Comprendre ce que nous lisons

F. Kœchlin

Éprouvé, approuvé, réprouvé

Question

2 Corinthiens 13:5 nous dit: «Examinez-vous vous-mêmes, et voyez si vous êtes dans la foi; éprouvez-vous vous-mêmes». Est-ce la même chose que le jugement de soi-même de 1 Corinthiens 11:28, 31?

Réponse

Il faut lire soigneusement la deuxième épître aux Corinthiens, et en particulier le chapitre 13, pour bien saisir le sens de ce que dit ici l'apôtre. Le ministère de Paul était très contesté, aussi est-il contraint de se défendre, ou plutôt de défendre son service: il ne fallait pas qu'on puisse mettre en doute ce qu'il avait annoncé. Il veut donner ici une dernière preuve que ce qu'il avait communiqué aux Corinthiens venait bien de Christ; et cette preuve, c'est l'effet sur eux de son travail.

La parenthèse des versets 3 et 4 est un premier aspect de cette démonstration: lui-même était faible et insignifiant, on lui en faisait volontiers le reproche (2 Corinthiens 10:1, 10). Pourtant, à la suite de son service, de la puissance avait été manifestée au milieu d'eux; la première épître nous montre d'ailleurs qu'ils s'en glorifiaient! D'où venait donc cette puissance si Christ ne parlait pas en Paul?

L'apôtre poursuit en leur disant: si en m'examinant moi, vous ne voyez pas clairement d'où vient mon service, faites cette preuve autrement: éprouvez-vous vous-mêmes; vous possédez bien la foi, n'est-ce pas? Il fallait qu'ils se rendent à l'évidence, la foi était en eux, et elle n'avait pu leur être communiquée que par le ministère de Paul. A moins, ajoute-t-il, que vous ne soyez des réprouvés, c'est-à-dire que cet examen de vous-mêmes n'amène la conclusion inverse! C'était impensable!

Réprouvé a en effet beaucoup plus de force que «désapprouvé»: ce terme qualifie quelque chose, quelqu'un, qu'on a examiné, éprouvé et dont on a ainsi montré qu'il devait être entièrement rejeté (Jérémie 6:30). Les Corinthiens seraient-ils approuvés, passeraient-ils victorieusement l'épreuve, ou non?

Si c'était bien le cas, ce serait aussi une preuve de la valeur du service de l'apôtre. Toutefois Paul ne cherchait pas une approbation pour lui-même: son premier souci était le bien des Corinthiens, même si ce devait être au prix de sa mise de côté personnelle.

Le passage de 1 Corinthiens 11 est plutôt à rapprocher de Matthieu 26:22, où, avant l'institution de la cène, les disciples demandent: «Est-ce moi?». Le jugement de soi-même, c'est se placer, soi-même et ce qu'on a fait, dans la lumière de Dieu.