L'holocauste et le sacrifice pour le péché

E.E. Hücking

Quelques pensées sur Lévitique 1 à 7

Dans l'holocauste, nous trouvons en type ce que le sacrifice de Christ représente pour Dieu; dans le sacrifice pour le péché, nous voyons ce que sa mort représente pour nous. Les deux côtés sont indissociables: «Au lieu où l'holocauste sera égorgé, le sacrifice pour le péché sera égorgé devant l'Éternel: c'est une chose très sainte» (Lévitique 6:18). Le lieu est désigné en rapport avec l'holocauste; et même dans les ordonnances relatives au sacrifice pour le péché (Lévitique 4), l'autel est appelé «l'autel de l'holocauste».

Dans l'ordre des sacrifices tel que nous le présente le Lévitique, l'holocauste vient en premier. Il y a une raison profonde à cela. C'est parce que le Seigneur Jésus a pleinement glorifié Dieu le Père par sa mort à la croix, parce que son offrande volontaire est montée vers Dieu en «odeur agréable», qu'il pouvait aussi, comme sacrifice pour le péché, accomplir une propitiation qui réponde à la sainteté de Dieu. Toute l'œuvre de la croix, dans ses effets multiples, est fondée sur l'holocauste.

Nous trouvons la propitiation aussi bien dans l'holocauste que dans le sacrifice pour le péché (1:4; 4:20, 26, …). Toutefois, dans le sacrifice pour le péché, il y a propitiation selon la mesure de notre culpabilité, alors que dans l'holocauste, il y a propitiation selon la mesure de la capacité de Christ. Ainsi, dans le sacrifice pour le péché, nous admirons, avec adoration et reconnaissance, ce que le Seigneur a fait pour nous; mais l'holocauste nous élève au niveau des pensées de Dieu au sujet de son Fils, car nous avons là ce que le Seigneur est pour Dieu.

Dans le sacrifice pour le péché, la propitiation conduit au pardon: «et il lui sera pardonné» (4:20, 26,…). Dans l'holocauste, elle appelle le plaisir de Dieu sur celui qui présente l'offrande: «et il sera agréé pour lui» (1:4). Nous trouvons ces deux aspects associés en Éphésiens 1:6, 7: Dieu «nous a rendus agréables dans le Bien-aimé» — c'est là le côté de l'holocauste — et nous avons en Christ «la rédemption par son sang, la rémission des fautes» — c'est là le côté du sacrifice pour le péché.

Sans doute sommes-nous plus proches du cœur de Dieu lorsque nous l'adorons que lorsque nous lui rendons grâces pour le pardon dont nous sommes les objets. En disant «proches», nous ne parlons pas de la proximité de notre position (car elle est parfaite en Christ), mais de la réalisation pratique de nos privilèges. L'adorateur loue Dieu comme Celui qui s'est révélé dans le sacrifice parfait de Christ; il prend part au plaisir du Père en son Fils bien-aimé.

Bien que l'holocauste présente le côté le plus élevé du sacrifice de Christ, nous ne devrions cependant jamais sous-estimer la valeur du sacrifice pour le péché, ou lui donner une place moindre — peut-être parce qu'il est plus élémentaire, plus en rapport avec nous-mêmes. Ce n'est pas sans raison qu'il est répété: «c'est une chose très sainte».

Lors de la célébration de la cène, si c'est le côté du sacrifice pour le péché qui est dans les cœurs de ceux qui sont rassemblés, il est bien préférable de s'y arrêter, plutôt que d'introduire un mélange de pensées — même avec les meilleures intentions. Le Saint Esprit agit diversement, une fois comme le «vent du nord» et une fois comme le «vent du midi» (cf. Cantique des Cantiques 4:16). L'adoration «en esprit et en vérité» ne souffre aucune intervention de la chair, aucun schéma. Mais si c'est l'Esprit qui nous conduit d'un aspect vers l'autre, alors tout va bien. Nous pouvons cependant nous encourager à rechercher une suite harmonieuse de pensées et un enchaînement dans l'action. C'est là ce qui porte le sceau d'une adoration commune.

