«Je suis l'Éternel qui te guérit»

O. Demaurex

Ils vinrent à Mara (Exode 15:23)

Sur le rivage de la liberté, de l'autre côté de la Mer Rouge, le peuple de Dieu s'engage dans un désert hostile, où le seul point d'eau est pollué et amer. Ils ont soif et murmurent déjà contre Moïse. Le conducteur crie à l'Éternel. «Et l'Éternel lui enseigna un bois, et il le jeta dans les eaux, et les eaux devinrent douces. Là il lui donna un statut et une ordonnance, et là il l'éprouva, et dit: Si tu écoutes attentivement la voix de l'Éternel, ton Dieu, et si tu fais ce qui est droit à ses yeux, et si tu prêtes l'oreille à ses commandements, et si tu gardes tous ses statuts, je ne mettrai sur toi aucune des maladies que j'ai mises sur l'Égypte, car je suis l'Éternel qui te guérit. Puis ils vinrent à Élim, où il y avait douze fontaines d'eau et soixante-dix palmiers; et ils campèrent là, auprès des eaux» (Exode 15:25-27).

L'eau de la vie

Délivré du fardeau de ses péchés, libéré de l'esclavage de Satan, le croyant ne tarde pas à rencontrer des difficultés dans une terre aride, dont les sources polluées n'offrent qu'un breuvage insipide ou amer. Comment désaltérer son âme? Sa foi est mise à l'épreuve. Il doit être «enseigné», pour découvrir les vertus de la croix de Christ — c'est le sens allégorique du bois que Dieu enseigne à Moïse. Il doit apprendre ce que la mort et la résurrection de Christ signifient pour lui: il est passé de la mort à la vie, et toutes ses ressources viennent d'en haut, où sa «vie est cachée avec le Christ en Dieu» (Colossiens 3:3). Alors, les eaux de Mara peuvent devenir douces. Même l'épreuve la plus dure peut être une source de bénédiction; et la discipline, avec son lot de tristesse, rend plus tard «le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle» (Hébreux 12:11).

Puis, restauré et fortifié, le croyant est amené dans la présence de Dieu (c'est ce qu'évoque Élim), auprès des douze fontaines et des soixante-dix grands palmiers1. Et il peut demeurer là, près des eaux. Il a accès à la source même de la bénédiction. Le désert est encore devant lui, l'épreuve pourra être longue, mais désormais il connaît «la source des eaux vives». Il peut compter sur la puissance immuable de Dieu.

1 Le mot Élim désigne de «grands arbres», emblèmes de la stabilité et de la bénédiction.

Le premier chapitre de la première épître de Pierre énumère les merveilleuses ressources qui sont aujourd'hui la part des croyants. Nous sommes régénérés «pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts». Nous avons la promesse d'un héritage incorruptible et la puissance de Dieu pour nous garder. L'épreuve de notre foi est permise pour qu'elle tourne à louange et à gloire dans la révélation de Jésus Christ. En attendant, nous nous réjouissons d'une joie ineffable et glorieuse et nous possédons l'assurance du salut de notre âme.

Dès les premiers pas de son peuple dans le désert, Dieu lui donne «un statut et une ordonnance». Le secret de la vie et de la santé spirituelle y est déjà contenu: «Si tu écoutes attentivement la voix de l'Éternel…». Le nouveau converti ne reçoit-il pas dans son cœur un même appel, dans le langage de l'évangile? «Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur; et vous trouverez le repos de vos âmes» (Matthieu 11:29). «Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle» (Jean 10:27, 28).

Quel est pour nous le chemin de la bénédiction? L'obéissance de la foi, l'obéissance au commandement nouveau du Seigneur — joug aisé, fardeau léger à porter, parce qu'il résulte de l'amour et suscite l'amour en retour. La vie nouvelle dans le croyant, la vie de Christ lui-même, produit le fruit de l'Esprit, et il en découle d'innombrables bienfaits: une sécurité merveilleuse, une protection constante, une force intérieure sans cesse renouvelée.

C'est Lui qui pardonne et qui guérit

«Je ne mettrai sur toi aucune des maladies que j'ai mises sur l'Égypte, car je suis l'Éternel qui te guérit.» Que de plaies, que de blessures en nous et parmi nous aujourd'hui! Elles résultent souvent de nos faux-pas, de nos chutes, mais quoi qu'il en soit, regardons à ce Dieu miséricordieux et fidèle en qui se trouve le pardon et la guérison.

Le psalmiste, à travers l'épreuve et la discipline, exprime toute sa confiance en la délivrance qui lui vient de l'Éternel: «Mon âme, bénis l'Éternel!… C'est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités» (Psaumes 103:1-3). «C'est lui qui guérit ceux qui ont le cœur brisé, et qui bande leurs plaies» (Psaumes 147:3).

