Jésus, regardant tout alentour…

A.E. Bouter

Introduction

Dans le psaume 14, nous lisons que «l'Éternel a regardé des cieux sur les fils des hommes, pour voir s'il y a quelqu'un qui soit intelligent, qui recherche Dieu» (verset 2). Mais maintenant, Dieu, dans la personne de son Fils, est descendu en grâce. Dans Marc, le Saint Esprit dépeint Jésus comme le Serviteur et le Prophète de Dieu. Comme tel, il a fait connaître les pensées de Dieu au peuple infidèle, en vue de leur guérison.

En regardant des cieux, Dieu n'avait trouvé personne qui satisfasse son cœur, jusqu'au moment où «Jésus vint de Nazareth de Galilée et fut baptisé par Jean au Jourdain». Alors, les cieux se fendent, l'Esprit comme une colombe descend sur lui, tandis qu'une voix venant des cieux déclare: Tu es mon Fils bien-aimé; en toi j'ai trouvé mon plaisir» (Marc 1:9-11). Pour la première fois depuis la création, Dieu voyait sur la terre un homme en qui il trouvait son plaisir: celui qui venait faire sa volonté et commençait son ministère public à la gloire de Dieu.

Dans l'évangile de Marc, il y a cinq récits où le Seigneur regarde «tout à l'entour». Lui-même était venu pour faire la volonté de Dieu, mais que trouverait-il sur la terre? Apercevrait-il quelque chose en quoi Dieu pourrait trouver son plaisir et qui serait en accord avec sa volonté?

Dans la synagogue: un regard de tristesse (Marc 3:1-6)

Après leur retour de l'exil, les Juifs avaient construit des synagogues dans plusieurs villes et villages. C'étaient des lieux officiels consacrés au service de Dieu. Maintenant que le Fils de Dieu était venu — le vrai serviteur qui a servi Dieu parfaitement sous tous les rapports — trouverait-il dans ces lieux de l'amour et de la compréhension?

  • Dans Marc, la synagogue est mentionnée à trois reprises; elle est caractérisée par:
  • la présence d'un homme entièrement sous la puissance d'un esprit immonde (1:23),
  • l'incapacité de saisir spirituellement le salut, ce qui est représenté par l'homme à la main desséchée (3:1),
  • et l'incrédulité (6:2-6).

Malgré tout, le Seigneur Jésus, venu pour introduire le royaume de Dieu, travaille là selon sa grâce souveraine, en attirant des personnes sous l'autorité et la bénédiction de Dieu.

Jésus s'occupe donc de la main de l'infirme. En figure, il lui donne la capacité de saisir les choses que Dieu a données (2:23), afin qu'il puisse recevoir de la nourriture pour croître et être prêt pour le service. Il est triste de voir des enfants de Dieu demeurer impropres à toute forme de service, parce qu'ils n'entretiennent pas de relation permanente avec le vrai Serviteur. Les choses de Dieu sont à leur disposition, mais à cause de toutes sortes de raisonnements humains qui ne font que démontrer l'incrédulité, le manque de confiance et la désobéissance, il n'y a pas réellement de place pour l'autorité du Seigneur et sa liberté d'action (6:5).

Dans la synagogue, le Seigneur Jésus regarde tout alentour. Après avoir été rejeté par les chefs de son peuple, il les considérait! Leur position n'était pas meilleure que celle qui est décrite au Psaume 14! Ils prétendaient servir Dieu, mais leur cœur était éloigné de lui. Jésus fut «attristé de l'endurcissement de leur cœur». Les chefs spirituels et politiques lui opposaient une ferme résistance, craignant que leur position soit menacée. Le Seigneur les regarde sans haine, mais avec une colère divine découlant de son amour pour son peuple, parce qu'eux, les chefs du peuple, persistaient dans leur résistance contre Dieu. Quel amour parfait démontre son attitude! Il s'identifiait tellement avec son peuple, alors que celui-ci était si éloigné de lui!

