Le figuier dans la Bible

G. Bell

Des ceintures de feuilles de figuier — la propre justice

La première mention du figuier figure en Genèse 3:7: «Et les yeux de tous les deux furent ouverts, et ils connurent qu'ils étaient nus; et ils cousirent ensemble des feuilles de figuier et s'en firent des ceintures».

C'est un épisode de la triste histoire de la chute de l'homme. Adam et Eve avaient prêté l'oreille aux paroles du serpent et avaient désobéi à la parole de Dieu. Satan leur avait laissé entendre que Dieu les privait d'une chose qui serait à leur avantage. Il leur avait dit: «Dieu sait qu'au jour où vous en mangerez vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal» (Genèse 3:5). Par leur chute, ils ont effectivement reçu la connaissance du bien et du mal, la conscience, mais non la force de faire le bien ou d'éviter le mal. Les ceintures en feuilles de figuier étaient une tentative de couvrir leur nudité, mais bien peu efficace; quand Dieu vint dans le jardin, leur conscience coupable les poussa à se cacher, car ils savaient qu'ils étaient nus. Dieu leur offrit d'autres vêtements, des vêtements de peau, qui avaient évidemment nécessité la mort d'une victime.

Cet effort d'Adam et Eve pour cacher si possible leur péché et pour se rendre acceptables devant Dieu porte nos pensées sur un passage de l'épître aux Romains. Parlant des Israélites, ses parents selon la chair, l'apôtre Paul dit ceci: «Car je leur rends témoignage qu'ils ont du zèle pour Dieu, mais non selon la connaissance. Car, ignorant la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu» (Romains 10:1-3).

L'apôtre considère le peuple terrestre de Dieu dans sa responsabilité. On le voit profondément attristé par la chute collective de ses parents selon la chair. L'expression «cherchant à établir leur propre justice» correspond aux feuilles de figuier de Genèse 3. Et la déclaration «ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu» met en évidence leur besoin de «vêtements de peau». La justice de Dieu est le fait qu'il est conséquent avec lui-même en justifiant le pécheur en vertu du sacrifice du Seigneur Jésus. Ce qu'est l'homme en lui-même ne compte plus. Lorsque la loi avait été donnée au Sinaï, les Israélites avaient dit: «Tout ce que l'Éternel a dit, nous le ferons» (Exode 19:8). Malgré cette confiance en eux-mêmes, ils n'avaient pas été capables de tenir parole. Heureux ceux qui ont appris que l'on ne peut aucunement compter sur la chair, qui ont découvert que l'œuvre de Christ est pleinement suffisante, et qui, par la puissance du Saint Esprit, vivent pour le Seigneur Jésus jour après jour.

Deux paniers de figues — un peuple sous la discipline

L'histoire du peuple d'Israël nous donne une image éloquente de la manière dont Dieu exerce la discipline. Nous le voyons en particulier au chapitre 24 du livre de Jérémie. Nous y trouvons la mention de deux paniers de figues: «L'un des paniers avait de très bonnes figues, comme les figues de la première saison; et l'autre panier avait de très mauvaises figues qu'on ne pouvait manger, tant elles étaient mauvaises» (verset 2).

Jérémie vivait dans une période particulièrement critique de l'histoire d'Israël. Témoin de la destruction de Jérusalem et de son temple par Nebucadnetsar, roi de Babylone, il en a ressenti une immense douleur, qui s'exprime dans le livre des Lamentations. Bien que Babylone ait été l'instrument de cette destruction, c'était un acte de jugement de la part de Dieu sur son peuple à cause de son idolâtrie et de son infidélité. En rapport avec ce jugement, Dieu parle de Nebucadnetsar en disant mon serviteur. Ses voies sont véritablement «introuvables», que ce soit parmi les nations ou parmi son peuple aujourd'hui.

Qu'est-il dit des bonnes figues? «Ainsi dit l'Éternel, le Dieu d'Israël: Comme tu vois ces bonnes figues, ainsi je me souviendrai, en bien, des transportés de Juda, que j'ai envoyés hors de ce lieu au pays des Chaldéens; et je mettrai mes yeux sur eux pour leur bien» (verset 5). Dieu avait un regard de faveur sur ceux qui avaient été emmenés en captivité par les Chaldéens et qui ne s'étaient pas rebellés contre cette situation. Soulignons les mots «en bien». Quoi que Dieu fasse dans sa discipline envers nous, c'est pour notre bien.

Dans le Nouveau Testament, le sujet de la discipline est présenté de façon remarquable en Hébreux 12. Le message n'y est pas différent de ce qu'il est en Jérémie 24.

«Nous avons eu les pères de notre chair pour nous discipliner, et nous les avons respectés; ne serons-nous pas beaucoup plutôt soumis au Père des esprits, et nous vivrons? Car ceux-là disciplinaient pendant peu de jours, selon qu'ils le trouvaient bon; mais celui-ci nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté» (versets 9, 10).

