Les compagnons du Christ

1 Samuel 22

Les chapitres 18 à 23 de ce livre mettent surtout en relief trois personnes: David, figure de Christ rejeté du monde, Jonathan, image du résidu d'Israël, et Saül, l'infidèle, image de ceux qui ne veulent pas de Christ. Malheureusement Jonathan n'a pas suivi David jusqu'au bout; il n'a pas su se détacher de son père et a de ce fait partagé son jugement. En contraste, quatre cents hommes ont rejoint David dans la caverne d'Adullam, et l'ont suivi fidèlement.

Avant David, deux hommes sont des types du Seigneur Jésus dans son rejet: Joseph, qui représente Christ rejeté dans sa personne, et Moïse, qui évoque Christ rejeté dans sa mission et dans son service. Deux femmes sont associées à ces deux hommes de foi: Asnath, liée à Joseph dans son triomphe et sa gloire, et Séphora, liée à Moïse au temps de son rejet. L'Église est maintenant unie à un Christ rejeté, comme Séphora l'était à Moïse. Plus tard, elle sera associée à Christ glorifié, comme Asnath a partagé la gloire de Joseph.

Dans la caverne d'Adullam (versets 1 et 2)

«Dans le besoin, affligés, maltraités, (desquels le monde n'était pas digne), errant dans les déserts et les montagnes, et les cavernes et les trous de la terre…» (Hébreux 11:38). Ces mots décrivent bien la part de David, alors qu'il est méconnu de son peuple et pourchassé par Saül. Mais il n'est pas seul. Plusieurs l'ont rejoint; ce sont ceux que mentionne le psaume 142, écrit lorsqu'il était dans la caverne: Les justes m'environneront, parce que tu m'auras fait du bien» (verset 7).

Les justes. Apparemment ce sont des personnes qui ne sont pas spécialement recommandables, mais la justice leur est imputée à cause de celui vers qui ils s'assemblent. C'est l'image des chrétiens. Ils savent où est le Seigneur Jésus, et qui il est. La foi sait qu'il est vraiment celui que Dieu a choisi, celui qui un jour exercera sa puissance sur le monde.

La caverne d'Adullam est le lieu du refuge, le lieu de la bénédiction, le lieu du secours et du réconfort auprès de David. «Ses frères et toute la maison de son père l'apprirent, et descendirent là vers lui» (verset 1). David, type de Christ rejeté, devient d'abord un centre d'attrait pour ses frères. Sa famille se groupe autour de lui. Ils reconnaissent en lui l'oint de l'Éternel, celui par qui Dieu veut sauver son peuple. Ses frères sont mis à l'écart à cause de leur lien avec David.

Un autre groupe se réfugie auprès de David, un groupe composé de personnes qui étaient pauvres et dans la souffrance (cf. Matthieu 5:3, 4). Aucun lien de famille ne les unit à David. Ce qu'ils ont en commun avec lui, c'est qu'ils ont tout perdu. Les uns sont dans la détresse, les autres sont dans les dettes, d'autres enfin ont de l'amertume dans l'âme. Ces hommes illustrent trois formes de besoins susceptibles de conduire les âmes à Jésus.

La détresse est le sentiment éprouvé lorsqu'on a perdu tous ses repères et qu'on ne sait plus de quel côté se tourner. Donne-nous du secours pour sortir de détresse; car la délivrance qui vient de l'homme est vaine» (Psaumes 60:11). Toute confiance dans les ressources humaines est perdue; alors celles de Dieu peuvent être découvertes.

Les dettes peuvent être accablantes. Mais la plus grande de toutes les dettes n'est-elle pas celle que nous avons vis-à-vis de Dieu à cause du péché? (Matthieu 18:23). Et c'est bien la conscience de péché qui est propre à amener une âme au Sauveur.

Enfin l'amertume dans l'âme peut évoquer la crainte de la mort (cf. 15:32), cette perspective menaçante et incontournable qui donne un arrière-goût amer aux joies humaines les plus douces et les plus pures. Ézéchias décrit ainsi sa maladie mortelle: Voici, au lieu de la paix j'avais amertume sur amertume» (Ésaïe 38:17); mais il peut chanter: «Tu m'as rendu la santé, et tu m'as fait vivre» (verset 16). La crainte de la mort est donc aussi, dans la main de Dieu, un sentiment qui peut inviter quelqu'un à se tourner vers Celui qui a dit: Moi, je suis la résurrection et la vie» (Jean 11:25). Nous sommes-nous tous réfugiés auprès du Seigneur Jésus? On ne le fait que lorsqu'on a perdu tout espoir de se secourir par soi-même.

Pour trouver Christ, il ne faut pas craindre le mépris du monde. Sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre» (Hébreux 13:13). «Tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés» (2 Timothée 3:12). Nous n'avons pas à rechercher la persécution, nous avons à rechercher à être fidèles au Seigneur quel que soit le prix qu'il nous demande de payer pour lui. Et «si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui» (2 Timothée 2:12).

