Deuxième épître aux Thessaloniciens

E.A. Bremicker

Introduction

Le sujet central de cette seconde épître, comme celui de la première, est la venue du Seigneur. Il y a toutefois une assez grande différence entre les deux lettres. Dans la première, l'apôtre développe la grande vérité que le Seigneur — avant de paraître sur la terre en puissance et en gloire pour établir son règne — viendra d'abord prendre les siens auprès de lui (4:13-18). L'enlèvement des saints, qu'ils soient endormis ou vivants, est le grand sujet de cette première épître. Dans la seconde, cet enlèvement n'est mentionné qu'une fois (2:1). Le sujet, c'est la venue du Seigneur sur cette terre pour y établir publiquement son royaume; c'est ce que la Bible nomme «le jour du Seigneur».

Origine de l'épître

Les croyants de Thessalonique étaient encore très jeunes dans la foi. Le livre des Actes nous raconte que Paul n'a fait qu'un court séjour dans cette ville, environ trois semaines, lors de son deuxième voyage missionnaire (17:1-9). Il avait dû quitter rapidement les nouveaux convertis et avait poursuivi son voyage vers Athènes et Corinthe. Il leur restait toutefois très attaché et était préoccupé par leur état spirituel, bien qu'il n'ait pas de doute quant à leur bon état pratique et à leur témoignage exemplaire. D'une part, il avait entendu dire bien des choses positives à leur égard, et il s'en réjouissait grandement. D'autre part, il éprouvait de l'inquiétude, sachant qu'ils n'étaient pas au clair sur certaines questions de doctrine.

Après son séjour à Thessalonique, Paul s'était dirigé vers le sud et, passant par Athènes, était arrivé à Corinthe. Timothée, l'un de ses compagnons de voyage, était retourné depuis Athènes à Thessalonique pour s'enquérir du bien-être des croyants de cette ville et en rapporter des nouvelles (1 Thessaloniciens 3:2). Lorsqu'il les reçut, l'apôtre écrivit sa première lettre, depuis Corinthe (verset 6). Peu de temps après, il écrivit la seconde, en réponse à de nouvelles questions des Thessaloniciens concernant le retour du Seigneur. Elle fait donc directement suite à la première. Par qui ces questions furent transmises à Paul, nous ne le savons pas.

L'intervalle de temps entre les deux épîtres est peut-être de quelques semaines, tout au plus de quelques mois. Quoi qu'il en soit, Paul, Silvain1 et Timothée (déjà nommés dans la première lettre) étaient encore ensemble. Selon ce que nous savons par Actes 18:1-5, ils se trouvaient encore à Corinthe. Il est admis que l'épître a été écrite dans les années 52 à 54 (selon quelques-uns même encore plus tôt). C'est une des premières en date, probablement la deuxième, des épîtres de Paul.

1 Nous avons toutes raisons de penser que Silas et Silvain sont une même personne.

Situation des Thessaloniciens

L'assemblée des Thessaloniciens était formée de croyants convertis du judaïsme ou du paganisme, devenus chrétiens par le ministère de Paul. L'apôtre, déjà lors de son séjour à Thessalonique, les avait attachés à un Christ souffrant et rejeté ici-bas. En effet, il ressort de sa prédication, telle qu'elle est présentée en Actes 17, que c'est après un chemin de souffrance sur la terre que le Seigneur est entré dans la gloire (verset 3), et que le Christ qui est maintenant dans le ciel reviendra comme roi sur la terre pour y établir son règne en puissance et en gloire. Cette venue sera effectivement un «bouleversement de la terre habitée» —pour reprendre l'expression des adversaires de Paul, toutefois dans un sens un peu différent (cf. verset 6).

Les Thessaloniciens subissaient de grandes persécutions de la part de leurs concitoyens. Les difficultés qui avaient commencé lors du séjour de Paul se poursuivaient. Il leur rappelle déjà dans la première lettre qu'ils avaient reçu la parole avec de grandes tribulations, mais aussi avec la joie de l'Esprit Saint (1:6). Il en parle encore dans le deuxième chapitre (versets 15, 16). Dans le troisième, nous voyons sa préoccupation à ce sujet: les tribulations et les difficultés peuvent décourager, et le diable peut les utiliser pour nuire aux enfants de Dieu (versets 2-7).

Au moment où Paul a écrit la seconde épître, les persécutions n'avaient pas diminué. La situation extérieure s'était peut-être même aggravée. Et la détresse était telle que quelques-uns des Thessaloniciens pensaient qu'ils traversaient les jugements qui doivent accompagner «le jour du Seigneur». Le diable se servait de certaines personnes pour séduire ces jeunes croyants dans l'épreuve, et les ébranler dans leur foi par de fausses doctrines (2 Thessaloniciens 2:1-3).