Dans la maison: un regard de satisfaction (Marc 3:31-35)

Notre attention est attirée par quelques points relatifs à «la maison»:

  • Au verset 31, il est question d'être en dehors de la maison, et au verset 20, d'être à l'intérieur de celle-ci.
  • Ceux qui sont à l'intérieur de la maison occupent une place de repos; ils sont «assis autour de lui» (verset 34). Tout ce qui doit être fait dans la maison doit l'être à partir de cette position de tranquillité et de repos (voir Luc 10:39; Jean 12:1-3).
  • Le Seigneur Jésus est le centre autour duquel la multitude dans la maison est réunie (versets 32, 34); les personnes sont assises autour de lui. Cette position parle de leur relation avec lui et de l'intimité entre eux.
  • Ceux qui sont assis autour de lui se distinguent par cette qualité que le Seigneur Jésus lui-même a manifestée si parfaitement: faire la volonté de Dieu. Il peut moralement se joindre à eux et les appeler «ma mère» et «mon frère»1.

1 Dans ce passage et dans les passages parallèles en Matthieu et Luc, le Seigneur appelle «frères» ceux qui sont moralement conformes à lui-même. En Jean 20:17, il appelle les disciples ainsi parce qu'ils appartiennent à la même famille, celle de Dieu; il leur a donné la vie à partir de la même source, sur la base de sa mort et de sa résurrection. En Hébreux 2:12, nous sommes désignés comme des frères unis au Fils de l'homme glorifié. En Matthieu 25:40, les Juifs fidèles qui serviront le Seigneur comme disciples après l'enlèvement de l'Assemblée sont aussi appelés frères.

  • Dans la maison, son autorité est reconnue (verset 35), en contraste avec ce qui a lieu dans la synagogue.
  • Dans la maison, il y a de la nourriture et des soins (Luc 10:35).
  • Dans la maison, le Seigneur Jésus est reconnu digne de confiance (2:1) et il enseigne (7:17; 9:28; 10:10).
  • La maison est aussi un lieu de prière (11:17).

En résumé, le Seigneur Jésus fournit aux siens un lieu intime d'amour et d'affection, où ils peuvent goûter leurs relations avec lui-même et entre eux. Les choses divines qui y sont disponibles pour nourrir et réjouir stimulent l'âme; elles fournissent la force pour servir et pour faire la volonté de Dieu, comme aussi pour apprendre à reconnaître ce qui est précieux à ses yeux.

Dans le récit de Marc 3, la remarque du Seigneur a dû produire une forte impression sur ceux qui étaient présents: «Et regardant tout à l'entour ceux qui étaient assis autour de lui, il dit: Voici ma mère et mes frères». Le Seigneur pourrait-il aussi nous reconnaître comme membre de sa famille? Ou existe-t-il quelque chose dans notre vie qui nous empêche de faire la volonté de Dieu? S'il en était ainsi, débarrassons nous-en au plus vite, afin que son regard d'amour et de miséricorde puisse se poser sur nous (cf. Psaumes 32:8).

Dans la foule: un regard de sympathie (Marc 5:25-34)

En Marc 5, nous sommes mis en présence des besoins dans ce monde. Ils se résument par trois situations extrêmes dans lesquelles le Seigneur seul peut fournir la solution. Ces trois cas sont particulièrement instructifs pour des disciples zélés, trop enclins à se mettre au travail eux-mêmes. Leurs efforts peuvent être comparables à ceux des personnes qui essayaient de lier Légion (verset 3), à ceux des médecins incapables de guérir la femme qui avait une perte de sang, enfin aux vaines lamentations dans la maison de Jaïrus.

Arrêtons-nous sur le cas de la femme malade. Généralement, c'est le Seigneur qui touche celui qui doit être guéri, mais ici, nous remarquons la foi active de la femme: c'est elle qui touche son vêtement. Et sa foi est pleinement récompensée (verset 34).