Dans les frères de David et la maison de son père, nous pouvons voir les chrétiens sous le caractère de ceux que le Seigneur n'a pas honte d'appeler ses frères» (Hébreux 2:11). Christ, comme Fils, est fidèle sur sa maison. Et nous sommes sa maison, si du moins nous retenons ferme jusqu'au bout la confiance et la gloire de l'espérance» (Hébreux 3:6). Dans le même chapitre, il est parlé des chrétiens comme de ceux qui sont les compagnons du Christ (verset 14). C'est à eux que nous pourrions identifier la seconde classe de ceux qui étaient avec David: tout homme qui était dans la détresse, tout homme qui était dans les dettes, tout homme qui avait de l'amertume dans l'âme. David est le centre du rassemblement. Il n'est pas dit que ces hommes s'assemblent dans la caverne d'Adullam, mais qu'ils s'assemblent vers lui. «Il fut leur chef», ils reconnaissent son autorité.

Ces quatre cents hommes ont trouvé auprès de David un refuge et un but pour leur vie. Sa compagnie les a transformés (cf. Actes des Apôtres 4:13). David est le chef de cette petite troupe, qui va ensuite s'agrandir à six cents hommes (1 Samuel 30:9). Ils représentent le résidu fidèle d'Israël. Ils sont peu nombreux par rapport à tout le peuple, dont le nombre peut s'élever à deux ou trois millions de personnes. Pour nous, le danger est soit de rechercher le grand nombre, soit de nous glorifier du petit nombre. Les deux dangers existent. Ne cherchons pas la popularité, mais ne pensons pas non plus que, lorsqu'on est seul, on est nécessairement fidèle.

Ce que la grâce a fait des compagnons de David aux jours d'épreuve sera reconnu par tous au jour de la gloire. Ils seront appelés les hommes forts de David (2 Samuel 23:8). En Néhémie, à propos de la muraille de Jérusalem, il est fait mention de «la maison des hommes forts» qui faisait partie de l'enceinte (3:16). Elle était près d'Ophel, du lieu où se trouvait le palais de David. Les hommes forts auront leur demeure auprès du roi. N'est-ce pas une image propre à nous encourager? Si nous avons l'honneur de connaître aujourd'hui le Seigneur Jésus dans son rejet et de partager avec lui l'opprobre du monde, il nous donnera une place auprès de lui dans la gloire. Quel privilège de connaître déjà le lieu où il est à la fois le centre et le chef!

À Mitspé de Moab (versets 3 et 4)

Pourquoi David mène-t-il ses parents en Moab? Il est mu sans doute par le désir de leur épargner les dangers et les souffrances auxquels il était exposé. Il peut s'y ajouter le souci d'échapper à leurs influences et à leurs craintes. Nous savons comment le Seigneur a dû marquer la distance entre lui et sa mère (Jean 2:4). Cet abri à Mitspé de Moab est temporaire: le nuage de la séparation est éclairé par l'espérance de jours meilleurs. Notons en passant que David n'a pas honte de témoigner de sa foi devant le roi de Moab.

Ces deux versets ont aussi un côté prophétique. Ils évoquent le moment où le résidu d'Israël se réfugiera dans le pays de Moab (Ésaïe 16:4) et y sera caché pendant la domination terrifiante de l'Antichrist, que Saül préfigure. Le deuxième livre des Psaumes présente ce que sera la part de ce résidu dans ces jours futurs. Dans le premier livre, le résidu fidèle est encore à Jérusalem. Dans le deuxième, chassé de Jérusalem, il a trouvé refuge dans les régions montagneuses de Moab, la Jordanie actuelle. Au troisième livre, il revient dans son pays et Christ est au milieu de lui. Après la gloire, tu me recevras» (Psaumes 73:24).

Dans le pays de Juda (verset 5)

C'est la foi qui donne ensuite à David le courage d'obéir à la parole de Gad, et de retourner dans le pays de Juda. Apparemment, il était plus en danger que dans le lieu fort, mais en fait, il était dans le chemin de la volonté de Dieu. Rien n'est plus sûr que ce chemin-là! Toutes les expériences de David ont été comme des outils dans la main du Seigneur pour le former à remplir sa mission de roi sur son peuple. Dieu l'avait d'abord appelé, ensuite il l'a formé.

À Guibha (versets 6-10)

Quel contraste entre la position de David et celle de Saül assis à Guibha (qui signifie lieu élevé)! Ce nom-là a une résonance sinistre; il rappelle la corruption morale décrite à la fin du livre des Juges. Saül est sur un terrain pervers et il est sur la hauteur. Il est élevé aux yeux des hommes. Il a sa lance à la main, cette terrible lance qu'il a jetée deux fois contre David et même contre son propre fils Jonathan.