Les motifs de l'épître

Ces motifs sont étroitement liés à la situation dans laquelle se trouvaient les Thessaloniciens. Nous en mentionnerons trois:

En premier lieu, ils avaient besoin d'être encouragés dans les persécutions qu'ils connaissaient. Paul les console en leur rappelant la perspective du royaume de Dieu. Dans la première épître déjà, il leur avait parlé de ce royaume. Il les avait exhortés à marcher «d'une manière digne de Dieu» qui les avait appelés «à son propre royaume et à sa propre gloire» (2:12). Il leur explique maintenant que le chemin vers ce royaume passe par la souffrance. Ainsi, les persécutions qu'ils traversaient n'étaient pas quelque chose d'exceptionnel ou de surprenant (voir Actes 14:22). Mais il leur explique en même temps — pour leur plus grand encouragement — que le jour vient où les rôles seront inversés (2 Thessaloniciens 1:6-8). Quand le royaume de Dieu sera établi en puissance et en gloire, ce sera le repos pour ceux qui sont maintenant persécutés et le jugement pour leurs persécuteurs.

En second lieu, les Thessaloniciens avaient été induits en erreur par de faux docteurs, et ils avaient besoin d'être enseignés. Nous n'avons pas de précision sur ces séducteurs, mais il est probable que c'étaient des docteurs juifs. Satan les utilisait pour obscurcir l'espérance céleste des croyants. Or cette espérance, qui devrait marquer tout chrétien, avait remarquablement caractérisé les Thessaloniciens au début (1 Thessaloniciens 1:10). C'est sur ce point précisément que le Tentateur portait ses efforts, en s'efforçant d'abaisser le christianisme et son espérance au niveau du judaïsme et de ses aspirations.

En quoi donc consistait cette séduction? Cela nous est indiqué au chapitre 2, versets 1-3: «Or nous vous prions, frères,… de ne pas vous laisser promptement bouleverser dans vos pensées, ni troubler, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c'était par nous, comme si le jour du Seigneur était là. Que personne ne vous séduise en aucune manière». Paul avait déjà parlé de ce «jour du Seigneur» dans la première épître (5:2) et il y fait allusion à la fin du premier chapitre de la deuxième, lorsqu'il dit: «dans ce jour-là» (verset 10). C'est le jour, c'est-à-dire la période, où le royaume de Dieu sera visible en gloire et en puissance sur la terre.

Ce jour commence par les jugements terribles qui atteindront ce monde avant l'apparition du Seigneur, et il inclut le règne de mille ans jusqu'à son achèvement. C'est «le jour de l'Éternel» de l'Ancien Testament, le temps où les droits de l'Homme Christ Jésus seront reconnus publiquement sur la terre. Dieu l'a fait «et Seigneur et Christ» (Actes des Apôtres 2:36) et c'est dans cette dignité qu'il sera reconnu et honoré de tous.

Les séducteurs voulaient persuader les Thessaloniciens que les tribulations et les persécutions qu'ils subissaient étaient en relation avec ce jour du Seigneur, et par conséquent qu'il fallait les considérer comme un jugement de la part de Dieu. De ce fait, ces croyants étaient ébranlés dans leur foi et leur esprit, bien que Paul leur ait déjà clairement déclaré dans sa première lettre que le Seigneur Jésus nous délivrera de la colère qui vient (1:10) et que nous ne sommes pas destinés à la colère (5:9). Les jugements qui accompagnent ce jour ne sont pas pour les croyants, mais pour les incrédules, et particulièrement pour les Juifs incrédules. Les chrétiens n'attendent pas «la grande tribulation», mais l'enlèvement des saints, qui la précédera.

Pour insinuer leur erreur, les faux docteurs allaient jusqu'à se référer à une certaine lettre qu'ils attribuaient indûment à l'apôtre (2:2). C'est pour cela que Paul achève l'épître de sa propre main et déclare que chacune de ses lettres porte ce signe distinctif de son origine (3:17).

Nous arrivons au troisième motif de la lettre. Cette erreur concernant le jour du Seigneur était la source de comportements erronés de la part de plusieurs dans l'assemblée. Les faux docteurs frustraient en fait les croyants de leur espérance. Si le jour du Seigneur était déjà là, ils n'avaient plus à attendre sa venue pour les prendre auprès de lui. Une comparaison des versets introductifs des deux épîtres (1:3 et 1:3) montre bien que leur espérance n'était plus ce qu'elle avait été. L'apôtre peut encore rendre grâces pour la foi et l'amour qu'ils manifestent, mais il ne peut plus mentionner leur espérance. Plusieurs parmi eux, n'attendant plus la venue du Seigneur pour les prendre auprès de lui, commençaient à marcher dans le désordre (3:6-11), et de ce fait, avaient besoin d'être exhortés et avertis.

