Marchez dans l'amour

J.-P. Fuzier

«Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur» (Éphésiens 5:1, 2).

À partir du verset 17 du chapitre 4, jusqu'au verset 21 du chapitre 5 de cette épître, Paul traite de la marche des croyants. Les deux versets qui nous exhortent à marcher dans l'amour sont pratiquement au centre de cette partie de l'épître: cela en souligne l'importance.

Cet aspect essentiel de la marche chrétienne en résume, en fait, tous les caractères. La marche dans l'amour n'est possible que si, fortifiés en puissance par l'Esprit du Père de notre Seigneur Jésus Christ (3:16, 17), nous avons pour modèle Dieu lui-même et le Christ qui nous a aimés.

«Soyez donc imitateurs de Dieu»

Comment et pourquoi une telle invitation peut-elle nous être adressée? C'est parce que nous sommes non seulement des enfants de Dieu, mais de bien-aimés enfants. En vertu de notre relation avec Dieu, découlant de ce que nous avons reçu son Fils unique (Jean 1:12-14), nous avons le droit d'être enfants de Dieu. Jean dit aussi: «Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu» (1 Jean 3:2), mettant l'accent sur l'amour, source du don que le Père nous a fait en Christ.

Le niveau de la marche chrétienne est donc: «Soyez imitateurs de Dieu». Il ne peut accepter moins que cela de ses bien-aimés enfants. Le chemin qu'il nous montre est celui de Christ qui s'est livré lui-même pour nous, au terme de sa carrière terrestre (verset 2). Nous serons imitateurs de Dieu dans la mesure où Christ sera notre modèle.

En pratique, nous sommes trop souvent loin d'une telle marche. Nous devrions être humiliés en réalisant qu'alors, nous ne sommes pas imitateurs de Dieu; nous ne marchons pas dans l'amour, même si nous ne cessons pas d'être ses bien-aimés enfants. Ce sont des moments où nous perdons notre vie. C'est pour cela que nous endurons alors des peines comme discipline. Dieu agit envers nous comme envers des fils… pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté (Hébreux 12:7-10). Il nous fait voir la différence entre ce que nous savons et ce que nous pratiquons.

«Marchez dans l'amour…»

Dans son épître aux Philippiens, qui traduit, comme on l'a dit, «l'expérience chrétienne normale», nous voyons Paul vivre dans l'obéissance et dans l'amour pour Christ. Il désirait «déloger» et être avec lui, car il connaissait l'excellence de sa présence; mais en même temps, il aimait assez les Philippiens pour estimer qu'il valait la peine, pour leur bien, de «demeurer dans la chair» (Philippiens 1:21-24). Un tel témoignage d'amour pour eux donnait une puissance incomparable à son exhortation: «Soyez tous ensemble mes imitateurs, frères». Mais n'est-il pas encourageant de lire ensuite: «et portez vos regards sur ceux qui marchent ainsi suivant le modèle que vous avez en nous» (3:17)?

Une telle marche n'est donc pas le privilège d'un apôtre: elle est le fait d'hommes «ayant les mêmes passions que nous» (Actes des Apôtres 14:15; Jacques 5:17), dont l'énergie est dans la prière de la foi et l'obéissance à la parole de Dieu.

Dieu veut que cette marche soit aussi la nôtre; il ne nous propose donc pas la marche dans l'amour comme un idéal inaccessible, mais comme l'état pratique normal du croyant.

«…comme aussi le Christ nous a aimés»

Paul peut se donner en exemple, parce qu'il vivait ce qu'il enseignait. «Pour moi vivre, c'est Christ» était une réalité quotidienne.

Mais maintenant, il dirige nos regards vers Christ, dont tous les actes étaient dictés par l'obéissance à Dieu et par un amour qui surpasse toute connaissance. L'apôtre nous rappelle donc tout l'amour de Christ pour nous, tel que sa marche l'a manifesté et démontré. Les évangiles témoignent des compassions, de la miséricorde, de la patience et de la grâce de notre Seigneur Jésus Christ. Et lui-même a dit: «Personne n'a un plus grand amour que celui-ci, qu'il laisse sa vie pour ses amis» (Jean 15:13). Tel est l'amour de Christ, par lequel nous connaissons aussi l'amour de Dieu pour nous, car «Lui nous aima et… envoya son propre Fils pour être la propitiation pour nos péchés» (1 Jean 4:9, 10). Dieu et son Fils unique sont inséparables dans leur amour. Lorsqu'il se livrait lui-même pour nous, Christ s'offrait d'abord à Dieu en parfait sacrifice. Ainsi, pour que notre marche et notre service nous caractérisent comme de «bien-aimés enfants de Dieu», c'est Lui qui doit en être le premier motif.

