Le figuier dans la Bible (suite)

G. Bell

Le figuier dans les évangiles synoptiques

«Et les ayant laissés, il sortit de la ville et s'en alla à Béthanie; et il y passa la nuit. Et le matin, comme il retournait à la ville, il eut faim. Et voyant un figuier sur le chemin, il s'en approcha; et il n'y trouva rien que des feuilles; et il lui dit: Que jamais aucun fruit ne naisse plus de toi! Et à l'instant le figuier sécha. Et les disciples, le voyant, en furent étonnés, disant: Comment en un instant le figuier est-il devenu sec!» (Matthieu 21:17-20).

Ce chapitre commence le récit de la dernière semaine de la vie du Seigneur. Il était devenu évident que les chefs du peuple étaient déterminés à le condamner à mort. On les voit indignés quand les enfants crient dans le temple: «Hosanna au fils de David!» Quelle solennité dans ces premiers mots du verset 17: «Et les ayant laissés»!

Le Seigneur loge à Béthanie, où il est toujours le bienvenu. Le matin, il retourne à la ville. Ayant faim, il cherche du fruit sur un figuier, au bord du chemin, mais ne trouve que des feuilles. Ce figuier montre en type l'état d'Israël à ce moment. Il y avait une apparence religieuse extérieure, mais pas la vie. Christ était rejeté et le peuple d'Israël allait être mis de côté. C'est ce qui ressort des paroles que prononce le Seigneur: «Que jamais aucun fruit ne naisse plus de toi!» A l'instant le figuier sèche, au grand étonnement des disciples.

Le compte-rendu de Marc sur cet événement est très similaire. L'évangile de Luc ne le relate pas, mais le Seigneur y établit la même vérité au moyen d'une parabole. La voici dans sa totalité. «Quelqu'un avait un figuier planté dans sa vigne; et il vint y chercher du fruit, et il n'en trouva point. Et il dit au vigneron: Voici trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n'en trouve point: coupe-le; pourquoi aussi occupe-t-il inutilement la terre? Et répondant, il lui dit: Maître, laisse-le cette année aussi, jusqu'à ce que je l'aie déchaussé et que j'y aie mis du fumier; et peut-être portera-t-il du fruit: sinon, après, tu le couperas» (Luc 13:6-9). Ces trois années infructueuses portent nos pensées sur trois périodes particulières où Israël a été mis à l'épreuve: sous la loi, sous les prophètes, et en présence de la grâce de Christ.

De quelle patience Dieu a usé envers son peuple terrestre! «Laisse-le cette année aussi…». Une tentative supplémentaire va être faite avec le figuier. Les premiers chapitres du livre des Actes nous racontent l'histoire de cette patience à l'égard d'Israël. Il y a eu une réponse de la part des trois mille au jour de la Pentecôte — un résidu parmi le peuple — par la puissante action du Saint Esprit. Puis, quand il est devenu manifeste que Dieu allait se tourner vers les Gentils pour leur apporter la bénédiction, l'hostilité des juifs s'est dirigée contre l'évangile (cf. Actes 13:45, 46). Remarquons le témoignage que leur rend Etienne, peu avant sa lapidation: «Gens de col roide et incirconcis de cœur et d'oreilles, vous résistez toujours à l'Esprit Saint; comme vos pères, vous aussi» (Actes des Apôtres 7:51). Les prophètes avaient prédit la venue du juste, mais eux sont maintenant accusés de l'avoir livré et mis à mort. D'où la sentence sur le figuier: «coupe-le: pourquoi aussi occupe-t-il inutilement la terre?»

Nous pouvons apprendre beaucoup des relations de Dieu avec son peuple terrestre. En considérant l'histoire de l'Église et de sa responsabilité, il n'y a pas de quoi se glorifier. Quel triste cheminement! Grâce à la patience de notre Dieu, il y a eu des moments où la vérité a été remise en lumière, comme lors de la Réformation, ou plus tard, quand la vérité concernant Christ, la Tête glorifiée dans le ciel et son corps sur la terre, a été retrouvée. Mais malgré cela, le déclin se poursuit. Le Seigneur nous en donne l'issue dans ses paroles à l'assemblée qui est à Laodicée: «Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche» (Apocalypse 3:16). Il y a toutefois ce qui reste et qui est immuable. Christ lui-même est inaltérable dans sa personne et dans sa grâce, et sa Parole ne change pas. Combien nous pouvons être reconnaissants que notre Dieu soit un Dieu de patience! «Or le Dieu de patience et de consolation vous donne d'avoir entre vous un même sentiment selon le Christ Jésus, afin que, d'un commun accord, d'une même bouche, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ» (Romains 15:5-6).

Le figuier dans le discours sur la montagne des Oliviers

«Mais apprenez du figuier la parabole qu'il vous offre: Quand déjà son rameau est tendre et qu'il pousse des feuilles, vous connaissez que l'été est proche» (Matthieu 24:32; Marc 13:28). Il y a un contraste évident entre les références au figuier des chapitres 21 et 24 de Matthieu. Dans le premier, le figuier était sans fruit, maudit, sec. Mais dans ce discours prophétique, on le voit donner des feuilles. C'est là la preuve que l'été est proche. Le temps qui est décrit ici est celui de la grande tribulation qui s'abattra sur le peuple juif après l'enlèvement de l'Église. Un résidu fidèle sera éprouvé et affiné durant cette période terrible, et c'est à eux que ces paroles d'encouragement sont adressées. Juste avant le verset cité, le Seigneur parle du «fils de l'homme venant sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire» (verset 30). Le résidu fidèle attendra sa rédemption, sa délivrance, de cet événement même. Le figuier qui pousse de nouvelles feuilles signifie que Dieu est sur le point de reprendre ses relations avec Israël après les nombreux siècles de leur aveuglement. Dans le récit de Luc, il leur est enjoint de regarder en haut, et de lever leur tête, parce que leur rédemption approche (21:28).

Le figuier et tous les arbres

En Luc, le sujet est envisagé de façon un peu différente de Matthieu et Marc. «Et il leur dit une parabole: Voyez le figuier et tous les arbres: quand ils ont déjà commencé à pousser, vous connaissez par vous-mêmes, en les voyant, que l'été est déjà proche» (21:29, 30). Luc met en évidence de manière plus prononcée les effets immédiats du rejet de Christ par Israël. La destruction de la ville de Jérusalem et du temple par Titus, en l'an 70 de notre ère, figure dans son enseignement — avec les conséquences qui s'en font sentir jusqu'à aujourd'hui. Cependant, Luc nous amène jusqu'à la fin de la période terrible qui commence au verset 25, et il mentionne le «fils de l'homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire» (verset 27). Il parle également du temps des nations, période qui se poursuit actuellement. Il prend donc en compte les relations d'Israël avec les puissances païennes au cours des siècles, en commençant par Nebucadnetsar. En accord avec cela, le passage cité au début de ce paragraphe mentionne non seulement le figuier, mais aussi tous les arbres, ce qui fait allusion aux nations. Durant le temps des nations, Israël se trouve sous leur autorité; mais dans l'avenir, quand Israël recevra la place que Dieu lui destine à la tête des nations, elles seront toutes bénies avec Israël. Ainsi, à la suite du figuier (Israël) qui donne des feuilles, tous les arbres (les nations) auront également leur propre place. Ce seront des jours heureux pour Israël. Le peuple restauré sera l'épouse terrestre de Christ et se réjouira: «Le figuier embaume ses figues d'hiver, et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens!» (Cantique des Cantiques 2:13).