Deuxième épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Chapitre 1er : Encouragement

Les souffrances pour le royaume de Dieu

Dans ce premier chapitre, l'apôtre Paul prépare les destinataires de sa lettre pour ce qu'il a d'important à leur dire dans le deuxième chapitre. Après la salutation initiale, il exprime sa reconnaissance pour l'accroissement spirituel que Dieu avait produit parmi eux. Cependant, ses paroles laissent déjà quelque peu percevoir son souci que leur espérance en Christ ne soit plus aussi vivante qu'au début. Les grandes persécutions qu'ils traversaient avaient fourni à l'ennemi une occasion de les amener à en tirer de fausses conclusions.

Paul leur montre clairement que leurs tribulations n'avaient rien à faire avec le jour du Seigneur; elles avaient un tout autre caractère que ce qu'ils pensaient. Parallèlement, il les encourage en leur déclarant que bientôt les rôles seront inversés dans le jour du Seigneur, eux connaîtront le repos, tandis que ceux qui les ont opprimés recevront leur juste jugement. À la fin du chapitre, on voit l'effet pratique que ce fait doit avoir sur les croyants, dans leur vie de tous les jours.

Verset 1er

«Paul, et Silvain, et Timothée, à l'assemblée des Thessaloniciens, en Dieu notre Père et dans le Seigneur Jésus Christ»

On peut remarquer que Paul, écrivant aux assemblées, ne se présente que trois fois comme seul auteur de la lettre: dans les épîtres aux Romains, aux Galates et aux Éphésiens, où son autorité apostolique est particulièrement engagée. Dans toutes les autres épîtres à des assemblées locales, il s'associe des compagnons d'œuvre, comme ici Silvain et Timothée. Ensemble, ils avaient déjà écrit la première épître. Ensemble, ils avaient visité les croyants de Thessalonique; ensemble ils avaient travaillé parmi eux et vu l'œuvre du Seigneur. Ils avaient partagé et leur joie et leurs préoccupations au sujet de ces jeunes croyants. Dirigés par le Saint Esprit, ils sont conduits maintenant à leur écrire cette seconde lettre.

Le nom de Paul vient en premier, et en fait c'est lui l'auteur de la lettre (3:17). Quoiqu'il soit «l'apôtre des nations», il ne mentionne pas explicitement ici son apostolat. Si la lettre a bien pour but de corriger et d'enseigner, elle est en premier lieu l'expression d'une relation d'amour et de confiance. Et il n'y avait aucun doute que ce serait ainsi aussi que les Thessaloniciens recevraient ce que l'apôtre avait à leur dire.

Silvain (ou Silas) était de ceux «qui tenaient la première place parmi les frères» (Actes des Apôtres 15:22), et il était «prophète» (verset 32). C'est un fidèle compagnon de service de Paul, depuis le moment où Barnabas et Marc l'ont quitté (verset 40).

Comme dans la première épître, l'introduction porte un caractère particulier. Les auteurs s'adressent «à l'assemblée des Thessaloniciens, en Dieu notre Père et dans le Seigneur Jésus Christ». Ce qui est mis en évidence ici, ce n'est pas le caractère de «l'assemblée de Dieu» selon le conseil éternel de Dieu, mais les relations de communion des croyants avec Dieu, leur Père, et avec le Seigneur Jésus Christ.

Si chaque enfant de Dieu a une relation personnelle avec Lui et avec le Seigneur Jésus, il y a aussi avec les personnes divines des relations collectives. Lorsqu'il est parlé de notre relation avec Dieu comme tel, il s'agit en général de notre responsabilité. Il est notre Créateur, et nous avons à lui rendre compte. Notre relation avec lui comme Père, en revanche, évoque l'intimité que nous avons avec lui comme chrétiens. Quel encouragement pour les Thessaloniciens de savoir, dans leurs circonstances extérieures difficiles, que Dieu était leur Père et qu'il les aimait!

Verset 2

«Grâce et paix à vous, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ!»

