La voix du Seigneur

A.E. Bouter

La voix de Christ et la vérité divine

«Je suis venu dans le monde, afin de rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité, écoute ma voix»(Jean 18:37). Par ces paroles adressées à Pilate, lorsqu'il comparaît devant lui, le Seigneur nous apprend l'un des buts de sa venue: «afin de rendre témoignage à la vérité».

Bien que Pilate tienne de Dieu sa position — et Jésus le reconnaît (19:11) —, moralement, il est le représentant de Satan, le chef et le dieu de ce monde. En face de lui, dans ce prétoire, c'est Jésus que nous voyons comme le vrai représentant de Dieu, le fidèle témoin de la vérité. Alors l'accusé peut prononcer cette parole combien solennelle pour celui devant lequel il comparait: «Quiconque est de la vérité, écoute ma voix» (18:37).

Le Seigneur désire des disciples qui le suivent sur les traces qu'il a laissées dans ce monde. Quel privilège d'entendre sa voix, mais aussi quelle responsabilité! Écouter sa voix suppose un véritable amour pour lui; il faut être prêt à souffrir pour lui. C'est à cela que nous sommes exposés si, comme lui, nous rendons fidèlement témoignage à la vérité.

La voix du Fils de Dieu

«En vérité, en vérité, je vous dis que l'heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront entendue vivront» (Jean 5:25). Cette voix s'adresse à ceux qui, tout en ayant l'apparence de vivre, sont morts dans leurs péchés. C'est la voix de celui qui, de nuit, avait parlé à Nicodème du merveilleux amour de Dieu, et du Fils de l'homme qui devait être «élevé», mais était en même temps «le Fils de l'homme qui est dans le ciel» (Jean 3). Nicodème avait été amené à la vie par cette voix. Et c'est elle aussi qui s'était adressée à la femme au puits de Sichar et avait fait d'elle un vrai adorateur (Jean 4).

Quelle extraordinaire puissance dans cette voix! C'est la voix de celui qui guérissait les malades, les infirmes et les aveugles, pour les faire marcher à la gloire de Dieu. C'est la voix qui nous a appelés à la vie: «En vérité, en vérité je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24). C'est la voix de celui qui nous a fait connaître les profondeurs du cœur de Dieu, les bénédictions de la vie éternelle. C'est la voix de celui qui attire encore et toujours les âmes à lui.

Mais bientôt sa voix sera entendue, dans sa puissance irrésistible, par tous ceux qui sont dans les tombeaux: «L'heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement» (5:28, 29).

Le chapitre 11 de Jean nous donne un «avant-goût» de cela; nous y voyons le Fils de Dieu et entendons sa voix puissante. Il rappelle Lazare à la vie et fait briller par là sa gloire divine. À ce moment-là, ses œuvres et ses paroles — en fait lui-même — ont déjà été rejetées par les juifs. Mais il donne alors, dans une dépendance entière de son Père et en pleine communion avec lui, un témoignage de sa grandeur et de sa gloire. Celui qui, peu après, criera d'une forte voix lorsqu'il laissera sa vie et entrera volontairement dans la mort, parle ici d'une forte voix pour ramener Lazare à la vie.

Quel bonheur pour nous de connaître sa voix! «Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d'archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel; et les morts en Christ ressusciteront premièrement; puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l'air» (1 Thessaloniciens 4:16, 17).

Toutes les promesses de Dieu seront accomplies grâce à celui qui a cette extraordinaire puissance de la résurrection: le pouvoir d'introduire la vie dans une scène de mort. Quand Lazare est sorti du tombeau, le Seigneur dit à ceux qui étaient là: «Déliez-le, et laissez-le aller». Aucun arrangement humain, aucun plan, rien qui vient de l'homme, ne peut subsister dans la présence du Fils de Dieu. La vraie liberté des enfants de Dieu — pour marcher et agir pour la gloire de Dieu dans la communion avec le Père et le Fils — ne peut être goûtée qu'en obéissant à sa voix.

La voix du Berger

«Il appelle ses propres brebis par leur nom… Il va devant elles, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix» (Jean 10:3, 4). La voix du bon Berger crée un lien indissoluble entre lui-même et ses brebis, un lien fondé sur son sacrifice. Il a donné sa vie pour elles et l'a reprise. Sans sa mort et sa résurrection, elles seraient des brebis errantes, qui s'égareraient sans espoir. Mais maintenant elles sont à lui; elles le connaissent et elles connaissent sa voix, et lui les connaît: «comme le Père me connaît et moi je connais le Père», dit-il.

Dans ce monde, qui n'est qu'un immense désert, nous ne pourrions survivre sans la voix du bon Berger. Ce n'est pas seulement la voix de celui qui nous a amenés à la vie et qui nous a introduits dans une communion bienheureuse avec le Père, c'est aussi la voix de celui qui nous rassemble et nous garde ensemble dans une véritable unité. Dans son troupeau — qui n'est pas un système fermé fait de règles et de contraintes (ce que suggère le mot «bergerie») — il n'y a de place ni pour le judaïsme ni pour la mondanité.

