Rends-moi la joie de ton salut (Psaume 51:10-12)

Adapté de l'allemand

David avait péché — chose qui arrive à tout croyant, hélas! Mais son péché était excessivement grave: adultère puis meurtre. Cependant aucun péché n'est trop grave pour être pardonné. Le chemin de la restauration nous est toujours ouvert, quelque grande que soit la faute, car «au Seigneur notre Dieu sont les compassions et les pardons» (Daniel 9:9).

Mais Dieu veut «la vérité dans l'homme intérieur». C'est pourquoi la restauration que nécessite une chute ne peut avoir lieu que par une confession sincère, en reconnaissant et en jugeant l'état de cœur qui a conduit au péché.

Par l'exemple du roi David après son péché, Dieu nous décrit ce chemin du retour à sa communion. Et il utilise pour cela la propre plume de celui qu'il restaure. Le psaume 51 porte en effet la suscription: «Psaume de David; lorsque Nathan le prophète vint à lui, après qu'il fut entré vers Bath-Shéba».

Dans les versets 10, 11 et 12, David adresse à Dieu plusieurs requêtes dont le but précis est de retrouver un bon état dans son être intérieur — état caractérisé par une communion constante et intime avec son Dieu. Nous avons souvent tendance à prendre davantage soin de notre homme extérieur — notre corps — que de l'homme intérieur, de «l'homme caché du cœur» (1 Pierre 3:4). L'apôtre Jean constate dans sa troisième épître que Gaïus avait accordé les justes priorités: il souhaite qu'à tous égards Gaïus prospère comme son âme prospérait (verset 2).

Dans ces versets du psaume 51, David parle d'un «esprit droit», de l'«esprit de sainteté» et d'un «esprit de franche volonté» — trois expressions qui doivent retenir notre attention.

«Crée-moi un cœur pur, ô Dieu! et renouvelle au-dedans de moi un esprit droit» (verset 10).

En premier lieu, David demande à Dieu un cœur pur. Aussi longtemps que l'homme intérieur est souillé par le péché, il ne peut absolument pas jouir de la communion avec Dieu. David est bien conscient que l'intervention indispensable de Dieu ne saurait se limiter à une action superficielle. Il doit lui «créer» un cœur pur.

Le roi selon le cœur de Dieu s'était gravement relâché. Il n'avait pas veillé pour garder les yeux fermement dirigés sur son Dieu. En d'autres temps, dans un bon état spirituel, il avait pu écrire: «J'ai demandé une chose à l'Éternel, je la rechercherai: c'est que j'habite dans la maison de l'Éternel tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l'Éternel et pour m'enquérir diligemment de lui dans son temple» (Psaumes 27:4).

Satan s'efforce toujours de détourner nos regards et nos pensées de Christ; peu importe dans quelle direction. Il sait très bien que le discernement et la force intérieure d'un croyant dépendent exclusivement de la place que Christ occupe dans son cœur. Christ est la mesure à laquelle toutes choses doivent être rapportées, si nous voulons en avoir une juste appréciation.

Pierre nous exhorte: «ayant ceint les reins de votre entendement» (1 Pierre 1:13). En d'autres termes: ne laissez pas errer votre esprit, mais liez vos pensées comme avec une ceinture et donnez-leur une claire et ferme orientation: Christ.

La droiture, l'intégrité, avaient été des traits caractéristiques de David. L'Écriture en donne de nombreux témoignages. (Voir entre autres: 1 Rois 14:8; 15:5.) David lui-même, vivant dans la lumière de Dieu, entretenant une bonne conscience devant lui, ouvre plus d'une fois son cœur à l'Éternel en lui parlant de cet état intérieur qu'il sait approuvé de lui. (Voir par exemple Psaumes 7:8, 9; 17:1-3; 18:20-26; 26:1-4; 101:2).