La relation des croyants avec Dieu, leur Père, et avec le Seigneur Jésus Christ est la source de toutes leurs bénédictions. Paul souhaite aux Thessaloniciens la grâce et la paix, sachant que l'une et l'autre ne peuvent venir que du ciel.

Paul ne souhaite ni le bonheur ni la richesse, pas plus que la santé ou le bien-être. II n'était certainement pas indifférent à ces choses, mais il savait ce dont ils avaient surtout besoin. Les vœux de grâce et de paix — bien que souvent mentionnés dans les épîtres — ne sont pas une simple formule de politesse. Ils découlent d'un besoin que l'apôtre ressentait profondément.

Ce n'est pas sans motif que la grâce et la paix soient souvent mentionnées ensemble, et que la grâce soit nommée en premier. Il y a entre elles une relation de cause à effet. Un plus profond sentiment de la grâce produit une plus grande jouissance de la paix. C'est déjà vrai lorsqu'un pécheur apprend à connaître le Sauveur: la grâce lui apporte le salut et le résultat est la paix avec Dieu. Il en est de même dans notre vie chrétienne. Plus nous goûterons la grâce, plus nos cœurs jouiront de la paix de Dieu.

Dans cette lettre qui traite particulièrement du jour du Seigneur, il est remarquable de trouver, déjà dans l'introduction, deux mentions de la seigneurie de Christ. Il est maintenant le Seigneur des croyants, et bientôt il manifestera publiquement que Dieu l'a fait non seulement «Christ», mais «Seigneur» sur toutes choses (Actes des Apôtres 2:36).

Ce titre de Seigneur, Kyrios en grec, pouvait attirer l'attention des Thessaloniciens, qu'ils aient été d'origine juive ou païenne. Pour quelqu'un qui avait grandi parmi les juifs, c'était une allusion claire à «l'Éternel» de l'Ancien Testament. Et pour la plupart des destinataires de la lettre, qui étaient venus du paganisme, le titre de «Kyrios» était exclusivement attribué à l'empereur de Rome. Lui seul avait le droit de se nommer ainsi. Cependant, lors de la visite de Paul et de ses compagnons, les Thessaloniciens avaient appris qu'il y avait «un autre roi, Jésus» (Actes des Apôtres 17:7). Ce fait, déjà mis en évidence dans la première épître, leur est encore rappelé ici. Il devrait toujours exercer une grande influence sur notre vie pratique.

Verset 3

«Nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères, comme il est juste, parce que votre foi augmente beaucoup et que l'amour de chacun de vous tous, l'un pour l'autre, abonde»

«Nous devons…» exprime le sentiment profond d'une obligation. Les auteurs de la lettre ressentaient le besoin de présenter cette reconnaissance à Dieu, parce qu'elle était motivée par l'état des Thessaloniciens. L'expression: «comme il est juste» le confirme.

Paul et ses compagnons étaient des observateurs attentifs. Le bon état de ces jeunes croyants ne leur échappait pas et les conduisait à remercier Dieu. Paul ne fermait pas les yeux sur les aspects négatifs, mais partout où cela était possible, il rendait d'abord grâces pour ce qui pouvait être mentionné de positif (voir Romains 1:8; 1 Corinthiens 1:4; Éphésiens 1:16; Colossiens 1:3; 1 Thessaloniciens 1:2). Mis à part les épîtres personnelles, cette expression de reconnaissance envers Dieu ne manque que dans l'épître aux Galates et dans la deuxième épître aux Corinthiens, et cela pour des motifs faciles à comprendre.

Quels étaient donc les motifs de cette reconnaissance? Deux caractères des Thessaloniciens sont mentionnés ici: premièrement leur foi, ensuite leur amour. Il s'agit ici de la foi en exercice dans la vie de tous les jours. La foi nous introduit et nous maintient en relation avec Dieu notre Père et avec le Seigneur Jésus. Elle transforme en réalités vivantes les choses invisibles pour l'œil naturel.