Il importe de bien saisir qu'il ne s'agit pas seulement d'un lien individuel entre lui et chacun de nous; il y a aussi la pensée de l'unité — un seul troupeau. Les brebis sont vues ensemble, indépendantes de toute attache humaine, et elles sont attirées et conduites par la voix du bon Berger. Elles sont liées à lui qui, par sa propre puissance, les attire à lui-même et les garde ensemble, dans une communion vivante avec lui et entre elles. Il les fait entrer, alors même qu'elles sont encore dans le désert, dans la jouissance de la vie éternelle: «Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle» (Jean 10:27, 28).

Une voix que les brebis ne connaissent pas

«Elles ne suivront point un étranger, mais elles s'enfuiront loin de lui, parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers» (Jean 10:5). En contraste avec la voix du Seigneur, celle du bon Berger, il y a une voix inconnue: c'est celle des étrangers. Hélas! dès le début de l'histoire de l'Église, on s'est mis à écouter cette voix (cf. Colossiens 2:4, 8, 16, 18). Le chapitre 10 de Jean déploie l'amour, les soins, la puissance, la force d'attraction et la fidélité de Christ, en contraste total avec les voleurs, les larrons, les loups, les étrangers et les hommes à gages. L'un des traits les plus dangereux des «étrangers» est qu'ils peuvent se présenter sous l'habit du berger, alors qu'en réalité ils sont conduits par le chef de ce monde. La plupart des épîtres du Nouveau Testament ont été écrites pour combattre les prétentions de ces «étrangers» et pour les démasquer (cf. Actes 20:28-32).

Le Seigneur ne veut pas dire que ses brebis doivent être totalement ignorantes quant à ces étrangers. Il est clair que les écrivains du Nouveau Testament savaient à quoi s'en tenir quant aux subtiles attaques de l'ennemi. Cependant, ils ne «connaissaient» pas la voix des étrangers: il n'y avait aucune familiarité de leur cœur, aucun attachement de leurs pensées à leurs doctrines, aucun écho dans leurs âmes. Seule la voix du bon Berger éveillait un écho dans leur cœur. Ils montraient, avec un œil simple et un cœur tout entier pour Christ, qu'ils connaissaient sa voix et le suivaient.

Actuellement, bien que sollicités par d'innombrables «étrangers» aussi redoutables que ceux d'autrefois, habillés en habits de brebis (cf. Matthieu 7:15; Actes 20:29) ou se faisant passer pour des bergers, nous pouvons nous réjouir à la voix de notre Berger. Le meilleur moyen d'être gardé des pièges de la voix de l'étranger est d'être occupé des choses que notre Berger nous a données, de les méditer et de les apprécier. «Je suis venu afin qu'elles aient la vie, et qu'elles l'aient en abondance» (Jean 10:10). Merveilleuses ressources pour nous! Toutes les bénédictions de la patrie céleste, de la maison du Père, sont mises à notre disposition, pour faire de nous des vainqueurs. Et au lieu de cela, nous voilà souvent insatisfaits, ingrats, enclins aux murmures, comme le peuple d'Israël autrefois. N'est-ce pas une occasion en or pour «l'étranger» de se faire écouter?

La voix du Père

«Père, glorifie ton nom. Il vint donc une voix du ciel: Et je l'ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau» (Jean 12:28). Si nous manquons à honorer le Fils, le Père, lui, n'y manquera pas.

La voix du Père s'était fait entendre pour la première fois au baptême de Jésus (Luc 3:21, 22). Ensuite, sur la montagne de la transfiguration, «une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique» (2 Pierre 1:17): «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir; écoutez-le» (Matthieu 17:5). Elle n'a été entendue que par de vrais disciples désireux de faire la volonté de Dieu.

Une dernière fois, la voix du Père se fait entendre: c'est à la fin du ministère public du Seigneur, juste avant la croix. Mais, dans l'événement rapporté en Jean 12, la foule des juifs incrédules ne discerne pas l'origine de cette voix venue du ciel (verset 29). Sommes-nous prêts à écouter la voix de Dieu le Père? Ou sommes-nous trop occupés de notre propre gloire, de nos efforts, de nos plans ou de nos idées?

En Jean 12, nous avons le dernier discours public fait par le Seigneur aux juifs. Déjà auparavant, ils avaient rejeté ses œuvres et ses paroles (chapitres 5 et 8).

Il avait alors commencé à mener ses propres brebis hors de la bergerie juive (chapitres 9 et 10) — elles écoutaient sa voix et lui obéissaient. Alors se manifeste chez les autres le rejet définitif du Seigneur lui-même (10:31-39). Toutefois, il montre encore une fois la grandeur de sa personne en ressuscitant Lazare d'entre les morts, septième miracle de l'évangile de Jean. Après cet ultime signe, les chefs des juifs n'ont plus qu'un désir: celui de le faire mourir (11:47-54).