«Tous ses serviteurs se tenaient auprès de lui» (verset 6). Remarquons bien la différence avec les hommes forts de David: ce sont des serviteurs; ils sont sous une loi, sous une contrainte, ils ont été engagés. Comment Saül les tient-il? Par le moyen de champs, de vignes et d'honneurs. Et comment les a-t-il recrutés? Quand Saül voyait quelque homme fort et quelque homme vaillant, il le prenait auprès de lui» (14:52). David, lui, n'avait besoin de recruter personne. Il était là comme celui vers qui on s'assemblait, celui qui répondait aux besoins et qui suscitait le dévouement, comme souligne le bel épisode du puits de Bethléem (1 Chroniques 11:15-19). Pour Saül, il n'existe pas d'autre statut que celui de mercenaire, d'hommes en service obligé. Il garde dans son entourage et interpelle ceux qui sont comme lui des Benjaminites, ceux qui lui sont liés par ce lien de naissance. Il ne s'associe pas au peuple tout entier, il fait des différences; c'est une sorte de sectarisme.

Saül n'a que du mépris pour David; il ne prononce même pas son nom. «Le fils d'Isaï vous donnera-t-il, à vous tous aussi, des champs et des vignes?» (verset 7). En transposant pour le jour actuel ces paroles de Saül, nous reconnaissons là le mépris et l'opprobre du monde: — Qu'avez-vous à gagner de vous attacher à quelqu'un que vous ne voyez pas et qui ne vous fait pas profiter de tout ce que le monde propose? Voilà le contraste complet entre Saül, roi disqualifié qui règne sur un monde souillé et violent — sa lance en est le symbole — et David, figure de Christ roi rejeté, mais aimé des siens.

Notons aussi combien le moi tient de place dans les propos de Saül. C'est particulièrement apparent au verset 8. Tout son discours tourne autour de lui-même. C'est bien ainsi que raisonne le monde. En contraste, le croyant a trouvé un centre, une personne, un chef. Il a rejoint celui qu'il reconnaît comme choisi de Dieu et qui bientôt inaugurera son règne.

À Nob (versets 11-19)

Combien effrayante est la conduite de Saül! Il avait jadis méprisé Samuel lui-même en poursuivant David jusque auprès de celui-ci (19:23); et au-delà de Samuel, il méprisait Dieu. Étant donné sa position, il paraissait être identifié aux intérêts de Dieu, mais il n'avait aucune crainte de Dieu. Il ose reprocher à Akhimélec d'avoir interrogé Dieu pour David (verset 13). Et il fait égorger les sacrificateurs, ceux qui avaient la mission de maintenir la relation du peuple avec l'Éternel. Dans sa cruauté, il fait tuer jusqu'aux petits enfants (verset 19).

L'exemple solennel de Saül met en évidence la nécessité vitale d'avoir une relation réelle avec Dieu! La profession extérieure ne suffit pas. Il nous faut connaître personnellement le Seigneur Jésus.

Près de moi, tu seras bien gardé (versets 20-23)

Un seul des sacrificateurs, Abiathar, peut s'enfuir. Il vient vers David et lui raconte tout ce qui s'est passé. Savons-nous aller au Seigneur Jésus lorsque nous sommes dans la peine, dans le deuil? Demeure avec moi, ne crains point», répond David à Abiathar dans un mouvement de sympathie qui est de toute beauté. Comme pour lui dire: Ta place est auprès de moi puisque celui qui cherche ta vie cherche aussi la mienne. Étant donné les promesses que Dieu m'a faites, près de moi tu es en sécurité». Quel privilège aussi pour le croyant de se trouver là où le Seigneur a promis sa présence, de reconnaître son autorité, de partager son rejet mais aussi d'être bien gardé, à l'abri, près de son cœur!

Conclusion

Parallèlement au récit de la caverne, il est intéressant de lire les psaumes qui sont titrés comme ayant été écrits à ce moment-là. Ils nous révèlent quels étaient alors les sentiments de David. Nous avons déjà fait allusion au psaume 142. Quant au psaume 57, il a été composé quand David fuyait devant Saül, dans la caverne». David, qui est un refuge pour les autres, s'écrie: Use de grâce envers moi, ô Dieu! use de grâce envers moi; car en toi mon âme se réfugie, et sous l'ombre de tes ailes je me réfugie, jusqu'à ce que les calamités soient passées» (verset 1). Ensuite il évoque ceux qui ont préparé un filet pour ses pas. David n'était pas un surhomme, insensible aux épreuves. Mais il trouve son refuge en Dieu. Alors il peut déclarer: Mon cœur est affermi, ô Dieu! mon cœur est affermi; je chanterai et je psalmodierai» (verset 7). Il chante dans cette caverne, endroit plutôt lugubre, sans ressources et sans attraits. Bien que menacé par un ennemi acharné à le détruire, il célèbre son Dieu, conscient que sa bonté est grande jusqu'aux cieux, sa vérité jusqu'aux nues (verset 10). Il termine le psaume en demandant à l'Éternel de faire apparaître sa gloire.

L'espérance de la gloire est un puissant stimulant pour le croyant, en particulier dans la souffrance (Colossiens 1:11; Hébreux 12:2). Si nous avons été unis à Christ dans ses souffrances, nous le serons aussi dans sa gloire (Romains 8:17; 2 Timothée 2:11, 12; 1 Pierre 4:13; 5:1, 9, 10). «Notre légère tribulation d'un moment opère pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire» (2 Corinthiens 4:17).