Esdras, scribe et sacrificateur

A.E. Bouter

Tous les chrétiens ont été appelés d'un appel céleste (Hébreux 3:1; Colossiens 3:1), mais tous n'apprécient pas leurs bénédictions, qui sont célestes, spirituelles et éternelles. Néanmoins, elles leur appartiennent, en raison même de cet appel, et en vertu de leur position en Christ glorifié dans le ciel. Les bénédictions des hommes de Dieu de l'Ancien Testament ont été différentes des nôtres. Mais leur vie de foi nous instruit selon la lumière que Dieu nous a donnée pour le temps actuel.

Introduction

Dieu avait promis à Abraham qu'il donnerait le pays de Canaan à ses descendants. Quelques siècles plus tard, la libération de la servitude de l'Égypte et la sortie de ce pays sous la direction de Moïse amèneront Israël, le peuple racheté, jusqu'au pays promis par Dieu (Exode 3:8). Hélas! les Israélites ont été infidèles à l'Éternel et ont méprisé le pays qu'il leur avait donné (Psaumes 106:24).

Cependant, Dieu n'a jamais abandonné — et n'abandonnera jamais — son dessein de donner à son peuple terrestre les bénédictions qu'il se proposait à leur égard. C'est un thème que l'on retrouve dans un grand nombre de passages des Écritures: le rétablissement et la restauration d'Israël. Pour ce qui concerne le passé, seul un «résidu» (c'est-à-dire un «reste», un petit nombre) est revenu de la captivité à Babylone, après avoir subi la discipline de Dieu. Les livres d'Esdras et de Néhémie nous relatent l'histoire de ce résidu. Ils mettent en évidence la grâce souveraine de Dieu. Cependant, cette restauration d'Israël, qui n'a été que partielle, est le prélude d'une restauration future qui aura lieu après l'enlèvement de l'Église. Alors aussi, il y aura un résidu que Dieu mettra à part pour lui.

Ce que nous trouvons dans les livres d'Esdras et de Néhémie est à la fois pour notre instruction et pour l'encouragement du résidu des jours à venir. Examinons de plus près quelques détails de la vie d'Esdras, un remarquable serviteur de Dieu, digne imitateur de Phinées, son ancêtre, dont 1 Chroniques 9:20 souligne la fidélité: «l'Éternel était avec lui».

Généalogie

Esdras monta de Babylone environ 70 ans après le premier retour de captivité des juifs, qui eut lieu sous le règne du roi Cyrus. Esdras descendait d'Aaron, le premier souverain sacrificateur, ce qui lui valait le grand privilège d'exercer la sacrificature devant Dieu. Sa généalogie nous est donnée dans les premiers versets du chapitre 7 de son livre. Il nous est dit qu'il était «un scribe versé dans la loi de Moïse qu'avait donnée l'Éternel» (7:6). La main de son Dieu était en bien sur lui et sur ce qu'il entreprenait.

Engagement

Trois qualités caractérisent l'engagement d'Esdras (Esdras 7:10). Elles sont indissociables:

«Esdras avait disposé son cœur à rechercher la loi de l'Éternel». Du cœur sont les issues (ou les résultats) de la vie (Proverbes 4:23). Pour aller dans la bonne direction, il faut garder notre cœur en bonne condition spirituelle. Nous ne sommes plus sous la loi de Moïse, mais fixons notre attention sur «la loi du Christ» (Galates 6:2); regardons «de près dans la loi parfaite, celle de la liberté», aussi appelée «la loi royale» (Jacques 1:25; 2:8, 12). «Sondez les Écritures», dit le Seigneur.

Le cœur d'Esdras était aussi disposé à mettre la parole de Dieu en pratique, «à la faire». Voilà la deuxième étape de son engagement. Nous appliquons-nous à conformer nos vies à ce que Dieu nous enseigne dans les Écritures, à garder la parole du Seigneur? (Jacques 1:22; Jean 13:17; 14:21, 23; Apocalypse 1:3). Suivons l'exemple d'Esdras!

