par ses témoins (cf. Actes des Apôtres 8:25; 13:48, 49; 15:35, 36; 16:32; 19:10; 1 Thessaloniciens 1:8).

La parole de Dieu «court avec vitesse» (Psaumes 147:15), elle «n'est pas liée» (2 Timothée 2:9). Prenons garde de ne pas entraver sa diffusion, mais d'y contribuer de tout notre cœur.

La parole du Seigneur ne doit pas seulement courir, elle doit aussi être «glorifiée». Quand elle a atteint son but, quand un homme est venu à la foi, elle est glorifiée. C'est ce que nous trouvons en Actes 13:48: «Et lorsque ceux des nations entendirent cela, ils s'en réjouirent, et ils glorifièrent la parole du Seigneur; et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent». Là où la Parole est manifestée dans sa grandeur, Dieu est glorifié et la beauté de Christ est mise en évidence.

La mention finale «comme elle l'est aussi chez vous» nous fait penser à une course de relais, où les coureurs se transmettent le témoin. Il en était ainsi des Thessaloniciens. Ils avaient reçu l'évangile par le moyen de l'apôtre Paul et, de chez eux, la parole du Seigneur avait «retenti… en tous lieux» (1 Thessaloniciens 1:8). Qu'en est-il de nous?

Verset 2

«… et que nous soyons délivrés des hommes fâcheux et méchants, car la foi n'est pas de tous»

De méchants hommes cherchaient alors à nuire au témoignage chrétien. Il en a été ainsi de tous temps. Alors, les ennemis les plus acharnés de l'évangile étaient des juifs, et Paul a eu beaucoup à souffrir de la part de ses compatriotes. Les Thessaloniciens avaient vu cela de près lors de son séjour parmi eux (Actes des Apôtres 17:5-9). L'apôtre en parle dans sa première lettre (cf. 2:15, 16). Plus tard, des opposants sont progressivement venus du milieu même du christianisme. Et maintenant c'est incontestablement là qu'il faut chercher les plus grands ennemis de l'évangile. Ce sont des personnes qui, sous le couvert de la religion, se sont insinuées pour effectuer leur œuvre de destruction. Paul a déjà décrit le point culminant de cette évolution au chapitre 2 de l'épître.

Les opposants dont parle l'apôtre étaient des incrédules. C'est pourquoi il ajoute ici: «La foi n'est pas de tous». En grec, foi et fidélité sont un même mot, de sorte que l'on pourrait écrire: «la fidélité n'est pas de tous»; cela établit un contraste évident avec le verset suivant, où nous lisons que le Seigneur, lui, est fidèle. Ces gens professent le christianisme, mais ils ne sont pas authentiques, ils ne sont pas vrais. Ils s'opposent à la vérité et tentent d'empêcher d'autres de la recevoir. C'est pourquoi ils sont appelés «fâcheux et méchants».

Verset 3

«mais le Seigneur est fidèle, qui vous affermira et vous gardera du méchant.»

L'apôtre détourne de nouveau l'attention des Thessaloniciens de ce qui aurait pu les décourager, pour la fixer sur le Seigneur et sur sa fidélité. Au lieu de considérer ceux qui sont infidèles et qui veulent nuire à l'œuvre du Seigneur, nous pouvons nous occuper de Celui qui est fidèle, notre Seigneur. Cela nous console et nous encourage.

Nous retrouvons ici la même expression «affermir» qu'au dernier verset du chapitre 2. Là c'était une prière; ici c'est la certitude de son accomplissement. La fidélité du Seigneur nous affermira et nous gardera. Ceci se lie étroitement à la délivrance mentionnée dans le verset précédent. Le Seigneur nous gardera «du méchant»: ce peut être des personnes, ou du «mal» d'une manière plus générale. Satan lui-même est appelé «le méchant» en Éphésiens 6:16 et nous avons besoin d'être gardés par notre Seigneur de cet ennemi-là. Mais il y a aussi des hommes méchants, comme dans le verset 2, qui veulent nuire aux croyants et dont nous devons aussi être protégés. Il y a enfin «le mal» dans un sens général, ce mal qui nous entoure comme l'air que nous respirons et que nous sommes exhortés à avoir «en horreur» (Romains 12:9). Là encore nous avons grand besoin de la sauvegarde du Seigneur.

