Vœux et prières

Bernard Paquien (1996)

«Frères, le souhait de mon cœur, et la supplication que j'adresse à Dieu pour eux, c'est qu'ils soient sauvés» (Romains 10:1).

«L'ancien à Gaïus, le bien-aimé, que j'aime dans la vérité. Bien-aimé, je souhaite qu'à tous égards tu prospères et que tu sois en bonne santé, comme ton âme prospère; car je me suis très fort réjoui quand des frères sont venus et ont rendu témoignage à ta vérité, comment toi tu marches dans la vérité. Je n'ai pas de plus grande joie que ceci, c'est que j'entende dire que mes enfants marchent dans la vérité» (3 Jean 1-4).

 

Au début d'une nouvelle année, il nous arrive de formuler nos meilleurs vœux à des êtres chers, à des relations, à qui nous souhaitons la santé, la prospérité. Souvent il s'agit là d'une habitude mondaine consacrée par la tradition, quelque peu dénuée de sens.

Pourtant, lorsqu'ils sont formulés comme une prière à Dieu, ces vœux sont scripturaires; la preuve en est donnée par les deux versets cités plus haut.

Examinons de plus près les vœux de ces deux apôtres.

Le souhait de Paul

Dans le chapitre 9 de l'épître qu'il adresse aux Romains, l'apôtre parle de la justice sur le principe de la foi offerte à tous ceux qui croient, et de la mise de côté d'Israël en tant que nation. Israël n'a pas reçu son Messie, son Roi, et a rejeté son droit d'aînesse comme Ésaü. Ainsi qu'il le fait souvent — voir pour cela le début de presque toutes les épîtres — Paul nous révèle une partie de ses prières. Il adresse à Dieu une supplication — terme fort, plus qu'une simple prière — pour ses parents selon la chair, les Israélites, qui sont encore loin de Dieu. Il montre par là son amour pour son peuple, pour lequel il a été jusqu'à souhaiter «d'être par anathème, séparé du Christ» (9:3), à l'image de Moïse qui, plutôt que de voir la colère divine s'abattre sur Israël, aurait accepté d'être effacé du livre de vie — si cela avait été possible — pour qu'ils soient sauvés.

Parmi tous les vœux que nous pouvons formuler, y a-t-il, en reprenant la pensée de Paul, des supplications adressées à Dieu pour que tous les hommes, et particulièrement ceux que nous connaissons, dans notre entourage, dans nos familles, dans nos relations, soient sauvés?

Dieu est patient, il appelle une fois et deux fois, et attend qu'une réponse lui soit donnée. Ses appels ne sont pas réservés aux peuplades lointaines; ils s'adressent aussi à ceux qui ont été mis en contact avec sa Parole et qui ne se sont pas encore franchement décidés pour le Seigneur. «Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas votre cœur» (Psaumes 95:7, 8). Ce verset que nous répétons si souvent, un jour l'incrédule ne l'entendra plus, une énergie d'erreur remplacera la bonne nouvelle.

Et cet appel est aussi pour ceux qui n'ont pas entendu «le pur évangile», qui seraient encore retenus dans des systèmes religieux qui dénaturent les Écritures, exigeant des œuvres ou des actes de contrition pour acheter le salut de leur âme. Christ lui-même a payé le prix. Le salut ne s'achète pas; Dieu le donne gratuitement, à condition qu'on accepte sa grâce par le moyen de la foi.

Oui, nos vœux les plus chers et nos prières montent vers Dieu pour qu'il poursuive son œuvre et sauve beaucoup de personnes.

Le souhait de Jean

Quant à l'apôtre Jean, quels vœux formule-t-il dans sa courte troisième épître?

Jean, «le disciple que Jésus aimait», écrit à un «bien-aimé» (versets 1, 2), expression qui nous rappelle tout l'amour du Père. Il nous a tant aimés qu'il a donné son Fils lui-même pour que nous ayons la vie éternelle. À la suite de «l'unique Fils bien-aimé», avons-nous conscience d'être nous-mêmes des «bien-aimés»? Cette expression met aussi en évidence l'amour qui animait Jean, l'ancien, à l'égard de ses frères. Pouvons-nous, à l'exemple de l'apôtre, appeler «bien-aimés» nos frères en Christ qui marchent dans la vérité? C'est l'occasion de montrer de façon tangible que nous suivons l'évangile et le commandement nouveau du Seigneur aux siens (Jean 13:34; 15:12; 1 Jean 4:7).

Dans le vœu qu'il formule, l'apôtre emploie une comparaison qui nous confond. Il souhaite que la santé de Gaïus soit aussi prospère que son âme. Comme nous aimerions qu'il en soit ainsi pour nous! Si l'apôtre écrivait aujourd'hui à vous ou à moi, il dirait certainement l'inverse: «je souhaite que ton âme prospère comme ta santé», car si facilement on prend tant de soin pour son corps et on néglige la santé de son âme! Mais voilà un homme dont les progrès étaient si constants, si évidents à tous, que l'apôtre souhaite que son corps soit en aussi bonne santé que son âme! À Gaïus pouvait être appliqué cet autre verset: «si même notre homme extérieur dépérit, toutefois l'homme intérieur est renouvelé de jour en jour» (2 Corinthiens 4:16).

Quel encouragement pour ce frère qui souffrait des actions d'un Diotrèphe! Et l'apôtre renouvelle ses encouragements plus loin: «tu marches dans la vérité», «tu agis fidèlement», des «étrangers… ont rendu témoignage de ton amour devant l'assemblée» (3 Jean 3, 5, 6).

Par la prière, exprimons nos désirs au Seigneur. Et «si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute» (1 Jean 5:14). Ce qu'il a promis, il est puissant aussi pour l'accomplir» (Romains 4:21).

Que ces vœux et ces prières soient continuels, à la fois pour ceux qui ne se sont pas encore emparés du salut par la foi, et pour tous ceux de la famille de Dieu, afin qu'ils prospèrent dans leur santé comme leur âme prospère!