L'amour se manifeste en action. Ici nous le voyons personnel, commun et réciproque. C'était l'amour «de chacun», l'amour «de vous tous» et c'était l'amour «l'un pour l'autre». L'ordre dans lequel sont mentionnés ces deux caractères saillants, la foi et l'amour, n'est pas arbitraire. La foi nous met en contact avec la source éternelle de l'amour en Dieu lui-même, et il en résulte que nos cœurs sont attirés vers tous ceux qui lui appartiennent.

La foi des Thessaloniciens augmentait beaucoup et leur amour abondait. La comparaison avec ce qui est dit dans la première épître montre qu'ils avaient fait des progrès remarquables en peu de temps, et cela bien que ces qualités aient déjà été présentes auparavant. L'introduction de la première épître mentionne leur «œuvre de foi» et leur «travail d'amour» (1:3). Plus loin, il est dit que leur foi envers Dieu était connue non seulement en Macédoine et en Achaïe, mais en tous lieux (1:8). Et il n'était pas nécessaire de leur écrire pour les exhorter à l'amour fraternel, car ils étaient enseignés de Dieu à cet égard (4:9, 10). «Rester sur place, c'est reculer», dit un proverbe profane; et c'est certainement vrai aussi dans le domaine spirituel. Dieu désire notre croissance spirituelle, des progrès dans notre vie chrétienne. La parole de Dieu ne suppose jamais que nous ayons atteint un niveau dont nous puissions nous satisfaire, et où nous puissions nous reposer. Salomon, le sage, l'a exprimé ainsi: «Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu'à ce que le plein jour soit établi» (Proverbes 4:18). Quelle perte pour le croyant quand, au lieu de cette croissance, il y a stagnation, ou même, recul!

«… parce que votre foi augmente beaucoup». Dans la nature, la croissance est liée à la présence de la vie. De même, notre foi ne peut croître que si elle est vivante. Tel est le caractère d'une foi que Dieu produit. Une vie imprégnée de cette foi est une vie riche d'expériences encourageantes. Bien que jeunes dans la foi, les Thessaloniciens avaient fait de telles expériences et, par conséquent, ils avaient grandi dans la foi.

«… l'amour de chacun de vous tous, l'un pour l'autre, abonde». Cela fait penser à un fleuve qui déborde et arrose tout un pays. Les relations des Thessaloniciens avec leurs frères et sœurs non seulement étaient en bon état, mais prospéraient. Bien que nous ne vivions pas de l'amour des autres, c'est dans la nature même de l'amour qu'il y ait réciprocité et progrès. L'apôtre Paul écrit dans l'épître aux Philippiens: «Je demande ceci dans mes prières, que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence» (1:9). Plus nous demeurons dans la jouissance de l'amour du Seigneur, plus cet amour rayonne envers les autres. Et inversement, un amour défaillant pour le Seigneur entraîne le déclin de notre amour pour nos frères et sœurs.

Verset 4

«… en sorte que nous-mêmes nous nous glorifions de vous dans les assemblées de Dieu au sujet de votre patience et de votre foi dans toutes vos persécutions et dans les tribulations que vous supportez»

Ces paroles sont avant tout un encouragement. Même si Paul n'avait pas l'habitude de parler beaucoup des croyants, dans le cas des Thessaloniciens il ne pouvait faire autrement. Il se glorifiait à leur sujet dans les autres assemblées de Dieu, en parlant de leur patience et de leur foi. Il ne faisait pas l'éloge de leurs propres qualités, mais de ce que Dieu avait opéré en eux. Il y a là aussi une leçon pour nous. Ne nous arrive-t-il pas de rechercher les choses négatives dont nous pourrions parler, au lieu de nous glorifier de ce que la grâce de Dieu a pu produire chez nos frères et sœurs? Paul avait un œil très exercé pour discerner le mal, et il s'en est occupé toutes les fois que cela était nécessaire, mais nulle part il ne donne l'impression d'avoir cherché à en découvrir.

Dès le début de leur vie chrétienne, les Thessaloniciens avaient connu les souffrances et l'opprobre (Actes des Apôtres 17:5-9). Ils avaient reçu la parole de Dieu avec «de grandes tribulations» (1 Thessaloniciens 1:6). Or ces circonstances ne s'étaient pas améliorées; elles s'étaient plutôt aggravées, semble-t-il. Et c'était justement l'occasion qu'avaient saisie les faux docteurs pour troubler ces croyants.