Jérémie exhortait les Juifs à se soumettre aux armées des Chaldéens. C'était de la folie de vouloir résister à la main de Dieu qui pesait sur eux pour leur bien. Le dernier roi, Sédécias, a constamment montré un esprit de rébellion plutôt que d'écouter les paroles du prophète. Avec les chefs du peuple, il considérait Jérémie comme un traître. Mais c'était la parole même de Dieu qu'ils méprisaient. Le prophète a beaucoup souffert en raison de sa fidélité, jusqu'à risquer sa vie à certains moments. Dans un entretien secret avec le roi, il a eu l'occasion de lui indiquer clairement la voie à suivre. «Et Jérémie dit à Sédécias: Ainsi dit l'Éternel, le Dieu des armées, le Dieu d'Israël: Si tu sors franchement vers les princes du roi de Babylone, ton âme vivra et cette ville ne sera point brûlée par le feu, mais tu vivras, toi et ta maison. Mais si tu ne sors pas vers les princes du roi de Babylone, cette ville sera livrée en la main des Chaldéens, et ils la brûleront par le feu; et toi, tu n'échapperas pas à leur main» (38:17, 18).

Cela nous amène aux mauvaises figues. Tel était le caractère des nombreux Israélites qui n'étaient pas prêts à obéir à la voix de Dieu. Ils furent rapidement détruits. Sédécias eut une fin terrible; on lui creva les yeux, puis il fut enchaîné et emmené à Babylone. La discipline de Dieu est pour notre bien, mais malheur à celui qui la rejette: «La colère de l'Éternel ne retournera pas jusqu'à ce qu'il ait exécuté et accompli les pensées de son cœur. À la fin des jours vous le comprendrez avec intelligence» (23:20).

Il peut paraître étonnant d'entendre parler du cœur dans un contexte où la colère de l'Éternel doit s'abattre, mais ne savons-nous pas qu'il y a un cœur derrière cette main de Dieu? C'est ce que le verset ci-dessus nous enseigne. Il nous apprend également que dans les derniers jours, Israël regardera en arrière et comprendra les voies de Dieu à son égard, et plus encore l'amour de Dieu pour eux. Le Nouveau Testament nous enseigne la même chose quant à la discipline: «Car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu'il agrée» (Hébreux 12:6) — déclaration qui, d'ailleurs, est une citation du livre des Proverbes. Le châtiment est une preuve de notre relation d'enfants avec Dieu. Un jour, nous aussi nous regarderons en arrière les voies de Dieu en discipline à notre égard, et nous bénirons la main qui a opéré aussi bien que le cœur qui l'a conduite. «Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle» (Hébreux 12:11).

Nathanaël sous le figuier

«Jésus vit Nathanaël venir vers lui, et il dit de lui: Voici un vrai Israélite, en qui il n'y a pas de fraude. Nathanaël lui dit: D'où me connais-tu? Jésus répondit et lui dit: Avant que Philippe t'eût appelé, quand tu étais sous le figuier, je te voyais» (Jean 1:48, 49).

Les derniers versets de Jean 1 ont un caractère prophétique bien marqué. Il est dit que l'entrevue du Seigneur Jésus avec Nathanaël a eu lieu le lendemain (verset 44). Il convient donc de se demander ce qui s'est passé le jour précédent.

Au verset 29, nous lisons: «Le lendemain, [Jean] voit Jésus venant à lui, et il dit: Voilà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde!» Ce verset bien connu porte nos pensées sur la mort du Seigneur Jésus. Ensuite, Jean reçoit le signe que celui sur qui il a vu l'Esprit descendre pour y demeurer est bien celui qui baptise de l'Esprit Saint. Cela nous renvoie au jour de la Pentecôte, où le Saint Esprit est effectivement descendu sur la terre. Au verset 35, on retrouve une expression similaire: «Le lendemain encore». Il s'agit probablement du même jour que celui du verset 29. Ici le témoignage de Jean n'est pas relatif à l'œuvre du Seigneur, mais à sa personne comme objet d'attraction. «Et regardant Jésus qui marchait, il dit: Voilà l'Agneau de Dieu!» (verset 35). Son témoignage est tellement puissant que deux de ses disciples le quittent pour suivre Jésus. Il était devenu l'objet de leurs affections. Les lignes qui suivent nous parlent d'André, qui amène son frère Simon à Jésus. Et celui-ci lui dit: «Tu es Simon, le fils de Jonas; tu seras appelé Céphas (qui est interprété Pierre- ou pierre)» (verset 43). Ici, la vérité de l'Église formée de pierres vivantes nous est suggérée. C'est une vérité que Pierre nous révèle dans sa première épître (cf. 1 Pierre 2:4, 5). Quelle évocation remarquable des grands faits du christianisme nous trouvons donc dans ces versets 29 à 43!

