Le nom au-dessus de tout nom (suite)

E. Dennett

5.  Un nom au-dessus de tout nom

Philippiens 2:5-11

«C'est pourquoi aussi Dieu l'a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom» (verset 9). Certains se demandent parfois de quel nom il s'agit précisément. Qu'il s'agisse du nom de Jésus — ou de l'ensemble de ses titres: Jésus Christ reconnu comme Seigneur — la portée de ce passage est évidente.

Dans l'épître aux Éphésiens, l'apôtre nous parle de «l'excellente grandeur» de la puissance de Dieu «envers nous qui croyons, selon l'opération de la puissance de sa force, qu'il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d'entre les morts». Puis il ajoute: «et il l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir» (1:19-21). Le sens est clair: quelle que puisse être la hauteur ou la dignité d'une créature céleste quelconque, Christ comme Homme glorifié a été établi au-dessus d'elle. Aucun autre que Christ n'a été ainsi glorifié; les plus hautes instances angéliques restent bien en dessous de son marchepied.

De la même manière, dans l'épître aux Philippiens, le «nom au-dessus de tout nom» annonce la suprématie absolue, dans tout l'univers, de Christ glorifié comme Seigneur.

Cela devient encore plus évident au regard du contexte. Du verset 5 au verset 11, le passage forme un tout. L'apôtre part d'une exhortation: «Qu'il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus». Et, chose remarquable, toute cette révélation merveilleuse de la personne de Christ, de son caractère, de son incarnation, de son abaissement et de son élévation, nous est donnée afin de renforcer l'exhortation donnée. Son chemin descendant de la gloire du ciel jusqu'aux profondeurs de la honte du Calvaire est présenté aux croyants comme leur exemple. Méditons donc ces choses; plus nous y penserons, plus elles agiront profondément sur nos âmes. Dans l'éternité passée, celui qui est descendu ici-bas comme l'homme humble et débonnaire était — subsistait- «en forme de Dieu» (verset 6). Une telle déclaration, bien au-delà des limites de nos pensées, ne peut signifier rien d'autre que sa divinité essentielle. Elle place devant nous son existence éternelle en tant que Dieu, exactement comme Jean parle de la Parole en disant: «Au commencement était la Parole; et la Parole était auprès de Dieu; et la Parole était Dieu» (Jean 1:1). De cette vérité dépend toute celle de la révélation et de la rédemption. L'abandonner serait comme ôter le soleil du système solaire et ainsi plonger tout le reste dans l'obscurité, le chaos et la destruction. Depuis toujours, ce sujet précis a fait l'objet de controverses autour de la personne de Christ. Tantôt son humanité, tantôt sa divinité, ont été obscurcies ou même niées. La foi résiste à tous les arguments de l'homme par la simple lecture de la parole de Dieu.

«… lequel étant en forme de Dieu…» Si la divinité du Seigneur est introduite ici, ce n'est que pour mettre en évidence sa grâce et son abaissement volontaire. Cette déclaration est immédiatement suivie par des paroles de la plus haute importance. Tout d'abord, il «n'a pas regardé comme un objet à ravir d'être égal à Dieu», et d'autre part, il «s'est anéanti lui-même» (versets 6, 7). La première affirmation nous montre que, bien qu'il ait été en forme de Dieu, il ne l'a pas utilisée pour s'élever lui-même. Il n'a pas cherché à être sur un pied d'égalité avec Dieu. Quel contraste avec Adam, qui est tombé dans le piège du diable en cherchant à s'élever lui-même, pour être «comme Dieu, connaissant le bien et le mal». Adam, étant homme, a voulu s'élever. Christ, étant Dieu, s'est abaissé lui-même. Quelle merveille! Voilà la pensée qui était dans le Christ Jésus. L'affirmation qui suit — «il s'est anéanti lui-même» — est la première expression de cette pensée. C'est avec la plus grande retenue que nous devons l'approcher. En quoi donc celui qui subsistait en forme de Dieu s'est-il anéanti? Certains ont écrit qu'il aurait laissé ses prérogatives ou ses attributs divins.

Gardons-nous de telles pensées! Admettre cela revient à obscurcir la vérité essentielle de sa divinité et à laisser la porte ouverte au rationalisme dans sa pire forme. Car que sont ces attributs? Ce sont les caractéristiques mêmes de la déité, de sorte que s'en dépouiller signifierait la laisser de côté. Non, mille fois non! S'il est dit que Christ s'anéantit lui-même, cela s'applique à sa forme, non à son être.