Les fidèles d'un peuple éprouvé sous la puissante main de Dieu s'écrient: «Retire de dessus moi ta plaie: je suis consumé par les coups de ta main» (Psaumes 39:10). Mais la foi trouve sa consolation dans la certitude que Dieu poursuit un but d'amour et de bénédiction, et que la délivrance viendra en temps opportun: «Bienheureux l'homme que tu châties, ô Jah! et que tu enseignes par ta loi, pour le mettre à l'abri des mauvais jours… Car l'Éternel ne délaissera point son peuple… Si j'ai dit: Mon pied glisse, ta bonté, ô Éternel! m'a soutenu» (Psaumes 94:12-18).

Dans les psaumes, ces expériences de croyants qui ont souffert — ou dont les souffrances nous sont annoncées prophétiquement — nous montrent d'une part les conséquences des fautes commises et d'autre part la sollicitude invariable de Dieu. La certitude d'une restauration complète et de l'accomplissement des promesses revient comme un merveilleux refrain. Plus encore, l'œuvre du Messie est partout présente, avec ses conséquences bénies et éternelles. Lui portera l'iniquité de son peuple. Lui se chargera de leurs péchés et de leurs maladies. Il sera le soleil de justice qui apporte la guérison dans ses ailes (Ésaïe 53; Malachie 4:2).

Ésaïe, le prophète de la bonne nouvelle, proclame avec une pleine assurance de foi: «Certainement, lui, a porté nos langueurs, et s'est chargé de nos douleurs… Il a été meurtri pour nos iniquités; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris» (53:4, 5). Et, au résidu repentant, il apporte cette parole de l'Éternel: «J'ai vu ses voies, et je le guérirai, et je le conduirai, et je lui rendrai la consolation, à lui et aux siens qui mènent deuil» (57:18).

Jérémie, dans la cour de la prison, reçoit à son tour des révélations consolantes: «Crie vers moi, et je te répondrai, et je te déclarerai des choses grandes et cachées que tu ne sais pas. Car ainsi dit l'Éternel… Voici, je lui appliquerai un appareil de pansement, et des remèdes, et je les guérirai, et leur révélerai une abondance de paix et de vérité; et je rétablirai les captifs de Juda et les captifs d'Israël, et je les bâtirai comme au commencement; et je les purifierai… et je pardonnerai toutes leurs iniquités» (Jérémie 33:3-7).

Il nous guérira; il a frappé, et il bandera nos plaies

Le prophète Osée, qui a prophétisé durant la même époque qu'Ésaïe, insiste fortement sur le besoin de guérison pour le peuple de Dieu. Il dénonce sans ménagement l'état des deux royaumes: «Éphraïm a vu sa maladie, et Juda, sa plaie; et Éphraïm s'en est allé en Assyrie et a envoyé vers le roi Jareb; mais lui n'a pu vous guérir, et ne vous a pas ôté votre plaie» (5:13). Pourquoi chercher le secours des puissances de ce monde? La blessure n'en devient que plus douloureuse et le châtiment plus sévère.

«Venez, retournons à l'Éternel, car lui a déchiré, et il nous guérira; il a frappé, et il bandera nos plaies. Dans deux jours, il nous fera vivre; au troisième jour, il nous mettra debout, et nous vivrons devant sa face, et nous connaîtrons et nous nous attacherons à connaître l'Éternel» (6:1-3).

Sentons-nous la nécessité de ce retour vers celui qui tue et qui fait vivre, qui blesse et qui guérit (Deutéronome 32:39)? «Car c'est lui qui fait la plaie et qui la bande; il frappe, et ses mains guérissent» (Job 5:18).

Comprenons-nous le sens spirituel de telles affirmations? La guérison ne peut être que pour le malade qui reconnaît l'origine de son mal. Comprenons que Dieu frappe de mort ce qui est corrompu et mortel, «la chair» dans laquelle n'habite aucun bien. La sentence de mort est pour «le vieil homme», mais la promesse de vie est pour «le nouvel homme», ressuscité, vivifié avec le Christ.

Quand j'ai voulu guérir Israël…

Mais que d'obstacles à l'action de l'Esprit de Dieu qui veut restaurer notre âme et guérir notre cœur! Plusieurs expressions du chapitre 7 d'Osée sont propres à réveiller nos consciences:

«Quand j'ai voulu guérir Israël, l'iniquité d'Éphraïm s'est découverte»:

«Ils ont pratiqué la fausseté, et le voleur entre» (verset 1) — l'hypocrisie ouvre la porte à la mondanité et à tout ce qui nous vole notre temps pour le Seigneur, nous éloigne de lui et détruit notre vie intérieure.

«Ils sont tous ardents comme un four, et ils dévorent leurs juges» (verset 7) — Si le cœur brûle pour des choses sans valeur, au lieu de brûler de l'amour du Seigneur, alors nous ne sommes plus soumis à ses commandements et à sa discipline, et le désordre s'installe dans notre vie.