Il y a une grande différence entre «faire fumer» l'holocauste en «odeur agréable» à Dieu et «brûler» le sacrifice pour le péché! Mais c'était le même feu. Le feu est toujours le symbole du jugement. Finalement, l'holocauste est aussi bien consumé par le feu que le sacrifice pour le péché, sinon il ne serait pas un «sacrifice par feu».

Mais l'holocauste nous fait connaître comment, au long des douleurs de la croix, toute la perfection de Christ et son dévouement à Dieu son Père se sont manifestés, et cela jusqu'à la mort. Oui, Christ «s'est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur» (Éphésiens 5:2). Dans le sacrifice pour le péché, en revanche, nous avons un tout autre aspect: «les corps des animaux dont le sang est porté, pour le péché, dans les lieux saints… sont brûlés hors du camp. C'est pourquoi aussi Jésus… a souffert hors de la porte» (Hébreux 13:11, 12; cf. Lévitique 16:27). Quelle chose saisissante que ce feu qui consume entièrement! Cela évoque toute la rigueur du jugement du Dieu saint!

«Voilà l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde!» (Jean 1:29). Ici Dieu, pour ainsi dire, s'approche de l'autel et présente «son» agneau. Il est celui qui offre, et le Seigneur Jésus celui qui accepte volontairement tout ce qui est nécessaire. «L'Éternel a fait tomber sur lui l'iniquité de nous tous» (Ésaïe 53:6). «Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique» (Jean 3:16). Même devant les mauvais traitements des hommes, le Seigneur «n'a pas ouvert sa bouche». «Il a été amené comme un agneau à la boucherie.» Telle était la volonté de Dieu, à laquelle il était soumis.

Mais il y a aussi l'autre côté: le Seigneur est celui qui s'offre. Il «s'est livré lui-même» (Galates 1:4; 2:20). «Par l'Esprit éternel, il s'est offert lui-même à Dieu sans tache» (Hébreux 9:14). C'est ce qu'évoque le «jeune taureau» — symbole de la force — que nous trouvons souvent présenté comme sacrifice pour le péché. Malgré toute l'opposition qu'il a rencontrée, le Seigneur Jésus a accompli la volonté de Dieu avec une invincible détermination. Quel autre que lui aurait pu dire: «Voici, je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté» (Hébreux 10:7)? Cet aspect actif du sacrifice de Christ est aussi caractéristique de l'holocauste, qui trouvait sa plus haute expression dans l'offrande d'un jeune taureau (Lévitique 1).

Considérons ces sacrifices en rapport avec le caractère de chacun des évangiles. Jean nous présente l'holocauste. Les souffrances du Seigneur n'y sont pas mentionnées — ni en Gethsémané, ni à la croix. Le Fils de Dieu, devenu homme, après avoir pleinement glorifié Dieu, s'en retourne au Père par le chemin passant par la croix. La croix est le point culminant de cette glorification de Dieu: «À cause de ceci le Père m'aime, c'est que moi je laisse ma vie» (Jean 10:17). Ici, le Seigneur Jésus est celui qui agit: «Et il sortit portant sa croix»; «et il remit son esprit».

Les évangiles selon Matthieu et Marc nous présentent un tout autre aspect: le sacrifice pour le péché et le sacrifice pour le délit. Là nous entendons le Seigneur s'écrier: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» et nous trouvons — de même qu'en Luc — les souffrances de Gethsémané. C'est ainsi qu'il est dit: «Ils l'emmenèrent pour le crucifier» et: «Ils le mènent au lieu appelé Golgotha».

Quelle grandeur dans l'œuvre de la croix! Quelle grandeur dans le plan de l'amour de Dieu! Ses enfants devraient présenter, comme adorateurs, quelque chose de leurs délices en Christ et, de cette manière, prendre part au plaisir que Dieu lui-même trouve dans son Fils.