La femme a finalement déclaré «toute la vérité», même en présence de la foule! Comment en a-t-elle été capable? Parce qu'elle avait senti le regard de Jésus sur elle. «Il regardait tout à l'entour pour voir celle qui avait fait cela». Quel changement ce regard a apporté dans son attitude! Son besoin l'avait amenée à toucher le vêtement de Jésus, mais c'est le regard de celui-ci qui l'a conduite à témoigner de lui. Ainsi il était devenu son Sauveur et son Seigneur. Ce qui lui est arrivé s'est aussi produit chez les disciples. En Jean 20, ils se réunissent derrière des portes fermées, par crainte des Juifs, mais au jour de la Pentecôte, ils rendent témoignage de Jésus avec hardiesse en présence de toute la foule.

Tant que nous aurons confiance en nos propres ressources, il ne nous sera pas possible d'expérimenter la puissance de Christ. Tous les biens de cette femme n'avaient servi à rien, mais le fait de toucher Jésus fut suffisant. De la même manière, le Seigneur entre dans nos vies comme Sauveur, puis le Saint Esprit nous fait découvrir sa gloire. En ressentant le regard du Seigneur sur nous, nous le voyons dans toute sa beauté, quoiqu'il soit toujours rejeté sur la terre. Ensuite, nous sommes encouragés à prendre position pour lui, à le confesser et à dire: «il est mon Sauveur!».

La puissance du Seigneur était là, à disposition pour toute la foule, mais une seule personne en a fait usage. Ainsi en est-il souvent aujourd'hui. Seuls ceux qui suivent l'exemple de cette femme, ceux en lesquels la foi agit, pourront profiter de cette puissance, pour leur propre bénédiction et à la gloire du Seigneur.

Sur la route: un regard qui nous interpelle (Marc 10:17-31)

Il existe de nombreuses personnes qui sont riches de leurs propres richesses, tout comme le jeune homme de ce récit. Cependant, le royaume de Dieu est réservé aux pauvres en esprit (Matthieu 5:3), et l'évangile de la grâce de Dieu est prêché aux pauvres (Luc 7:22). Dieu est non seulement bon (verset 18), mais riche pour donner, à condition que nous soyons prêts à recevoir de lui. Nous devons être pauvres en esprit et semblables à des enfants: «En vérité, je vous dis: quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n'y entrera point» (verset 15).

C'était le problème même du jeune homme riche. Il ne voulait pas être comme un enfant et s'appuyer sur un autre. Il faisait partie de ceux qui se confiaient dans leurs richesses (verset 24) et ne se considérait pas comme quelqu'un qui avait besoin de quelque chose, encore moins comme quelqu'un qui recevrait gratuitement quoi que ce soit. Il était disposé à gagner ou mériter quelque chose (verset 17), mais la vie éternelle ne peut être que reçue (verset 30); elle ne s'obtient pas comme une récompense méritée, mais comme un cadeau de la grâce de Dieu.

Même en étant chrétiens, nous pouvons nous retrouver dans une condition où nous pensons être riches, alors que nous sommes pauvres (Apocalypse 3:17) et que le grand Dispensateur est tout près! C'est pourquoi, comme au jeune homme riche, le Maître a quelques conseils à nous donner, afin de nous faire connaître les pensées de Dieu. Il a regardé le jeune homme avec amour, puis lui a dit: «Une chose te manque». Celui-ci devait apprendre à vendre et à donner, ensuite il pourrait recevoir. Même un mendiant aveugle comme Bartimée devait jeter son vêtement pour venir à Jésus (Marc 10:50). Et combien de vêtements l'homme riche devait-il posséder!

N'était-ce pas une exigence trop sévère: «va, vends tout ce que tu as»? Aussi longtemps qu'il ne vendait pas tout, il lui restait toujours une occasion de se confier dans ses propres moyens. Et dans nos vies, y a-t-il un obstacle qui nous empêche de suivre le Seigneur? Nous pouvons aussi l'entendre nous dire: «Vends… donne… et tu auras un trésor dans le ciel, et viens, suis-moi». Le jeune homme riche, «affligé de cette parole, s'en alla tout triste, car il avait de grands biens». Si cette parole nous fait réfléchir, cela ne signifie-t-il pas que le Seigneur a aussi quelque chose à nous dire? «Et Jésus, ayant regardé tout alentour, dit à ses disciples…» (verset 23).