Les déclarations qui suivent éclaircissent la chose en décrivant le processus et l'effet de cet anéantissement: «prenant la forme d'esclave, étant fait1 à la ressemblance des hommes». C'est donc en tant que Dieu qu'il s'est anéanti lui-même. Puis le texte nous le présente après qu'il s'est anéanti, car nous le voyons à la ressemblance des hommes et en forme d'esclave. Ceci englobe la vérité entière de l'incarnation; et au travers de celle-ci, nous pouvons nous faire une idée, bien qu'imparfaite, de l'immensité de l'abaissement de la «forme de Dieu» à la «forme d'esclave». Il s'agit bien là de la démonstration de l'amour divin au milieu des pécheurs. Nul autre que Dieu n'aurait pu s'abaisser de la sorte, car l'homme est limité par sa forme et son mode d'existence. Dans le fait de l'incarnation, nous trouvons donc un des glorieux mystères de la rédemption. Et, bien que nous soyons incapables d'en saisir la pleine et profonde signification, nous apprenons toutefois que plus Christ s'abaissait, plus sa gloire divine brillait avec éclat! Car Dieu est lumière et Dieu est amour. Où pouvons-nous le constater? — En celui qui a pris la forme d'esclave. À chaque pas de sa course ici-bas, dans ses paroles de grâce et de vérité, dans ses actes de puissance et de bonté, la lumière et l'amour dans toute leur perfection peuvent être découverts par l'œil attentif. Le cœur divinement instruit est alors contraint de s'exclamer: Oui, Dieu est là!

1 Littéralement: devenu, c'est un acte divin volontaire.

Étant Dieu, il s'est anéanti lui-même; et maintenant nous voyons que comme homme, il s'est abaissé lui-même. La vie entière de notre Seigneur est résumée dans ces quelques mots: «il s'est abaissé lui-même». Et il s'est abaissé en devenant obéissant jusqu'à la mort. Ensuite, pour faire ressortir complètement le caractère de son abaissement, il est ajouté: «et à la mort de la croix». C'était une place bien basse que de prendre la forme d'esclave, mais combien plus basse encore quand, «étant trouvé en figure comme un homme», il est descendu jusqu'à la mort ignominieuse de la croix! Et, encore une fois, tandis que nous méditons sur ces choses, souvenons-nous que Christ est présenté ici comme notre modèle. Nos affections ne sont-elles pas stimulées lorsque nous nous penchons sur ce que Jésus Christ était ici-bas? En l'admirant, nous restons humbles et nous sommes rendus conformes à lui par grâce. La révélation de la perfection en lui développe son énergie en nous. En communion avec l'humble Jésus, qui voudrait s'élever? Humble, il nous apprend à prendre la place la plus basse, celle qu'il a prise lui-même.

Tel est le merveilleux fondement sur lequel est basée l'élévation actuelle de Christ. Le lien direct de cause à effet entre son abaissement et sa gloire ressort de l'expression «c'est pourquoi». Mais ces mots expriment également l'appréciation du cœur de Dieu devant l'abaissement volontaire de Christ. Les Écritures nous donnent de nombreuses raisons de la gloire de Christ. Sa dignité, par exemple, est célébrée en Apocalypse 5, en vertu de la rédemption qu'il a accomplie par sa mort et par l'efficacité de son sang.

En Jean 17, il demande lui-même d'être glorifié, car il avait glorifié le Père sur la terre et il avait achevé l'œuvre qu'il lui avait donnée à faire. Ici c'est tout différent: c'est Dieu lui-même qui s'avance, dans la joie de son cœur et dans l'expression de ses délices en celui qui s'est abaissé lui-même. Et il l'élève aux hauteurs de la gloire qu'il occupe désormais. Cet acte proclame haut et fort dans tout l'univers que cette position unique lui revient de droit, que celui qui est descendu plus bas que tous doit occuper la place la plus haute qui soit. Moralement, c'est l'exemple parfait du principe que le Seigneur a lui-même énoncé: «Celui qui s'abaisse sera élevé» (Luc 14:11).

L'apôtre, dans son épître aux Éphésiens, touche à une autre face de ce grand sujet. Il nous dit que celui qui «est descendu dans les parties inférieures de la terre… est le même que celui qui est aussi monté au-dessus des cieux, afin qu'il remplît toutes choses» (4:9, 10). Même si nous ne pouvons pas sonder toute la profondeur de ces paroles, nous comprenons qu'en vertu de l'abaissement de Christ et de l'œuvre par laquelle il a accompli tous les desseins de Dieu, il inondera finalement tout l'univers de sa propre gloire rédemptrice. Cela, et rien de moins que cela, constituera la réponse de Dieu à l'abaissement de son Fils bien-aimé.

En revenant à notre passage, nous voyons que le «nom au-dessus de tout nom» lui est donné comme faisant partie de son exaltation. C'est l'estimation de Dieu de ce qui est dû à celui qui s'est abaissé lui-même et qui est devenu obéissant jusqu'à la mort, la mort de la croix. Tout le mérite de Christ est démontré par la place que Dieu lui a donné d'occuper. Le nom qui lui est donné nous dit la suprématie de Christ dans toutes les sphères qui constituent l'univers de Dieu. Si donc cette position qu'il occupe maintenant est l'expression des délices de Dieu en un Christ qui s'est une fois abaissé, ne sera-t-elle pas aussi les délices des enfants de Dieu, tandis qu'ils le contemplent dans cette position de gloire? C'est une incomparable grâce de Dieu que nous soyons appelés à partager les délices qu'il trouve dans son Fils bien-aimé. La joie qui en découle, aussi faible que soit notre mesure, est un avant-goût de la joie du ciel. Et elle s'épanche, dès maintenant, dans la louange et l'adoration.

À suivre