Paul se réfère aux sacrifices lévitiques pour illustrer les principes selon lesquels nous pourrons agir pour marcher «comme aussi le Christ». Son amour pour nous découle de l'offrande qu'il a faite de lui-même à Dieu, en parfum de bonne odeur.

«Comme offrande…»

Christ seul a ainsi marché du commencement à la fin de sa carrière. Le Psaume 40, verset 6, nous autorise à dire que le terme «offrande» désigne ce qui est figuré par l'offrande de gâteau: Christ dans la perfection unique de son humanité, parcourant dans l'obéissance son chemin d'homme de douleurs «en odeur agréable à l'Éternel» — «une chose très sainte entre les sacrifices de l'Éternel faits par feu» (Lévitique 2:3).

Les droits de Dieu, tout ce en quoi il peut être glorifié et manifesté dans ses caractères de lumière et d'amour, de grâce et de vérité, occupaient les pensées du Fils bien-aimé dans tous les détails de sa marche. Lui seul a pu, à la fin de sa course, dire à son Père: «Moi, je t'ai glorifié sur la terre» (Jean 17:4). Mais n'est-ce pas ce à quoi, dans notre mesure, nous sommes exhortés «par les compassions de Dieu» (Romains 12:1)? Imitateur de Christ, Paul a écrit: «Je sais que… Christ sera magnifié dans mon corps, soit par la vie, soit par la mort» (Philippiens 1:19, 20).

«…et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur»

Christ s'est aussi livré comme «sacrifice à Dieu». Lui seul pouvait le faire, si nous considérons maintenant que ce terme évoque les divers sacrifices avec effusion de sang qui représentent le seul sacrifice de lui-même sur la croix.

Dans l'expression de ce dévouement complet pour la gloire de Dieu, il est et demeure unique. Nous avons sans doute ici en premier lieu (selon l'ordre de l'Écriture), l'holocauste, sacrifice par feu, une odeur agréable à l'Éternel (Lévitique 1:9, 13, 17), Christ s'offrant lui-même à Dieu sans tache, par l'Esprit éternel. C'est le sacrifice de l'expiation et de la propitiation. Par sa marche parfaite, le Christ Jésus nous a révélé l'amour du Père et son propre amour; il est là bien plus qu'imitateur de Dieu: Dieu est avec lui (Actes des Apôtres 10:39) — «ils allaient les deux ensemble» —, Dieu était aussi «en Christ» (2 Corinthiens 5:19). Il est ainsi pleinement accepté par Dieu; c'est le fondement de notre paix.

Et pourtant l'amour divin est tel que les rachetés du Seigneur Jésus y sont associés: le Père nous a aimés comme il l'a aimé (Jean 17:23). Toutes nos bénédictions nous sont donc assurées dans le Bien-aimé (Éphésiens 1:3-14; 2:4-10; etc.).

Mais il y a une autre catégorie de sacrifices faits par feu, en odeur agréable à l'Éternel: ce sont les sacrifices de prospérité, expression de la communion de l'adorateur avec Dieu et avec les saints. «Le sacrifice de prospérité nous présente un spectacle vraiment merveilleux: Dieu, Christ, le chrétien et l'assemblée se nourrissant ensemble, trouvant ensemble leurs délices en Jésus, en son amour, sa personne et son œuvre» (W. Scott). Fortifiés ainsi, nous pouvons dire: «par ceci nous avons connu l'amour, c'est que lui a laissé sa vie pour nous» (1 Jean 3:16).

En le faisant, il a accompli le commandement de son Père (Jean 10:17, 18). Quant à nous, «nous savons que nous aimons les enfants de Dieu… quand nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements» (1 Jean 5:2). Nous devons marcher comme Christ, aimer les frères, laisser notre vie pour eux, mais cela doit être fait pour Dieu, comme une offrande à Dieu — c'est ainsi aussi que le Christ nous a aimés.

Conclusion

Dans la deuxième prière de l'épître aux Éphésiens (3:14-21), Paul nous révèle la source de la puissance nécessaire pour réaliser la marche dans l'amour. Il y fait appel au «Père de notre Seigneur Jésus Christ», afin que, dit-il, «selon les richesses de sa gloire, il vous donne d'être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l'homme intérieur, de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs». C'est ainsi que nous serons «enracinés et fondés dans l'amour». Pour une marche conforme au caractère de Dieu, les ressources ne peuvent venir que de lui, avec l'intelligence du propos divin (verset 18), et la connaissance de l'amour de Christ (verset 19).

«Or, à celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous, à lui gloire dans l'assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles! Amen» (Éphésiens 3:20, 21).

O Bien-aimé! fais que ta vie

Brille ici-bas dans tous les tiens:

Que chacun d'eux te glorifie,

Toi qui nous combles de tous biens.