Croyants, souvenons-nous que le Seigneur Jésus nous regarde! Nous aussi nous sommes «sur la route», et quoique nous ayons la «paix avec Dieu» et la pleine assurance des promesses divines, le Seigneur nous amène, par un récit comme celui-ci, à nous examiner nous-mêmes. Si nous sommes sur la route vers la vie éternelle (verset 30), nous ne devons pas laisser subsister quelque obstacle nous empêchant de suivre le Seigneur Jésus. Bartimée l'aveugle a appris cette leçon, «…et il le suivit dans le chemin» (verset 52).

Dans le temple: un regard scrutateur (Marc 11:1-11)

La guérison de Bartimée introduit cette partie du sujet. L'aveugle a été amené à reconnaître «Jésus le Nazaréen», rejeté et méprisé, comme le «Fils de David», et l'a suivi dans le chemin. Ce chemin menait à la montagne des Oliviers, où le Maître instruira les siens dans les pensées de Dieu au sujet du temple. Dieu y avait été servi, mais il va être placé sous son jugement (Marc 13:2).

Jésus s'approche de Jérusalem. Il va y entrer monté sur un ânon, se présentant à son peuple comme le roi «qui vient au nom du Seigneur». Nous devons nous placer sous l'autorité du Seigneur Jésus et reconnaître ses droits dans le lieu où il est rejeté (11:2, 3). Nous devons aussi proclamer que c'est en lui seul que nous trouvons notre salut, en nous souvenant que nous lui appartenons, dans ce monde où il est pratiquement méconnu.

Jésus entre à Jérusalem, dans le temple. Son regard scrute tout ce qui l'entoure. «Et après avoir promené ses regards de tous côtés sur tout, comme le soir était déjà venu, il sortit et s'en alla à Béthanie avec les douze» (Marc 11:11). Dans ce temple, il n'y avait rien que le Seigneur Jésus puisse considérer avec approbation. Ceci fait contraste avec ce qui a eu lieu dans «la maison» (Marc 3:34).

Dans nos vies de chaque jour, nous pouvons aussi nous demander: comment le Seigneur Jésus considérerait-il ceci, comment jugerait-il cela, que ferait-il dans telle circonstance?

Sur la montagne: comment regardons-nous? (Marc 9:1-8)

Cinq passages nous ont présenté le Seigneur comme celui qui regarde tout à l'entour pour voir toutes choses. Ici ce sont les disciples qui regardent de tous côtés. N'est-ce pas le but du Saint Esprit de diriger toute notre attention, comme il l'a fait pour les disciples, vers l'Homme selon le cœur de Dieu?

«Et aussitôt, ayant regardé de tous côtés, ils ne virent plus personne, sinon Jésus seul avec eux» (verset 8). C'est sur cette seule personne que l'attention du ciel est centrée. Il remplit le cœur du Père. Ne pourrait-il donc pas représenter tout pour nous?

Pour Dieu, un seul Homme compte, Jésus. Aussi le disciple doit apprendre qu'il doit le manifester Lui dans la pratique de la vie quotidienne. C'est seulement ainsi que nous serons capables de servir Dieu sur la terre comme des disciples de son royaume.

Jésus désire que nous regardions les choses comme lui les voit. Alors il pourra avoir communion avec nous et être «avec nous». Il désire nous avoir avec lui «dans la maison»; c'est là que nous apprendrons aussi à voir comme Lui voit, qu'il s'agisse de considérer nos propres motifs ou bien les personnes autour de nous.

Mais le point de départ pour toutes choses se trouve dans ce que nous avons appris sur la montagne. C'est là que nous avons reçu les pensées de Dieu, que nous avons appris comment Dieu honore le Seigneur Jésus. Alors regardant de tous côtés, nous ne verrons plus que lui seul, toujours avec nous.