Paul avait fait l'expérience des attaques du méchant. Mais il connaissait bien l'unique ressource qui était à sa disposition, comme elle l'est à la nôtre: la fidélité de son Seigneur. Quelque fragile que soit notre fidélité, la sienne ne fait jamais défaut. Que les hommes se détournent avec indifférence ou qu'ils combattent contre l'évangile avec une haine fanatique, le rocher de notre secours et de notre force demeure inébranlable: c'est la fidélité de notre Seigneur. Son nom est «fidèle et véritable» (Apocalypse 19:11).

Dans la première épître, Paul avait rappelé aux Thessaloniciens la fidélité de Dieu: «Celui qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera» (5:24). Ici, dans la deuxième, où le Seigneur est au premier plan, c'est sa fidélité à lui qui est mentionnée.

Verset 4

«Mais nous avons confiance dans le Seigneur à votre égard, que vous faites et que vous ferez ce que nous avons commandé.»

Après avoir rappelé la fidélité du Seigneur, Paul adresse un nouvel appel à la responsabilité des Thessaloniciens. Ses voies envers nous n'annulent jamais notre responsabilité. Il y a le côté du Seigneur et le nôtre. Lui nous garde, et nous sommes responsables de lui obéir. Il nous faut bien distinguer ces deux aspects.

L'obéissance aux commandements du Seigneur est pour nous un sujet d'actualité. Nous vivons dans un temps et dans une société où le mot obéissance semble devenir toujours plus étrange. Mais qu'il n'en soit pas ainsi pour nous! L'obéissance est la preuve de notre amour pour le Seigneur. Et il ne nous impose pas de lourd fardeau. Nous avons «obéi de cœur à la forme de doctrine» dans laquelle nous avons été instruits (Romains 6:17). Dieu nous a donné une nature qui aime ses commandements, qui les accomplit de bon cœur, de même que c'était une joie pour le Seigneur Jésus de faire la volonté de Dieu (Psaumes 40:8). Lui-même a dit: «Mon joug est aisé et mon fardeau est léger» (Matthieu 11:30).

C'est dans l'obéissance au Seigneur que réside pour nous  — quant à notre responsabilité — le secret de notre sauvegarde et de notre joie.

À quels commandements concrets l'apôtre pense-t-il ici? Dans la première épître, il mentionne des commandements qu'il leur avait «donnés par le Seigneur Jésus», lors de son séjour à Thessalonique (4:2). Ce n'étaient pas des commandements arbitraires, venant de lui-même, mais il leur avait transmis ce que le Seigneur lui avait confié. Un peu plus loin, il parle encore de commandements (verset 11). Ils devaient faire paisiblement leurs propres affaires et travailler de leurs propres mains, dans le but de marcher «honorablement envers ceux de dehors». Leur conduite devait être en harmonie avec leur témoignage. Ce sujet va être repris au verset 6 de notre chapitre, et on peut bien penser que le verset 4 y fait déjà allusion. Il s'agit de la fidélité dans notre activité journalière. L'apôtre prépare ainsi les Thessaloniciens à un sujet important qu'il va traiter; il leur présente d'abord la fidélité du Seigneur, puis les exhorte à être eux-mêmes fidèles.

La manière dont il s'adresse à leur responsabilité est pleine de douceur: «Nous avons confiance dans le Seigneur à votre égard». Sa confiance n'était pas fondée sur la chair, mais sur le Seigneur. Tout le bien produit dans le croyant vient du Seigneur. Même aux Galates, qui étaient dans un état très critique, Paul a pu dire: «J'ai confiance à votre égard par le Seigneur, que vous n'aurez point d'autre sentiment» (5:10). La confiance dans le Seigneur qu'exprime l'apôtre dans ces passages ne se réfère pas à quelque stabilité naturelle du caractère humain, mais à notre relation avec le Seigneur, source suffisante de la force pour tout son peuple.

