Des souffrances à la gloire

U. Furrer

Haï des hommes — Aimé de Dieu

Notre Seigneur Jésus a pu dire des hommes de son temps: «Ils m'ont haï sans cause» (Jean 15:25). Ils n'avaient en effet aucune raison de le haïr. Et ce sont ses actes d'amour qui ont excité leur haine. «Pour mon amour, ils ont été mes adversaires» (Psaumes 109:4).

Ils le haïssaient, bien qu'il les ait aimés; et il les aimait, bien qu'ils l'aient haï. Leur haine était si grande qu'ils l'ont cloué à la croix; et son amour était si fort que rien n'a pu le détourner de la croix.

Il y avait là un motif supplémentaire pour l'amour du Père envers lui: «À cause de ceci le Père m'aime, c'est que moi je laisse ma vie» (Jean 10:17). C'était la volonté du Père que le Fils laisse sa vie; et le Fils était prêt à accomplir tout ce que le Père voulait: «Que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite!»; «non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi!» (Luc 22:42; Marc 14:36).

Le Père aimait le Fils d'un amour qui dépasse tout entendement humain, mais il l'aimait d'une manière particulière en raison de son obéissance inconditionnelle à sa volonté. Nul autre que le Fils ne l'a parfaitement honoré par une obéissance jusqu'à la mort, et à cause de cela le Père l'aime.

Le Seigneur Jésus a ressenti de la manière la plus profonde la haine des hommes, mais en même temps il a joui parfaitement et entièrement de l'amour de son Père.

Couronné d'épines — couronné de plusieurs diadèmes

Après que Pilate eut condamné le Seigneur Jésus à mort — malgré son innocence évidente -, les soldats romains l'accablèrent de leur moquerie et de leur brutalité. Ils le revêtirent d'un manteau de pourpre, placèrent une couronne d'épines sur sa tête et, en guise de sceptre, mirent un roseau dans sa main.

Après l'avoir ainsi habillé en roi des juifs, il se mirent à genoux devant lui, crachèrent contre lui et le frappèrent au visage. Ils firent tout ce qu'ils pouvaient pour humilier Celui qui est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Mais lui se laissa faire, lui «qui, lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas d'outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas» (1 Pierre 2:23). Il ne se défendait pas, «mais se remettait à celui qui juge justement».

Le Seigneur a rencontré l'incompréhension de l'homme naturel avec une patience inépuisable. Alors qu'il aurait pu mettre ses ennemis par terre au moyen d'un mot de sa puissance, il a supporté en silence ce qu'il souffrait, nous laissant ainsi un modèle.

A Patmos, le vieillard qu'était devenu l'apôtre Jean a le privilège de jeter un regard dans le ciel ouvert et d'y voir son Sauveur couronné de «plusieurs diadèmes» (Apocalypse 19:12). Dieu lui a donné l'honneur qui lui est dû. Il est couronné de gloire et d'honneur, ayant reçu là ce que les hommes ne pouvaient ni ne voulaient lui donner.

Entre deux malfaiteurs — Au milieu du trône

Au Calvaire, Pilate poursuit le traitement ignoble que les soldats avaient commencé, en faisant clouer «le roi des Juifs» sur la croix centrale, entre deux brigands. C'est entre eux que le bienfaiteur de la nation va être livré aux moqueries des spectateurs — depuis «les principaux sacrificateurs avec les scribes et les anciens» jusqu'à l'homme de la rue, tous «ceux qui passaient par là» ou «se tenaient là».

Cette place centrale devait encore souligner l'ignominie de sa mise à mort. Notre Seigneur a été obéissant non seulement jusqu'à la mort, mais «jusqu'à la mort de la croix», et cela bien que Pilate ait dû reconnaître par trois fois: «Je ne trouve aucun crime en lui» (Jean 18:38; 19:4, 6).

Au Calvaire, en ce lieu de honte, nous voyons l'innocent crucifié entre deux coupables crucifiés, et entouré de tous ces coupables qui l'ont crucifié.

Combien différent est le spectacle qui apparaît dans le ciel! Jean voit «au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens, un agneau qui se tenait là, comme immolé» (Apocalypse 5:6), et «à l'entour du trône et des animaux et des anciens… des myriades de myriades et des milliers de milliers» d'anges (verset 11). Le Seigneur Jésus est de nouveau au milieu de la scène, mais cette fois c'est pour être honoré de tous. Et si l'on trouve autour de lui une grande foule — représentée par les vingt-quatre anciens — ce sont ceux qui ont été rachetés par son sang «de toute tribu, et langue, et peuple, et nation» (verset 9). Aucun ne manquera.

Méprisé des incrédules — Honoré des croyants

Il est stupéfiant de voir à quoi les hommes se sont laissé entraîner à l'égard de Celui qui mourait à Golgotha: «Les gouverneurs aussi se raillaient de lui avec eux, disant: Il a sauvé les autres; qu'il se sauve lui-même, si lui est le Christ, l'élu de Dieu» (Luc 23:35). Quelle provocation! Était-il donc «le Christ, l'élu de Dieu» ou ne l'était-il pas? Allait-il le prouver en descendant de la croix? Certainement pas! Car il déclare bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru.