Le Seigneur reçoit alors un triple témoignage quant à la grandeur de sa personne (chapitre 12). D'abord, comme le Fils de Dieu qui a ressuscité Lazare, il est l'hôte d'honneur du souper préparé pour lui. Ensuite, il est reconnu comme Roi des juifs lors de son entrée à Jérusalem. Enfin, il est glorifié comme Fils de l'homme: «L'heure est venue pour que le Fils de l'homme soit glorifié» (12:23). Puis le Seigneur dit: «Père, glorifie ton nom». Et la voix du Père se fait entendre: «Je l'ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau (verset 28). Il va, tout à la fois, glorifier son nom et glorifier son Fils. Le Père avait déjà glorifié le Fils en lui donnant la puissance de faire sortir Lazare hors du tombeau; il le glorifierait de nouveau en ressuscitant le Fils de l'homme d'entre les morts. Il lui donnait le pouvoir, l'autorité, de laisser sa vie et de la reprendre (Jean 10:17, 18; cf. Romains 1:4).

La voix de l'Époux

«Celui qui a l'épouse est l'Époux; mais l'ami de l'Époux, qui assiste et l'entend, est tout réjoui à cause de la voix de l'Époux» (Jean 3:29).

Dans ce passage, Jean le Baptiseur parle de Jésus Christ comme de l'Époux. Est-il possible d'avoir une relation personnelle avec cette merveilleuse personne, un lien d'amour avec lui? Quel tressaillement dans le cœur de Jean au son de sa voix, quelle joie pour lui, l'ami de l'Époux, d'être dans sa présence! Que pouvons-nous apprendre de cela? Bien que Jean ne fasse pas partie de l'Épouse, il avait une grande admiration pour l'Époux. Chaque vrai chrétien fait partie de l'Épouse de Christ; combien plus que Jean ne devrions-nous pas éprouver de l'amour et de l'admiration pour Celui qui est notre Époux! Dans le monde où nous vivons, tout est conçu pour refroidir notre amour pour le Seigneur. Prenons donc garde à sa voix et cultivons une relation d'intimité avec celui qui nous a aimés jusqu'à donner sa vie pour nous! Réjouissons-nous à la voix de l'Époux!

La voix du Seigneur qui se tient à la porte

À la fin de la dernière des lettres aux sept assemblées d'Asie, le Seigneur dit: «Voici, je me tiens à la porte et je frappe: si quelqu'un entend ma voix et qu'il ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi» (Apocalypse 3:20). Ce n'est pas une porte définitivement fermée qu'on trouve ici — comme celle qui retient dehors les cinq vierges folles en Matthieu 25 —, mais une porte qui peut être ouverte, ouverte de l'intérieur. Car c'est encore le jour de la grâce. Remarquons que non seulement le Seigneur frappe à la porte, mais il appelle. Entendrons-nous cette voix, chacun individuellement?

À la fin de l'histoire de l'Église (esquissée dans les chapitres 2 et 3), juste avant le jour du jugement, voilà que le juge suprême fait entendre sa voix. Cette voix extraordinaire et terrible, Jean l'a entendue dans la vision qu'il rapporte au premier chapitre, et elle l'a fait tomber à ses pieds: «une grande voix, comme d'une trompette» (verset.10), «comme une voix de grandes eaux» (verset 15). Ses yeux, «comme une flamme de feu», scrutent tout ce qui se réclame de son nom — la profession chrétienne — et il va juger le monde entier. Cependant il fait encore un appel à ceux qui sont prêts à écouter sa voix.

Déjà dans la première des lettres aux sept assemblées, il montre comment il ressent douloureusement l'abandon du premier amour chez les siens. Qu'en est-il de nos cœurs, de notre communion avec lui? Ne laissons-nous pas l'influence du monde nous pénétrer de plus en plus? Ne sommes-nous pas exposés à nous contenter d'une profession formelle de ses droits, sans qu'il y ait une reconnaissance réelle de sa seigneurie et de son autorité? Que faut-il penser d'une situation dans laquelle le Seigneur est «à la porte», à l'extérieur? C'est le résultat d'une déviation qui peut paraître petite au début. Mais finalement, le Seigneur doit se retirer lui-même, à cause de l'orgueil, de la suffisance, de la satisfaction de soi.

«Si quelqu'un entend ma voix…». À la fin de cette dispensation, l'appel devient individuel. Le Seigneur ne s'attend pas à ce que toute la profession chrétienne retourne à lui. L'Apocalypse montre comment les jugements disciplinaires de Dieu ont atteint l'Église professante dans le passé, et comment Dieu va la juger définitivement dans un jour futur, après l'enlèvement des croyants. Quel est le remède dans un jour de ruine, quand le mal est partout? — Écouter sa voix, lui obéir, lui ouvrir la porte. Cette voix communique les merveilleux secrets que Christ révèle à ceux qui lui ont ouvert la porte, et qu'il partage avec les vainqueurs.