Nous pouvons bien nous poser la question en ce qui nous concerne nous-mêmes: avons-nous cette confiance dans le Seigneur dans nos relations avec nos frères et sœurs, ou bien ces relations sont-elles marquées par la méfiance l'un envers l'autre?

Verset 5

«Or que le Seigneur incline vos cœurs à l'amour de Dieu et à la patience du Christ!»

Maintenant les pensées des Thessaloniciens sont à nouveau dirigées sur le Seigneur et sur sa manière d'agir, et ceci engage à nouveau nos cœurs (cf. 2:17). Nous ne saisissons pas l'amour de Dieu et la patience du Christ avec notre intelligence ou nos capacités, mais uniquement avec notre cœur. S'ils battent pour notre Seigneur, il peut alors les incliner à l'amour de Dieu et à sa propre patience. Il peut enlever tous les obstacles qui, dans notre vie pratique, auraient l'effet de nous séparer de l'amour de Dieu et de la patience du Christ.

C'est une chose de savoir comme un fait que nous sommes aimés de Dieu (2:16), et c'en est une autre que nos cœurs soient occupés de l'amour de Dieu dans notre vie journalière. Jude écrit: «Conservez-vous dans l'amour de Dieu» (verset 21), exhortation qui est en relation avec notre responsabilité. Mais dans le verset dont nous nous occupons, ce n'est pas notre côté, mais le côté du Seigneur: il veut incliner nos cœurs à l'amour de Dieu. Cette déclaration n'a pas particulièrement en vue, semble-t-il, l'amour des saints pour Dieu, ni l'amour des saints l'un pour l'autre selon le modèle de l'amour de Dieu; d'après le contexte il semble bien qu'il s'agisse de l'amour de Dieu pour nous, ce qui d'ailleurs nous conduira aux deux autres choses que nous venons de mentionner.

Si nous réalisons plus profondément l'amour de Dieu pour nous, il s'ensuivra que notre amour grandira en retour pour lui et pour ceux qui sont nés de lui. Nous avons toujours besoin d'être affermis dans la certitude que notre Dieu est amour. Cet amour ne nous abandonne jamais. L'amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l'Esprit (Romains 5:5), et nos cœurs à leur tour sont tournés vers lui et attirés vers lui. Dieu est pour nous, et son amour nous protège de sorte que rien ni personne ne peut nous nuire.

L'expression de l'apôtre, «la patience du Christ», suggère différents courants de pensées, et en tout premier lieu la patience avec laquelle Christ attend le moment de prendre à lui son épouse et d'établir son royaume sur la terre. L'épître aux Hébreux nous dit expressément que Christ attend «désormais jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds» (10, 13). Que nos cœurs persévèrent avec patience dans l'attente de son retour! Et dans cette attente, qu'ils soient, comme lui en a donné l'exemple, patients dans les tribulations!

L'espérance des croyants de Thessalonique avait quelque peu faibli, bien que l'apôtre ait encore pu faire mention de leur patience (1:4). Mais cette patience n'était pas la patience du Christ. La patience du Christ, ce n'est pas seulement la force de tenir ferme dans les difficultés. Certes, cette pensée n'est pas à exclure, mais dans le ciel, il n'y a ni épreuves ni persécution. Et pourtant, l'expression est là: «la patience du Christ». Dans l'épître à Philadelphie, le Seigneur délivre ce témoignage d'approbation qui réjouit son cœur: «tu as gardé la parole de ma patience» (Apocalypse 3:10). Depuis près de deux mille ans, Christ attend le moment de venir prendre à lui son Église, puis de faire valoir ses droits sur cette terre où il a été rejeté. Sa patience est l'expression de l'attente de son cœur pour le jour de ses noces et de son règne.

Comment attendons-nous le Seigneur? Comment l'Église attend-elle la réunion avec Celui qui va être son Époux? Souvent, ce ne sont guère que les circonstances difficiles qui réveillent notre espérance et affermissent nos cœurs. Il est compréhensible qu'il en soit ainsi, mais le grand motif de notre attente ne devrait-il pas être notre amour pour lui?

À suivre