Il était toujours possible aux hommes de croire en lui, même s'il ne descendait pas de la croix, mais il lui était impossible d'en descendre parce qu'il voulait porter «nos péchés en son corps sur le bois».

Chose infiniment précieuse! — qui remplit le cœur des rachetés d'une joie et d'une reconnaissance éternelles, et qui les conduit à chanter en son honneur: «Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux; car tu as été immolé, et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu, et il régneront sur la terre (Apocalypse 5:9, 10).

L'homme de douleurs — Un agneau comme immolé

Le Seigneur Jésus a connu toutes les douleurs, et il les a supportées avec patience. Aucune souffrance ne lui était étrangère. Il les supportait sans murmurer et les subissait sans les éviter. «Mon âme est rassasiée de maux, et ma vie touche au shéol» (Psaumes 88:3).

La cause de ses souffrances était multiple: il y avait l'incrédulité de son peuple et «la contradiction des pécheurs». Mais il y avait aussi le manque de foi des disciples- «Pourquoi êtes-vous craintifs, gens de petite foi?» doit-il leur dire (Matthieu 8:26). Et ils étaient si lents à comprendre lorsqu'il leur parlait de ses souffrances. Luc nous rapporte: «Et ils ne comprirent rien de ces choses; et cette parole leur était cachée» (18:34).

Les prophètes avaient déjà parlé «des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient» (1 Pierre 1:11). Et en effet, quelle gloire rayonnera du Seigneur Jésus lorsque apparaîtra au milieu du trône divin «l'agneau… comme immolé» (Apocalypse 5:6).

Ses rachetés, ceux qui sont le fruit du travail de son âme, le verront durant l'éternité avec les marques de ses blessures. Il s'est offert une fois en sacrifice sur la croix, et ce fait unique et merveilleux sera continuellement sous leurs regards. Ce sera le motif de leur adoration éternelle.

Crucifié en infirmité — Le lion de la tribu de Juda

Il est écrit au sujet du Seigneur Jésus: «Car même s'il a été crucifié en infirmité, néanmoins il vit par la puissance de Dieu» (2 Corinthiens 13:4). Il n'est pas de faiblesse corporelle, mais du fait que la crucifixion de Jésus était, aux yeux des hommes, tout ce qu'il y a de plus méprisable. Que l'on se représente un roi crucifié! Quel est le peuple qui accepterait cela? Paul avait déjà dit dans sa première épître: «Je n'ai pas jugé bon de savoir quoi que ce soit parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié» (1 Corinthiens 2:2). Il ne leur avait pas seulement parlé du Seigneur Jésus, mais il le leur avait représenté dans son abaissement le plus profond, crucifié. Et c'était quelque chose que les gens instruits de Corinthe avaient beaucoup de peine à accepter.

Il en est tout autrement dans la gloire. Là le Seigneur Jésus apparaît comme le lion qui est de la tribu de Juda. C'est une scène glorieuse que rien ne peut surpasser. Jésus est là comme le grand vainqueur de toutes les épreuves qu'il a endurées. Il est ce «plus fort» qui a lié «l'homme fort» (cf. Luc 11:22); il a vaincu et il s'est assis sur le trône de son Père (Apocalypse 3:21). Lui seul a le droit et est capable de prendre le livre de la main droite de Celui qui est assis sur le trône, et d'en ouvrir les sceaux, c'est-à-dire d'amener à exécution les jugements divins annoncés par les prophètes.

Un spectacle pour ce monde — L'objet du cantique nouveau

Après que le Seigneur Jésus eut remis son esprit entre les mains de son Père, l'évangile de Luc nous rapporte: «Et toutes les foules qui s'étaient assemblées à ce spectacle, ayant vu les choses qui étaient arrivées, s'en retournaient, frappant leurs poitrines» (23:48). Qui sait si l'un ou l'autre, comme le publicain dans le temple, n'a pas été amené à dire: «O Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur» (Luc 18:13)? Ou bien étaient-ils si dénués de sentiments que toute la scène de la crucifixion n'était rien de plus pour eux qu'un spectacle? Objet des railleries du peuple, il avait servi «de chanson aux buveurs» (Psaumes 69:12).

Bientôt, le Seigneur Jésus sera le thème d'un chant bien différent — non pas pour se moquer de lui, mais pour l'honorer: ce sera le cantique nouveau. Les incrédules, autrefois, ne pouvaient s'empêcher de bafouer dans leurs chansons celui qui pourtant était leur Messie; quant à nous, croyants, nous ne pourrons qu'exalter dans notre cantique la dignité de sa personne et la valeur de son œuvre. Et assurément, il y aura là beaucoup d'anciens buveurs et moqueurs qui, par la grâce de Dieu, s'étant repentis à temps, feront partie du chœur des rachetés.