Aujourd'hui aussi, il y a des chrétiens persécutés, et si nous habitons dans des pays où règne la paix et la liberté religieuse, c'est un motif de reconnaissance envers Dieu. Toutefois, selon 2 Timothée 3:12, tous ceux qui se placent ouvertement du côté du Seigneur Jésus seront persécutés, d'une manière ou d'une autre.

Mais, comme nous le verrons au chapitre suivant, ces persécutions n'ont rien à faire avec le «jour du Seigneur». Les tribulations qui accompagneront ce jour seront, avant tout, un jugement sur les incrédules, tandis que les épreuves actuelles des croyants sont un moyen dans la main de Dieu pour les former, les discipliner, et pour mettre à l'épreuve leur foi (voir par exemple 1 Pierre 1:7).

Les juifs attendaient effectivement un temps de tribulations. Ils savaient que Dieu se révélerait en jugement avant l'établissement de son royaume. C'est pourquoi l'erreur qui avait été insinuée parmi les Thessaloniciens était difficile à discerner et dangereuse. Les séducteurs venaient avec des arguments fondés sur l'Ancien Testament. Mais il est toujours important de faire une juste application des citations de la Parole. L'attente des chrétiens n'est pas orientée vers ces jugements, mais vers la venue du Seigneur lui-même. Avant que soient versés sur cette terre les jugements judiciaires du jour du Seigneur, il viendra comme l'Époux pour nous recueillir auprès de lui. C'est ce que Paul avait précisément exposé dans sa première lettre (4:13-18).

Remarquons qu'en mentionnant les persécutions et les tribulations endurées par les Thessaloniciens avec patience et avec foi, Paul ne dit rien de l'espérance. Il y avait la patience, mais ce n'était plus la «patience d'espérance», telle qu'il en est parlé dans la première épître (1:3). L'espérance de la venue de Christ avait été le ressort de leur patience et ce ressort semblait avoir perdu sa force. Ce dont ils avaient besoin, ce n'était pas seulement de la patience dans leurs circonstances difficiles, mais de «la patience du Christ» (3:5). Il attend maintenant le moment de recueillir auprès de lui son épouse; et de la même manière, nous avons à l'attendre, lui qui va venir pour nous unir à lui. À l'assemblée fidèle de Philadelphie, il peut dire: «Tu as gardé la parole de ma patience» (Apocalypse 3:10).

La foi, l'amour et l'espérance sont souvent associés dans les épîtres, d'où l'importance de l'omission de l'espérance dans ce passage. Les Thessaloniciens avaient perdu leur espérance parce qu'ils subissaient l'influence de l'erreur. Ils n'étaient plus, comme auparavant, des chrétiens orientés vers un seul but. La foi et l'amour avaient été affermis en eux par les persécutions, et la patience était encore là; mais l'espérance leur manquait désormais.

De nos jours aussi, certains croyants pensent que l'assemblée doit passer par la grande tribulation. Et on peut souvent constater que, chez eux, l'espérance chrétienne tient peu ou pas de place. Mais le Nouveau Testament nous enseigne clairement que nous n'avons à attendre aucun événement avant la venue du Seigneur, qui est l'accomplissement de notre espérance. Certes, il peut se passer encore bien des choses — même des choses dont la Bible parle —, mais aucune n'est obligatoire. Celui qui fixe son attente sur certains événements et pense qu'ils devraient encore se réaliser avant que le Seigneur vienne enlever les siens, oriente son espérance sur des événements et non sur le Seigneur.

La vraie espérance chrétienne est dirigée vers une personne: «l'étoile brillante du matin», celui qui vient avant que les jugements du jour du Seigneur ne fondent sur la terre. Quelque chose manque forcément lorsque Christ n'est pas personnellement devant le cœur comme Celui qui peut venir à tout moment pour prendre les siens auprès de lui.

À suivre