Mais depuis l'affaire de Bath-Shéba, une ombre avait passé sur son cœur. Il n'avait certes pas agi avec droiture! Quels tourments ont dû torturer son âme pendant toute cette période où «il s'était tu», refusant de reconnaître ses fautes, jusqu'au moment où il a dit enfin: «Je confesserai mes transgressions à l'Éternel» (Psaumes 32:3-5)! Et maintenant, dans le psaume 51, il demande à Dieu: «Renouvelle au-dedans de moi un esprit droit». Il réalise que l'œuvre de restauration de son âme est entre les mains de Dieu, et c'est à lui qu'il s'attend pour l'accomplir.1

1 En parlant de la droiture qui a été un des traits caractéristiques de David — et qui l'a rendu propre à être un type de Christ — nous n'oublions pas qu'elle résultait de l'œuvre de Dieu dans son cœur. Le fond de la nature de David, comme de tout homme, était marqué par le péché, comme il le confesse dans ce psaume: «Voici j'ai été enfanté dans l'iniquité, et dans le péché ma mère m'a conçu» (verset 5). Et dans certaines circonstances de sa vie, il y a eu, hélas! un manque de droiture, en particulier dans la période qui suit le fléchissement de sa confiance en Dieu, en 1 Samuel 27-29.

 «Ne me renvoie pas de devant ta face, et ne m'ôte pas l'esprit de ta sainteté!» (verset 11)

Comme nous venons de le voir, le verset 10 s'applique directement à nous. En est-il de même du verset 11? Il apparaît clairement ici que David, l'écrivain dont se sert le Saint Esprit, n'appartenait pas à la dispensation de la grâce. C'était un Israélite vivant dans la dispensation de la loi.

Aujourd'hui, aucun motif ne peut amener un croyant à demander: «Ne me renvoie pas de devant ta face». Celui qui croit au Fils de Dieu et s'est approprié son œuvre rédemptrice accomplie sur la croix «a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5:24). Voyez à ce sujet, entre autres passages: Jean 3:36; 10:27-29; 1 Jean 5:10-13. Dieu ne rejettera jamais celui qui est devenu son enfant par la foi.

Quelle signification a donc pour nous cette demande de David? N'exprime-t-elle pas son désir intense d'avoir communion avec Dieu? David avait gravement péché, et Dieu lui avait envoyé le prophète Nathan pour lui en faire prendre conscience. Dès lors, le sentiment que ses communications intimes avec son Dieu ont été interrompues par ce péché lui devient insupportable.

La gravité particulière du péché de David ne devrait pas affaiblir pour nous l'enseignement de ce passage. Chaque péché est abject et sépare de Dieu qui est lumière. Lorsque sa conscience a été atteinte, David a compris le principe fondamental selon lequel le péché sépare de Dieu. Pour l'inconverti, c'est une séparation quant à sa position devant Dieu; pour le croyant, c'est une rupture de communion avec Dieu.

Comment se fait-il que nous nous trouvions si facilement dans des situations où le péché peut nous surprendre et nous enlacer? que nous prenions conscience souvent si tardivement de la tentation ou ne la prenions pas au sérieux? Ne serait-ce pas parce que la communion avec Dieu notre Père, et avec le Seigneur Jésus, revêt trop peu d'importance pour nous? Nous prenons généralement grand soin des choses qui nous tiennent très à cœur. Le croyant qui entretient une vraie relation de cœur, une communion de pensées et de sentiments avec son Dieu, et en jouit, sera gardé de bien des dangers; et s'il vient à pécher, l'Esprit de Dieu l'amènera vite à reconnaître et à confesser son manquement, pour le conduire ensuite à la restauration.

David demande ensuite à Dieu: «Ne m'ôte pas l'esprit de ta sainteté». Si nous comprenons ce passage comme une allusion à l'Esprit de Dieu, il faut nous souvenir qu'un croyant du temps actuel ne peut jamais perdre cet Esprit. Quant à David et aux hommes de son temps, l'Esprit de Dieu pouvait les saisir (1 Samuel 10:10; 16:13), venir sur eux (Juges 3:10; 11:29) ou les revêtir (Juges 6:34; 2 Chroniques 24:20). Mais le Saint Esprit habite aujourd'hui dans les croyants (1 Corinthiens 6:19); il sera éternellement avec nous (Jean 14:16, 17).

Mais ce que nous pouvons perdre, c'est la conscience de la sainteté de Dieu. David l'avait perdue, lors de son éloignement. Or c'est un des buts de l'Esprit d'entretenir en nous ce sentiment et de nous conduire dans la sainteté pratique, notre vie étant ainsi, dans les petits choix quotidiens comme dans les grandes décisions, toujours davantage en harmonie avec les enseignements de la Parole.