La première épître avait déjà mis en garde contre une marche dans le désordre: «avertissez les déréglés», avait dit l'apôtre (5:14). La deuxième épître, au chapitre 3, indique plus en détail de quoi il s'agissait. Il apparaît que plusieurs ne voulaient plus travailler et se reposaient sur leurs frères pour leur entretien. Il pouvait y avoir plusieurs motifs à ce mauvais comportement — peut-être l'euphorie d'une foi toute nouvelle, peut-être aussi le découragement et la résignation. Le contexte de l'épître laisse entendre que c'était le résultat d'un faux enseignement concernant le jour du Seigneur et d'un déclin de leur «patience d'espérance».

Ceci met en évidence un principe important pour nous: une fausse doctrine entraîne toujours au désordre. Notre marche pratique ne peut trouver son fondement que dans la saine doctrine. Si la doctrine est en défaut, on en voit des effets visibles dans la marche. Il est vrai qu'il est aussi possible de maintenir la bonne doctrine et d'avoir un comportement défectueux, ce qui rend les manquements encore plus graves.

Points communs et différences des deux épîtres

Ce sont toutes deux des lettres d'encouragement et d'exhortation. Paul relève ce que Dieu a opéré en eux et s'applique à compléter «ce qui manque à leur foi» (1 Thessaloniciens 3:10). Elles ont les deux leur origine dans les questions et les incertitudes des destinataires en rapport avec la venue du Seigneur. Celle-ci y tient une place centrale, mais les points de vue sous lesquels elle est envisagée sont bien différents.

On pourrait dire que dans la première lettre, le problème concerne principalement les morts — les saints endormis —, alors que dans la seconde il est seulement des vivants. Dans la première, les Thessaloniciens attendaient si réellement l'apparition du Seigneur sur cette terre qu'ils étaient en souci pour ceux d'entre eux qui s'étaient endormis. Ils pensaient qu'ils subiraient une perte quant au royaume à venir. C'est pourquoi Paul leur déclare que le Seigneur viendra d'abord pour les siens (vivants ou endormis), afin de les recueillir auprès de lui dans la gloire. Ce n'est que plus tard qu'il viendra avec ses saints et apparaîtra à tous. Dans la seconde épître, la question est: les tribulations par lesquelles passent les croyants ont-elles affaire avec les jugements du jour du Seigneur? L'apôtre leur déclare expressément que non. Les jugements du jour du Seigneur atteindront les incrédules, non les croyants.

Pour bien comprendre les deux épîtres — et particulièrement la seconde —, il est nécessaire de distinguer la venue du Seigneur pour les siens et sa venue avec les siens. Il s'agit bien d'une venue mais qui a lieu en deux étapes: sa venue pour recueillir les siens à lui, et son apparition pour établir son royaume.

S'il s'agit de la venue du Seigneur pour les siens, aucun événement préalable n'est annoncé. Le Seigneur a dit: «Je viens bientôt» (Apocalypse 22:20). C'est tout. Nous n'attendons aucun événement, mais le Seigneur lui-même. S'il s'agit de son apparition, de sa venue avec les siens, cette épître nous montre que certains événements doivent avoir lieu d'abord, en particulier ce qui est exposé dans le chapitre 2, versets 1-12. Le «jour du Seigneur» ne pouvait donc pas être déjà là, puisque ces événements n'avaient pas encore eu lieu, par exemple l'apparition de «l'homme de péché».

Soulignons encore la manière dont s'y prend l'apôtre pour s'occuper des problèmes. «Comme dans la première épître, il ne s'attaque pas tout de suite à l'erreur, mais il prépare graduellement les cœurs des saints à tenir ferme la vérité et à bannir l'erreur, une fois que celle-ci a été dévoilée. Telle est la manière d'agir de la grâce et de la sagesse divines; le cœur est affermi avant que l'erreur ou le mal soit démasqué»2.

2 W. Kelly, Épîtres aux Thessaloniciens.

Plan de l'épître

Le premier chapitre sert d'introduction. Paul encourage les Thessaloniciens à tenir ferme dans leurs tribulations. Le chapitre 2 forme la partie principale de l'enseignement. L'apôtre approfondit et développe leur connaissance concernant la venue du Seigneur. Dans le chapitre 3, il s'agit de questions pratiques, en particulier concernant le comportement fâcheux de plusieurs.

  1. Encouragement: Les souffrances pour le royaume de Dieu (1:1-12)
  2. Enseignement: Le jour du Seigneur et l'homme de péché (2:1-12)
  3. Exhortation: Privilèges et responsabilité (2:13 -3:18)

À suivre