  • L'œuvre rédemptrice de Christ et ses conséquences,
  • le don du Saint Esprit,
  • Christ, celui vers qui l'Esprit dirige notre cœur,
  • la maison spirituelle, formée de pierres vivantes.

Nous arrivons maintenant au lendemain du verset 44. Jésus trouve Philippe et lui dit: «Suis-moi». Philippe, à son tour, trouve Nathanaël et lui parle de Jésus:

«Nous avons trouvé celui duquel Moïse a écrit dans la loi et duquel les prophètes ont écrit, Jésus, le fils de Joseph, qui est de Nazareth» (verset 46). Mais Nathanaël objecte: «Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth?» La réponse de Philippe est claire et précise: «Viens et vois». Alors le Seigneur décrit en termes admirables le caractère de Nathanaël: «Voici un vrai Israélite, en qui il n'y a pas de fraude!» Nathanaël est surpris de ce que le Seigneur le connaisse, et de ses paroles si lourdes de sens: «Avant que Philippe t'eût appelé, quand tu étais sous le figuier, je te voyais».

Le résidu juif

Le lendemain du verset 44 est en rapport avec le travail de Dieu en Israël, après les grands faits qui caractérisent l'époque actuelle. Nathanaël symbolise Israël dans sa jouissance des promesses, dans les jours à venir. Il était «sous le figuier» quand Jésus le vit, et cela a une portée symbolique. Dans l'Ancien Testament, l'expression «sous le figuier» représente la bénédiction d'Israël dans le royaume. «Et ils s'assiéront chacun sous sa vigne et sous son figuier, et il n'y aura personne qui les effraye: car la bouche de l'Éternel des armées a parlé» (Michée 4:4; cf. 1 Rois 4:25; Zacharie 3:10).

La réponse de Nathanaël aux paroles du Seigneur est spontanée, et s'approche de l'adoration. Quelle richesse au niveau des vérités prophétiques! «Rabbi, tu es le Fils de Dieu; tu es le roi d'Israël.» Cette exclamation de Nathanaël est tout à fait dans la ligne du psaume 2, un psaume messianique. Après le psaume 1, qui décrit les caractéristiques du résidu fidèle, le psaume 2 entame la prophétie messianique. Il contient la réponse de Dieu au complot des grands de la terre «contre l'Éternel et contre son Oint» (verset 2). Ceci a été partiellement accompli au moment de la crucifixion du Seigneur (cf. Actes 4:25, 28), mais ce psaume verra son accomplissement final et complet dans l'ultime rébellion contre Dieu qui aura lieu juste avant l'établissement du royaume. Celui qui siège dans les cieux se moquera d'eux: «Et moi, j'ai oint mon roi sur Sion, la montagne de ma sainteté. Je raconterai le décret: l'Éternel m'a dit: Tu es mon Fils; aujourd'hui, je t'ai engendré» (Psaumes 2:6, 7). L'opposition des hommes à Dieu ne peut en aucune manière contrecarrer ses plans. Comme l'homme est petit! Tous ses efforts pour détrôner Dieu n'aboutiront à rien. Le juste roi d'Israël régnera en Sion. Non seulement il est le Fils, mais il est dit de lui «Mon Fils», mots qui lui sont adressés en rapport avec sa venue dans le monde, sans que cela n'ôte rien à sa relation éternelle avec Dieu en tant que Fils.

C'était une chose remarquable pour Nathanaël de voir que le Seigneur le connaissait, mais il doit en apprendre de plus grandes encore. «En vérité, en vérité, je vous dis: Désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l'homme» (Jean 1:51). Quelles sont ces choses plus grandes? C'est ce qui est annoncé au psaume 8, où Christ est présenté, non pas comme roi en Sion, mais dans la gloire plus vaste de Fils de l'homme. La gloire de Christ au psaume 2 est sur la terre, mais au psaume 8, elle est beaucoup plus large et plus étendue. Le premier verset du psaume 8 nous donne la clé de celui-ci. «Éternel, notre Seigneur! que ton nom est magnifique par toute la terre; tu as mis ta majesté au-dessus des cieux!» Et nous lisons plus loin: «Tu as mis toutes choses sous ses pieds» (verset 6). Même si Christ n'est pas encore publiquement reconnu, il est déjà aux cieux, exalté comme Fils de l'homme. C'est comme cela qu'Etienne le voit en Actes 7. Plus encore, Etienne le voit à travers les «cieux ouverts». C'est la même expression qu'en Jean 1:51. C'est ainsi que notre foi le voit aujourd'hui: «Mais maintenant nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties; mais nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d'honneur, en sorte que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout» (Hébreux 2:8, 9).