C'est seulement après avoir recherché la loi de l'Éternel et l'avoir pratiquée qu'Esdras a pu enseigner les autres. Quelle différence avec les Pharisiens, au temps de notre Seigneur! Ils se permettaient d'enseigner le peuple sans être eux-mêmes disposés à faire ce qu'ils enseignaient! Esdras, parce qu'il mettait la parole de Dieu en pratique, pouvait se consacrer à l'enseigner aux autres. Sa position de sacrificateur lui conférait la tâche d'enseigner (voir Lévitique 10:11; Deutéronome 33:10) et sa marche pratique lui donnait une autorité morale. Comme nous le voyons par l'exemple de Timothée, l'autorité morale s'obtient en étant un modèle des fidèles (1 Timothée 4:12).

Le vrai et droit chemin

Lorsque David avait «demandé une chose à l'Éternel» — d'habiter dans sa maison — il avait démontré son zèle en ajoutant «je la rechercherai» (Psaumes 27:4). Cette détermination comporte la diligence et l'engagement, une ardeur spirituelle comme on la retrouve aussi chez l'apôtre Paul (Philippiens 3:7-14). Paul courait droit au but pour le prix de l'appel céleste, en communion réelle avec Christ dans la gloire. Le zèle, ou le dévouement, caractérise toujours le service spirituel auquel Dieu nous appelle (voir Romains 12:1, 2).

Au chapitre 8, nous voyons Esdras chercher «le vrai chemin» dans une véritable dépendance de Dieu lui-même (verset 21). Son désir était d'agir selon la pensée de Dieu. Éliézer, en son temps, avait été «conduit par le vrai chemin» (Genèse 24:48). Et Samuel, le prophète, se sentait responsable d'enseigner à Israël «le bon et le droit chemin» (1 Samuel 12:23).

Le service de Dieu

Les six premiers chapitres d'Esdras nous racontent l'histoire du résidu revenu de Babylone pour rebâtir le temple à Jérusalem, selon l'ordre de Cyrus. Seulement 42360 personnes, avec leurs serviteurs et leurs servantes au nombre de 7337, étaient revenues à Jérusalem. Ils avaient avec eux les ustensiles d'or et d'argent que Nebucadnetsar avait emportés de la maison de Dieu, et que Cyrus restituait (Esdras 1:6-11). Le premier soin de ces juifs avait été de rétablir l'autel sur son emplacement d'autrefois (Esdras 3:3). Ayant appris beaucoup de leçons par le châtiment et la discipline de Dieu, et étant délivrés maintenant du milieu idolâtre qui les avait fait soupirer (Psaumes 137), ils avaient vraiment à cœur les intérêts de Dieu. Sacrifiant sans doute beaucoup de leurs intérêts matériels, ils avaient donné la priorité à Dieu et à sa maison. C'est un choix que la raison humaine ne peut comprendre.

«Les fils de la transportation» (Esdras 4:1) commencèrent donc à reconstruire le temple, malgré l'opposition des peuples qui les entouraient. Puis, cette opposition s'intensifiant, le travail fut arrêté (voir Esdras 4; Aggée 1). Ensuite, encouragés par le ministère prophétique d'Aggée — à faire passer la maison de Dieu avant leurs propres intérêts — et par celui de Zacharie — à compter entièrement sur la puissance de Dieu — ils se sont remis à la tâche. Finalement, la reconstruction du temple fut achevée, malgré les dangers de l'extérieur et de l'intérieur, et le service de Dieu fut rétabli (Esdras 6:14-22).

Quelque 50 ans après l'achèvement du temple, voilà que Dieu suscite un nouveau réveil. Esdras, avec l'autorité du roi de Perse et sous la bonne main de l'Éternel, monte à Jérusalem pour «orner la maison de l'Éternel» (Esdras 7:27).

Selon les révélations qu'il avait reçues de Dieu, David avait autrefois conçu les plans du temple et donné des directions pour le service divin et la louange (1 Chroniques 22-29). Au second livre des Chroniques ainsi que dans les livres d'Esdras et de Néhémie, il est souvent question des ordonnances de David concernant le service du temple. Lors de chaque réveil, on a pris garde à ces ordonnances et on a respecté les enseignements de David (cf. 2 Chroniques 23:18; 29:25-27, 30; 35:4, 15; Esdras 3:10; Néhémie 12:24, 45). Ceci nous parle, car David est un type du Seigneur Jésus, celui qui dirige le service et la louange dans la maison de Dieu (Hébreux 2:12; 13:15; 1 Pierre 2:5).