«Éphraïm s'est mêlé avec les peuples… Des étrangers ont consumé sa force, et il ne le sait pas» (versets 8, 9) — Imperceptiblement les choses du monde consument notre force.

«Des cheveux gris sont aussi parsemés sur lui, et il ne le sait pas» (verset 9) — Un peu de lassitude, de relâchement, et le premier amour est perdu.

«L'orgueil d'Israël témoigne en face contre lui, et ils ne se tournent pas vers l'Éternel, leur Dieu, et ils ne le recherchent pas malgré tout cela» (verset 10) — L'orgueil, et en particulier l'orgueil spirituel, est un des plus grands dangers qui menacent le chrétien avancé dans la connaissance, mais faible dans la pratique.

«Ils appellent l'Égypte, ils vont vers l'Assyrie» (verset 11) — Nous cherchons si facilement le secours où nous ne le trouverons jamais!

«Nul d'entre eux ne m'invoque» (verset 7). «Ils n'ont pas crié à moi dans leur cœur» (verset 14) — N'avons-nous pas si souvent oublié de prier, d'invoquer le secours divin, de crier au Seigneur dans notre cœur?

«Moi, j'ai châtié; j'ai fortifié leurs bras: et ils ont médité le mal contre moi; ils retournent, mais non au Très-Haut» (versets 15, 16) — Dieu veuille que la discipline et les épreuves que le Seigneur nous envoie nous amènent à ses pieds, au lieu de provoquer chez nous des réactions de révolte, d'amertume ou de découragement!

Plus loin, au chapitre 11, l'Éternel parle à son peuple du passé et des soins d'amour dont il l'a entouré: «Quand Israël était jeune, je l'ai aimé, et j'ai appelé mon fils hors d'Égypte… Et moi, j'ai enseigné à Éphraïm à marcher, — Il les a pris sur ses bras, — mais ils ne savaient pas que je les guérissais. Je les tirais avec des cordes d'homme, avec des liens d'amour» (versets 1-4).

Serions-nous insensibles à la voix de notre Dieu et Père, qui nous a attirés à lui par Jésus Christ, qui nous a appris à faire nos premiers pas dans le chemin de la foi et de la bénédiction? Aurions-nous oublié les délivrances du passé, le témoignage de la Parole et de nos conducteurs? N'y a-t-il pas, sur le chemin que nous avons parcouru, un Ében-Ézer — la pierre de secours — qui nous rappelle que «l'Éternel nous a secourus jusqu'ici» (1 Samuel 7:12)?

Je guérirai leur abandon de moi

Le dernier chapitre du prophète Osée commence par un appel poignant: «Israël, reviens à l'Éternel… Prenez avec vous des paroles, et revenez à l'Éternel; dites-lui: Pardonne toute iniquité, et accepte ce qui est bon, et nous te rendrons les sacrifices de nos lèvres» (14:1, 2). Aujourd'hui, plus que jamais, le Seigneur nous appelle à faire un retour sur nous-mêmes, à revenir à lui avec des paroles d'humiliation, de repentir, mais aussi d'actions de grâce et de louange.

La réponse de Dieu à son peuple ne se fait pas attendre; son amour n'a pas changé: «Je guérirai leur abandon de moi, je les aimerai librement, car ma colère s'est détournée d'eux. Je serai pour Israël comme la rosée» (versets 4, 5).

Alors s'engage une douce conversation entre Dieu et son peuple restauré: «Éphraïm dira:

  • Qu'ai-je plus à faire avec les idoles?
  • Moi, je lui répondrai et je le regarderai.
  • Moi, je suis comme un cyprès vert.
  • De moi provient ton fruit.

Qui est sage? il comprendra ces choses» (versets 8, 9).

Qu'il nous soit accordé d'être sages et de comprendre les voies de Dieu à notre égard. Que son amour invariable touche nos cœurs et réveille nos affections! Gardons-nous des idoles, de tout ce qui détourne nos âmes de la seule source de vie, de joie et de paix! Séparés de Christ, nous ne pouvons rien faire; notre fruit provient de lui. Dieu opère en nous le vouloir et le faire. Le Saint Esprit produit son fruit excellent dans ceux qu'il a vivifiés.

Comme nous avons reçu le Christ, marchons «en lui, enracinés et édifiés en lui» (Colossiens 2:6). Alors, nous serons semblables à des arbres verts, plantés près des eaux, dont la feuille ne se flétrit pas.

Même si nous traversons des circonstances adverses, qui nous éprouvent jusqu'à la limite de nos forces, n'oublions jamais que notre seule ressource est en Dieu, le souverain médecin de nos âmes. Nous sommes faibles, mais son bras puissant soutient et fortifie les faibles, et ses mains guérissent.

Tu veux de notre faiblesse,

De tous nos maux t'enquérir,

Quel amour! Tu veux sans cesse

Nous pardonner, nous guérir.