Jésus Christ a été le seul homme sur cette terre qui ait connu parfaitement ce qu'est la sainteté de Dieu. Il en parle au psaume 22, lorsqu'il est au paroxysme de ses souffrances, durant les trois heures de la croix où il a été fait péché pour nous. Ce psaume commence avec le cri: «Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné?» Il n'y a pas de réponse de la part de Dieu qu'il interpelle, mais au verset 3, Christ donne lui-même la réponse: «Et toi, tu es saint…». Ces paroles du Seigneur nous disent que le Dieu saint agissait avec une parfaite justice en se détournant de lui; c'était précisément à cause de sa sainteté que Dieu devait l'abandonner, se détourner de lui, alors qu'il était cloué à la croix, chargé de nos péchés et fait péché pour nous.

Pensons-nous souvent, dans notre vie quotidienne, aux souffrances de notre Sauveur? Ne devons-nous pas confesser que la sainteté de Dieu occupe peu nos pensées et nos cœurs? Et en conséquence, nous attristons souvent le Saint Esprit, nous portons préjudice à son action et à notre service pour le Seigneur, perdant ainsi la joie et la puissance de la communion avec notre Dieu.

«Rends-moi la joie de ton salut, et qu'un esprit de franche volonté me soutienne» (verset 12).

Durant les veilles de la nuit, les bergers entendirent la voix de l'ange: «N'ayez point de peur, car voici, je vous annonce un grand sujet de joie… car aujourd'hui, dans la cité de David, vous est né un sauveur, qui est le Christ, le Seigneur» (Luc 2:10, 11). Le Sauveur est apparu. Il apporte le salut de Dieu — quel motif de joie pour celui qui l'accepte! Le fait d'avoir trouvé ce salut fut la raison pour laquelle l'eunuque d'Éthiopie continua son chemin tout joyeux (Actes des Apôtres 8:39).

Quand Dieu envoie sa lumière dans un cœur, il en résulte premièrement de la tristesse au sujet des péchés; et ceux-ci sont confessés. Puis, lorsque l'âme trouve la paix, parce qu'elle accepte le Sauveur et parce que ses péchés sont pardonnés, la joie inonde son cœur — c'est la joie du salut. Si nous ne pouvons pas perdre le salut, nous pouvons en revanche en perdre la joie. Il en sera ainsi pour chaque péché que nous ne confessons pas et que nous ne réglons pas devant Dieu dès que nous en avons conscience. C'est ce qui était arrivé à David.

Le roi bien-aimé de Dieu dit au psaume 16: «Ta face est un rassasiement de joie» (verset 11). Quand le croyant cherche la vraie joie, il ne peut la trouver qu'à un seul endroit: devant la face de Dieu, dans la communion de son Dieu. Là il ne trouvera pas les eaux troubles et mensongères des joies de ce monde (Jérémie 2:18), mais «un rassasiement de joie»! Pour un croyant, une vie sans joie profonde et véritable n'est pas digne d'être vécue.

Qu'en est-il de nous? Mettons en ordre ce que nous avons à mettre en ordre; confessons ce que nous avons à confesser; cherchons la proximité de notre Seigneur, souvenons-nous de la grâce de notre Dieu et demandons-lui, nous aussi: «Rends-moi la joie de ton salut»!

Et lorsque cette grâce nous est accordée, dirigeons nos regards en avant et demandons aussi avec David «un esprit de franche volonté» — un esprit qui discerne le bien, qui puise sa force dans la communion avec le Seigneur. C'est l'esprit de celui qui a arrêté dans son cœur de se tenir éloigné du mal, de demeurer fidèle à son Dieu, de combattre pour son Seigneur et de souffrir pour lui.

Celui qui peut demander à Dieu un esprit de franche volonté est celui qui a confessé qu'il n'y a rien en lui-même sur quoi il puisse s'appuyer. Il est conscient de sa faiblesse et ne se laisse pas guider par sa propre volonté; son être intérieur est en accord avec Dieu. Sa vie est caractérisée par la puissance spirituelle, par l'action du Saint Esprit, par la sainteté pratique et la joie.