Des vases précieux

Esdras était un de ceux qui avaient à cœur les intérêts de Dieu. Son service consistait à préserver ce qui appartenait à la maison de Dieu, à le garder pour Dieu et pour son peuple, en accord avec la volonté de Dieu (Esdras 7:27; 8:31-34; 9:9). Nous aussi, nous devrions avoir cela à cœur. C'est précisément ce que Paul a fait au cours de sa vie, et il a enseigné ce principe à Timothée en l'exhortant à cet égard.

Esdras et ses compagnons de voyage avaient la tâche de transporter à Jérusalem des objets de grande valeur. C'était l'or, l'argent et les ustensiles qui avaient été offerts pour la maison de Dieu (7:14, 15). Esdras était sujet du roi de Perse et obéissait à ses ordres, mais c'était en Dieu qu'il mettait sa confiance pour veiller sur sa petite troupe (8:22). Dans une réelle dépendance de Dieu, il publie un jeûne pour s'humilier devant lui et pour lui demander le vrai chemin pour eux tous (8:21). Sa fidélité à son Dieu se manifeste dans un sentiment profond de sa responsabilité à l'égard des choses précieuses qui lui ont été confiées (8:25-27, 33-34). L'argent, l'or, les ustensiles, les coupes et les vases sont pesés et comptés (pour montrer que tout était en ordre) au début et à la fin du voyage. Sommes-nous conscients de notre responsabilité de garder ce qui nous a été confié?

Humiliation

Le chapitre 9 nous montre le grand sujet de tristesse qui attendait Esdras à Jérusalem. Beaucoup des Israélites remontés de Babylone s'étaient liés par mariage aux peuples avoisinants, s'exposant ainsi aux influences païennes Lorsqu'il apprend cela, Esdras s'humilie, déchire son manteau et sa robe, et s'arrache les cheveux. Au moment de l'offrande du soir, il adresse sa prière à l'Éternel son Dieu (versets 5-15) et confesse les péchés du peuple, s'en remettant à la fidélité de Dieu envers lui (cf. Exode 33:15-17).

Nous voyons ce serviteur de Dieu se préoccuper de l'état spirituel et moral du résidu remonté à Jérusalem. Israël devait maintenant démontrer son obéissance à la volonté de Dieu en rompant ses alliances idolâtres (voir Deutéronome 7:3, 4). Devrait-il en être autrement pour nous?

Bien sûr, dans la période de la grâce où nous vivons, la pensée de Dieu n'est pas qu'un chrétien dans une telle situation divorce, mais plutôt que le conjoint chrétien puisse amener l'autre au Seigneur (1 Corinthiens 7:10-16). Mais nous avons des leçons morales à tirer de ces chapitres 9 et 10 d'Esdras. Ils nous enseignent à nous dégager des influences dangereuses qui résultent des modes de pensée, de la culture ou des coutumes de ce monde.

Esdras et Néhémie

Le service de Néhémie, un autre serviteur de Dieu suscité à cette époque, correspond à une étape de plus dans le processus de restauration et de rétablissement du peuple de Dieu. Les murailles et les portes de Jérusalem étaient toujours détruites. Mais Dieu conduit toutes choses pour que Néhémie retourne à Jérusalem, chargé par le roi de Perse de reconstruire la muraille. Celle-ci était essentielle pour protéger le peuple de Dieu, afin que le service de la maison de Dieu puisse continuer. Esdras a participé activement à cette reconstruction; nous le voyons en compagnie de Néhémie lors de la dédicace de la muraille (Néhémie 12:36, 38). Par ailleurs, lors de la lecture publique de la parole de Dieu, au chapitre 8, Esdras et Néhémie sont côte à côte (verset 9). Dans chacune de ces circonstances, Dieu accorde à son peuple une grande joie (8:17; 12:43). Tel est toujours le résultat de l'attachement et de l'obéissance à la parole de Dieu, et du dévouement à ses intérêts.